vendredi 6 novembre 2020

L’attentat commis par l’ASALA et le groupe Carlos contre la Maison de France à Berlin, en 1983

 


 

« L’attentat de l’ASALA contre la Maison de France à Berlin-Ouest a fait un mort et vingt-trois blessés », Le Monde, 27 août 1983 :

« L’attentat perpétré jeudi 25 août contre la Maison de France à Berlin-Ouest a fait un mort, un peintre en bâtiment berlinois de vingt-six ans, qui travaillait à la réfection de la façade de l’immeuble au moment de l’explosion, et vingt-trois blessés (nos dernières éditions du 26 août).

La bombe, de forte puissance, a ravagé le toit et les deux derniers étages de l’immeuble, situé dans le centre de Berlin-Ouest, sur l’avenue du Kurfurstendam, et qui abrite notamment les locaux du consulat général de France. La déflagration a fait s’effondrer l’échafaudage installé le long de la façade pour des travaux de ravalement. Deux heures après l’explosion, un homme s’exprimant en français revendiquait l’attentat dans un coup de téléphone au bureau de l’Agence France-Presse à Berlin, au nom de l’Armée secrète de libération de l’Arménie (ASALA). Peu après, le ministre de l’intérieur ouest-allemand, M. Zimmermann, affirmait à Bonn que, selon les premiers indices, des membres de l’ASALA étaient bien les auteurs de l’attentat, le plus grave revendiqué par l’organisation arménienne contre des intérêts français à l’étranger. […]

À Paris, le Mouvement national arménien (M.N.A.) dénonce ce qu’il estime être “la responsabilité des autorités françaises dans l’engrenage de la violence”. Le Mouvement, qui, jusqu’en janvier dernier [sic : si les articles d’Hay Baykar, journal du M.N.A., deviennent moins enflammés en faveur de l’A.S.A.L.A. en janvier 1983, le chef du MNA, Jean-Marc « Ara » Toranian déclare encore en juin de la même année : « nous ne nous désolidarisons pas de l’ASALA » et ne choisit la scission que dans la première quinzaine d’août], soutenait les thèses politiques de l’ASALA, condamne l’attentat de Berlin, mais déclare : “En choisissant, après l’attentat d’Orly, la voie de la répression aveugle contre les sympathisants arméniens, en rejetant toutes les tentatives de dialogue à l’initiative des organisations politiques arméniennes, les autorités françaises ont pris le risque d’accentuer les tensions et de favoriser les exactions des extrémistes.” [déclaration qui renvoie à l’arrestation de membres du M.N.A., presque tous condamnés en 1984-1985 pour détention illégale d’explosif ou pour recel de malfaiteurs, en lien avec l’attentat d’Orly] »

 

Bernard Violet, Carlos. Les réseaux secrets du terrorisme international, Paris, Le Seuil, 1997, pp. 242-244 :

« De l’autre côté du Mur de la Honte [c’est-à-dire à Berlin-est], dans les bureaux des services spéciaux, le major Helmut Voigt est furieux en apprenant la nouvelle. Le 31 août [1983], il adresse un rapport top secret au grand patron de la Stasi, Erich Mielke. Il y désigne les militants de l’Asala comme les auteurs de l’attentat, mais en suggérant que ces derniers ont probablement reçu l’aide du groupe Carlos. […]

Pour le major Voigt, un autre élément démontre l’implication du groupe Carlos dans l’attentat : selon des sources “sûres”, un membre [de cette organisation terroriste] a effectué le repérage de la Maison de France dans la période du 25 janvier au 9 février 1983 [ce qui tend à montrer que l’attentat était en préparation quand Jean-Marc « Ara » Toranian dirigeait encore la branche « politique » de l’ASALA]. Aussi, pour l’auteur du rapport, une association Asala-Carlos ne serait pas surprenante. Elle serait le résultat d’anciennes connivences, à travers notamment des liens personnels étroits existant entre Carlos et Agop Agopian. Tous deux étant par ailleurs des élèves de Waddi Haddad [terroriste palestinien, très lié au nazi suisse François Genoud, et qui trouvait Yasser Arafat un peu mou].

Les mobiles de l’attentat de Berlin ? L’officier de la Stasi voit un intérêt commun : faire pression sur le gouvernement français afin d’obtenir la libération rapide de leurs camarades détenus en France [exactement ce que réclame alors le MNA de M. Toranian : non seulement ceux arrêtés à l’été 1983, mais aussi les membres du MNA arrêtés un an plus tôt, et finalement condamnés en 1985, pour assistance logistique à l’ASALA, ainsi que les preneurs d’otages arrêtés en septembre 1981 et condamnés en janvier 1984]. »

 

« Le bras droit de Carlos condamné à perpétuité », Le Nouvel Observateur, 17 janvier 2000 :

« Quatre ans après le début de son procès, l’Allemand Johannes Weinrich, un proche collaborateur du terroriste Carlos, a été condamné lundi à Berlin à la réclusion à perpétuité pour l’organisation d’un attentat anti-français à Berlin-ouest en août 1983. »

 

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