Vahakn Dadrian, « The Convergent Roles of the State and a Governmental
Party in the Armenian Genocide », dans Levon Chorbajian et George
Shirinian, Studies in Comparative
Genocide, New York-Londres, St Martin’s Press, 1999, p. 120, n. 16 :
« […] Général Chérif Pacha [pionnier
du nationalisme kurde, antisémite,
lié aux
nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et admirateur
déclaré du régime de Vichy], “L’Asie Mineure en danger”, La Revue, XXIV-9, 1er mai
1913, p. 11. Le troisième auteur, bien connu pour son histoire générale [sic] de la Cilicie moderne, insiste,
dans son livre, sur le fait que ce fut sous la pression des loges maçonniques
de Salonique que l’Ittihad [Comité Union
et progrès] décida du massacre d’Adana : Paul
du Véou, La Passion de la Cilicie,
Paris, Paul Geuthner, 1954, p. 101. »
Il a déjà
été vu ici que Paul de Rémusat, alias Paul du Véou, était un agent d’influence
de l’Italie fasciste, obsédé par le « complot judéo-maçonnique » ou « judéo-maçonnico-dönme »
(les dönmes étant un rameau de l’islam formé de descendants de Juifs
convertis, très attaqué par de Paul de Rémusat/Paul du Véou). L’antimaçonnisme de feu Dadrian, sociologue qui jouait à l’historien,
est ici explicite, l’antisémitisme à peine implicite, puisqu’il choisit
délibérément un passage où il est question des loges de Salonique, formées en
majorité de Juifs, puisque la majorité des habitants de cette ville, à l’époque,
étaient israélites. Sur l’affaire d’Adana elle-même, l’auteur est plus radical
que la Fédération révolutionnaire elle-même, puisque celle-ci a dit, à l’époque,
et répété pendant des décennies, que le CUP n’avait rien organisé de criminel à
Adana en 1909 : cf., par exemple, Sarkis Atamian, The Armenian Community, New York, Philosophical Library, 1955, p. 178,
n. 20.
Or, Vahakn Dadrian n’était pas n’importe qui : très actif de 1964 à
2008, il a été, du milieu des années 1980 au milieu des années 2000, la
référence principale, au niveau international, et tout particulièrement aux États-Unis,
pour la qualification de « génocide
arménien ». Ce fut le mentor de Taner
Akçam, à qui il a appris à falsifier
les sources historiques. Vincent Duclert, qui a dû
reconnaître tout récemment : « Je ne suis pas spécialiste du
génocide arménien », mais qui se comporte depuis vingt ans comme si c’était
le cas, n’a que du bien à dire de feu Dadrian, et surtout pas la moindre
critique à présenter (cf., par exemple, son article « Les historiens et la destruction des Arméniens », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, n° 81, 2004/1, pp. 137-153). Il est vrai que M. Duclert cite aussi Paul du Véou/Paul
de Rémusat, de façon très favorable, dans son livre La France face au génocide des Arméniens, Paris, Fayard, 2015. En 1998, peu après avoir été élu à l’Académie arménienne des
sciences, Vahakn Dadrian a été
décoré par le président Robert Kocharyan.
Lire aussi, sur l’affaire d’Adana :
Le
gouvernorat de Cemal Bey (futur Cemal Paşa) à Adana (1909-1911)
Sur la théorie du « complot judéo-maçonnico-dönme » :
L’helléniste
Bertrand Bareilles : arménophilie, turcophobie et antisémitisme (ensemble
connu)
La
grécophilie, l’arménophilie et l’antijudéomaçonnisme fort peu désintéressés de
Michel Paillarès
Le
complotisme raciste des arménophiles-hellénophiles Edmond Lardy et René Puaux
Le
vrai visage de « l’alternative libérale » au Comité Union et progrès
et au kémalisme
L’«
antisionisme » constant de Jean-Marc « Ara » Toranian
La
place tenue par l’accusation de « génocide arménien » dans le discours soralien
Et sur son contexte :
L’arménophilie
fasciste, aryaniste et antisémite de Carlo Barduzzi
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