Mikael Varandian (1870-1934)
Joseph C. Grew, Turbulent Era. A Diplomatic Record for Forty Years,
1904-1945 (journal tenu par un des principaux négociateurs
américains à Lausanne), Boston, Houghton Mifflin C°, 1952, p. 488, entrée 20
novembre 1922 :
« Il [Mussolini] pense que les Turcs sont absolument intransigeants et
prédit une rupture précoce de la conférence [de Lausanne]. A dit qu’il
soutiendrait les buts des États-Unis après que nous [les négociateurs américains]
avons expliqué que nous ne nous acharnerions sur aucun sujet politique, que
nous souhaitions simplement protéger les intérêts commerciaux de nos
ressortissants, leur travail humanitaire en Turquie, ainsi que les minorités
[référence à la consigne donnée par Washington de soutenir, si possible, la
thèse d’un « Foyer national arménien », c’est-à-dire un territoire autonome]. Il a souhaité voir une
coopération étroite entre les États-Unis et l’Italie. »
Alexandre Khatissian (ancien
Premier ministre de la République d’Arménie, dirigeant de la FRA), Éclosion et développement de la République
arménienne, Athènes, Publications de la F.R.A. Dachnaktsoutioun, 1989, pp.
379-380 :
« Le 30 novembre [1922], [Mikael] Varandian [idéologue de la FRA] a eu
une entrevue avec Mussolini. Il se serait montré fort aimable et attentionné.
Il a promis de le convoquer de nouveau après son retour de Londres. »
« Un incident à la salle des minorités — Le
délégué turc quitte la salle des séances », Échos de l’Orient, 15 janvier 1923, p. 472 :
Lausanne, 6 janvier
Un incident a marqué la séance que tenait ce matin la sous-commission des
minorités. Les délégués turcs ayant à leur tête Riza Nour, député d’Angora, ont
quitté la salle des séances en déclarant qu’ils ne voulaient plus poursuivre la
discussion. Voici comment l’incident s’est produit :
Après constatation du non-règlement de deux points litigieux :
question du service militaire pour les minorités et question de l'amnistie, le
président, M. [Giulio] Montagna [négociateur envoyé par l’Italie fasciste],
entreprit la lecture d’une déclaration dans laquelle il traitait longuement de
l’établissement d’un foyer national arménien, sur les frontières de Syrie
suivant la suggestion faite par la délégation américaine. Néanmoins, le
territoire qui aurait été réservé aux Arméniens n’aurait reçu que l’autonomie
communale et municipale, et n’aurait pas cessé d’être rattaché au gouvernement
d’Angora.
Sir Horace Rumbold, délégué de la Grande-Bretagne, prenant la parole à son
tour, prit à son compte la déclaration américaine touchant l’établissement d’un
foyer national arménien et il ajouta qu’il faisait la même proposition pour les
Assyro-Chaldéens, auxquels la Grande-Bretagne porte un puissant intérêt.
Riza Nour déclara qu’il comprenait l’intérêt primordial des grandes
puissances, car, dit-il, le malheur de ces minorités est toujours venu de ce
que les grandes puissances occidentales aient encouragé les minorités en
Turquie à s’armer et à lutter contre le gouvernement central. Au nom de la
délégation ottomane, Riza Nour déclara que, dans ces conditions, il ne pouvait
continuer d’entendre les propos qui venaient d’être tenus devant elle, et que
la délégation ottomane [sic : turque] comme nulles et non avenues les
déclarations qui venaient d’être faites.
Il annonça que, dans ces conditions, il n’avait plus qu’à se retirer. »
Jordi Tejel Gorgas, Le Mouvement kurde de Turquie en exil :
continuités et discontinuités du nationalisme kurde sous le mandat français en
Syrie et au Liban (1925-1946), Berne, Peter Lang, 2007, p. 225 :
« En effet, les militants du Tachnak [Fédération révolutionnaire arménienne] se chargent de la recherche de
fonds pour le comité Khoyboun [nationaliste kurde] et la révolte de l'Ararat [1927-1928]. Les succès
de Vahan Papazian sont particulièrement significatifs. Il obtient des sommes
importantes auprès de divers gouvernements et organisations. Ainsi, au début de
la collaboration kurdo-arménienne, Papazian aurait fourni la Ligue Khoyboun de
20 000 dollars. De même, il aurait
obtenu en 1928 de l'argent de l’Italie afin de financer la publication d'une
revue kurde et près de 7 000 dollars de l'American Armenian Red Cross
Society en partie destinés à des activités éducatives. L'ex-député de Van par
ailleurs met à profit les promesses de fonds faites par certains gouvernements
pour convaincre les chefs et intellectuels kurdes d'oublier leurs différends. »
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