Nubar Gulbenkian (millionnaire vivant entre Londres, Cannes et İstanbul, fils de Calouste Gulbenkian), entretien à Hürriyet, 24 avril 1965, traduit dans Réalités exprimées par des Arméniens turcs, İstanbul, Jamanak, 1980, p. 17 :
« Personne ne désire que les évènements oubliés soient ranimés. D’ailleurs,
les provocations de cette sorte ne viennent pas de l’intérieur mais de l’extérieur.
De toute façon, je suis sûr que même un seul Arménien ne servira pas d’instrument
aux provocations extérieures de cette sorte.
Nous tous, nous sommes nés en Turquie. Nous avons reconnu la Turquie comme
notre patrie. Aujourd’hui, nous avons reconnu la Turquie comme notre patrie [Nubar Gulbenkian a effectivement demandé
puis obtenu la nationalité turque]. Aujourd’hui, en Turquie, il n’y a
aucune distinction entre les Turcs et les Arméniens. Les Arméniens y mènent une
vie pleine de tranquillité et de sécurité. Ils ne seront jamais la dupe des
jeux politiques. »
Torkom İstepanyan (réinstallé avec sa famille à
Simav, dans la province de Kütahya, en 1915), Hepimize bir Bayrak, İstanbul, Tarla yayınevi, 1967, cité ibid., pp. 23-24 :
« Après une dizaine de jours que nous étions arrivés Simav et installés dans une auberge, j’ai
attrapé une dysenterie aigüe. Cette maladie m’avait épuisé. […]
En quelques secondes, un soldat a apparu à la porte. Juste au moment où ma
tante allait lui parler, on a entendu une voix en haut de l’escalier ordonnant
au soldat : “Fais monter vite le malade ici !” Le médecin [Hüseyin Bey] lui a dit : “Ne vous
en faites pas ma petite ! Vous allez voir votre malade dans peu de temps
grimper ces arbres.” (en montrant par la fenêtre les arbres d’en face). Et il a
commencé à écrire une ordonnance pour moi. Pendant qu’il écrivait, ma tante,
touchée des pensées du médecin, était en train de chercher son mouchoir dans
ses poches pour essuyer ses larmes. Le médecin, croyant qu’elle voulait le
payer, lui a dit : “Ma fille, sors vite ta main de ta poche, parce que
moi, je ne reçois jamais d’argent de ceux qui se trouvent dans votre
situation.” »
Şınorhk Kalustyan (patriarche
de 1962 à sa mort, en 1990), entretien à Yeni
İstanbul, 25 juillet 1968, cité ibid., p. 27 :
« En tant que compatriotes turcs, nous n’agissons que selon les
intérêts de notre patrie sur chaque question concernant la Turquie. Qu’elles
soient faites aux États-Unis ou n’importe
où, toutes les manifestations et actions visant la Turquie nous
tourmentent.
Aujourd’hui, les hommes ont à regarder l’avenir et non le passé. En tant qu’humain,
mener une vie fraternelle doit être notre but. Nous sommes attachés à notre
patrie, soit comme individu, soit comme communauté. Je prie toujours pour la
prospérité et le progrès de notre patrie. »
Dr Andresiyan, entretien à Hergün, 31 mai 1969, cité ibid., p. 28 :
« En 1915, j’étais hospitalisé à l’hôpital militaire de Hayarpacha,
parce que je faisais mon service militaire dans
l’armée turque.
Tous les Arméniens [loyalistes]
défendaient leur patrie côté à côte avec leurs frères musulmans dans les rangs
de l’armée turque. Je suis un citoyen qui a connu l’époque du sultan
Abdülhamit. Nous n’avons pas oublié la sympathie témoignée pour nous par l’administration
ottomane et par les musulmans, ainsi que le respect montré aux droits civils
des citoyens. La même sympathie et le même respect sont laissés en héritage à
la jeune République turque. C’est injuste de faire semblant d’ignorer ceci et s’efforcer
pour le voiler aux yeux du monde.
Nous, les Arméniens qui étions au service de l’État à chaque époque de l’Empire
ottoman, nous nous inquiétons des propagandes subversives faites par des
traîtres qui se trouvent parmi nous et les Arméniens qui vivent à l’étranger.
Nous, qui sommes de même âge, avons vécu soit sur le territoire ottoman, soit
sur celui de la République turque, nous ne nous sommes jamais sentis étrangers
sur ces territoires, parce que personne ne nous a traités d’étrangers, sauf nos
stupides frères arméniens vivant en
France ou ailleurs. »
Levon
Panos Dabağyan
(cofondateur du Parti d’action nationaliste, MHP, avec Alparslan Türkeş), entretien à Son Havadis, 10 janvier 1970, cité
ibid., p. 29 :
« Les
communistes doivent notamment savoir qu’il est possible de trouver entre
les Arméniens turcs quelques malheureux qui pourront leur servir de valets.
Cela se peut dans n’importe quelle nation. Mais ils ne pourront jamais acquérir
tous les Arméniens turcs. Nous sommes attachés à notre patrie : la
Turquie.
Que l’on sache
que nous sommes grégoriens de religion, mais que de nationalité, nous sommes
turcs. »
Me Agop Binyat, avocat, entretien
à Cumhuriyet, 22 février 1973, cité
ibid., p. 34 :
« Je suis
stupéfait [par le double assassinat du
consul général de Turquie à Los Angeles et de son adjoint, commis par Gourgen
Yanikian]. Je ne peux pas y croire. Je ne veux pas croire à l’assassinat
commis par un maniaque, soi-disant écrivain [Yanikian
avait commis quelques livres, bien avant son double crime], qui n’a pas
encore tiré de leçon de l’histoire.
En un seul mot,
ma douleur est insupportable. Le degré de la sincérité de mes paroles pourrait
être apprécié par mes collaborateurs, qui travaillent pour moi depuis environ
vingt-sept ans, dans le domaine de la politique, par les membres du barreau d’İstanbul,
auquel j’adhère depuis près de vingt-quatre ans, par les juges et les membres
distingués du conseil municipal d’İstanbul dont moi aussi j’étais membre à l’époque
[1963-1968] où M. Hasim Işcan était
le maire [CHP], et finalement par
tous mes amis familiers. »
Lire aussi :
Le
témoignage d’Avedis Simon Hacinliyan au procès de l’attentat d’Orly
Kemal
Atatürk et les Arméniens
Non,
il n’y a pas eu de « massacre d’Arméniens » à Kars en 1920 (ce fut le
contraire)
Le
rôle des Arméniens loyalistes dans l’Empire ottoman durant la Première Guerre
mondiale
L’assassinat
du maire de Van Bedros Kapamaciyan par la Fédération révolutionnaire arménienne
(1912)
Turcs,
Arméniens : les violences et souffrances de guerre vues par des Français
L’approbation
du terrorisme par les polygraphes de la cause arménienne
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