« Entretien
avec Gaïdz Minassian (Paris, 2004) », Denisdonikian.canalblog.com, 1er juin 2020 :
« Vahan Navassartian, membre du Bureau mondial de la FRA [Fédération
révolutionnaire arménienne] dans les années 1940-1950, disait, “il y a deux
moyens de lutter contre la FRA : soit vous appliquez ses idées, soit vous
détruisez physiquement les Arméniens”. A quoi cela sert-il de répéter à satiété
que la FRA devrait faire preuve d’ouverture dans les MCA [Maisons de la culture
arménienne] ! On sait que les MCA sont des maisons de la culture dashnak [= FRA ;
« dachnak » est l’abréviation de « Fédération » en
arménien] dont certaines préfèrent
inviter des ex-collaborateurs de Bruno Mégret pour des conférences plutôt
que des démocrates comme Denis Donikian ou moi-même. Tout le monde le sait, il
faut passer à autre chose, sans amertume, ni esprit de revanche.
Dès le départ, la FRA a confondu mouvement et organisation, mouvement
spontané et mouvement organisé. Le système haïtadiste [haïtadisme : cause arménienne] manque de normes et de
règles et la FRA est le principal instrument de ce système. Certains disent que
les deux se confondent, c’est pour cela qu’on entend que la FRA et le
haïtadisme sont consubstantiels, mais c’est une approche totalitaire. »
Il est utile ici de rappeler qui est Bruno Mégret. Membre du Rassemblement
pour la République (RPR) de Jacques Chirac jusqu’en 1981, M. Mégret se
radicalise au lendemain de l’élection de François Mitterrand, rallie au Front
national en 1984 et en devient le numéro 2 quatre ans plus tard, après la mort,
dans un accident de voiture, de Jean-Pierre Stirbois. Autant le défunt Stirbois
(bien qu’incontestablement xénophobe et autoritaire) avait fait tout ce qu’il
avait pu pour éliminer les néofascistes, néonazis, etc., du FN, autant M.
Mégret, lui, truffe le Front de cadres aux idées d’extrême droite radicale,
pendant les dix ans (1988-1998) passés comme délégué général du FN, ce qui se
ressent sur le discours du parti, qui se durcit. La scission menée par M.
Mégret en janvier 1999 fait d’ailleurs partir la majorité des éléments les plus
radicaux et conduit assez vite le FN à renoncer à une mesure directement
inspirée du régime de Vichy : l’annulation massive de naturalisations.
Nicolas Lebourg, Le Monde vu de la plus extrême droite,
Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2010, p. 169 :
« La prise en main complète du F.N. par les nationalistes [au sens d’extrême
droite radicale], autour de B. Mégret, dans les années précédant la scission
[de 1999], a paru finaliser un plan qui eût été rigoureux et confirmé par les
faits. Durant la décennie 1990, il n’est pas un seul parti politique ayant
produit un travail idéologique semblable à celui réalisé par l’encadrement
nationaliste du F.N., transformant, comme l’avait réclamé jadis [en 1962] Pour une critique positive [brochure de
Dominique Venner, qui se définissait lui-même comme raciste] un parti de
nationaux [au sens d’extrême droite légaliste] en unité de droite
révolutionnaire. »
Nicolas Lebourg, « La
diffusion des péjorations communautaires après 1945 », Revue d’éthique et de théologie morale,
2011/4, p. 37 :
« Patrick Buisson [futur collaborateur de Nicolas Sarkozy] et Jean-Yves
Le Gallou encouragent Bruno Mégret à rejoindre le parti. Il en gravit les
échelons. Un mois après la chute du Mur [de Berlin], il lance la revue doctrinaire
frontiste Identité. Le logiciel idéologique
FN se radicalise. Désormais, est mise en avant l’opposition planétaire entre
les partisans de “l’identité”, du Front national à l’islam politique, et ceux
du “nouvel ordre mondial”. Bruno Mégret cloue au pilori la “volonté de
déracinement ethnique, volonté de métissage culturel” du “système” qui
utiliserait l’immigration pour assurer une “colonisation”. Il lui oppose un
Front national assimilé à la “Résistance”. En 1991, il fait connaître “50 propositions
sur l’immigration”. Il propose, entre
autres, une vague de dénaturalisation car “l’identité française est liée au
sang”. »
C’est l’occasion de rappeler que le repris de justice Laurent Leylekian, l’un des principaux dirigeants de la FRA en Europe de 2001 à 2011, a recommandé, l’an dernier, la lecture du néofasciste italien Pino Rauti :
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