W. N. Medlicott et Douglas Dakin (éd.), Documents on British Foreign Policy. 1919-1939, First Series,
volume XXV, Londres, Her Majesty’s Stationery Office, 1984, pp. 196-199 :
« Notes de M. Obsborne après une conversation avec M. Tchenkeli et M.
Khatissian
Foreign Office, 17 juillet 1923
J’ai eu récemment la visite de M. Tchenkeli, représentant géorgien à Paris,
et de M. Khatissian, le chef de la délégation arménienne, à Paris. […]
M. Khatissian qui, je pense, était au courant de la teneur du récent
mémorandum remis par le secrétaire d’État [c’est-à-dire
le ministre des Affaires étrangères au Royaume-Uni, Lord Curzon à l’époque]
m’a assuré, non sans peine, que l’idée d’une coopération avec la Turquie n’était
pas envisagée sérieusement, et que tous ses efforts, dans l’immédiats, étaient
consacrés à fournir de la nourriture et des vêtements à ses compatriotes
exilés. Au même moment, il fit valoir qu’ils ne pouvaient pas s’installer de
façon permanente en Syrie, en Irak, en Grèce, en Bulgarie, etc., et que la
question de leur trouver un foyer national [un
territoire vaguement autonome, exactement le projet qui a échoué à
Lausanne, en décembre 1922 et janvier 1923, après avoir été vidé de sa
substance à la conférence de Paris, en mars 1922] gardait un caractère d’urgence
et d’importance suffisant pour rendre essentiel d’examiner toutes les solutions possibles.
Il m’informa, avec une complaisance excusable, qu’il avait passé le
week-end dans la famille du Premier ministre et que la dévotion du fils de ce
dernier pour leur cause était très encourageante pour eux. Je lui que si cela
pouvait être personnellement gratifiant, il ne devait supposer à aucun moment
que cela pourrait avoir la moindre importance politique.
M. Khatissian et M. Tchenkeli m’ont demandé si la reconnaissance de jure de la
Russie [par le Royaume-Uni ; il
s’agit évidemment de la Russie soviétique] était vraisemblable, dans un
futur proche, et si, le cas échéant, la possibilité de conditionner cette
reconnaissance à l’évacuation, par les Russes, de leurs républiques [Arménie et Géorgie] pouvait être
envisagée. Je leur ai dit que les affaires russes ne relevaient pas de ma
compétence et que je ne pouvais exprimer aucune opinion.
D. G. Osborne
Lord Curzon a commenté par
écrit, le 18 juillet : “Ces gens sont incurables. M. Obsborne leur a tenu
des paroles sensées. Mais la maladie est mortelle.” »
Lire aussi :
Le
traité de paix du 24 juillet 1923 : la victoire turque consacrée à Lausanne
L’effondrement de la République d’Arménie à l’automne 1920 et ses causes
Non,
il n’y a pas eu de « massacre d’Arméniens » à Kars en 1920 (ce fut le
contraire)
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