jeudi 7 mai 2020

Aram Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien en 2020


Le principal site nationaliste arménien de France, armenews.com, nous annonce « la prochaine parution du livre d’Aram Turabian “L’éternelle victime de la diplomatie européenne” », publié à Marseille en 1929. Il reproduit également l’avant-propos de Krikor Armirzayan, collaborateur d’armenews.com, président de l’association arménienne de Valence et responsable de cette réédition. Totalement apologétique, ce texte qualifie l’ouvrage et les textes complémentaires, ajoutés à la suite, de « source historique majeure ». Aucune espèce de réserve n’est faite sur la moindre des affirmations de Turabian, ni sur son idéologie. Qui était cet homme (que M. Amirzayan confond au passage avec un homonyme, Hagop Turabian, mais passons) ? Laissons-le se présenter.

Aram Turabian, « La vipère turque », Aiguillon, 25 avril 1919, p. 4 :
« Quel sentiment d’indignation nous avons tous ressenti à la lecture du mémorandum ottoman à la conférence de la paix.
On dirait que, voulant profiter de la longueur de la conférence, la vipère turque veut empoisonner de son venin tous ceux qui sont autour du tapis vert.
Pour l’honneur de l’Humanité, il faut que l’on jette tout de suite ce mémorandum à l’égout ; c’est tout ce qu’il mérite. Voilà maintenant MM. Les Turcs qui se réclament des quatorze points de M. [Woodrow] Wilson [président américain, dont les Quatorze points prévoyaient, entre autres, un État turc sur les provinces à majorité turque de l’Empire ottoman]. Vraiment, ils exagèrent.
Pas de clémence pour les sinistres comédiens des pavés de Stamboul !
Et quoi, vampires des Grecs et des Arméniens, vous avez la prétention de vous croire une nation digne de l’attention des autres peuples ; vous n’êtes, au fond qu’un ramassis de bandits. Non, MM. Wilson et Clemenceau ne peuvent avoir de la pitié pour vous !
Non seulement il faudrait, pour le bien de toute l’Humanité, que vous soyez chassés des rives du Bosphore, mais du monde entier ! »



Aram Turabian, « La division gréco-arménienne fait le succès de la Turquie », Aiguillon, 1er octobre 1922, p. 2 :
« Nous souhaitons de tout cœur, dans l’intérêt de l’hellénisme en particulier et des chrétiens d’Orient en général, qu’une réconciliation soit faite entre le roi des Hellènes [Constantin] et le grand homme d’État, M. Venizelos ; la réconciliation de ces deux personnages entraînera automatiquement l’union parmi tous les Grecs ; c’est alors que la vigueur du patriotisme hellène se manifestant dans toute son ampleur, il sera de taille à écraser la tête de la vipère turque qui empoisonne l’Orient depuis des siècles. »

Aram Turabian, « Le ciel et la terre en complot », Aiguillon, 1er février 1923, p. 2 :
« Et maintenant, que devons-nous faire ? Voilà, d’après notre conviction, ce qui reste à faire au peuple arménien : les deux délégations arméniennes de Paris doivent être balayées séance tenante par une main vigoureuse. Un Comité de Défense nationale doit être formé avec la participation des partisans de la manière forte, à la façon des Fascistes [souligné dans l’original]. Une contribution obligatoire doit être imposée à tout Arménien sans exception, à chacun suivant ses moyens. Le Comité doit former un projet politique, et pour l’exécuter, de préparer la formation des Fascistes arméniens [souligné aussi dans l’original]. C’est le seul salut que nous voyons pour l’Arménie ; tout le reste n’est que de la poudre aux yeux et de la cocaïne pour endormir les imbéciles. »

Aram Turabian, L’Éternelle victime de la diplomatie européenne : l’Arménie, Marseille, Imprimerie nouvelle, 1929, p. 184 :
« M. [Archag] Tchobanian [de la Délégation nationale arménienne] détestait visiblement M. [Avétis] Aharonian [président de la Délégation de la République arménienne, distincte] et ne pouvait souffrir la haute situation que cette personnalité occupait à la tête de la Délégation de la République arménienne. Dans ce travail souterrain, il était admirablement secondé par son lieutenant, Vahan Tékéian, un second Tchobanian, poète et rêveur. On frémit à la pensée qu'à l'Armistice, au moment le plus critique où la destinée de l'Arménie devait être décidée à la Conférence de la Paix, ces deux girouettes, ces deux mangeurs de mouhallebi occupaient le poste important de conseiller auprès de Boghos Pacha et que leur hostilité notoire contre M. Aharonian empêchait les deux Délégations de se donner la main et de présenter un front unique pour lutter avec une certaine chance de succès contre la coalition turco-juive, conduite par deux grands écrivains français, Pierre Loti et Claude Farrère, qui s'étaient donné mission de faire échouer la cause arménienne. »

Aram Turabian, en 1938, cité dans Pierre Hépess, Le Dernier bal du grand soir ou la République universelle, Beyrouth, 1957, p. 127 :
« Nos amis Juifs ne doivent pas perdre de que le sang des soldats Arméniens était mêlé au sang des soldats Français et Anglais pour conquérir leur PALESTINE... c’est grâce à ce sacrifice que les Juifs sont en train de créer leur Foyer National en Palestine.
N'avons-nous pas le droit de dire aux Juifs? “Assez, Messieurs, cessez une fois pour toutes de nous persécuter et de nous poursuivre. Vous nous avez déjà fait beaucoup de mal. Mais, sachez bien que la patience humaine a des limites, le couteau juif dissimulé dans un bouquet de fleurs a déjà atteint notre os… À bon entendeur, salut !” »

Ce n’est évidemment ni ce racisme ni cet antisémitisme qui doivent étonner, venant d’un tel milieu. Jean-Marc « Ara » Toranian, directeur d’armenews.com, a été précédemment (1976-1988) le directeur d’Hay Baykar, un journal où s’affichait un antisémitisme sans fard, par exemple avec cette couverture de 1987, montrant un banquier stéréotypé au nez crochu et aux lèvres épaisses :



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Sur la référence au fascisme :

Sur l’inépuisable question de l’antisémitisme :


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