dimanche 15 janvier 2023

L’Iran des mollahs contre la paix dans le sud-Caucase

 



 

Fuad Shahbazov, « Iran’s Drone Exports to Armenia Could Undermine Peace Process in Karabakh », Eurasia Daily Monitor, 16 décembre 2022 :

« Récemment, l’Iran, un autre acteur régional puissant, a tenté de décourager l’Arménie d’avancer sur la voie des négociations de paix — et cela, dans un contexte de détérioration des relations entre l’Iran et l’Azerbaïdjan. Les tensions diplomatiques entre Bakou et Téhéran se sont fortement accrues lorsque l’Iran a organisé des exercices militaires de grande ampleur, le long de sa frontière commune avec l’Azerbaïdjan et en réaction aux efforts de Bakou pour établir le couloir de transit du Zangezour, c’est-à-dire passant par l’enclave de Nakhitchevan via la province arménienne de Syunik et reliant la Turquie. L’Iran a été encore plus irrité par l’approfondissement de l’engagement de l’Azerbaïdjan avec Israël sur les questions de défense et de sécurité (Gulf International Forum, 17 novembre).

Néanmoins, les tentatives de Téhéran d’intimider Bakou pour qu’il abandonne le corridor de Zangezour et cesse son partenariat avec Tel-Aviv se sont retournées contre lui : l’Azerbaïdjan a encore approfondi ses relations en annonçant la création d’une ambassade en Israël (voir EDM, 30 novembre). L’Iran tente la coercition contre l’Azerbaïdjan, car un éventuel traité de paix avec l’Arménie pourrait avoir pour résultat de saper largement l’influence de Téhéran dans la région et ouvrir la voie à une plus grande expansion de l’influence turque. De plus, il est dans l’intérêt de l’Iran de maintenir vives les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour limiter la capacité de manœuvre de Bakou, même si cette approche a échoué ces derniers temps (voir EDM, 13 décembre).

Ainsi, la pression de Téhéran sur Erevan a rendu difficile pour le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan de suivre les engagements pris le 10 novembre, de tenir un dialogue constructif avec l’Azerbaïdjan. Au contraire, de récents articles dans les médias affirment que l’Iran pourrait fournir à l’Arménie des drones de combat et des drones kamikazes, qui seraient construits localement, permettant aux forces arméniennes d’exercer une forme de dissuasion contre les États rivaux, principalement l’Azerbaïdjan (News.am, 25 novembre). En effet, Téhéran cherche à étendre ses ventes d’armes dans toute l’Eurasie et a cherché à pénétrer le marché arménien de la défense, se présentant comme un moyen de dissuasion potentiel contre l’alignement croissant azerbaïdjanais-turc. Selon le général de division Yahia Rahim Safavi, ancien assistant du guide suprême iranien Ali Khamenei et commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique du pays, plus de dix pays ont approché l’Iran pour acheter les drones de combat nouvellement développés cette année seulement, dont l’Algérie, l’Arménie et la Russie (Inews.co.uk, 12 novembre). »

 

Sébastien Boussois, « L’Arménie prise au piège de la toile iranienne : un jeu dangereux », L-Post, 11 janvier 2023 :

« À ce jour, l’Arménie partage plusieurs points d’accord avec l’Iran  sur le terrain : le tracé de contournement du corridor de Latchine contre la vision de Bakou, le corridor de Zanguezour reliant l’Azerbaïdjan à sa province enclavée du Nakhchivan, perçu comme une menace par Erevan ; le projet de construction du corridor énergétique reliant le Golfe persique à la mer Noire, un front commun contre l’influence turque dans le Caucase-sud, la relation enfin à la Russie même encore après l’invasion de l’Ukraine depuis le 24 février. »

 

Alejo Vidal-Quadras Roca (ancien vice-président du Parlement européen), « Iran’s influence peddling at the European Parliament », NE Global, 29 décembre 2022 :

« Plus tôt en décembre, la nouvelle d'un important scandale de corruption impliquant le Parlement européen a éclaté. Surnommé "Qatargate", au centre du scandale qui a secoué l'instance politique européenne, il y aurait des relations avec le Qatar. Cette surprenante enquête porte, notamment, sur des accusations d’association de malfaiteurs, de blanchiment d'argent et de corruption.

La police belge poursuit des membres actuels et anciens du Parlement européen. Une cible importante des enquêtes est un « conseiller » parlementaire ayant des liens avec le régime iranien et longtemps soupçonné d'être un lobbyiste de ce régime en Europe.

Selon POLITICO, la police belge a arrêté plusieurs personnes, dont la députée européenne socialiste grecque Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européen. Depuis le 9 décembre, la police fédérale belge a mené une série de 20 perquisitions dans des domiciles et des bureaux à Bruxelles, saisissant des téléphones portables, des ordinateurs et plus de 1,5 million d'euros en espèces.

En réaction à cette évolution, le groupe Socialistes & Démocrates (S&D) au Parlement européen a suspendu l'un de ses conseillers politiques, Eldar Mamedov, et l'a renvoyé aux autorités belges dans le cadre d'une enquête interne sur une ingérence étrangère présumée à Bruxelles, a rapporté POLITICO. De nationalité lettone, Mamedov est conseiller S&D à la commission des affaires étrangères du Parlement. Le S&D est le deuxième plus grand groupe au Parlement européen.

Mamedov occupe son rôle de conseiller depuis plus d'une décennie, travaillant sur des sujets concernant le Moyen-Orient, y compris l'Iran. Mamedov a pris des positions en faveur du régime iranien ; il est très proche du lobby du régime à Washington et a régulièrement vilipendé la principale opposition au régime des mollahs, les Moudjahidine-e Khalq (MEK). Dans ses contacts avec des membres du Parlement, il a ressassé la propagande anti-MEK de Téhéran et a écrit de nombreux articles dénigrant le MEK et blanchissant les crimes et la conduite agressive du régime dans la région.

Lorsque j'étais député européen et vice-président du Parlement européen (1999-2014), j'ai averti le directeur général de la sécurité du Parlement européen, ainsi qu'un certain nombre de députés européens de différents groupes politiques, notamment les socialistes, des activités de Mamedov au bénéfice des mollahs. Mon alerte a attiré l'attention de ces eurodéputés et de l'administration du Parlement sur lui, mais à l'époque il n'y avait aucune preuve matérielle de ses liens avec le ministère iranien du Renseignement. Il semble maintenant qu'il ait été pris, ce qui est en effet une très bonne nouvelle, et renforce la crédibilité de ces députés européens, comme moi, au cours de ces années, qui ont exhorté les institutions européennes, la Commission, le Conseil, le Parlement et le SEAE, à durcir la position de l'UE vis-à-vis de la théocratie iranienne. »

à Il se trouve justement que M. Mamedov s’est signalé par une hostilité constante envers l’Azerbaïdjan et la Turquie, y compris en défendant le point de vue des mollahs sur la question du Karabakh.


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