« Et comme il [le consul général de France à Adana, Osmin Laporte] louait
la loyauté de Hamid [Hamit] Bey [nommé préfet d’Adana], je lui fis remarquer
que je le connaissais personnellement, qu’il était loyal et bon et que tant qu’il
fut gouverneur de Diarbékir, il n’y eut ni massacres ni déportations dans cette
région, mais qu’une nation ne pouvait confier la sauvegarde de son existence à
une seule personnalité [Hamit Bey était loin d’être le seul haut fonctionnaire
valable qu’Ankara ait envoyé à Adana en 1921, mais ce n’est pas le sujet ici]. »
Clair Price, «
Present Turkish Rule in Cilicia », Current
History, XVI-2, mai 1922, p. 220 :
« “Il n’y avait qu’une seule façon de garder les Arméniens en Cilicie” [fin
1921], m’a dit Hamid [Hamit] Bey à Adana. “Nous aurions pu interdire leur
émigration, ce que nous avions sans doute le droit de faire, mais qui aurait
provoqué un grand tollé dans tout l’Occident contre nous. Nous avons essayé de
les persuader de rester par leur propre volonté, mais ils ont choisi de partir.
Aujourd’hui, ils sont entassés dans des casernes à Alexandrette et les
conditions sont mauvaises parmi eux, comme toujours en pareil cas, quand des
milliers de réfugiés sans le sou sont parqués ensemble.
Sur environ 65 000 Arméniens qui ont fui la Cilicie, une cinquantaine sont
revenus. En attendant, leurs maisons les
attendent ici ; nous avons besoin de milliers d’ouvriers pour réhabiliter
la Cilicie, et ils vivent dans le besoin et l’oisiveté à quelques kilomètres d’Alexandrette.
Nous avons fait de notre mieux pour les garder ici, mais plutôt que de leur
donner matière à se plaindre contre nous, lorsqu’ils ont insisté pour partir,
nous les avons laissés partir. Je suis convaincu, après avoir rencontré leurs
dirigeants à Yenidje et à Mersina, que rien de ce que nous aurions pu dire ou
faire n’aurait servi à les retenir ici. Nous travaillions contre un ordre
précis de l’organisation arménienne [le Conseil national de Cilicie, regroupant
la Fédération
révolutionnaire arménienne, le Hintchak, le Ramkavar
et les Églises], leur ordonnant tous de quitter le pays en signe de
protestation contre la restauration, décidée par les Français, de notre
contrôle de la Cilicie.” »
Lire aussi :
Le
soutien public d’Henri Rollin (officier de renseignement) aux conclusions de
Pierre Loti
23
avril 1920 : la justice française condamne l’ex-archevêque Moucheg Séropian
pour terrorisme
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