Augustus W. Williams
(arménophile américain) et Mgrditch Simbad Gabriel (né Gabrielian, fondateur du
nationalisme arménien aux États-Unis), Bleeding
Armenia: Its History and Horrors, Chicago, Publishers’ Union, 1896, p.
425 :
« Le Turc n’est pas membre de la meilleure race humaine — la race indo-européenne
ou aryenne, dont font partie les Arméniens. […] Il forme une branche de la race
mongole, et, à ce titre, il est incapable d’assimiler des idées complexes et
des formes supérieures de civilisation.
L’infériorité mentale du Turc, malheureusement assortie d’une religion d’un
très bas niveau, a fait de lui ce qu’il est, pire que des sauvages. »
Éditorial du journal Haïastan, organe de la Fédération
révolutionnaire arménienne en Bulgarie, paraissant à Sofia, n° 56, 19 août 1914,
cité dans Aspirations et agissements
révolutionnaires des comités arméniens, avant et après la proclamation de la
Constitution ottomane, 1917, p. 155 :
« La race mongole, funeste et traîtresse, attaque une fois encore, mais
avec plus de violence, un des peuples les plus purs et les meilleurs de la race
arienne. Ces luttes qui continuent depuis des siècles sous différentes formes
ne sont autre que l’assaut d’une nation restée dans les ténèbres contre une
autre qui ayant déjà parcouru le cycle des progrès sociaux, s’avance vers la
lumière. […]
Ou nous, ou eux ! Cette lutte ne date ni d’une année ni d’un siècle. La
nation arménienne a toujours bravement résisté à cette race qui a eu comme
ligne de conduite la trahison et le crime.
Le monde doit être débarrassé de ce fléau et, pour le repos et la tranquillité
de l’univers, la nation turque doit être
supprimée. Nous attendons la tête haute et armés de la foi en la
victoire. »
ð
Pour
mesurer tout à fait le caractère délirant de cet éditorial, il est nécessaire
de savoir qu’en août 1914, l’Empire ottoman n’est pas encore entré dans la
guerre mondiale, que les provinces, même orientales, ne souffrent plus du
banditisme, et que les Arméniens
loyalistes sont intégrés à tous les échelons : Bedros Hallaçyan siège
au comité central du Comité Union et progrès (CUP, au pouvoir), Artin Boşgezenyan
est député d’Alep, membre du CUP, Onnik Ihsan est député sans étiquette d’İzmir,
Dikran Barsamian est député sans étiquette de Sivas, Manuk
Azaryan est sénateur, ami personnel de plusieurs ministres en exercice, Aram
Efendi est sénateur lui aussi, Berberian
Efendi est directeur de la Comptabilité publique, Ohannes Kuyumciyan est
gouverneur du Liban, etc.
Mikaël Varandian (idéologue
de la Fédération révolutionnaire arménienne de 1905 à sa mort, en 1934), L’Arménie et
la question arménienne, Laval, G. Kavanagh & Cie, 1917 :
« De toute façon, le peuple arménien est une branche de la race
indo-européenne, de la grande famille
Aryenne. » (pp. 14-15)
« Le contraste est absolu entre l’élément arménien et son milieu
ethnographique. Un petit fragment de race indo-européenne, placé entre des
peuplades primitives et nomades appartenant à la race touranienne et professant
une religion toute différente :
De là la grande tragédie de l’histoire arménienne. Les envahisseurs turcs,
seldjoukides, mongols, osmanlis, se sont successivement établis sur le sol
arménien, en hordes guerrières, qui ne savaient manier que l’épée et le cheval
; ils ont campé durant des siècles en Arménie, comme des corps étrangers, incapables de produire, d’assimiler et de
gouverner, uniquement fort dans l’art de consommer, d’asservir et de détruire.
Le plus frappant exemple de
cette mentalité de toute une race nous est donné par les Turcs ottomans,
qui furent maîtres de la plus grande partie de l’Arménie pendant six siècles.
N’ont-ils pas été, dès le début, réfractaires à toute culture, ne sont-ils
pas malheureusement restés depuis cinq siècles, campés sur le vaste territoire,
comme un parasite gigantesque,
vivant de l’exploitation des peuples assujettis ? N’ont-ils pas détruit,
paralysé les modestes cultures grecque, arménienne, slave, sous le poids de
leur militarisme, orgueilleux et paresseux ? » (pp. 29-30)
Anna Yervant Azarian, L’Arménie,
Paris, Imprimerie H. et H. Durville/Comité France-Arménie, 1917, p. 5 :
« La Race. — Considérés d’une
manière générale, les Arméniens sont des Aryens. »
Vartan Malcolm (nationaliste
arménien qui n’était même pas le plus radical de son temps), The
Armenians in America, Boston-Chicago, The Pilgrim Press, 1919, p. 7 :
« Cependant, le témoignage des plus grands historiens, philologues et
anthropologues du monde prouve, hors de tout doute, que les Arméniens sont
aryens et appartiennent à la même souche raciale que tous les peuples
européens. Tout comme l’homme blanc a supplanté l’Indien en Amérique, les
Arméniens, des siècles avant l’ère chrétienne, ont émigré du sud-est de l’Europe
vers l’Asie mineure et y ont établi l’ancien État d’Arménie. »
Vahan
Cardahsian (principale figure de la Fédération révolutionnaire arménienne
aux États-Unis de 1919 à 1923), « Should America Accept a Mandate for
Armenia ? », reproduit dans America
as Mandatary for Armenia, New York, The American Committee for the
Independence of Armenia, 1919, p. 27 :
« Par la race, les Arméniens sont des Européens alpins, ils
appartiennent à l’une des trois principales branches de la famille aryenne ;
ils ont quitté leur foyer du
sud-est européen vers 1 300 ans avant Jésus-Christ et ont émigré en Asie
mineure […]. »
Lettre d’Avétis Aharonian (président
de la Délégation de la République d’Arménie) à Raymond Poincaré, 9 février
1922, Archives du ministère des Affaires étrangères, La Courneuve, P 16676 :
« La suppression de la domination turque conduirait sûrement à un
rapprochement marqué des Arméniens et des Kurdes, tous deux d’origine
aryenne, et rendrait possible la vie en commun et l’étroite collaboration de
ces deux peuples dans un État arménien indépendant. »
Jordi Tejel Gorgas, Le Mouvement kurde de Turquie en exil. Continuités
et discontinuités du nationalisme kurde sous le mandat français en Syrie et au
Liban (1925-1946), Berne, Peter Lang, 2007, p. 227 :
« Les dirigeants kurdes [du Hoyboun,
créé en 1927] et arméniens [Fédération
révolutionnaire arménienne] tentent par ailleurs de convaincre le
gouvernement iranien de soutenir la cause kurdo-arménienne au nom de la
fraternité aryenne. Les plus grands défenseurs de cette « fraternité aryenne »
sont les frères Bedir Khan, du côté kurde, et Roupen Ter Minassian, du côté
arménien. L’idée d’une origine commune entre Kurdes et Arméniens n’était pas
nouvelle. De même, l’idée de l’origine aryenne des Kurdes avait déjà été émise
auparavant. En revanche, le projet d’union politique kurdo-arménienne justifiée
par la filiation aryenne commune est un élément idéologique nouveau. En effet,
l’objectif final de ces intellectuels est la création d’une “Confédération
aryenne” formée par Arméniens et Kurdes. Pour assurer la survie de cette union
des membres de la famille aryenne, la Perse est invitée à présider cette
confédération. »
Garéguine Nejdeh (créateur,
en 1933, de l’organisation de jeunesse de la Fédération révolutionnaire
arménienne aux États-Unis), déclaration à l’Hairenik
Weekly, 10 avril 1936, citée dans [Arthur Derounian], «
John T. Flynn and the Dashnags », The
Propaganda Battlefront, 31 mai 1944 :
« Aujourd’hui, l’Allemagne et l’Italie sont fortes car, comme nations,
elles vivent et respirent en termes de race. »
Houri Berberian, « From Nationalist-Socialist to National Socialist?
The Shifting Politics of Abraham Giulkhandanian », dans Bedross Der Matossian
(dir.), The First Republic of Armenia (1918-1920)
on Its Centenary: Politics, Gender, and Diplomacy, Fresno, California State
University, 2020, p. 71 :
« Dans cette lettre, [Ardaches]
Abeghian [membre de la Fédération
révolutionnaire arménienne, ancien député au Parlement arménien de 1918 à 1920,
alors professeur à l’université de Berlin, futur président du Conseil national
arménien créé à Berlin en 1942] se plaint que, à l’occasion, des
informations parues dans Hayrenik Amsagir
sur l’Allemagne (lire l’Allemagne nazie) et la situation actuelles étaient
“exagérées et fausses”. Après avoir porté cette appréciation assez
apologétique, il passe à la confrontation des Arméniens avec les Juifs dans les
médias allemands, qui “les mettent dans le même panier” [affirmation au moins exagérée : les Arméniens étaient classés aryens
par l’Allemagne nazie depuis 1933, et le très officiel Völkischer Beobachter parlait même d’une aryanisation partielle
des Arabes dans l’histoire, par les mariages mixtes avec des Arméniens]. Il ajoute que lui et d’autres s’efforcent
de montrer la nature fallacieuse de telles affirmation, que les Arméniens “ont
des liens culturels et autres importants avec l’Allemagne et que l’Allemagne a
intérêt à préserver ces liens”, et qu’ils prennent des mesures — allant des
réunions individuelles à des publications — pour “prouver” que “nous sommes
aryens et que nous n’avons aucun
lien avec les juifs.” »
Rouben Khérumian (lié au
vichyste arménophile André
Faillet), Les
Arméniens. Race, origines ethno-raciales, Paris, Vigot, 1941, p. 15 :
« Si la famille aryenne est composée, à l’heure actuelle, par des
peuples très différents du point de vue somatique, il paraît certain qu’à l’origine
il existait un seul peuple, leur ancêtre commun, auquel ses descendants se
rattachent encore, non seulement par les racines linguistiques communes, mais
aussi par des réminiscences profondes et des liens ethniques, dont l’action s’est
manifestée souvent au cours de l’histoire. L’étude ddes ancêtres ethniques des
Arméniens modernes — les Hittites [cet
apparentement est une ineptie, une de plus] — en fournit un exemple
frappant, par son antagonisme à l’ethnie
sémite des Assyriens. »
Kricor Tellalian (ancien
représentant des Arméniens catholiques à l’Union nationale arménienne d’Adana,
lié à Boghos Nubar, alors président du parti Ramkavar), Histoire
arméno-européenne, Paris, Araxes, 1943, p. 11 :
« Les Arméniens appartiennent à la branche européenne (Aryenne) de la
grande race indo-européenne. »
Laurent Leylekian (dirigeant
de la Fédération révolutionnaire arménienne de 2001 à 2011), éditorial paru en
octobre 2009 et publié à nouveau le 26 mars 2012 :
« Alors oui, les “maudits Turcs” restent coupables ; ils restent tous coupables quelle
que soient leur bonne volonté, leurs intentions ou leurs actions. Tous, de l’enfant
qui vient de naître au vieillard qui va mourir, l’islamiste comme le
kémaliste, celui de Sivas comme celui de Konya, le croyant comme l’athée, le
membre d’Ergenekon comme Orhan Kemal Cengiz qui est “défenseur des droits de l’homme,
avocat et écrivain” et qui travaille pour “le Projet kurde des droits de l’homme”.
Aussi irrémédiablement coupables
que Caïn, coupables devant les Arméniens, devant eux-mêmes, devant le
tribunal de l’Histoire et devant toute l’Humanité. »
Lev Golinkin, « Nazi
collaborator monuments in Armenia », Forward,
26 janvier 2021 :
« En 2016, la capitale arménienne a fait la une des journaux
internationaux [sauf en France, on se
demande bien pourquoi]
après avoir érigé ce monument géant au nationaliste Garegin Nzhdeh (1886–1955) [Nejdeh ; idéologue du nazisme à l’arménienne,
cité ci-dessus, et plus longuement ailleurs sur ce blog] dans le centre d’Erevan,
où Nzhdeh possède également une rue et une place centrale à son nom.
[…]
Gyumri, Kapan et dix-sept autres localités [sont dans le même cas] — Gyumri, la deuxième plus grande ville d’Arménie,
rend hommage à Nzhdeh avec une rue et une statue bien en vue, en haut à gauche.
Kapan, en haut à droite, a également une rue Nzhdeh et un mémorial, érigé en
2003.
Des rues Nzhdeh se trouvent également à Agarak, Aparan, Artik, Ashtarak,
Burastan, Byuravan, Dvin, Goris, Mrgavan, Mrgavet, Nshavan, Sisian, Stepanavan,
Vanadzor, Verin Artashat et Yeghvard. Un village porte lui aussi son nom. »
«
Garegin Nzhdeh’s Statue to Be Erected in Bulgaria », The Armenian Weekly (Boston), 26 janvier 2018 :
« PLISKA, Bulgarie (A.W.) - Une statue du vénéré homme d’État arménien et stratège militaire Garegin Nzhdeh
(également orthographié Karekin Nejdeh et Njdeh) sera érigée dans la cour
cyrillique de Pliska [elle a été retirée
depuis, en raison du nazisme de la personne ainsi représentée]. »
Lire aussi :
La
popularité du fascisme italien et du nazisme dans la diaspora arménienne et en
Arménie même
Les
massacres de musulmans et de juifs anatoliens par les nationalistes arméniens
(1914-1918)
Aram
Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien
en 2020
Le minuscule monument commémoratif de la Shoah d’Erevan a encore été vandalisé
L’arménophilie
de Johann von Leers
L’arménophilie
d’Alfred Rosenberg
L’arménophilie
de Paul Rohrbach
L’arménophilie
fasciste, aryaniste et antisémite de Carlo Barduzzi
L’arménophilie
du régime de Vichy
L’helléniste
Bertrand Bareilles : arménophilie, turcophobie et antisémitisme (ensemble
connu)
L’antisémitisme
des Arméniens de Roumanie
La coopération des dachnaks avec la Perse/Iran aryaniste et antisémite de Reza Shah Pahlavi
L’arménophilie-turcophobie
d’Édouard Drumont, « le pape de l’antisémitisme », et de son journal
Racisme
et antisémitisme : les caricatures de Vrej Kassouny (dignes du Stürmer)
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