samedi 22 août 2020

La Fédération révolutionnaire arménienne et l’extrême droite mégrétiste

 

« Entretien avec Gaïdz Minassian (Paris, 2004) », Denisdonikian.canalblog.com, 1er juin 2020 :

« Vahan Navassartian, membre du Bureau mondial de la FRA [Fédération révolutionnaire arménienne] dans les années 1940-1950, disait, “il y a deux moyens de lutter contre la FRA : soit vous appliquez ses idées, soit vous détruisez physiquement les Arméniens”. A quoi cela sert-il de répéter à satiété que la FRA devrait faire preuve d’ouverture dans les MCA [Maisons de la culture arménienne] ! On sait que les MCA sont des maisons de la culture dashnak [= FRA ; « dachnak » est l’abréviation de « Fédération » en arménien] dont certaines préfèrent inviter des ex-collaborateurs de Bruno Mégret pour des conférences plutôt que des démocrates comme Denis Donikian ou moi-même. Tout le monde le sait, il faut passer à autre chose, sans amertume, ni esprit de revanche.

Dès le départ, la FRA a confondu mouvement et organisation, mouvement spontané et mouvement organisé. Le système haïtadiste [haïtadisme : cause arménienne] manque de normes et de règles et la FRA est le principal instrument de ce système. Certains disent que les deux se confondent, c’est pour cela qu’on entend que la FRA et le haïtadisme sont consubstantiels, mais c’est une approche totalitaire. »

 

Il est utile ici de rappeler qui est Bruno Mégret. Membre du Rassemblement pour la République (RPR) de Jacques Chirac jusqu’en 1981, M. Mégret se radicalise au lendemain de l’élection de François Mitterrand, rallie au Front national en 1984 et en devient le numéro 2 quatre ans plus tard, après la mort, dans un accident de voiture, de Jean-Pierre Stirbois. Autant le défunt Stirbois (bien qu’incontestablement xénophobe et autoritaire) avait fait tout ce qu’il avait pu pour éliminer les néofascistes, néonazis, etc., du FN, autant M. Mégret, lui, truffe le Front de cadres aux idées d’extrême droite radicale, pendant les dix ans (1988-1998) passés comme délégué général du FN, ce qui se ressent sur le discours du parti, qui se durcit. La scission menée par M. Mégret en janvier 1999 fait d’ailleurs partir la majorité des éléments les plus radicaux et conduit assez vite le FN à renoncer à une mesure directement inspirée du régime de Vichy : l’annulation massive de naturalisations.

 

Nicolas Lebourg, Le Monde vu de la plus extrême droite, Perpignan, Presses universitaires de Perpignan, 2010, p. 169 :

« La prise en main complète du F.N. par les nationalistes [au sens d’extrême droite radicale], autour de B. Mégret, dans les années précédant la scission [de 1999], a paru finaliser un plan qui eût été rigoureux et confirmé par les faits. Durant la décennie 1990, il n’est pas un seul parti politique ayant produit un travail idéologique semblable à celui réalisé par l’encadrement nationaliste du F.N., transformant, comme l’avait réclamé jadis [en 1962] Pour une critique positive [brochure de Dominique Venner, qui se définissait lui-même comme raciste] un parti de nationaux [au sens d’extrême droite légaliste] en unité de droite révolutionnaire. »

 

Nicolas Lebourg, « La diffusion des péjorations communautaires après 1945 », Revue d’éthique et de théologie morale, 2011/4, p. 37 :

« Patrick Buisson [futur collaborateur de Nicolas Sarkozy] et Jean-Yves Le Gallou encouragent Bruno Mégret à rejoindre le parti. Il en gravit les échelons. Un mois après la chute du Mur [de Berlin], il lance la revue doctrinaire frontiste Identité. Le logiciel idéologique FN se radicalise. Désormais, est mise en avant l’opposition planétaire entre les partisans de “l’identité”, du Front national à l’islam politique, et ceux du “nouvel ordre mondial”. Bruno Mégret cloue au pilori la “volonté de déracinement ethnique, volonté de métissage culturel” du “système” qui utiliserait l’immigration pour assurer une “colonisation”. Il lui oppose un Front national assimilé à la “Résistance”. En 1991, il fait connaître “50 propositions sur l’immigration”. Il propose, entre autres, une vague de dénaturalisation car “l’identité française est liée au sang”. »


C’est l’occasion de rappeler que le repris de justice Laurent Leylekian, l’un des principaux dirigeants de la FRA en Europe de 2001 à 2011, a recommandé, l’an dernier, la lecture du néofasciste italien Pino Rauti :



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