Le principal site nationaliste arménien de France, armenews.com, nous
annonce « la prochaine parution du livre d’Aram Turabian “L’éternelle
victime de la diplomatie européenne” », publié à Marseille en 1929. Il
reproduit également l’avant-propos de Krikor Armirzayan, collaborateur d’armenews.com,
président de l’association arménienne de Valence et responsable de cette réédition.
Totalement apologétique, ce texte qualifie l’ouvrage et les textes
complémentaires, ajoutés à la suite, de « source historique majeure ».
Aucune espèce de réserve n’est faite sur la moindre des affirmations de Turabian,
ni sur son idéologie. Qui était cet homme (que M. Amirzayan confond au passage
avec un homonyme, Hagop Turabian, mais passons) ? Laissons-le se
présenter.
Aram Turabian, « La
vipère turque », Aiguillon, 25
avril 1919, p. 4 :
« Quel sentiment d’indignation nous avons tous ressenti à la lecture
du mémorandum ottoman à la conférence de la paix.
On dirait que, voulant profiter de la longueur de la conférence, la vipère
turque veut empoisonner de son venin tous ceux qui sont autour du tapis vert.
Pour l’honneur de l’Humanité, il faut que l’on jette tout de suite ce
mémorandum à l’égout ; c’est tout ce qu’il mérite. Voilà maintenant MM. Les
Turcs qui se réclament des quatorze points
de M. [Woodrow] Wilson [président américain, dont les Quatorze points
prévoyaient, entre autres, un État turc sur les provinces à majorité turque de
l’Empire ottoman]. Vraiment, ils exagèrent.
Pas de clémence pour les sinistres comédiens des pavés de Stamboul !
Et quoi, vampires des Grecs et des Arméniens, vous avez la prétention de
vous croire une nation digne de l’attention des autres peuples ; vous n’êtes,
au fond qu’un ramassis de bandits. Non, MM. Wilson et Clemenceau ne peuvent
avoir de la pitié pour vous !
Non seulement il faudrait,
pour le bien de toute l’Humanité, que vous soyez chassés des rives du Bosphore,
mais du monde entier ! »
Aram Turabian, « La division
gréco-arménienne fait le succès de la Turquie », Aiguillon, 1er octobre 1922, p. 2 :
« Nous souhaitons de tout cœur, dans l’intérêt de l’hellénisme en
particulier et des chrétiens d’Orient en général, qu’une réconciliation soit
faite entre le roi des Hellènes [Constantin] et le grand homme d’État, M.
Venizelos ; la réconciliation de ces deux personnages entraînera
automatiquement l’union parmi tous les Grecs ; c’est alors que la vigueur du
patriotisme hellène se manifestant dans toute son ampleur, il sera de taille à écraser la tête de la vipère turque qui
empoisonne l’Orient depuis des siècles. »
Aram Turabian, « Le ciel et la
terre en complot », Aiguillon, 1er
février 1923, p. 2 :
« Et maintenant, que devons-nous faire ? Voilà, d’après notre conviction,
ce qui reste à faire au peuple arménien : les deux délégations arméniennes de
Paris doivent être balayées séance tenante par une main vigoureuse. Un Comité
de Défense nationale doit être formé avec la participation des partisans de la
manière forte, à la façon des Fascistes
[souligné dans l’original]. Une contribution
obligatoire doit être imposée à tout Arménien sans exception, à chacun
suivant ses moyens. Le Comité doit former un projet politique, et pour
l’exécuter, de préparer la formation des Fascistes
arméniens [souligné aussi dans l’original]. C’est le seul salut que nous
voyons pour l’Arménie ; tout le reste n’est que de la poudre aux yeux et de la
cocaïne pour endormir les imbéciles. »
Aram Turabian, L’Éternelle
victime de la diplomatie européenne : l’Arménie, Marseille, Imprimerie
nouvelle, 1929, p. 184 :
« M. [Archag] Tchobanian [de la Délégation nationale arménienne] détestait
visiblement M. [Avétis] Aharonian [président de la Délégation de la République
arménienne, distincte] et ne pouvait souffrir la haute situation que cette
personnalité occupait à la tête de la Délégation de la République arménienne.
Dans ce travail souterrain, il était admirablement secondé par son lieutenant,
Vahan Tékéian, un second Tchobanian, poète et rêveur. On frémit à la pensée
qu'à l'Armistice, au moment le plus critique où la destinée de l'Arménie devait
être décidée à la Conférence de la Paix, ces deux girouettes, ces deux mangeurs
de mouhallebi occupaient le poste important
de conseiller auprès de Boghos Pacha et que leur hostilité notoire contre M.
Aharonian empêchait les deux Délégations de se donner la main et de présenter
un front unique pour lutter avec une certaine chance de succès contre la coalition turco-juive,
conduite par deux grands écrivains français, Pierre
Loti et Claude
Farrère, qui s'étaient donné mission de faire échouer la cause arménienne. »
Aram Turabian, en 1938, cité
dans Pierre Hépess, Le Dernier bal du
grand soir ou la République universelle, Beyrouth, 1957, p. 127 :
« Nos amis Juifs ne doivent pas perdre de que le sang des soldats Arméniens
était mêlé au sang des soldats Français et Anglais pour conquérir leur PALESTINE...
c’est grâce à ce sacrifice que les Juifs sont en train de créer leur Foyer
National en Palestine.
N'avons-nous pas le droit de
dire aux Juifs? “Assez, Messieurs, cessez une fois pour toutes de nous persécuter
et de nous poursuivre. Vous nous avez déjà fait beaucoup de mal. Mais, sachez
bien que la patience humaine a des limites, le couteau juif dissimulé dans un
bouquet de fleurs a déjà atteint notre os… À bon entendeur, salut !” »
Ce n’est évidemment ni ce racisme ni cet antisémitisme qui doivent étonner,
venant d’un tel milieu. Jean-Marc « Ara » Toranian, directeur d’armenews.com,
a été précédemment (1976-1988) le directeur d’Hay
Baykar, un journal où s’affichait un antisémitisme sans fard, par exemple
avec cette couverture de 1987, montrant un banquier stéréotypé au nez crochu et
aux lèvres épaisses :
Lire aussi, sur le contexte propos tenus par le raciste Turabian :
Le
soutien nationaliste arménien à l’irrédentisme grec-constantinien, massacreur
de marins français et de civils turcs
L’exaspération de Lord Curzon face à la politique de purification ethnique mise en œuvre par l’Arménie (1920)
L’exaspération de Lord Curzon face à la politique de purification ethnique mise en œuvre par l’Arménie (1920)
Sur la référence au fascisme :
L’arménophilie
de Lauro Mainardi
Paul de Rémusat (alias Paul du Véou) : un tenant du « complot judéo-maçonnique », un agent d’influence de l’Italie fasciste et une référence pour le nationalisme arménien contemporain
Paul de Rémusat (alias Paul du Véou) : un tenant du « complot judéo-maçonnique », un agent d’influence de l’Italie fasciste et une référence pour le nationalisme arménien contemporain
Sur l’inépuisable question de l’antisémitisme :
Une
des "raisons" de l'antisémitisme arménien : la loyauté des Juifs
ottomans à leur Etat, sous Abdülhamit II (Abdul-Hamid II) et les Jeunes-Turcs
Patrick Devedjian et le négationniste-néofasciste François Duprat
Patrick Devedjian et le négationniste-néofasciste François Duprat
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