Hrant Dink, éditorial paru dans Agos, 13 février 2004 :
« La meilleure façon de créer de nouveaux mots forgeant l’identité
arménienne consiste à aider l’Arménie. Une fois que le “Turc” sera retiré, nous
aurons, au lieu de ce sang empoisonné, du bon sang propre, coulant dans les
artères des Arméniens, créées avec l’Arménie. »
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Pour
ceux qui crient « Contexte ! Contexte ! », comme si ce seul
mot feraient disparaître la phrase au goût nazi citée ci-dessus : le
contexte ne fait que l’aggraver. Hrant Dink parlait textuellement de
« soutenir l’Arménie » en 2004, c’est-à-dire presque quatre ans après
l’érection, près d’Erevan, du mausolée
de Drastamat « Dro » Kanayan, général
de Wehrmacht pendant la Seconde Guerre mondiale ; et presque trois ans
après la réception, en grande pompe, par le Premier ministre arménien de
l’époque, de Varoujan
Garbidjian, le boucher d’Orly. Dink n’a d’ailleurs jamais cherché à faire
croire, par le moindre article, qu’il réprouvait les attentats de l’ASALA
et des CJGA,
ou qu’il était en désaccord avec la glorification obsessionnelle des nazis Dro
et Garéguine Nejdeh, exactement ce qui enkyste le plus la haine, alors que les
enfants ne naissent pas plus pour haïr à Erevan qu’ailleurs. Bien au contraire,
dans un
de ses derniers articles, il présentait comme scandaleux le slogan
« Dieu maudisse l’ASALA ».
Hrant Dink, déclaration pour le documentaire Sarı Gelin, 2005 :
« Les Arméniens ont-ils tué les Turcs ? Oui. Ils l’ont fait en
1918, avec les Russes, ils ont pris leur revanche. Revanche… Je maudis ce
mot. »
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En
quelques phrases, il niait ainsi, sans le commencement d’un argument, tous les
massacres de civils musulmans commis par les nationalistes arméniens avant
1918, notamment ceux de 1914, 1915 et 1916. Par comparaison, même un historien
aussi résolument antiturc que Donald Bloxham parle sans équivoque de ceux de
1916, devant la masse de sources britanniques à ce sujet (Donald Bloxham, The Great Game of Genocide, Oxford-New
York, Oxford University Press, 2009, p. 100 et 103-105). Dans le
« dialogue », la « paix » et la « réconciliation »
selon Dink, il ne saurait être question d’évoquer seulement les centaines de
milliers de Turcs et autres musulmans massacrés avant 1918 ; quant aux
tueries de cette année-là, elles devraient être à moitié excusées, comme de
simples actes de « revanche ». On rappellera au passage que ce
partisan autoproclamé du « dialogue » ne publiait, dans sa feuille Agos, que des auteurs tels que le falsificateur
de sources Taner Akçam, alors même que certaines de ses falsifications
avaient été exposées par l’historien Ferudun Ata au colloque contradictoire d’İstanbul
Üniversitesi, en avril 2006, devant un Ara Sarafian et un Hilmar Kaiser (deux
historiens partisans de qualification de « génocide ») fort peu
soucieux de défendre M. Akçam. Dink, qui ne pouvait ignorer ce qui s’était dit
lors de ce colloque, agissait donc en toute connaissance de cause.
Même déclaration
pour le même documentaire :
« D’abord, la question du Karabakh doit être résolue. L’Azerbaïdjan,
la Turquie, l’Arménie, la Russie et peut-être les États-Unis doivent se
concerter sur ce problème. Je le dis clairement, l’Arménie doit se retirer des
territoires occupés. »
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Si
cette déclaration est effectivement claire, elle semble tenir plus de la
situation géographique de Dink que d’autre chose ; seul le refus des
revendications territoriales pouvait lui donner, dans sa situation, une
apparence de crédibilité auprès des naïfs.
Lire aussi :
Florilège
des manipulations de sources dont s’est rendu coupable Taner Akçam
Les
massacres de musulmans et de juifs anatoliens par les nationalistes arméniens
(1914-1918)
Nationalisme
arménien et nationalisme assyrien : insurrections et massacres de civils
musulmans
La
nature contre-insurrectionnelle du déplacement forcé d’Arméniens ottomans en
1915
Les
Arméniens dans la Turquie de l’AKP
Les
Arméniens turcs et l’émergence de l’accusation de « génocide »
L’ASALA
et ses scissionnistes contre la France socialiste de François Mitterrand
La justification insidieuse ou explicite de l’attentat d’Orly dans la presse arménienne de France
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