dimanche 29 mars 2020

Patrick Devedjian (1944-2020) : un soutien constant pour le terrorisme antifrançais et antiturc






Patrick Devedjian, plaidoirie en défense pour Mardiros Jamgotchian, terroriste l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA), assassin de Mehmet Savaş Yergüz, secrétaire du consul de Turquie à Genève, 19 décembre 1981, reproduite dans Jean-Pierre Richardot, Arméniens, quoi qu’il en coûte, Paris, Fayard, 1982, p. 117 :
« Mehmet Yergüz [sans arme et abattu dans le dos] était un soldat. Un soldat au service d’un combat qui n’est pas beau. Il a été tué par un soldat [Mardiros Jamgotchian] qui combat pour une cause, et si on fait pencher la balance du côté de l’horreur, elle ne penchera pas de notre côté. »

Patrick Devedjian, plaidoirie en défense pour Max Hraïr Kildjian, terroriste des Commandos des justiciers du génocide arménien (CJGA), jugé pour tentative d’assassinat sur l’ambassadeur de Turquie à Berne, 23 janvier 1982, reproduite dans Comité de soutien à Max Kilndjian (éd.), Les Arméniens en cour d’assises. Terroristes ou résistants ?, Roquevaire, Parenthèses, 1983, pp. 173-174 :
« Je voudrais aussi répondre à ce qu’a dit Maître [Alain] Vidal-Naquet [avocat de l’ambassadeur, partie civile] en parlant de ceux qu’on qualifie de “terroristes arméniens”, et qui ne sont que des résistants. Je rappelle qu’il faut le rappeler, qu’il y a des mots qu’il faut employer avec prudence. Le mot “terroriste” est un mot qui a été inventé par la propagande nazie [mensonge : ce mot est apparu dans la langue française à la fin du XVIIIe siècle et a été revendiqué par la Fédération révolutionnaire arménienne, maison-mère des CJGA, dans son programme de 1890] pour désigner les résistants. Le mot “terroriste” a été appliqué pour la première fois aux résistants qui se battaient contre le nazisme. »

ð  Parmi les actes de « résistance » commis à cette date, citons le double attentat d’Istanbul par les CJGA, le 29 mai 1977 (cinq morts et une cinquantaine de blessés), l’assassinat de Neslihan Özmen, tuée par Monte Melkonian (alors numéro 2 de l’ASALA), le 31 juillet 1980, pour le crime d’être née turque, l’attentat à l’explosif de l’ASALA à la gare Cornavin, le 29 juillet 1981 (un jeune Suisse tué) et la tentative de mettre le feu à l’usine d’allumettes de Nyon, le 21 janvier 1982 (ce qui, en cas de succès, aurait complètement ravagé cette ville suisse). Les faits reprochés à Max Hraïr Kilndjian furent requalifiés en complicité de tentative d’assassinat après que la cour d’assises fut menacée de lynchage par les partisans de l’accusés. Franck « Mourad » Papazian a ainsi écrit dans Haïastan de février 1982, p. 14 : « Cette foule [...] qui a su quand il le fallait crier, chanter ou garder le silence, a sûrement influencé la décision du jury. [...] Et puis, cette foule, non pas excitée, mais convaincue, quelle allait être sa réaction [en cas de condamnation supérieure au temps passé en détention provisoire] ? Mieux vaut ne pas y penser. »

Patrick Devedjian, entretien à Nokta, 19 janvier 1983, imprimé dans l’édition du 7 mars, cité dans L’Humanité du 12 août puis dans Le Monde du 13 :
« Jusqu'à aujourd'hui, le terrorisme arménien était un signe de colère. Maintenant, il va falloir instaurer un système qui fera réellement pression sur la Turquie. […] Il s'agit, plutôt que d'un simple attentat, de faire boycotter la Turkish Airlines et de répandre l'idée que la T.H.Y. est dangereuse pour voyager. »

ð  Six mois plus tard, ce fut l’attentat d’Orly et ses huit morts, dont quatre français (sans compter les blessés).

Entretien de Serge Der-Loughian, directeur du Trait d’union (journal arménien de France) au mensuel Armenia (Marseille), octobre 1983, p. 19 :
« En fait, il [Patrick Devedjian] ne peut rien nier puisque cette interview a été enregistrée. »

« Il était environ 15 h 30, lundi, lorsqu'une violente explosion a secoué le petit immeuble du 8, rue Boudreau, dans le neuvième arrondissement de Paris. Trois niveaux, dont un entresol sur rez-de-chaussée, que se partagent une société de personnel intérimaire, une maison de cravates, le siège parisien de la British Legion et les bureaux d'une agence de voyages spécialisée dans le tourisme en Turquie, la société Marmara. […]
Dans les bureaux de Marmara, au premier étage, Mme Renée Morin, vingt-six ans, célibataire, employée depuis dix-huit mois en qualité de secrétaire, est tuée sur le coup, par la chute du faux plafond de son bureau. Les vitres ont volé en éclats, blessant sans gravité quatre passants, mais la charge explosive, déposée sur le palier du premier, et dont le poids se situerait, selon les premières constatations des experts, entre 500 grammes et 1 kilo, a dégondé la porte blindée de l'agence de voyages, brisé plusieurs cloisons et plafonds et descellé la cage d'escalier, dont plusieurs volées de marches se sont effondrées. 
Lors de l'explosion, la colonne de gaz s'est rompue mais, par miracle, ni le feu ni une nouvelle explosion [ce qui aurait tué tout le monde dans l’immeuble] ne se sont déclarés. »

Patrick Devedjian, entretien à l’Armenian Reporter (New York), 6 juin 1985, p. 2 :
« Ils appellent ça terrorisme, j'appelle ça résistance. Je défends ces garçons [les terroristes de l'ASALA] parce que ce sont des Arméniens en révolte. »

« Quatre Français faisant partie d'un groupe de 25 touristes français ont été enlevés samedi soir près de Tatvan (Kurdistan de Turquie). Selon les autorités locales, un commando de 15 personnes, dont 7 femmes, appartenant au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, indépendantiste), avait intercepté, samedi soir, l'autocar des touristes. Ankara a indiqué que les 4 personnes enlevées sont MM. Pierre Six (quarante-trois ans), Michel Coudray (cinquante-deux ans), Robert Audoin (cinquante et un ans) et Fernand Haron (soixante-six ans). »

« Treize militants kurdes condamnés pour racket contre des Turcs », Libération, 18 avril 1996 :
« Treize militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été condamnés hier par la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour le racket ou des tentatives de racket de ressortissants turcs dans le sud-ouest de la France en 1993 et 1994. Hasim Gonul, dit «Zana», a été notamment condamné à trois ans d'emprisonnement, dont six mois avec sursis, et trois ans d'interdiction du territoire français.
Selon le tribunal, Gonul est un “important responsable du PKK expédié dans le Sud-Ouest pour effectuer la collecte de fonds de l'année 1993, avec utilisation, en cas de nécessité, de violences ou de menaces”. Il a été déclaré coupable d'extorsion de fonds, tentatives d'extorsion de fonds, et participation à une association à caractère terroriste. “Terroriste”, dit le tribunal présidé par Mme Jacqueline Rebeyrotte, car “l'action principale du PKK, la lutte armée en Turquie, s'accompagne d'actes de violence contre les personnes et les biens à l'étranger, notamment en France”. »

« Le député RPR Patrick Devedjian a estimé que les autorités turques ont commis “un acte de piraterie internationale” en capturant le chef du PKK. »

Patrick Devedjian, entretien à Marianne, numéro hors série, avril 2015 :
« C’est le terrorisme arménien qui a fait connaître la cause arménienne. Le premier fut l’affaire Kilndjian, un socialiste arménien, buraliste sur la Canebière, jugé par la cour d’assise d’Aix en Provence, en 1982, pour sa participation présumée à une tentative d’assassinat contre l’ambassadeur de Turquie à Bern.

Le procès, qui a duré 8 jours [sic : deux], a donné lieu à une mobilisation fabuleuse [la menace de lynchage contre les jurés et juges vue plus haut]. Deux mille Arméniens campent en permanence au Palais de justice. Ce fut la première médiatisation forte du génocide. Kilndjian a été condamné à une peine qui couvrait sa préventive. »

« Patrick Devedjian au dîner de l’AFAJA » (Association des avocats et juristes arméniens de France), 27 novembre 2012 :
« Dans l’hommage qu’il lui a rendu, Me Alexandre Couyoumdjian, président de l’AFAJA, a rappelé l’implication de Patrick Devedjian depuis plus de trente ans, comme avocat, dans la défense de la cause arménienne, à travers notamment les procès d’Alec et Suzy [ASALA], Mardiros Jamgotchian, Max Kilndjian, Dimitriu Giorgiu (Monté Melkonian), le commando Van [également de l’ASALA] et enfin Bernard Lewis. »

Jean-Marc « Ara » Toranian, ancien chef de la branche « politique » de l’ASALA en France, « Adieu Patrick », armenews.com, 29 mars 2020 :
« Avec sa disparition […] le monde arménien la plus grande figure publique qu’il lui restait, après la mort il y a un an et demi de Charles Aznavour. La perte est immense. À la hauteur de l’émotion qui est en train de submerger la communauté. Car cet avocat de profession était l’un des plus grands défenseurs de sa cause, depuis les années 75 où il s’était porté volontaire pour plaider en faveur des premiers combattants emprisonnés : les membres de l’Opération Van, Max Kilndjian, Monté Melkonian. Tout en étant à l’époque le conseil de Jacques Chirac et du RPR ! C’est-à-dire, du pouvoir en place, de l’ordre national et international établi. Mais lorsqu’il était question du génocide - qui l’avait structuré avait-il dit dans une interview à Marianne-, Patrick Devedjian n’écoutait que son cœur arménien, qui le poussait à chaque combat à se porter en première ligne. »

Effectivement, quand on exalte le terrorisme qui a conduit à Orly, on n’« écoute » rien de français…

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