dimanche 21 février 2021

Les éloges répétés de l’assassin Mardiros Jamgotchian par Jean-Marc « Ara » Toranian



Mardiros Jamgotchian est un terroriste arménien, membre de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA, raciste antiturque, antifrançaise et antijuive), condamné en décembre 1981 à quinze ans de prison et quinze ans d’interdiction de territoire par la cour d’assises de Genève, pour l’assassinat de Mehmet Savaş Yergüz, secrétaire du consulat turc de cette ville. M. Jamgotchian fut défendu par l’avocat néofasciste Patrick Devedjian, qui centra sa défense sur la justification du terrorisme arménien en général et de cet assassinat en particulier. Cette stratégie de défense, ajoutée au fait que M. Jamgotchian n’a pas cherché à fuir, conduit inévitablement à penser que l’ASALA voulait tenter, en 1981, ce que son inspirateur Chahan Natalie (1884-1983 ; dirigeant de la Fédération révolutionnaire arménienne, exclu en 1929 à cause de son insistance à réclamer des attentats contre des dirigeants français et britanniques) avait fait en 1921, quand il avait organisé l’assassinat de Talat Pacha par Soghomon Tehlirian : instrumentaliser le procès, inverser les rôles.

 

Jean-Pierre Richardot, Arméniens, quoi qu’il en coûte, Paris, Fayard, 1982 :

« Genève, 19 décembre 1981

[…]

Le Palais de justice de Genève est comparable à un camp retranché. Partout, barrages, contrôles, fouilles. Le palais a déjà été plastiqué par des organisations arméniennes [l’ASALA] et les autorités suisses sont sur le pied de guerre. Il y a eu, en près d’un an et demi, une vingtaine d’attentats anti-suisses, attribués à des groupements arméniens [l’ASALA, toujours, utilisant divers noms pour brouiller les pistes]. » (p. 95)

« Témoin suivant, Ara [Jean-Marc à l’état-civil] Toranian, vingt-sept ans, Arménien de France, animateur du journal Hay Baykar (Combat arménien), organe du mouvement “Lutte arménienne” [sic : Libération arménienne, devenue Mouvement national arménien pour l’ASALA en 1982], proche [c’est le moins qu’on puisse écrire] de l’ASALA.

Le président : “Êtes-vous, oui ou non, un membre de l’ASALA ?”

A. T. : “Écoutez, je fais partie de ces Arméniens…”

Le président, cassant : “Je ne vous demande pas de commencer votre discours préparé d’avance ! Je vous ai posé une question. Répondez par oui ou par non.”

A. T. : “Non, je ne suis pas membre de l’ASALA.”

Le président : “En octobre 1980, une bombe éclate au Palais de justice de Genève. Est-ce vous qui avez posé cette bombe ?”

A. T. : “Mais…”

Le président : “Oui ou non ?”

A. T. : “Non.”

Le président : “Cet été, une bombe éclate aux grands magasins à Genève. Est-ce vous qui avez posé cette bombe, oui ou non ?”

A. T. : “Non.”

Le président : “Et la bombe qui a explosé à la gare Cornavin, est-ce vous qui l’avez posée ?

A. T. : “Non, et je voudrais dire que nous avons été les premiers à dénoncer ces attentats odieux qui ne servent pas le peuple arménien.” [affirmation dont je n’ai jamais trouvé la moindre confirmation et qui cadre mal avec les propos du même Toranian à l’automne 1981]

Le président : “Et ceux qu’Alec Yenicomechian préparait contre le consulat de Turquie ?

A. T. : “Alec Yenicomechian, il me semble, a été remis en liberté par une cour de justice suisse, dans ce palais même [après avoir été condamné à dix-huit mois de prison, assortis du sursis en raison de la crainte des représailles de l’ASALA]. C’est un héros du peuple arménien, comme Mardiros Jamgotchian.

Le président : “Un héros, c’est quelqu’un qui risque sa vie pour un idéal, pas un assassin.”

A. T. : “Je suis absolument d’accord avec vous. C’est pourquoi je suis venu, au nom du Comité de soutien aux prisonniers politiques arméniens, au nom de millions d’Arméniens, je suis venu dire que Mardiros Jamgotchian est pour nous tous un héros national. Ce jeune garçon s’est engagé dans la résistance arménienne, car le peuple arménien est dans une situation politique sans issue. […]

Le peuple arménien puise maintenant dans ses dernières forces. Là où il est décimé, il se bat pour vivre, et ses éléments les plus dévoués se sont constitués dans une Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie, dont fait partie Mardiros Jamgotchian. » (pp. 106-107)

 

[Jean-Marc « Ara » Toranian], « Éditorial », Hay Baykar, 1er juin 1984, p. 2 :

« À force de malheurs et de trahisons, les Arméniens finissent par être immunisés contre la souffrance. Le meilleur symbole de cette vérité demeure Mardiros Jamgotchian.

Le 9 juin il entamera sa quatrième année de détention. Trois ans déjà depuis son arrestation. Et encore 12 ans à tirer ! Et toujours sur son beau visage, la même sérénité, la tranquille assurance d'avoir fait son devoir, porté par la volonté invincible de son peuple à vivre. »

 

Ariane Bonzon, « Mourad Papazian et Ara Toranian, les deux visages du lobby arménien en France », Slate.fr, 2 mai 2015 :

« L’apparition dans les années 70 de l’Armée secrète de libération de l’Arménie (Asala, d’inspiration nationaliste et marxiste-léniniste) marque une seconde rupture familiale. Des attentats ciblent de nombreux diplomates turcs à Paris, Madrid, Vienne, Burgas, Beyrouth. Avec de 1975 à 1984, 46 morts et 299 blessés.

Pour Ara [Toranian], c’est le signal du réveil. “On n’avait pas le choix, la violence était notre dernier recours”, justifie le neveu transfuge. »

 

« 46e anniversaire de l’ASALA », armenews.com (site dirigé par Jean-Marc « Ara » Toranian), 20 janvier 2021 :

« Aujourd’hui 20 janvier, à 15h00, à l’occasion du 46e anniversaire de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA), un service commémoratif a eu lieu au mémorial de l’ASALA édifié au Panthéon arménien de Yerablur.

La cérémonie a été célébrée par le plus jeune ecclésiastique du Saint-Siège, en présence des combattants de la liberté de l’ASALA, des représentants et des partisans du Mouvement populaire arménien. »

Mardiros Jamgotchian n’est pas explicitement cité, mais, depuis la mort, en 2019, de Varoujan Garbidjian, le boucher d’Orly, il est le terroriste de l’ASALA encore en vie le plus connu — et il vit en Arménie.

 

Lire aussi :

Quand Jean-Marc « Ara » Toranian reprochait à la FRA de ne pas être assez terroriste (1981)

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