lundi 10 août 2020

Hubris : les nationalistes arméniens réclament encore le traité (mort-né) de Sèvres



Communiqué du Conseil de coordination des associations arméniennes de France (CCAF), 9 août 2020 :

« À l’occasion des cent ans du traité de Sèvres, le CCAF rappelle que le 10 août 1920 les représentants officiels de l’Empire ottoman reconnaissaient le génocide des Arméniens et acceptaient de remettre à l’arbitrage de Woodroow Wilson le tracé des frontières entre l’Arménie indépendante et la Turquie. Si ce traité n’a jamais été appliqué, il n’a jamais non plus été invalidé sur le plan légal. Cent ans après, il donne la mesure de la dette de l’Etat turc à l’égard de la nation arménienne.

Dispersés tout autour de la planète au lendemain du génocide, les descendants des victimes, légataires universels de leurs droits, n’ont pas abdiqué et n’ont rien oublié. Ils appellent les Etats signataires de ce document, à assumer leurs responsabilités et accomplir leur devoir. D’autant que le non-respect des closes de Sèvres a constitué une prime pour le crime.

C’est sur ce déni de justice que prospère depuis cent ans la Turquie. Et c’est fort de son impunité séculaire qu’elle continue à représenter une menace pour la région et contre ce qu’il reste de l’Arménie et des Arméniens sur leurs terres, y compris au Haut-Karabakh.

À l’heure où le régime Erdogan fait feu de tout bois et se montre de plus en plus agressif pour reconstruire l’Empire ottoman, le CCAF en appelle à la mémoire de la France à ses engagements historiques.

Il demande aux autorités turques à renoncer à leurs ambitions criminelles et à respecter les droits du peuple arménien et de ses minorités.

Le temps n’a pas le pouvoir d’effacer les crimes imprescriptibles, ni d’abolir les réparations dues aux victimes. Il ne fait que rendre plus urgente encore l’exigence de justice.

Bureau national du CCAF

Le 9 août 2020 »


Quelques commentaires :

— Le traité de Sèvres, non ratifié, n’a jamais eu de valeur juridique, a été répudié par l’Arménie dès le traité de Gümrü/Alexandropol/Gyumri, signé dans la nuit du 2 au 3 décembre 1920. En tant que traité de paix avec les puissances de l’Entente, il a été remplacé par le traité de Lausanne (1923), après que la réunion des ministres des Affaires étrangères français, britannique et italien, à Paris, en mars 1922, eut officiellement renoncé (à la requête de Raymond Poincaré) à utiliser le traité de Sèvres comme base de discussion pour le règlement de la paix ;

— Le gouvernement d’Istanbul n’avait, en août 1920, plus aucune légitimité, non seulement en pratique (nul ne lui obéissait en dehors de la capitale ottomane, et encore, seulement en raison de l’occupation militaire) mais aussi juridiquement : il avait prononcé la dissolution de la Chambre des députés sans convoquer de nouvelles élections ;

— Nulle part dans le traité de Sèvres, il n’est question d’un « génocide arménien », et pour cause : cette notion juridique n’existait pas ;

— Inverser les rôles entre agresseur et agressé (dans le conflit avec l’Azerbaïdjan par exemple) est une constante du nationalisme arménien, depuis la révolte de Zeytun, en 1862 (sept civils turcs massacrés, aucun civil arménien tué en représailles) ;

— La notion d’imprescriptibilité est inopérante pour les crimes commis en Europe avant 1939, en Extrême-Orient avant 1937 et ailleurs dans le monde avant la convention de Genève de 1948 et ses ratifications successives ;

— Cette « dette » imaginaire a servi de justification au terrorisme arménien des années 1973-1991, en partie aussi pour l’invasion de l’ouest de l’Azerbaïdjan en 1992-1994 (toujours sous occupation arménienne, malgré quatre résolutions de l’ONU) ;

— Les criminels de guerre arméniens sont restés, en majorité, impunis ;

— Le CCAF est d’autant moins fondé à parler au nom des Arméniens diasporiques en général qu’il n’a même plus les moyens d’entretenir son site Internet, ccaf.info.


Lire aussi, sur les faits historiques :

L’hostilité de l’opinion française (presse, Parlement) au traité de Sèvres (Grande Arménie incluse)

L’exaspération de Lord Curzon face à la politique de purification ethnique mise en œuvre par l’Arménie (1920)

Les massacres de musulmans et de juifs anatoliens par les nationalistes arméniens (1914-1918)

La nature contre-insurrectionnelle du déplacement forcé d’Arméniens ottomans en 1915 

Nationalisme arménien et nationalisme assyrien : insurrections et massacres de civils musulmans

Le soutien public d’Henri Rollin (officier de renseignement) aux conclusions de Pierre Loti

23 avril 1920 : la justice française condamne l’ex-archevêque Moucheg Séropian pour terrorisme


Sur le terrorisme ouvertement prôné par ceux qui coprésident actuellement le CCAF :

Quand la police française enquêtait sur le financement de l’ASALA, elle entendait le nom de Jean-Marc « Ara » Toranian

Quand Jean-Marc « Ara » Toranian menaçait d’attentats la France de la première cohabitation (1986)

Figure de l’antisémitisme et du terrorisme arméniens, Jean-Marc « Ara » Toranian publie encore une fois un texte trompeur

La justification insidieuse ou explicite de l’attentat d’Orly dans la presse arménienne de France

Franck « Mourad » Papazian et l’apologie du terrorisme arménien


Sur les liens historiques entre irrédentisme arménien et irrédentismes fascistes :

L’arménophilie de Lauro Mainardi

L'arménophilie d'Alfred Rosenberg


Et sur la référence au conflit avec l’Azerbaïdjan :

Webinaire sur le conflit du Karabakh : Tural Gajanliyev, Maxime Gauin, Maxime Mardoukhaev, Gunel Safarova

La responsabilité du gouvernement arménien dans le déclenchement des combats avec l’Azerbaïdjan en juillet 2020

Vandalisme et débuts de lynchages lors de la manifestation arménienne de Bruxelles (22 juillet 2020)

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