Fuad Shahbazov, «
Iran’s Drone Exports to Armenia Could Undermine Peace Process in Karabakh »,
Eurasia Daily Monitor, 16 décembre
2022 :
« Récemment, l’Iran, un autre acteur régional puissant, a tenté de
décourager l’Arménie d’avancer sur la voie des négociations de paix — et cela,
dans un contexte de détérioration des relations entre l’Iran et l’Azerbaïdjan.
Les tensions diplomatiques entre Bakou et Téhéran se sont fortement accrues lorsque
l’Iran a organisé des exercices militaires de grande ampleur, le long de sa
frontière commune avec l’Azerbaïdjan et en réaction aux efforts de Bakou pour
établir le couloir de transit du Zangezour, c’est-à-dire passant par l’enclave
de Nakhitchevan via la province arménienne de Syunik et reliant la Turquie. L’Iran
a été encore plus irrité par l’approfondissement de l’engagement de l’Azerbaïdjan
avec Israël sur les questions de défense et de sécurité (Gulf
International Forum, 17 novembre).
Néanmoins, les tentatives de Téhéran d’intimider Bakou pour qu’il abandonne
le corridor de Zangezour et cesse son partenariat avec Tel-Aviv se sont
retournées contre lui : l’Azerbaïdjan a encore approfondi ses relations en
annonçant la création d’une ambassade en Israël (voir EDM, 30 novembre). L’Iran
tente la coercition contre l’Azerbaïdjan, car un éventuel traité de paix avec l’Arménie pourrait avoir pour résultat
de saper largement l’influence de Téhéran dans la région et ouvrir la voie à
une plus grande expansion de l’influence turque. De plus, il est dans l’intérêt
de l’Iran de maintenir vives les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour
limiter la capacité de manœuvre de Bakou, même si cette approche a échoué ces
derniers temps (voir EDM,
13 décembre).
Ainsi, la pression de Téhéran sur Erevan a rendu difficile pour le Premier
ministre arménien Nikol Pashinyan de suivre les engagements pris le 10
novembre, de tenir un dialogue constructif avec l’Azerbaïdjan. Au contraire, de
récents articles dans les médias affirment que l’Iran pourrait fournir à l’Arménie
des drones de combat et des drones kamikazes, qui seraient construits localement,
permettant aux forces arméniennes d’exercer une forme de dissuasion contre les
États rivaux, principalement l’Azerbaïdjan (News.am, 25 novembre). En effet,
Téhéran cherche à étendre ses ventes d’armes dans toute l’Eurasie et a cherché
à pénétrer le marché arménien de la défense, se présentant comme un moyen de
dissuasion potentiel contre l’alignement croissant azerbaïdjanais-turc. Selon
le général de division Yahia Rahim Safavi, ancien assistant du guide suprême
iranien Ali Khamenei et commandant du Corps des gardiens de la révolution
islamique du pays, plus de dix pays ont approché l’Iran pour acheter les drones
de combat nouvellement développés cette année seulement, dont l’Algérie, l’Arménie
et la Russie (Inews.co.uk,
12 novembre). »
Sébastien Boussois, « L’Arménie
prise au piège de la toile iranienne : un jeu dangereux », L-Post, 11 janvier 2023 :
« À ce jour, l’Arménie partage plusieurs points d’accord avec l’Iran sur le terrain : le tracé de contournement du
corridor de Latchine contre la vision de Bakou, le corridor de Zanguezour
reliant l’Azerbaïdjan à sa province enclavée du Nakhchivan, perçu comme une
menace par Erevan ; le projet de construction du corridor énergétique reliant
le Golfe persique à la mer Noire, un front commun contre l’influence turque
dans le Caucase-sud, la relation enfin à la Russie même encore après l’invasion
de l’Ukraine depuis le 24 février. »
Alejo Vidal-Quadras Roca
(ancien vice-président du Parlement européen), « Iran’s
influence peddling at the European Parliament », NE Global, 29 décembre 2022 :
« Plus tôt en décembre, la nouvelle d'un important scandale de
corruption impliquant le Parlement européen a éclaté. Surnommé
"Qatargate", au centre du scandale qui a secoué l'instance politique
européenne, il y aurait des relations avec le Qatar. Cette surprenante enquête
porte, notamment, sur des accusations d’association de malfaiteurs, de blanchiment
d'argent et de corruption.
La police belge poursuit des membres actuels et anciens du Parlement
européen. Une cible importante des enquêtes est un « conseiller » parlementaire
ayant des liens avec le régime iranien et longtemps soupçonné d'être un
lobbyiste de ce régime en Europe.
Selon POLITICO, la police belge a
arrêté plusieurs personnes, dont la députée européenne socialiste grecque Eva
Kaili, vice-présidente du Parlement européen. Depuis le 9 décembre, la police fédérale belge a mené une série de 20
perquisitions dans des domiciles et des bureaux à Bruxelles, saisissant des
téléphones portables, des ordinateurs et plus de 1,5 million d'euros en
espèces.
En réaction à cette évolution, le groupe Socialistes & Démocrates
(S&D) au Parlement européen a suspendu l'un de ses conseillers politiques,
Eldar Mamedov, et l'a renvoyé aux autorités belges dans le cadre d'une enquête
interne sur une ingérence étrangère présumée à Bruxelles, a rapporté POLITICO. De nationalité lettone,
Mamedov est conseiller S&D à la commission des affaires étrangères du
Parlement. Le S&D est le deuxième plus grand groupe au Parlement européen.
Mamedov occupe son rôle de conseiller depuis plus d'une décennie,
travaillant sur des sujets concernant le Moyen-Orient, y compris l'Iran.
Mamedov a pris des positions en faveur du régime iranien ; il est très
proche du lobby du régime à Washington et a régulièrement vilipendé la
principale opposition au régime des mollahs, les Moudjahidine-e Khalq (MEK).
Dans ses contacts avec des membres du Parlement, il a ressassé la propagande
anti-MEK de Téhéran et a écrit de nombreux articles dénigrant le MEK et
blanchissant les crimes et la conduite agressive du régime dans la région.
Lorsque j'étais député européen et vice-président du Parlement européen
(1999-2014), j'ai averti le directeur général de la sécurité du Parlement
européen, ainsi qu'un certain nombre de députés européens de différents groupes
politiques, notamment les socialistes, des activités de Mamedov au bénéfice des
mollahs. Mon alerte a attiré l'attention de ces eurodéputés et de
l'administration du Parlement sur lui, mais à l'époque il n'y avait aucune
preuve matérielle de ses liens avec le ministère iranien du Renseignement. Il
semble maintenant qu'il ait été pris, ce qui est en effet une très bonne
nouvelle, et renforce la crédibilité de ces députés européens, comme moi, au
cours de ces années, qui ont exhorté les institutions européennes, la
Commission, le Conseil, le Parlement et le SEAE, à durcir la position de l'UE
vis-à-vis de la théocratie iranienne. »
à Il se trouve
justement que M. Mamedov s’est signalé par une hostilité constante envers
l’Azerbaïdjan et la Turquie, y compris en
défendant le point de vue des mollahs sur la question du Karabakh.
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