Patrick Devedjian, plaidoirie en défense pour
Mardiros Jamgotchian, terroriste l’Armée secrète arménienne pour la libération
de l’Arménie (ASALA), assassin de Mehmet Savaş Yergüz, secrétaire du consul de Turquie à
Genève, 19 décembre 1981, reproduite dans Jean-Pierre Richardot, Arméniens, quoi qu’il en coûte, Paris,
Fayard, 1982, p. 117 :
« Mehmet Yergüz [sans
arme et abattu dans le dos] était un soldat. Un soldat au service d’un combat
qui n’est pas beau. Il a été tué par un soldat [Mardiros Jamgotchian] qui
combat pour une cause, et si on fait pencher la balance du côté de l’horreur,
elle ne penchera pas de notre côté. »
Patrick Devedjian, plaidoirie en défense pour Max Hraïr Kildjian, terroriste des Commandos des justiciers du génocide arménien (CJGA),
jugé pour tentative d’assassinat sur l’ambassadeur de Turquie à Berne, 23
janvier 1982, reproduite dans Comité de soutien à Max Kilndjian (éd.), Les Arméniens en cour d’assises. Terroristes
ou résistants ?, Roquevaire, Parenthèses, 1983, pp. 173-174 :
« Je
voudrais aussi répondre à ce qu’a dit Maître [Alain] Vidal-Naquet [avocat de l’ambassadeur,
partie civile] en parlant de ceux qu’on qualifie de “terroristes arméniens”, et
qui ne sont que des résistants. Je rappelle qu’il faut le rappeler, qu’il y a
des mots qu’il faut employer avec prudence. Le mot “terroriste” est un mot qui
a été inventé par la
propagande nazie [mensonge : ce mot est apparu dans la langue
française à la fin du XVIIIe siècle et a été revendiqué par la Fédération
révolutionnaire arménienne, maison-mère des CJGA, dans son programme de 1890] pour
désigner les résistants. Le mot “terroriste” a été appliqué pour la première
fois aux résistants qui se battaient contre
le nazisme. »
ð Parmi les actes de « résistance »
commis à cette date, citons le double attentat d’Istanbul par les CJGA, le 29
mai 1977 (cinq morts et une cinquantaine de blessés), l’assassinat de Neslihan
Özmen, tuée par Monte Melkonian (alors numéro 2 de l’ASALA), le 31 juillet
1980, pour le crime d’être née turque, l’attentat à l’explosif de l’ASALA à la
gare Cornavin, le 29 juillet 1981 (un jeune Suisse tué) et la tentative de
mettre le feu à l’usine d’allumettes de Nyon, le 21 janvier 1982 (ce qui, en cas
de succès, aurait complètement ravagé cette ville suisse). Les faits reprochés à Max Hraïr Kilndjian furent requalifiés en complicité de tentative d’assassinat après que la cour d’assises fut menacée de lynchage par les partisans de l’accusés. Franck « Mourad » Papazian a ainsi écrit dans Haïastan de février 1982, p. 14 : « Cette foule [...] qui a su quand il le fallait crier, chanter ou garder le silence, a sûrement influencé la décision du jury. [...] Et puis, cette foule, non pas excitée, mais convaincue, quelle allait être sa réaction [en cas de condamnation supérieure au temps passé en détention provisoire] ? Mieux vaut ne pas y penser. »
Patrick Devedjian, entretien à Nokta, 19 janvier 1983, imprimé dans l’édition
du 7 mars, cité dans L’Humanité du 12
août puis dans Le
Monde du 13 :
« Jusqu'à
aujourd'hui, le terrorisme arménien était un signe de colère. Maintenant, il va
falloir instaurer un système qui fera réellement pression sur la Turquie. […] Il
s'agit, plutôt que d'un simple attentat, de faire boycotter la Turkish Airlines
et de répandre l'idée que la T.H.Y. est dangereuse pour voyager. »
ð Six mois plus tard, ce fut l’attentat
d’Orly et ses huit morts, dont quatre français (sans compter les blessés).
Entretien de Serge Der-Loughian, directeur du Trait d’union (journal arménien de France) au mensuel Armenia (Marseille), octobre 1983, p. 19 :
« En fait, il [Patrick Devedjian] ne peut rien nier puisque cette interview a été enregistrée. »
« L’ASALA
a revendiqué l'attentat contre une agence de voyages turque — La mort d'une
jeune secrétaire française », Le
Monde, 2 mars 1983 :
« Il était
environ 15 h 30, lundi, lorsqu'une violente explosion a secoué le petit
immeuble du 8, rue Boudreau, dans le neuvième arrondissement de Paris. Trois
niveaux, dont un entresol sur rez-de-chaussée, que se partagent une société de
personnel intérimaire, une maison de cravates, le siège parisien de la British
Legion et les bureaux d'une agence de voyages spécialisée dans le tourisme en
Turquie, la société Marmara. […]
Dans les bureaux
de Marmara, au premier étage, Mme Renée
Morin, vingt-six ans, célibataire, employée depuis dix-huit mois en qualité de
secrétaire, est tuée sur le coup, par la chute du faux plafond de son
bureau. Les vitres ont volé en éclats, blessant sans gravité quatre passants,
mais la charge explosive, déposée sur le palier du premier, et dont le poids se
situerait, selon les premières constatations des experts, entre 500 grammes et
1 kilo, a dégondé la porte blindée de l'agence de voyages, brisé plusieurs
cloisons et plafonds et descellé la cage d'escalier, dont plusieurs volées de
marches se sont effondrées.
Lors de l'explosion, la colonne de gaz s'est
rompue mais, par miracle, ni le feu ni une nouvelle explosion [ce qui
aurait tué tout le monde dans l’immeuble] ne se sont déclarés. »
Patrick Devedjian, entretien à l’Armenian Reporter (New York), 6 juin
1985, p. 2 :
« Ils
appellent ça terrorisme, j'appelle ça résistance. Je défends ces garçons [les
terroristes de l'ASALA] parce que ce sont des Arméniens en révolte. »
« Quatre
Français faisant partie d'un groupe de 25 touristes français ont été enlevés
samedi soir près de Tatvan (Kurdistan de Turquie). Selon les autorités locales,
un commando de 15 personnes, dont 7 femmes, appartenant au Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK, indépendantiste), avait intercepté, samedi
soir, l'autocar des touristes. Ankara a indiqué que les 4 personnes enlevées
sont MM. Pierre Six (quarante-trois ans), Michel Coudray (cinquante-deux ans),
Robert Audoin (cinquante et un ans) et Fernand Haron (soixante-six ans). »
« Treize militants kurdes condamnés pour
racket contre des Turcs », Libération,
18 avril 1996 :
« Treize
militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été condamnés hier
par la 14e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour le racket ou des
tentatives de racket de ressortissants turcs dans le sud-ouest de la France en
1993 et 1994. Hasim Gonul, dit «Zana», a été notamment condamné à trois ans
d'emprisonnement, dont six mois avec sursis, et trois ans d'interdiction du
territoire français.
Selon le
tribunal, Gonul est un “important responsable du PKK expédié dans le Sud-Ouest
pour effectuer la collecte de fonds de l'année 1993, avec utilisation, en cas
de nécessité, de violences ou de menaces”. Il a été déclaré coupable
d'extorsion de fonds, tentatives d'extorsion de fonds, et participation à une
association à caractère terroriste. “Terroriste”,
dit le tribunal présidé par Mme Jacqueline Rebeyrotte, car “l'action principale
du PKK, la lutte armée en Turquie, s'accompagne d'actes de violence contre les
personnes et les biens à l'étranger, notamment en France”. »
« Jacques
Chirac convaincu d'un jugement équitable », Le Monde, 19 février 1999 :
« Le député
RPR Patrick Devedjian a estimé que les autorités turques ont commis “un acte de
piraterie internationale” en capturant le chef du PKK. »
Patrick Devedjian, entretien à Marianne, numéro hors série, avril 2015 :
« C’est le
terrorisme arménien qui a fait connaître la cause arménienne. Le premier fut
l’affaire Kilndjian, un socialiste arménien, buraliste sur la Canebière, jugé
par la cour d’assise d’Aix en Provence, en 1982, pour sa participation présumée
à une tentative d’assassinat contre l’ambassadeur de Turquie à Bern.
Le procès, qui a
duré 8 jours [sic : deux], a donné lieu à une mobilisation fabuleuse [la menace de lynchage contre les jurés et juges vue plus haut]. Deux mille Arméniens
campent en permanence au Palais de justice. Ce fut la première médiatisation
forte du génocide. Kilndjian a été condamné à une peine qui couvrait sa
préventive. »
« Patrick Devedjian au
dîner de l’AFAJA » (Association des avocats et juristes arméniens de France),
27 novembre 2012 :
« Dans
l’hommage qu’il lui a rendu, Me Alexandre Couyoumdjian, président de l’AFAJA, a
rappelé l’implication de Patrick Devedjian depuis plus de trente ans, comme
avocat, dans la défense de la cause arménienne, à travers notamment les procès
d’Alec et Suzy [ASALA], Mardiros Jamgotchian, Max Kilndjian, Dimitriu Giorgiu
(Monté Melkonian), le commando Van [également de l’ASALA] et enfin Bernard Lewis. »
Jean-Marc « Ara »
Toranian, ancien chef de la branche « politique » de l’ASALA en France,
« Adieu
Patrick », armenews.com, 29 mars 2020 :
« Avec sa
disparition […] le monde arménien la plus grande figure publique qu’il lui
restait, après la mort il y a un an et demi de Charles Aznavour. La perte est
immense. À la hauteur de l’émotion qui est en train de submerger la communauté.
Car cet avocat de profession était l’un des plus grands défenseurs de sa cause,
depuis les années 75 où il s’était porté volontaire pour plaider en faveur des
premiers combattants emprisonnés : les membres de l’Opération Van, Max
Kilndjian, Monté Melkonian. Tout en étant à l’époque le conseil de Jacques Chirac et du RPR ! C’est-à-dire, du pouvoir en place, de l’ordre national et
international établi. Mais lorsqu’il
était question du
génocide - qui l’avait structuré avait-il dit dans une interview à
Marianne-, Patrick Devedjian n’écoutait que son cœur arménien, qui le poussait
à chaque combat à se porter en première ligne. »
Effectivement,
quand on exalte le terrorisme qui a conduit à Orly, on n’« écoute » rien de
français…
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