mardi 15 mars 2022

Hamit (Kapancı) Bey et les Arméniens

 



 Lettre du catholicos de Cilicie à la Délégation nationale arménienne, 29 novembre 1921,  reproduite dans Michel Paillarès (agent d’influence de la Grèce et arménophile par intérêt), Le Kémalisme devant les Alliés, Paris-İstanbul, éditions du Bosphore, 1922, p. 385 :

« Et comme il [le consul général de France à Adana, Osmin Laporte] louait la loyauté de Hamid [Hamit] Bey [nommé préfet d’Adana], je lui fis remarquer que je le connaissais personnellement, qu’il était loyal et bon et que tant qu’il fut gouverneur de Diarbékir, il n’y eut ni massacres ni déportations dans cette région, mais qu’une nation ne pouvait confier la sauvegarde de son existence à une seule personnalité [Hamit Bey était loin d’être le seul haut fonctionnaire valable qu’Ankara ait envoyé à Adana en 1921, mais ce n’est pas le sujet ici]. »

 

Clair Price, « Present Turkish Rule in Cilicia », Current History, XVI-2, mai 1922, p. 220 :

« “Il n’y avait qu’une seule façon de garder les Arméniens en Cilicie” [fin 1921], m’a dit Hamid [Hamit] Bey à Adana. “Nous aurions pu interdire leur émigration, ce que nous avions sans doute le droit de faire, mais qui aurait provoqué un grand tollé dans tout l’Occident contre nous. Nous avons essayé de les persuader de rester par leur propre volonté, mais ils ont choisi de partir. Aujourd’hui, ils sont entassés dans des casernes à Alexandrette et les conditions sont mauvaises parmi eux, comme toujours en pareil cas, quand des milliers de réfugiés sans le sou sont parqués ensemble.

Sur environ 65 000 Arméniens qui ont fui la Cilicie, une cinquantaine sont revenus. En attendant, leurs maisons les attendent ici ; nous avons besoin de milliers d’ouvriers pour réhabiliter la Cilicie, et ils vivent dans le besoin et l’oisiveté à quelques kilomètres d’Alexandrette. Nous avons fait de notre mieux pour les garder ici, mais plutôt que de leur donner matière à se plaindre contre nous, lorsqu’ils ont insisté pour partir, nous les avons laissés partir. Je suis convaincu, après avoir rencontré leurs dirigeants à Yenidje et à Mersina, que rien de ce que nous aurions pu dire ou faire n’aurait servi à les retenir ici. Nous travaillions contre un ordre précis de l’organisation arménienne [le Conseil national de Cilicie, regroupant la Fédération révolutionnaire arménienne, le Hintchak, le Ramkavar et les Églises], leur ordonnant tous de quitter le pays en signe de protestation contre la restauration, décidée par les Français, de notre contrôle de la Cilicie.” »

 

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