mardi 9 août 2022

Le consensus poutiniste chez les nationalistes arméniens

 


 

Franck « Mourad » Papazian, membre du bureau mondial de la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA), « Cartes sur tables », Radio AYP FM, 26 décembre 2020 :

« Il y a encore plein de points à négocier dans l’accord [de cessez-le-feu entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, signé en novembre 2020], qui ne sont pas mis en œuvre. […] C’est seulement la Russie qui a fait signer cet accord-là, et donc il reprendre de nouvelles discussions, d’un autre niveau avec la Russie. […] Comme cet accord a été signé sous le parrainage de la Russie, il peut encore évoluer sous le parrainage de la Russie, à certaines conditions : à condition que Nikol Pachinyan ne soit plus le négociateur (on le sait, les relations ne sont pas bonnes, ça ne sert à rien, il ne réussira pas à faire progresser la partie arménienne dans les négociations). Il reste beaucoup à négocier.

Nous [la FRA] proposons un gouvernement d’union nationale, qu’on appelle “gouvernement de sécurité nationale”. […] On [toujours la FRA] considère qu’aujourd’hui, il [Nikol Pachinyan] ne peut pas diriger un gouvernement d’union nationale. […] On va pas demander à Nikol Pachinyan de développer des relations avec Moscou qu’il a pas su développer pendant deux ans et demi, or, je l’ai dit, c’est Moscou qui a la main sur ce cessez-le-feu et ses conséquences. […]

On [l’Arménie] a besoin de retisser des liens avec notre allié [la Russie], celui qui est censé protéger l’Arménie, à condition de ne pas mépriser notre allié, à condition de ne pas défier notre allié, mais d’être un partenaire, un partenaire constructif. »

 

Nersès Durman-Arabyan, « Que deviennent l’Arménie et l’Artsakh ? », site du Mouvement des Arméniens de France pour le progrès, 2 mars 2021 :

« L’amitié et la coopération avec la Russie est la pierre angulaire de la sécurité du peuple arménien. »

 

« Artsakh Leaders Welcome Putin’s Recognition of Donetsk and Luhansk », Asbarez (organe de la Fédération révolutionnaire arménienne, édité à Los Angeles), 22 février 2022 :

« Le président Arayik Harutyunyan d'Artsakh [« république » autoproclamée du Karabakh, créée grâce à l’appui russe en 1992 ; M. Harutyunyan s’oppose, autant qu’il le peut, à la politique de paix menée depuis 2021 par le Premier ministre arménien Nikol Pachinyan] a salué la reconnaissance par la Russie des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, la saluant comme un impératif pour le droit des peuples à l'autodétermination. Le président du parlement d'Artsakh a également publié mardi une déclaration dans le même sens.

Lors d'une allocution télévisée lundi, le président russe Vladimir Poutine a annoncé son intention de reconnaître l'indépendance des deux régions de la région du Donbass en Ukraine, dont les dirigeants ont bénéficié du soutien de la Russie.

Les dirigeants occidentaux, cependant, ont été irrités par la décision de Poutine et ont affirmé que cette reconnaissance donnait au dirigeant russe une raison supplémentaire de réaliser son plan d'invasion de l'Ukraine.

“Le droit des nations à l'autodétermination et à la construction de son propre État est inaliénable pour chaque peuple et est un principe fondamental du droit international”, a déclaré mardi le président Harutyuyan dans un communiqué.

“L'établissement d'un État indépendant et sa reconnaissance internationale deviennent un impératif, surtout face aux dangers existentiels, car c'est le moyen le plus efficace et le plus civilisé de prévenir les effusions de sang et les catastrophes humanitaires”, a-t-il ajouté. »

 

Samuel Tilbian, ex-trésorier des associations arméniennes de Rhône-Alpes, « Ukraine : quelques rappels historiques », Armenews.com (site dirigé par Jean-Marc « Ara » Toranian, coprésident du Conseil de coordination des associations arméniennes de France, CCAF), 3 mars 2022 :

« Ou [sic] était cet Occident du “deux poids deux mesures”, lors de l’agression turco-azerbaïdjanaise contre la République du Haut-Karabakh et l’Arménie ayant fait plus de 4.000 victimes [rappelons que ces « victimes » sont des soldats d’une armée d’occupation tombés sur le champ de bataille…] !

Un Occident qui s’implique sans compter diplomatiquement, financièrement et même militairement en faveur de l’Ukraine, au risque de déclencher une guerre mondiale [la suite a montré la réalité de ce « risque », pure invention de la propagande poutiniste].

Un Occident qui se range aux côtés des va-t-en guerre, tel Bruno Lemaire qui déclare la guerre totale à la Russie [M. Le Maire a en fait parlé de « guerre économique », avant de retirer cette expression], et une France qui prend le risque d’étendre la guerre à la Géorgie et à la Moldavie.

Un Occident qui restreint les communications mondiales, qui limite les manifestations sportives et culturelles et qui institue la Censure [avec un grand C…] avec l’interdiction des médias RT et Spoutnik.

Les Occidentaux et le Président ukrainien Volodymyr Zelensky ont-ils vraiment pris la mesure des conséquences d’une guerre, qui a mis le pays à feu et à sang [pas un mot sur les crimes de guerre russes], pour une hypothétique adhésion à l’Europe et à l’OTAN [la candidature de l’Ukraine à l’OTAN a été bloquée par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel en 2008 ; M. Zelensky n’a pas insisté entre son arrivée au pouvoir et l’invasion russe], en se rétractant des accords de Minsk format Normandie. Un Statut comparable à celui de la Suisse, de l’Autriche, de la Suède et de la Finlande, n’eut-il pas été préférable.

Certes l’Ukraine est un pays coupé en deux avec tout le sud et l’est du pays pro-russe [l’est de l’Ukraine n’est plus russophile du tout depuis 2014] dominé par le parti des région [sic : M. Tilbian est aussi mauvais en orthographe qu’en politique : ce parti n’existe plus depuis 2014], et le nord et l’est dominé par les nationalistes dont les néo-nazis des organisations « Galicie », « Svoboda » et « Azov » [l’extrême droite fait 2,5 % en Ukraine et la droite musclée autour de 5 %] ; tous ces nationalistes, traités avec juste raison de nazis par Poutine, qui aujourd’hui encore célèbrent en héros le nazi Stepan Bandera et défilent en l’honneur de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne et sa Division de la Waffen SS [précisons ici que Bandera a collaboré avec les nazis à partir de 1942, avant de se retourner contre eux l’année suivante, contrairement au nazi arménien Garéguine Nejdeh, que M. Tilbian considère comme « un grand théoricien arménien »], qui s’étaient rangés sous la bannière hitlérienne, responsables des massacres génocidaires de Babi Yar en septembre 1941 [Bandera ne s’était pas encore mis au service des nazis et l’unité SS ukrainienne n’avait pas encore été créée…] et de Volhynie en 1943.

[…]

Pour rappel, le président Volodymyr Zelensky a soutenu l’agression de l’Azerbaïdjan sur l’Artsakh en fournissant à Aliev des armes létales qui firent des milliers de victimes civiles et militaires [si le soutien politique de l’Ukraine à l’Azerbaïdjan pour la libération de son territoire, reconnu comme tel par l’ONU, est un fait, les ventes d’« armes létales qui firent des milliers de victimes civiles et militaires » est une pure reprise, sans source, de la propagande du Kremlin]. »

 

Mooshegh Abrahamian, « Arménie : le salut viendra de la Russie », Europeetorient.blogspot.com (blog de la revue dirigée par Jean Varoujan Sirapian, ancien vice-président du CCAF), 25 mai 2022 :

« Les médias désormais 1er pouvoir manipulent les élections en disqualifiant les personnalités hostiles à leur idéologie, qu’ils s’appellent Fillon, Trump, Le Pen, Zemmour, Orban ou Poutine.

A tel point que Macron n’a même pas besoin de justifier son action des 5 ans passés ni de présenter son programme pour les 5 ans à venir. En 2017, il lui a suffi de se prosterner à Oradour sur Glane et au Mémorial juif, et en 2022, de qualifier d’extrême droite son adversaire.

Ils ont dicté l’attitude ignoble de TOUT l’occident au moment de l’agression turco-musulmane [sic] contre l’Arménie à l’automne 2020. […]

Alors Monsieur Pachinian, quelle démocratie ? Les menaces multiformes qui pèsent sur l’Arménie ne peuvent être résolues par ce slogan !  Les Arméniens ne se mobiliseront pas pour la démocratie.

Rappelons-nous l’appel du Comité de Salut Public : la Patrie ou la mort !

Rappelons-nous aussi, ironie de l’histoire, que les 5 principautés arméniennes d’Artsakh (Karabagh) demandèrent vers 1725 au pas très démocratique tsar d’être leur souverain en remplacement des khans perses musulmans.

Aujourd’hui plus que jamais, le salut viendra de la Russie !

Le rattachement de l’Arménie et de l’Artsakh à la Fédération de Russie, en tant que République fédérée, pourrait être la solution pour la survie de la nation arménienne. »

 

Manifestation de l’opposition nationaliste en faveur de la Russie à Erevan, mai 2022 :


 


Manifestation des séparatistes arméniens du Karabakh en faveur de la Russie, avril 2022 :

 



Déclaration d’Harut Sassounian, directeur du California Courrier et cadre de la Fédération révolutionnaire arménienne, juin 2022 :

« Les membres de la coalition anti-Turquie devraient être : les Arabes, les Arméniens, les Assyriens, Chypre, la Grèce, l’Iran, l’Irak, les Kurdes, la Russie, la Syrie, les Syriaques et les Yézidis. S'ils s’unissent, ils peuvent se défendre et riposter contre la Turquie. »

 Krikor Amirzayan, « Pourquoi mourir pour l’Artsakh ? », Armenews.com, 6 août 2022 :

« Mais le salut de l’Arménie vient ainsi et surtout d’ailleurs. Et aujourd’hui dans le scénario-catastrophe qui se dessine, tous les regards vont vers la Russie, seule capable de renverser les données et sauver l’Arménie, pièce essentielle de sa partie d’échecs dans la région. »


Lire aussi :

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Margarita Simonyan (Russia Today) en appelle à « la famine »

Karabakh, Abkhazie, Ossétie du Sud : l'utilisation des sécessionnismes minoritaires par la Russie d'Eltsine

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