dimanche 31 mai 2020

Les rapports très changeants de Jean-Marc « Ara » Toranian avec des « fascistes »




Libération arménienne (mouvement alors dirigé par Jean-Marc « Ara » Toranian), « Non à la terreur du parti Dashnak », Hay Baykar (journal dirigé par le même Toranian), février-mars 1979, p. 3 :
« Le parti Dashnak [Fédération révolutionnaire arménienne] est un parti bureaucratique, totalitaire. Son but est de s’assurer sa propre pérennité et non de lutter pour l’Arménie. S’il en était autrement, pourquoi s’acharnerait-il donc contre les [autres] révolutionnaires arméniens ?
Le parti Dashnak regroupe presque toutes les caractéristiques d’un parti fasciste : idéologie floue, vaguement socialiste, vaguement militariste, où le slogan remplace l’analyse, fanatisme aveugle entretenu par les militants, hiérarchie étouffante pour l’imagination créatrice des membres, intolérance et brutalité physique envers tous les autres partis.
Pourtant, le parti Dashnak n’est même pas un parti fasciste : il lui manque une caractéristique essentielle : l’efficacité. Avec une régularité curieuse, toutes ses entreprises échouent. Il n’est qu’à regarder sa dernière grande offensive sur le Parti socialiste français pour rentrer à la Deuxième internationale. Résultat : c’est [Bülent] Ecevit qui a chipé le fauteuil promis au Dashnak, pendant que [François] Mitterrand faisait une déclaration en faveur de la minorité turque en Thrace [occidentale]. »



Or, avec qui M. Toranian cogère-t-il le Conseil de coordination des associations arméniennes de France depuis qu’il en est devenu coprésident, en 2010 — cogestion qui se caractérise plus ou moins par la même absence d’efficacité qu’il stigmatisait en 1979 ? Avec la Fédération révolutionnaire arménienne (l’autre coprésident du CCAF est Franck « Mourad » Papazian, dirigeant de la FRA et cousin germain de M. Toranian), laquelle n’a jamais prétendu avoir changé depuis la fin des années 1970.

« La mort d’Hagop Hagopian », Hay Baykar, 15 septembre 1982, p. 6 :
« Hagop Hagopian [dirigeant de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie, ASALA] est mort [en fait, il a simulé son décès, pour échapper à l’armée israélienne, qui cherchait à l’éliminer durant son opération contre les terroristes palestiniens installés au Liban, Hagopian étant l’un de leurs alliés les plus actifs ; il a été tué à Athènes lors d’un règlement de compte interne à l’ASALA, en 1988].
Avec lui disparaît un héros de la cause arménienne, un précurseur de cette lutte et de cette avant-garde symbolisée par l’ASALA. […]
Pourtant, si mourir à Beyrouth fut une réalité pour des milliers de Libanais et de Palestiniens, ce fut le cas aussi de nombreux Arméniens qui ont — contrairement à d’autres — refusé de subir l’agression israélienne sans réagir. Par solidarité, mais également pour sauvegarder leur dignité d’Arméniens et de combattants. Les bombes israéliennes, en pilonnant le siège de l’ASALA, ne faisaient qu’exécuter un accord existant entre les États turcs et hébreu, accord visant, en vertu d’intérêts communs, à “extirper la gangrène révolutionnaire du Moyen-Orient. »



Astrig Cournalian, « Manifestation de soutien aux combattants arméniens », Hay Baykar, 29 septembre 1982, p. 4 :
« Ara Toranian a enfin rendu hommage à tous ceux qui ont “fait” la lutte arménienne ces dernières années. Depuis Yéghia Kéchichian et Zaven Apétian jusqu’à Hagop Hagopian, décédé au mois d’août dernier sous les bombes israéliennes […]. »

Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens. 1972-1998, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 65-66 :
« Le MNA [Mouvement national arménien, ex-Libération arménienne], bras politique de l'ASALA, consolide ses assises en France [en 1981-1982] et son porte-parole, Ara Toranian, devient un interlocuteur du nouveau gouvernement. Coup politique, le MNA, après avoir occupé les plateaux de télévisions et de radio, prend place autour de la table de négociations et renforce ses relations avec les partis français. Enfin, dernier avantage, le succès partisan, l’ASALA est en train de réaliser son objectif : prendre par le biais du MNA le contrôle de la communauté arménienne de France. »

Jean-Marc « Ara » Toranian, « La direction du Mouvement national arménien [ex-Libération arménienne] s’explique sur neuf questions », Hay Baykar, 30 juin 1983, p. 4 :
« […] nous ne nous désolidarisons pas de l’ASALA [dirigée par Hagop Hagopian] et nous reconnaissons toujours son caractère d’avant-garde de la lutte révolutionnaire. »

Jean-Marc « Ara » Toranian, entretien au Nouvel Observateur, 17 octobre 1986, p. 46 :
« Si vous me parlez d’Hagop Hagopian et de son groupe [l’ASALA], je vous répondrai : oui. Hagop Hagopian est un antisémite, un fasciste qui hait à la fois les juifs, les maçons, les sociaux-démocrates, et qui demande l'application de la charia islamique (ce qui pour un Arménien est un comble). »

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