Hovannès Katchaznouni (Premier ministre arménien de 1918 à 1919), The Armenian Revolutionary Federation Has Nothing to Do Anymore, New York, Armenian Information Service, 1955 (1re
édition, en arménien, 1923) :
« Malgré ces hypothèses, il reste un fait irréfutable : c’est que nous
n’avons pas fait tout ce qui était nécessaire afin d’éviter la guerre. Nous
aurions dû employer un langage de paix avec les Turcs, que ce fût avec succès
ou non, or ce n’est pas ce que nous avons fait. Nous ne l’avons pas fait pour
une raison simple — et non moins fautive —, c’est que nous n’avions pas d’informations
sur la force réelle de l’armée turque et que nous nous fiions à la nôtre. Là
était l’erreur fondamentale. Nous n’avions pas peur de la guerre car nous pensions
que nous la gagnerions. Avec la négligence d’hommes inexpérimentés et
ignorants, nous ne savions pas quelles forces la Turquie avait rassemblées à
nos frontières. Quand les escarmouches commencèrent [en septembre 1920], les
Turcs proposèrent de nous rencontrer et de conférer. Nous ne l’avons pas fait et nous les avons défiés. »
Georges Labourel, « Impressions de
Turquie — Le vrai péril », Le Gaulois,
20 décembre 1920, p. 2 :
« À part un ou deux hommes de valeur, les hommes d’État arméniens sont des
instituteurs que leur niveau de culture met à peine dans l’état de gérer un
chef-lieu de canton. Ce sont des Arméniens qui m’ont donné ces renseignements,
et c’est plus que symptomatique les Arméniens intelligents ne croient pas à
l’Arménie. L’emprunt national, par exemple, lancé à grand fracas de publicité,
n’a produit qu’une somme dérisoire.
Les origines de la courte campagne entre Arméniens et nationalistes
rétablit d’ailleurs les faits sous leur jour véritable : les nationalistes [turcs] ne sont entrés en campagne que sur les
provocations de leurs voisins, brûlant les villages musulmans et massacrant
les habitants. Des membres de la mission américaine de Kars en ont été
les témoins. Il est prouvé par contre que les nationalistes [turcs] — par
calcul politique sans doute — n’ont pas
commis d’atrocités pendant leur avance.
On sait ce qu’a été cette guerre de trois semaines : simple promenade
militaire des kémalistes. L’armée arménienne, sans cadres, peu instruite, et
qui, surtout, ne tenait pas à se battre, malgré des communiqués ronflants, sans
même chercher à sauver les munitions que venait de lui envoyer la France, ou
les stocks de farine donnés par l’Amérique. »
Herbert Hoover (à l’époque
responsable du Service d’assistance de l’État fédéral américain), The
Memoirs of Herbert Hoover, tome I, Years
of Adventure, 1874-1920, New York, The MacMillan Company, 1951, p. 387 :
« La République arménienne n'était même pas l'ombre d'un gouvernement. Le
président Khodissian [Khatissian] était
un honnête homme qui avait acquis sa seule expérience gouvernementale comme
maire de Tiflis. Les soi-disant ministres n'avaient jamais eu la moindre
expérience administrative. Ils étaient incompétents ou corrompus et animés par des
opinions politiques très variables, qui produisaient un nouveau cabinet au bout
de quelques semaines. Ils étaient tous, y compris le président, tout simplement
stupéfaits et impuissants face aux problèmes qu’ils devaient résoudre. Si
quelqu'un veut des sources pour un traité sur le malheur humain, l'intrigue, la
guerre, le massacre, l'incompétence et la malhonnêteté, il peut en trouver de
nombreuses dans la masse des rapports remis par nos officiers américains. »
Serge Afanasyan, L’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie, de l’indépendance
à l’instauration du pouvoir soviétique (1917-1923), Paris, L’Harmattan,
1981 :
« L’intervention militaire
turque inquiète Moscou. Malgré la décision de soutenir le mouvement
kémaliste contre l’Entente, prise après le congrès de Bakou, les Soviets ne s’attendaient
pas à une action aussi prompte contre l’Arménie, et voyaient derrière l’action
de Kémal se profiler l’ombre de l’Entente, qui pourrait par la suite en
profiter pour l’appuyer contre les Soviets. D’un autre côté, l’Arménie ne
servait-elle pas les “intérêts impérialistes” ? Décidément, la position de
Moscou était inconfortable. » (p. 137)
« À Moscou, on est d’ailleurs persuadé, après le rapport adressé le 8
octobre [1920] par Ordjonikidzé, que la chute du gouvernement dachnak est
imminente. Le 14 octobre, sur proposition de Tchitchérine, le Politburo
[principal organe décisionnaire de la Russie soviétique], “en accord avec le
P.C. d’Arménie et le C.C. [comité central] du Kavburo”, juge nécessaire de :
a) prendre des mesures énergiques afin d’instaurer le pouvoir soviétique en
Arménie ; b) accorder à l’Arménie
un appui politique afin d’arrêter l’avance des Turcs ; c) soutenir le
nouveau pouvoir soviétique. » (p. 140)
Richard G. Hovannisian, The
Republic of Armenia, tome IV, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of
California Press, 1996, p. 258 :
« L’instinct de survie causa des scènes de pandémonium, lorsque que des soldats,
abandonnant leurs positions et jetant leurs armes, se ruèrent à la tête de la
multitude essayant de traverser la gorge. Des cavaliers sont passés sur le
corps de civils, et certains soldats ont enlevé leurs uniformes puis se sont
cachés sous les lits de camp, ou dans les placards des orphelinats et des
hôpitaux américains. Le Dr Edward Fox, le médecin [américain]
responsable du Near
East Relief à Kars, a commenté avec dégoût la
lâcheté méprisable des soldats arméniens et le manque de fiabilité des
Arméniens [du Caucase] en général [à cette époque-là] : “N’importe qui serait
pro-turc après avoir travaillé avec les Arméniens pendant un an, en ayant vu comment
ils se sont comportés et en s’étant rendu compte que ce sont des menteurs et
des voleurs.” »
Lire aussi :
Non,
il n’y a pas eu de « massacre d’Arméniens » à Kars en 1920 (ce fut le
contraire)
Turcs,
Arméniens : les violences et souffrances de guerre vues par des Français
Le
général Kâzım Karabekir et les Arméniens
Les
combattants arméniens à Erzurum (1918) : lâcheté et massacres de civils
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