Dans ce texte, la sinistre expression « privilège juif » ne figure pas, mais l’idée (tout aussi sinistre) y est omniprésente. M. Boyadjian ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre, ce que le Conseil constitutionnel a déjà jugé, en 2016 :
« 10. Considérant que, d'une part, la négation de faits qualifiés de crime contre l'humanité par une décision d'une juridiction française ou internationale reconnue par la France se différencie de la négation de faits qualifiés de crime contre l'humanité par une juridiction autre ou par la loi ; que, d'autre part, la négation des crimes contre l'humanité commis durant la seconde guerre mondiale, en partie sur le territoire national, a par elle-même une portée raciste et antisémite ; que, par suite, en réprimant pénalement la seule contestation des crimes contre l'humanité commis soit par les membres d'une organisation déclarée criminelle en application de l'article 9 du statut du tribunal militaire international de Nuremberg, soit par une personne reconnue coupable de tels crimes par une juridiction française ou internationale, le législateur a traité différemment des agissements de nature différente ; que cette différence de traitement est en rapport avec l'objet de la loi du 13 juillet 1990 susvisée qui vise à réprimer des actes racistes, antisémites ou xénophobes ; que le grief tiré de l'atteinte au principe d'égalité devant la loi pénale doit être écarté ; »
Et que nul ne s’avise de répliquer que M. Boyadjian ne représente que lui-même. En 2007, après avoir été débouté de son action, au civil, contre l’encyclopédie Quid (échec devenu inévitable depuis que la Cour de cassation avait, en 2005, interdit un tel usage de l’article du code civil invoqué contre cette encyclopédie), Harout Mardirossian, alors président du Comité de défense de la cause arménienne (CDCA, affilié à la Fédération révolutionnaire arménienne), devenu depuis directeur de France-Arménie (journal de la FRA en France) avait osé déclarer : « Si la justice française est équitable, alors cela ne présage rien de bon dans le procès intenté par Robert Faurisson à Robert Badinter qui aura lieu la semaine prochaine [procès qui s’est terminé par la relaxe de M. Badinter et par la condamnation de Robert Faurisson, décédé depuis, à payer plus de six mille euros de frais d’avocat]. Mais l’est-elle vraiment lorsqu’il s’agit des victimes du génocide arménien et de la mémoire de leurs descendants ? »
Plus récemment, en 2015, le néofasciste Patrick Devedjian avait flétri « les exclusivistes », c’est-à-dire les Juifs, supposés contrôler plus ou moins la vie politique française, et refuser l’usage du terme génocide à tout autre crime que la Shoah (ce n’est pas pour rien que le défunt Devedjian était un acolyte de François Duprat). La même année, Jean Varoujan Sirapian, ancien vice-président du Conseil de coordination des associations arméniennes de France (CCAF) avait exprimé, plus crûment encore que d’habitude, son antisémitisme, sur le même thème, mais en rajoutant une théorie du complot qui lui est chère : le « complot juif » derrière le sultan Abdülhamit II (1876-1909), le Comité Union et progrès (1908-1918), le mouvement kémaliste, la révolution bolchevique, et la décision du Conseil constitutionnel rendue le 28 février 2012, censurant la proposition de loi Boyer.
Encore plus récemment, le 29 janvier dernier (2020), le CCAF lui-même a publié un communiqué affirmant que le prétendu « génocide arménien » est « le seul du XXe siècle à ne pas être protégé du déni par la loi ».
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