dimanche 19 juillet 2020

La responsabilité du gouvernement arménien dans le déclenchement des combats avec l’Azerbaïdjan en juillet 2020

Gil Mihaely, « Incident au Caucase du Sud : tout pointe vers l’Arménie », Causeur.fr, 17 juillet 2020 :

« Si les incidents d’avril 2016 s’étaient déroulés dans le sud du Haut Karabagh, dans une région non loin de la frontière iranienne, et très éloignée des infrastructures azerbaïdjanaises importantes, ce n’est pas le cas de la crise en cours. La région de Tovuz, où les échanges de tirs à l’arme lourde ont eu lieu, est un nœud de cibles très sensible car d’une haute valeur stratégique pour l’Azerbaïdjan. Il s’agit tout d’abord de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, dont le trajet traverse cette région de Tovuz avant de contourner l’Arménie par le nord en passant en territoire géorgien. Cette infrastructure transporte sur 1 776 km le pétrole brut extrait du champ pétrolifère azerbaïdjanais de la mer Caspienne, jusqu’au port turc de Ceyhan sur la Méditerranée. C’est grâce à ce pipeline inauguré en 2005 que l’Azerbaïdjan n’est plus obligé de passer par le système d’oléoducs russe et est donc maître de son exportation pétrolière. Or, l’Azerbaïdjan prévoit d’inaugurer en octobre un gazoduc suivant le même tracé, permettant d’exporter son gaz : un avantage géostratégique et économique extrèmement important. Si on ajoute à cela le chemin de fer vers la mer Noire et la proximité de barrages hydroélectriques, on comprend facilement que l’Azerbaïdjan n’a aucun intérêt de choisir ce point particulier s’il souhaite entreprendre une provocation militaire… C’est au contraire le dernier endroit qu’un stratège choisirait pour de telles aventures.
On a de plus appris que le président azerbaïdjanais vient de limoger son ministre des Affaires étrangères, dont la disponibilité et la réactivité dans la gestion de la crise laisseraient à désirer. Ce genre de choses rend également la possibilité d’une embuscade stratégique planifiée par Bakou plus qu’improbable, car il suggère plutôt une certaine surprise et non une préparation minutieuse. 
Enfin, le fait que l’Arménie ait essayé, au lendemain du déclenchement de la crise, de réunir en urgence l’OTSC (L’Organisation du traité de sécurité collective, une organisation  politico-militaire fondée en 2002 par la Russie, qui regroupe l’Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan) pour s’assurer le soutien militaire de ces pays plaide aussi en faveur de la thèse d’une responsabilité d’Erevan dans cette aventure. »


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