Igor Nikiforov, « Pashinyan
attracts German right-wing radicals to conflict in Karabakh », News.ru, 19 octobre 2020 :
« Le gouvernement arménien dirigé par Nikol Pashinyan n’abandonne pas ses
tentatives d’internationaliser le conflit au Karabakh. Le 18 octobre, la
République autoproclamée du Haut-Karabakh (NKR) a
accueilli des députés allemands. Les médias arméniens ont présenté leur
visite comme une victoire diplomatique [au moins une députée
aussi]. Cependant, ce fut une victoire à la Pyrrhus et l’arrivée de
parlementaires — situés à la droite radicale — ne fit que souligner la
dangereuse tendance d’Erevan à flirter avec les sentiments nationalistes.
Au cours de la visite, les députés ont déclaré haut et fort leur soutien à
la NKR. Ils ont même fait à Erevan une promesse gratifiante : imposer des
sanctions contre la Turquie, dont la participation au conflit n’a jamais été
prouvée. Les médias arméniens se sont empressés de relayer cela comme la
reconnaissance par Berlin de la position d’Erevan, mais c’est là une
falsification flagrante des faits. Tout d’abord, la composition de la
délégation allemande est éloquente : tous les députés sont membres du
parti Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui fait partie de l’opposition
parlementaire dans son pays et n’a donc pas le droit de parler au nom de
Berlin. Certains médias essaient de le présenter comme se situant au centre droit
et utilisant une rhétorique anti-immigrés. Cependant, après leur implication
dans les émeutes de Chemnitz, les fédérations régionales de l’AfD ont été placées
sous surveillance par l’Office fédéral de protection de la Constitution et
les représentants de la coalition au pouvoir ont déclaré sans détour que “les
politiciens de ce parti remettent trop souvent en question la pertinence de la
loi”.
Il est symptomatique que des membres de l’AfD ne visitent pas la NKR pour
la première fois : en juin 2019 [légère erreur : c’était fin mai 2019], une telle
délégation avait exprimé son soutien à Erevan. Parmi eux, Stefan Koiter, devenu
célèbre pour avoir envoyé des documents nazis et tenté d’étouffer l’affaire
après un procès pour insultes xénophobes. Il est également significatif que l’un
des dirigeants de l’AfD, Alexander Gauland, se soit une fois activement
opposé à la décision de faire du 8 mai une fête de la libération dans toute
l’Allemagne [référence à la capitulation signée par le régime nazi], qualifiant
cette date de “contradictoire”.
Un tel “soutien international” se retourne contre l’Arménie, mais Erevan n’est
pas pressé d’apporter des éclaircissements. La raison en est que le
gouvernement Pachinyan avive les sentiments nationalistes, dans cette
république. Rappelez-vous juste le scandale autour du monument à Garéguine Nejdeh
: en Arménie, il est considéré comme l’un des fondateurs de l’État moderne,
bien que sa coopération avec le Troisième Reich soit un fait avéré, et Nikol
Pachinyan aggrave ouvertement la situation, mettant Nejdeh sur un pied d’égalité
avec le ministre des Affaires étrangères de l’URSS Vyacheslav Molotov [allusion
aux pactes germano-soviétiques d’août et septembre 1939, ce qui ne peut
évidemment qu’exaspérer Vladimir Poutine, ses ministres et, du moins en Russie,
ses partisans]. »
Outre la tradition arménophile du nazisme et plus généralement des
fascismes et proto-fascismes (voir ci-dessous), ces députés se placent dans la
logique pangermaniste reprise par le Troisième Reich en 1938, contre la
Tchécoslovaquie : décréter que le « droit à l’autodétermination »
(hier, pour les Allemands des Sudètes, aujourd’hui, pour les Arméniens du
Haut-Karabakh) est supérieur au principe de souveraineté des États et au droit
international (le traité de Versailles en 1938, actuellement les quatre
résolutions votées par le conseil de sécurité de l’ONU en 1993).
Lire aussi, sur l’héritage historique :
L’arménophilie
d’Alfred Rosenberg
L’arménophilie
de Johann von Leers
L’arménophilie
de Paul Rohrbach
L’arménophilie
de Lauro Mainardi
La
popularité du fascisme italien et du nazisme dans la diaspora arménienne et en
Arménie même
De
l’anarchisme au fascisme, les alliances très variables d’Archag Tchobanian
L’arménophilie-turcophobie
d’Édouard Drumont, « le pape de l’antisémitisme », et de son journal
Sur des faits plus récents :
La
Fédération révolutionnaire arménienne et l’extrême droite mégrétiste
La
place tenue par l’accusation de « génocide arménien » dans le discours soralien
Un
nostalgique de l’ASALA menace de mort des journalistes français
Admirateur du nazi Nejdeh, l’antisémite Samuel Tilbian appelle à commettre des crimes de guerre
L’Arménie essuie revers sur revers : pour les nationalistes arméniens, c’est la faute des Juifs
Et sur le conflit :
Pourquoi l’occupation du Karabakh et de territoires adjacents par l’Arménie est illégale
Conflit du Karabakh : un point de vue azerbaïdjanais
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