Sylain Boulouque, « Entrée des Manouchian au Panthéon: une «Missak mania» pas entièrement unanime », Slate.fr, 19 février 2024 :
« Cette commémoration appelle donc plusieurs remarques. D'abord, sur la surexploitation de la mémoire de la résistance communiste par rapport aux autres courants de la Résistance et même sur la survalorisation des FTP-MOI dans la résistance communiste armée, comme l'a montré l'historien Franck Liaigre dans sa thèse sur les Francs-tireurs et partisans (FTP).
Ensuite, sur le rôle de Missak Manouchian en tant que combattant héroïque. Ce dernier a réalisé un seul attentat, le 17 mars 1943 dont le bilan est un soldat allemand tué, deux soldats allemands grièvement blessés, une passante tuée et une autre grièvement blessée. Il convient aussi de s'interroger sur son rapport à la clandestinité, la direction militaire des FTP ne voulant plus avoir de contact avec lui, compte tenu de ses imprudences répétées.
Enfin, et c'est cela qui est central, le traitement de l'événement pose la question du travail historique. Les interrogatoires de police, pourtant publiés, n'ont pas été exploités. Ils montrent pourtant que Missak Manouchian et son supérieur Joseph Epstein, dit colonel Gilles, ont livré un nombre considérable d'informations à la police facilitant les arrestations en chaîne chez les FTP-MOI et les FTP.
Comme si la mémoire et la propagande avaient une tendance à déformer et à instrumentaliser l'histoire, pour des raisons évidentes puisqu'elles en sont l'exact contraire… »
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