mardi 21 septembre 2021

Le témoignage d’un évêque arménien sur les assassinats et les dévastations commis par les forces russes en 1877

 


 

Docteur L. Bernhard, Les Atrocités russes en Bulgarie et en Arménie pendant la guerre de 1877, Berlin, Albert Abelsdorff, 1878, pp. 58-59 :

« Communication faite par le Prélat arménien de Bajézid [Doğubeyazıt] et de Utch-Kilissé [Etchmiadzin] au Patriarcat arménien à Constantinople.

Les chefs kurdes étaient mes amis et protégeaient notre monastère. Ils ont été tués [par l’envahisseur russe]. Dès lors, vous comprenez que nous avions tout à craindre de la vengeance de leurs camarades, et que le jour où le général Derghougassof nous a quittés, nous avons dû partir avec lui. Plût au ciel qu'il ne fût jamais venu ou qu'il nous eût avertis plus tôt ! Au reste il y a des choses que je ne dirai pas; mais les irréguliers russes ne valent pas mieux que les Kurdes, et nous avons eu autant à souffrir des Lesguiens [Caucasiens] que n'importe qui…

Et maintenant, voyez, ajouta-t-il, en me montrant par l'embrasure d'une fenêtre le triste spectacle que j'avais sous les yeux depuis deux jours, — voyez ! nous avions des maisons, des champs, de tout cela il ne nous reste rien.

Nous avions emmené notre bétail ; on nous a presque tout pris. Oh ! mon Dieu ; les Arméniens n'ont pas de pardon !”

Quarante-cinq chefs de Kurdes ont été tués [par des Russes] dans le monastère de St. Jean — Sourp Ohannès — à Bajazid [Doğubeyazıt] ; en outre toute la dépendance dudit monastère a été incendiée ; et le Prélat susmentionné a été trainé par les Russes, par suite de son refus de partir. Tous les objets sacrés et les manuscrits précieux ont été détruits ou enlevés.

Le Père Arakel, supérieur de la Congrégation de St. Jean, a été tué.

Les Cosaques ont incendié toutes les maisons vacantes appartenant tant aux musulmans qu'aux Chrétiens. »

 

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