dimanche 30 août 2020

L’Empire ottoman tardif et ses catholiques (y compris les Arméniens catholiques)


 Statue du pape Benoît XV à  İstanbul


 Alfred Lemaître, Musulmans et chrétiens : notes sur la guerre de l’indépendance grecque, Paris, Librairie G. Martin, 1895, p. 252 :

« Les Grecs latins [c’est-à-dire catholiques], dit l’amiral de Rigny, répandus dans quatre ou cinq îles, sont partout détestés et molestés par les autres Grecs. Cette animosité entre deux rites ne s’est point amortie depuis l’insurrection grecque, de laquelle, d’après leur position et leurs ressentiments, les Latins se sont tenus écartés. Le clergé catholique, quelquefois fort supérieur en lumière comme en morale au clergé grec, ne dissimulait pas son désir de voir triompher les Turcs dans la lutte qui s’était engagée.

À bord du Trident, à Smyrne, 30 novembre 1827 »


Jules Ballot (volontaire aux côtés des insurgés crétois, puis repenti), Histoire de l’insurrection crétoise, Paris, L. Dentu, 1868, p. 325 :

« Les chrétiens d’Orient, les libéraux, les philhellènes même sont-ils donc si aveuglés qu’on ne puisse les convertir et leur montrer qu’en se laissant entraîner par leurs sympathies, en se laissant jouer par les fourberies orthodoxes de l’ennemi commun [la Russie], ils travaillent pour lui ; qu’en croyant servir leurs coreligionnaires, leurs frères, en les délivrant du sceptre ottoman, ils les livrent au joug moscovite et leur préparent le sort plus ou moins éloigné des Polonais.

Dans les sphères élevées, dont nous parlions tout à l’heure, on est d’accord sur tous ces points, et cependant on cède pas à pas à l’opinion de ceux qui, ne voyant que ce qu’on leur montre et n’entendant que ce qu’on leur répète, considèrent encore les Turcs comme des mécréants et des infidèles et crient : Haro sur les Turcs ! haro sur le Coran ! Pourquoi ne leur démontre-t-on pas clairement que ce peuple, qu’ils croient encore barbare et incapable de toute civilisation, a des mœurs infiniment plus pures et est plus civilisé et plus tolérant que les prétendus orthodoxes du Nord ; qu’il n’a ni serfs, ni Sibérie, et que leurs soldats accompagnent les processions catholiques ? »


« Correspondance — Constantinople », Les Missions catholiques, 8 janvier 1880, pp. 13-14 :

« On nous écrit de Constantinople, le 17 décembre 1879 :

[…]

L’autre nouvelle, qui ne manque pas d’importance, c’est que, grâce aux bons offices de S. Exc. M. Fournier, S. B. Mgr Hassoun [patriarche arménien catholique] a été enfin admis en audience par S. M. I. le Sultan [Abdülhamit II]. Vous savez que, sous le précédent viziriat de Khereddine pacha, Mgr Hassoun avait obtenu son bérat de reconnaissance officielle mais, par suite d’intrigues, Sa Béatitude n’avait pas eu l’honneur d’être reçue par Abd-ul-Hantid. S.A. Saïd pacha ne souffrit pas que cette anomalie se prolongeât plus longtemps. Conformément au désirde S. Exo. M. Fournier, il sollicita du sultan une audience en faveur du patriarche arménien catholique. L’empereur, secondant les vues de son premier ministre, fit prévenir S. B. Mgr Hassoun qu’il le recevrait le 13 de ce mois, au palais de Yildiz, à deux heures après midi. […]

Sa Béatitude et sa suite furent reçues par S. Exc. Munir bey, maître de cérémonie de l’empereur, ancien secrétaire d’ambassade à Paris, parlant le français admirablement, personnage d’une vaste érudition. On servit immédiatement, dans le salon d’attente, le café et le tchibouk (pipe longue), avec le bout orné de pierreries. Sa Béatitude remit alors à Munir bey le discours qu’Elle devait réciter devant le Sultan il était enfermé dans un sac en soie cramoisi, orné de franges et de glands d’or. […]

Sur l’invitation du maître des cérémonies, on se rend en présence du Sultan, en traversant plusieurs salons ornés des portraits des empereurs précédents. Abd-ulHamid était debout, a côté d’une table. Son premier chambellan se tenait à sa gauche, à une certaine distance. Sa Béatitude et sa suite firent, selon le cérémonial, trois selam avec profonde révérence puis le patriarche prononça, d’une voix claire et émue, le discours prépare. Après avoir remercié le Sultan de l’audience dont il l’avait honoré, Mgr Hassoun assura Sa Majesté do ses sentiments de fidélité et de dévouement et de ceux de toute sa communauté. Le prince lui répondit avec bienveillance. II savait, disait-il, que, grâce à son influence spirituelle, le patriarche inculquait aux sujets catholiques de l’Empire l’obéissance aux lois et au souverain. Pour lui, protecteur des religions professées en Turquie, il serait toujours prêt a défendre les droits légitimes de la juridiction patriarcale. Les discours terminés, sur un signe du maître des cérémonies, on se retire avec les saluts d’usage. À peine est-on dans le salon d’attente, que Munir bey rejoint Sa Béatitude et lui dit combien Sa Majesté avait été touchée des vœux que les catholiques faisaient pour la prospérité de son Empire. La musique impériale, qui avait cessé de jouer pendant l’audience, salue de nouveau le patriarche. Le cortège se remet eu marche dans le même ordre et se rend au grand viziriat. Saïd pacha connaissait déjà, par le télégraphe, ce qui s’était passe au palais. Aussi assura-t-il de nouveau Mgr Hassoun des intentions bienveillantes du Sultan.

Après cette visite au premier ministre, on se dirige vers l’église patriarcale de Saint-Sauveur. La foule remplissait la vaste basilique ; des places avaient été réservées pour les dignitaires de la Sublime-Porte, dont la tenue a été pleine de respect pendant toute la cérémonie. Suivant l’usage, on adressa à Dieu des supplications pour S. M. le Sultan. A chaque verset de la prière récitée à haute voix par le secrétaire du patriarche, le peuple répondait par l’acclamation liturgique amin. À six heures du soir, Sa Béatitude rentrait avec Mgr Azarian et toute la suite dans la maison patriarcale.

Le lendemain et les jours suivants, Mgr Hassoun fit avec le même cérémonial les visites aux ministres. Tous le reçurent avec la plus grande déférence.

Cet évènement a rehaussé le catholicisme aux yeux de tous, car, grâce à S. A. Saïd pacha, la cérémonie avait été entourée d’un éclat extraordinaire. C’était une preuve de sympathie du premier ministre envers l’ambassadeur de France. »

 

Les Missions catholiques, 5 mars 1880, p. 116 :

« Trébizonde (Asie mineure). — On nous écrit de Trébizonde :

“Depuis la fin du schisme des Kupélianistes, les Arméniens, partisans de la secte d’Etchmiazine [Église nationale arménienne, schismatique], ont déclare guerre ouverte aux [Arméniens] catholiques, leurs nationaux. Leur évêque, à Trébizonde, a fait tout son possible pour empêcher Mgr Marmarian [catholique] de siéger au conseil de l’autorité locale mais le gouverneur général, S. Exc. Siiri pacha, a invité Mgr Marmarian à y prendre part ; et la première fois que l’évêque catholique s’y est rendu, il a été reçu par le gouverneur avec tous les égards dus à son rang.

On signale de nouvelles conversions à Trébizonde et dans les environs. Elles seraient  bien plus nombreuses si les évêques avaient plus de ressources et pouvaient ouvrir des écoles et envoyer des prêtres partout ou on en demande. Avec l’argent des sociétés bibliques, les protestants gagnent, hélas ! beaucoup d’adhérents à leur secte. Si l’on installait des missionnaires français et des agents consulaires dans les contrées de l’intérieur, la religion catholique serait bientôt triomphante dans l’Asie-Mineure.” »

 

« Correspondance — Constantinople », Les Missions catholiques, 10 septembre 1880, p. 434 :

« Le Sultan a voulu employer, à l’adresse du Saint-Père, le mot turc hachmetlu (majestueux), dont il se sert pour les souverains chrétiens de l’Europe. Les rapports entre la Porte ottomane et le Saint-Siège sont donc des meilleurs. 

Saïd-Pacha, le dernier ex-premier ministre, encore très influent au Palais, disait, il y a quelques jours, à un dignitaire de l’Église, que le gouvernement ottoman avait commis une très grave faute en ne favorisant pas, il y a environ vingt .ans, le mouvement de conversion catholique en Bulgarie si la Bulgarie, ajoutait-il, s’était unie au Saint-Siège, le panslavisme n’aurait pu y exercer la moindre influence. II concluait en conseillant à la Porte d’encourager le catholicisme en Arménie, afin de l’arracher à l’invasion du slavisme de la Russie. Malheureusement, la Turquie est tellement accablée sous le poids des graves questions politiques du moment, qu’elle ne peut pas s’occuper des détails de l’administration des provinces. D’ailleurs, les gouverneurs de l’intérieur ne sont pas en état de comprendre ce que comprend si bien Saïd Pacha. »

 

« Correspondance — Constantinople », Les Missions catholiques, 29 janvier 1886, p. 50 :

« Au contraire, l’Église arménienne catholique est en pleine prospérité. Son organisation, forte au triple point de vue ecclésiastique, hiérarchique et officiel, garantit au patriarcat arménien catholique, un avenir prospère. Le courant de conversions continue dans plusieurs diocèses suffragants, surtout à Trébizonde et à Marach. A Behesni dans le diocèse de Malatia, le nombre des familles converties est monté à quatre-vingt-dix. Mgr Ferahian, le nouvel et zélé évêque, par chaque courrier annonce des retours à son patriarche. Le diacre de Yenidji, dans le diocèse de Trébizonde, converti du schisme, a été promu au sacerdoce par Mgr Murmarian, suffragant de Trébizonde. Ce fait a donné une nouvelle impulsion au mouvement catholique. »

 

« Informations diverses », Les Missions catholiques, 2 octobre 1896, p. 470 :

« Turquie d’Asie. — On nous écrit de Constantinople, le 17 septembre :

“Le mouvement des conversions s’étend en Arménie. Le R.P. Defrance écrit de Van que deux mille familles grégoriennes sont prêtes à embrasser le catholicisme. Le même mouvement s’accentue partout. Les grégoriens [Arméniens schismatiques] voient que la communauté catholique est relativement épargnée [par les affrontements interethniques de 1895-1896], que l’ambassade de France la soutient et ils se donnent au catholicisme pour trouver la même protection.” »

 

« Informations diverses », Les Missions catholiques, 5 février 1897, p. 63 :

« Au mois d’octobre dernier, Mardin reçu la visite S. Exc. Chaker Pacha, envoyé de S. M. le Sultan [Abdülhamit]. Sa femme, qui est catholique, vint assister à la messe ; puis elle nous fit l’honneur de monter jusqu’au salon. »

 

Berthe Georges-Gaulis, La Question arabe, Paris, Berger-Levrault, 1930, p. 180 :

« À la fin du règne d’Abdul-Hamid, les Maronites libanais occupaient de hauts postes à la Sublime Porte. Au début de la Constitution turque, ils étaient représentés à la Chambre ottomane par le grand lettré Suleyman Boustani, connu dans tout l’Empire ottoman [et ministre dans le cabinet Comité Union et progrès de janvier 1913 à novembre 1914]. »

 

Jean et Jérôme Tharaud, La Bataille à Scutari d’Albanie, Paris, Émile-Paul Frères, 1913, pp. 118-120 :

« Tout l’Orient catholique assiste avec angoisse à la débâcle turque [fin 1912]. Cet effroi de l’avenir, cette horreur de l’Orthodoxie, cette immense inquiétude, c’est tout cela que révélait confusément la réflexion courageuse et naïve du Frate sicilien. Mais la voici plus amplement exprimée dans une lettre, qu’au même moment un Frère des Écoles chrétiennes écrivait de Constantinople, et que je donne sans y rien changer :

“Vous me trouvez turcophile chers parents. Comment ne le serais-je pas! Voilà vingt- trois ans que je vis au milieu des Turcs, que j’apprends à connaître l’âme de ce peuple, ses qualités de cœur, sa large tolérance, sa foi profonde en Dieu, son respect de l’autorité, sa vaillance son patriotisme. Tous les journaux catholiques de France peuvent parler de Croix contre le Croissant, ils négligent d’ajouter que cette croix est tout ce qu’il y a de plus grecque. Et vraiment ils oublient trop que depuis des années déjà la Turquie donne à nos religieux le pain que la France leur refuse...

Les mensonges d’une presse vénale ou mal informée n’y changeront rien : les Turcs font la guerre en soldats ; les Balkaniques la font en bandits. Les journaux peuvent parler des atrocités turques, mais les atrocités des États orthodoxes dépassent en horreur tout ce qu’ont fait les Turcs dans le passé. Des lettres écrites par nos frères de Salonique et de Chio ; d’autres lettres adressées par des parents aux enfants de nos écoles pourraient vous édifier sur la soi-disant civilisation de ces petits peuples prétendus chrétiens. Les nombreux religieux établis en Turquie, jésuites, lazaristes, capucins, franciscains déplorent cette campagne anti-turque de nos feuilles catholiques et y voient dans l’avenir un obstacle au progrès de notre religion dans ces contrées. Où pénètre le slavisme, guerre au catholicisme. Les Bulgares sont un peuple athée, les Grecs voleurs, dépravés, hypocrites, n’ont de religion que la surface. Quant aux Serbes, ils prohibent notre culte chez eux. On ne trouve dans toute la Serbie que deux prêtres catholiques, dont l’un est aumônier du ministre d’Autriche à Belgrade, et l’autre à l’hôpital autrichien. A Sophia, nos coreligionnaires sont cantonnés dans un quartier spécial comme les juifs dans un ghetto. En Grèce, ils sont soumis à toutes sortes de vexations. Tracasseries aussi dans le Monténégro, où l’on doit former des régiments séparés de catholiques et d’orthodoxes. La voilà bien cette fameuse croix libératrice des alliés balkaniques ! Tous ces schismatiques ont péché contre le Saint-Esprit ; ils ont sucé avec le lait de leur mère la haine des catholiques, des Latins en particulier.” »

 

Rinaldo Marmara (éd.), Témoignages lazaristes sur la guerre balkanique, İstanbul, Les éditions Isis, 2011, p. 49 :

« Le supérieur des pères Conventuels, accompagné du curé de Saint-Antoine, me faisant visite, m’apprennent qu’à Dédéagatch, les comités bulgares ont massacré 400 Turcs. Beaucoup de ces derniers s’étaient réfugiés chez les chrétiens, une dizaine chez le curé, qui est un Conventuel. En voulant protéger la vie des Turcs, les pères ont été fort malmenés. Le père me fait aussi part de ses inquiétudes au sujet de ses religieux enfermés dans Andrinople [Edirne]. […]

M. Cazot me fait part de ses inquiétudes pour l’avenir. Les Grecs [orthodoxes] ne peuvent supporter les uniates [Grecs et Bulgares catholiques], les Bulgares non plus. Avec eux, ce sera la ruine de la mission. Pour le moment, les Grecs et Bulgares se comportent en Macédoine comme des Barbares, y compris les chrétiens indigènes : massacres, vols, viols, incendie, tels sont les méfaits quotidiens à l’égard des Turcs. »

 

Télégramme du ministre de l’Intérieur Talat aux préfets d’Ankara, Bursa, Kayseri, Afyon, Niğde, Eskişehir et Balıkesir, 5 août 1915, reproduit dans Hikmet Özdemir et Yusuf Sarınay (éd.), Turkish-Armenian Conflict Documents, Ankara, TBMM, 2007, p. 183 :

« Vous êtes requis d’envoyer les Arméniens vivant dans les limites de votre province ou sancak [département] vers les autres régions choisies dans ce but et d’exempter les Arméniens catholiques de cette réinstallation. »

 

Şinasi Orel et Süreyya Yuca, Les « Télégrammes » de Talât Pacha. Fait historique ou fiction ?, Paris, Triangle, 1986, p. 125 :

« DOCUMENT AUTHENTIQUE N° LII

Télégramme chiffré du ministère de l’Intérieur aux préfectures de Hudavendigâr, Ankara, Konya, Adana, Alep, Sivas, Mamuretilaziz, Diyarbakir, Erzurum ; aux sandjaks d’Izmit, Maraş, Urfa, Zor, Kütahya, Karesi, Niğde, Karahisârisahib, Kayseri.

“L’objectif visé par le gouvernement en faisant déplacer les Arméniens de leurs lieux de résidence vers les régions prévues est d’empêcher leurs agissements contre le gouvernement et de les neutraliser afin qu’ils renoncent à leurs aspirations relatives à la création d’un gouvernement arménien.

“L’objectif visé par le gouvernement n’étant pas l’extermination des innocents, le gouvernement exige que toutes les mesures adéquates soient prises pour la protection des Arméniens pendant le transport et pour leur ravitaillement grâce aux allocations des émigrés. Il ordonne de ne plus déplacer les Arméniens, sauf ceux qui sont déjà en train de l’être, de ne plus transférer, comme il a été indiqué auparavant, les familles des soldats, ainsi que les artisans dont on a besoin et les Arméniens protestants et catholiques.

“Procéder immédiatement à des enquêtes judiciaires afin de punir sévèrement d’une part les personnes qui s’attaquent aux convois, qui commettent des vols, qui, emportées par des sentiments bestiaux, violent des femmes et d’autre part les fonctionnaires et les gendarmes qui les ont incitées. Limoger les fonctionnaires qui sont mêlés à ce genre d’affaires, les traduire devant les tribunaux militaires et communiquer leurs noms. Dans ce genre d’incident, la responsabilité incomberait à la préfecture/au sandjak.

16 août 1331 (29 août 1915)

Le Ministre de l’Intérieur [Talat].»

 

« Les premiers responsables de la famine de 1915-1919 dans le Mont-Liban sont les maronites eux-mêmes », L’Orient-Le Jour, 11 août 2016 :

« Les premiers responsables de la famine qui a décimé une partie de la population du Mont-Liban durant la Première Guerre mondiale sont les maronites eux-mêmes, affirmait le patriarche Hoayeck. C’est ce qui ressort des interventions qui ont marqué la séance de signature des récents volumes publiés par La Ligue patrimoniale de la vallée de Qannoubine. Les volumes relatent les événements ayant affecté la Vallée sainte et la région de Qannoubine au cours de la Première Guerre mondiale.

Organisée au siège du patriarcat de Dimane (Liban-Nord), la cérémonie a réuni le patriarche Raï et le mufti de Tripoli, Malek Chaar, venu à la tête d’une délégation d’ulémas, ainsi que de nombreuses personnalités civiles et religieuses.

Les documents contenus dans les quatre volumes ont été rassemblés par Boulos Ramia, transcrits et annotés par Georges Arab et revus par le père Antoine Daou. Ils sont présentés par le président de la ligue susmentionnée, Naoufal Chedraoui, et figurent dans une collection qui doit couvrir tout le patrimoine de la Vallée sainte.

Commentant la correspondance du patriarche Hoayeck durant la Première Guerre mondiale, le Pr Tanios Noujeim a affirmé que “les causes de la famine qui a décimé [de 1915 à 1919] la population du Mont-Liban, durant la Première Guerre mondiale, sont nombreuses, de l’aveu même du patriarche Hoayeck, mais ce dernier, avant d’en accuser les autres, avait admis que la responsabilité première en incombait aux membres de la communauté maronite eux-mêmes (...), riches accapareurs et profiteurs”. »

 

« Une statue du Pape à Constantinople », Revue indigène, janvier-mars 1920, p. 63 :

« Ce fait extraordinaire mérite d’être noté. L’Osservatore romano [journal officieux du Vatican] écrit :

“Fait unique dans l’histoire mondiale, un monument représentant le pape Benoit XV vient d’être inauguré a Constantinople, avec l’autorisation et même le concours de personnalités musulmanes et israélites, en reconnaissance de l’action du Souverain Pontife durant la guerre.

Ce monument représente Benoit XV revêtu des ornements pontificaux ; la main gauche tient l’Évangile ouvert, tandis que la droite est étendue dans un geste d’accueil. Le socle porte l’inscription suivante :

‘Au bienfaiteur des peuples, sans distinction de nationalités ou de religions : l’Orient.’”

Cela ne pourrait-il s’appeler un signe des temps ? En ce sens que désormais les religions ont perdu ce qu’elles avaient d’hostile et de farouche envers les tenants des religions voisines et qu’elles ont acquis la pratique du respect réciproque sans rien perdre de leurs désirs de prosélytisme. Et ce serait, sans aucun doute, un grand bien ! »


Lire aussi :

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