lundi 29 mars 2021

Quand le truand et terroriste Gilbert Minassian menaçait la France d’un Bataclan avant la lettre


 

 

Aziz Zemouri, « Une plainte en France contre les “combattants français” du Haut-Karabakh », Lepoint.fr, 29 décembre 2020 :

« Gilbert Minassian, un Français de 64 ans, condamné à une peine de prison à perpétuité en 1989 après un braquage datant de 1984 destiné à financer les actions terroristes de l'Armée secrète arménienne pour la libération de l'Arménie (Asala), est lui aussi dans la ligne de mire de l'Azerbaïdjan. L'Asala, de sinistre mémoire, avait commis un attentat à l'aéroport d'Orly en 1983 qui a tué huit personnes et blessé une cinquantaine d'autres. Minassian a rejoint l'Arménie le 9 octobre en vue de se battre aux côtés des Arméniens du Karabakh, comme il l'a annoncé au journal Libération avant de quitter Paris. »

 

Markar Melkonian, My Brother’s Road. An American Fateful Journey to Armenia, Londres-New York, I. B. Tauris, 2007, pp. 166-167 :

« Le 10 janvier 1989, Monte [Melkonian, condamné en France à six ans de prison pour association de malfaiteurs, en relation avec une entreprise terroriste, détention illégale d’arme à feu et d’explosifs, etc.] fut informé qu’il serait expulsé depuis Paris vers New York dans les trois jours. […]

Un contact en France m’avait déjà informé, via une ligne téléphonique que nous espérions être à l’abri des écoutes, que Monte risquait d’être extradé vers les États-Unis [et d’y être à nouveau condamné, mais cette fois pour des infractions plus graves]. […]

Heureusement pour mon frère, je n’étais pas le seul dans ce cas [c’est-à-dire à tenter quelque chose pour empêcher cette extradition] : son camarade Shishko [Gilbert Minassian], perdu de vue depuis longtemps, était déjà entré en action depuis des mois. Un an et demi plus tôt, le Marseillais s’était évadé et avait fui en Grèce puis en Yougoslavie avec des pièces d’identité falsifiées. (Au fil des ans, Shishko s’est retrouvé à posséder pas moins de quarante-sept passeports, pour la plupart des faux.) Pendant ce temps, un cour [la cour d’assises] d’Aix-en-Provence l’avait condamné par contumace à la réclusion criminelle à perpétuité. Maintenant que les avocats de Monte [principalement Henri Leclerc] combattaient son extradition vers les États-Unis par des moyens légaux, Shishko s’était embarqué dans une méthode plus directe. Depuis son arrestation en 1984, il avait tenté de convaincre les fonctionnaires français que lui, Monte et ses camarades s’étaient opposés à [Hagop] Hagopian [numéro 1 de l’ASALA jusqu’à sa mort en 1988, Monte Melkonian étant le numéro 2 jusqu’à la scission de 1983] parce qu’ils étaient contre les attentats tuant des non-combattants [affirmation doublement absurde : les diplomates turcs n’étaient pas des « combattants » ; et la clique Melkonian-Toranian-Minassian n’était, en fait, nullement opposée aux tueries dans les lieux publics : voir ci-dessous]. Pourtant, Chicheil et ses flics n’ont pas changé d’opinion : pour eux, tout militant [lire : terroriste] arménien était par nature aussi sanguinaire et sans principe qu’Hagopian ; et que l’opposition proclamée par Sishko et Monte [uniquement après la scission de 1983] au terrorisme aveugle n’était qu’un prétexte pour la lutte pour le pouvoir au sein de l’Armée secrète [arménienne pour la libération de l’Arménie, ASALA].

Sishko décida tourner le cynisme des flics à l’avantage de Monte. Faisant appel à tous ses talents d’acteur, qui sont considérables, le Marseillais entra dans une cabine téléphonique, quelque part en Yougoslavie, et grogna en s’adressant aux fonctionnaires français, à travers ces câbles à longue distance : si Monte était envoyé aux États-Unis, gronda-t-il, les Parisiens “nageraient dans le sang”. Et puisque lui, Sishko, avait été condamné à perpétuité, il se moquait bien de mourir en posant des bombes. Ou du moins, c’est qu’il a prétendu en parlant aux autorités françaises. En réalité, Shishko n’avait ni les moyens, ni l’envie de mettre cette menace à exécution. »

 

Les moyens sûrement pas, mais l’envie, c’est différent : les attentats de l’ASALA dans des lieux publics, destinés à faire un maximum de victimes, ont commencé en 1980 ; la scission n’a eu lieu que trois ans plus tard ; l’attentat d’Orly, perpétré le 15 juillet 1983 (le lendemain de la scission au Liban) avait été annoncé (avec jubilation), dès le 19 janvier de la même année, par le néofasciste Patrick Devedjian, membre de fait de l’ASALA (donc, les Melkonian, les Minassian et consorts étaient donc forcément au courant eux aussi). Sur l’inanité sur la thèse selon laquelle ceux qui firent scission de l’ASALA en 1983 étaient moins sanguinaires que les autres :

Monte Melkonian : assassin d’enfant, criminel de guerre, héros national arménien

Quand Jean-Marc « Ara » Toranian menaçait d’attentats la France de la première cohabitation (1986)

La justification insidieuse ou explicite de l’attentat d’Orly dans la presse arménienne de France

Les rapports très changeants de Jean-Marc « Ara » Toranian avec des « fascistes »

Quand Jean-Marc « Ara » Toranian reprochait à la FRA de ne pas être assez terroriste (1981)

 

Lire aussi :

La stratégie de la tension conduite par l’ASALA : le plasticage de cibles arméniennes, suivi de fausses revendications

Avril 2001 : le boucher d’Orly libéré après le vote de la loi inconstitutionnelle « portant reconnaissance du génocide arménien »

La coopération des terroristes arméniens de l'ASALA avec les services secrets de Kadhafi

L’assassin et menteur Soghomon Tehlirian : un modèle récurrent pour le terrorisme arménien contemporain

L’attentat commis par l’ASALA et le groupe Carlos contre la Maison de France à Berlin, en 1983

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