lundi 21 avril 2025

Mort du pape François : la Russie et ses alliés arméniens perdent un soutien de poids


 


Jean-François Bouthors, « François,la Russie et la Chine : un désastre obstiné », Desk Russie, 16 septembre 2023 :

« Vladimir Poutine n’en attendait pas tant. En quelques mots, adressés en visioconférence à des jeunes rassemblés dans l’église Sainte-Catherine de Saint-Pétersbourg à l’occasion de la Journée de la jeunesse catholique russe, le 25 août dernier, le pape François a une nouvelle fois perdu une occasion de se taire. “Vous êtes les enfants de la grande Russie, celle des grands saints et des tsars, de Pierre le Grand, de Catherine II, d’un peuple russe de grande culture et de grande humanité, a-t-il déclaré. […] N’oubliez jamais ce grand héritage. Vous êtes les héritiers de la grande mère Russie, allez de l’avant avec cela.” […]

Rappelons que François, contrairement aux principaux responsables politiques occidentaux, ne s’est pas rendu à Kyïv pour s’entretenir avec Volodymyr Zelensky et, surtout, manifester personnellement son soutien au peuple ukrainien. Il n’a rencontré en tête à tête le président ukrainien qu’en mai dernier lorsque celui-ci est venu plaider la cause de l’Ukraine au Vatican. Un an plus tôt, le pape avait déclaré qu’il viendrait volontiers à Kyïv, mais qu’il devait commencer par se rendre à Moscou. Ce qui revenait à dire qu’il n’irait nulle part ! »

 

« "Hisser le drapeau blanc" : on vous résume les tensions entre le pape et l’Ukraine », Lexpress.fr, 12 mars 2024 :

« Tout part de la déclaration du pape François, diffusée samedi 9 mars. Dans une interview à la télévision suisse, le pontife appelle à "avoir le courage de hisser un drapeau blanc et à négocier" pour mettre un terme à la guerre en Ukraine "avant que les choses ne s’aggravent". Dans une allusion apparente à Kiev, il ajoute : "Négocier est un mot courageux. Quand vous voyez que vous êtes vaincu, que les choses ne marchent pas, ayez le courage de négocier." »

 

« Massacre des Arméniens : pour la première fois, un pape prononce le terme "génocide" », France24.com, 12 avril 2015 :

« Le pape François a utilisé, dimanche 12 avril, dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre de Rome, le terme de "génocide" pour décrire le massacre des Arméniens il y a cent ans, au risque de fortement perturber ses relations diplomatiques avec la Turquie.

"Au siècle dernier, notre famille humaine a traversé trois tragédies massives et sans précédent. La première, qui est largement considérée comme 'le premier génocide du XXe siècle' a frappé votre peuple arménien", a déclaré le pontife en citant un document signé en 2001 par le pape Jean Paul II et le patriarche arménien. »

 

Commentaires :

1)      François a utilisé (à tort) le terme « génocide » pour parler de la tragédie arménienne de 1915-1916, faisant fi des conclusions inverses auxquelles était arrivé son prédécesseur Benoît XV (1914-1922), dont la politique a été constamment turcophile, comme du refus de Paul VI de parler de « génocide », refus qui a entraîné l’assassinat de l’ambassadeur turc au Vatican, Taha Carim, le 9 juin 1977, assassinat que François s’est montré peu enclin à commémorer ;

2)      Il l’a fait quand l’Arménie était encore un protectorat russe, qui votait systématiquement contre les résolutions de l’ONU demandant la fin de l’occupation de la Crimée ;

3)      Sa déclaration de 2015 n’est pas seulement turcophobe (usage polémique du terme « génocide » et omission des victimes turques) :elle est aussi profondément méprisante pour les Hereros exterminés en 1905, par les forces allemandes de Namibie, elles-mêmes directement inspirées par le militant arménophile Paul Rohrbach, théoricien du génocide des ethnies noires, dès lors qu’elles contestent leur exploitation par le colonisateur blanc.

 

Lire aussi, sur la dimension russe de la question arménienne :

La crise arménienne de 1895 vue par la presse française

Arthur Tchérep-Spiridovitch : arménophile militant, antisémite professionnel, raciste aryaniste et inspirateur du nazisme

1914-1915 : la mobilisation du nationalisme arménien au service de l’expansionnisme russe

Le caractère mûrement prémédité de la révolte arménienne de Van (avril 1915)

Le consensus poutiniste chez les nationalistes arméniens

Jean-Marc « Ara » Toranian relaie la désinformation russe contre l’Ukraine et la Turquie

Jean-Marc « Ara » Toranian déplore l’orientation européenne et occidentale du Premier ministre arménien Nikol Pachinyan et préfère la Russie

L’hostilité intangible des nationalistes arméniens à l’égard de l’Ukraine

 

Sur les Arméniens catholiques :

L’Empire ottoman tardif et ses catholiques (y compris les Arméniens catholiques)

Les catholiques (y compris les Arméniens catholiques) et la guerre d’indépendance turque

Aram Effendi et Süleyman al-Boustani contre les crimes de guerre grecs (1922)

 

Sur la tragédie de 1915-1916 :

Talat Pacha et les Arméniens

Le mensonge selon lequel cinq des « documents Andonian » auraient été « authentifiés » au procès Tehlirian (1921)

La nature contre-insurrectionnelle du déplacement forcé d’Arméniens ottomans en 1915

Le grand vizir Sait Halim Pacha et les Arméniens

Hamit (Kapancı) Bey et les Arméniens

L’augmentation de la population arménienne à Istanbul entre 1914 et juillet 1922

L’urologue Yves Ternon : menteur sous serment

Florilège des manipulations de sources dont s’est rendu coupable Taner Akçam

Le rôle des Arméniens loyalistes dans l’Empire ottoman durant la Première Guerre mondiale

Le « négationnisme » d’Yves Ternon et Pierre Tévanian

Turcs, Arméniens : les violences et souffrances de guerre vues par des Français

 

Sur les patriotes ukrainiens et ottomans :

Les destins parallèles de Simon Petlioura et Talat Pacha

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire