lundi 24 août 2020

Le site Internet du collectif VAN disparaît


Sans donner la moindre explication, le très mal nommé collectif Vigilance arménienne contre le négationnisme (VAN), créé en 2004 à l’initiative de Jean-Marc « Ara » Toranian (ancien porte-parole du groupe terroriste ASALA en France), a désactivé son site Internet (http://www.collectifvan.org) et ne se manifeste plus que sur ses comptes Twitter et Facebook (en sachant que leur compte Twitter a 2 325 abonnés, contre 2 734 pour le mien, alors que je n’ai jamais déployé d’efforts particuliers pour accroître ce nombre).

Organisation foncièrement liberticide, le collectif VAN s’est donné pour objectif principal de diffamer et d’intimider qui oserait contredire les nationalistes arméniens, notamment sur la question de 1915 — ce qui ne l’empêchait pas de nier l’évidence sur le massacre d’au moins 613 civils azerbaïdjanais à Khodjaly, par l’armée arménienne, en 1992. En décembre 2013, il s’en était pris, dans les termes les plus outranciers, à la Cour européenne des droits de l’homme, après la décision (confirmée depuis par un arrêt de Grande chambre) donnant raison à Doğu Perinçek contre la Suisse. M. Perinçek avait déclaré, sur le sol helvétique, que « le génocide arménien est un mensonge international », ce qui lui a valu d’être condamné — un jugement de condamnation annulé par la justice suisse après l’arrêt de Grande chambre.


 

Le conspirationnisme du collectif VAN s’était déjà manifesté en décembre 2006, contre la justice française. Une bagarre entre des militants nationalistes arméniens et de jeunes Franco-Turcs avait éclaté en 2004 ; ces derniers avaient été condamnés mais dispensés de peine, devant l’insignifiance de l’affaire. Le délire du collectif VAN après ce jugement (non frappé d’appel) montre l’incompatibilité foncière de valeurs entre ce groupuscule d’extrême droite (d’extrême droite étrangère, qui plus est) d’une part, la justice républicaine d’autre part :

 

Depuis 2006, nulle agression raciste n’a eu lieu contre quelque Arménien que ce soit, du moins en France (et tant mieux) ; par contre, Emine Çetin, organisatrice de la manifestation contre la proposition de loi Boyer en janvier 2012 (texte censuré en février 2012 par le Conseil constitutionnel, en raison de sa nature liberticide), a été menacée au téléphone et a fait condamner les deux énergumènes arméniens, auteurs des menaces (sans que le collectif VAN ait jamais jugé utile de publier un communiqué du genre : « Pas en notre nom »).

Le plus ignoble en la matière, cependant, fut la reproduction, sur leur site, en 2012, d’un article présentant (avec une précaution de pure forme) le couple Robert et Élisabeth Badinter comme des tireurs de ficelles cupides, selon un stéréotype aussi connu que mortifère.


La plupart des juristes, hommes et femmes politiques, intellectuels et journalistes non juifs qui ont pris des positions similaires à celles de M. Badinter, contre la proposition de loi Boyer, censurée, répétons-le, par le Conseil constitutionnel (Michel Diefenbacher, Jacques Myard, Gwendal Rouillard, Bariza Khiari, Jean-Jacques Hyest, Robert Hue, Alain Duhamel ou encore Françoise Chandernagor, pour ne citer que ceux-là), n’ont jamais eu à subir de telles calomnies de la part du collectif VAN, et pour cause.

Pour ceux qui douteraient encore de l’idéologie du collectif VAN, voici une capture d’écran prouvant qu’ils ont qualifié le nazi Paul Rohrbach de « grand savant » (alors qu’il était, dès avant 1914, une des figures les plus radicales et les plus racistes de l’extrême droite allemande) :


Enfin, ennemi autoproclamé « de tout négationnisme », le collectif VAN n’a jamais jugé utile de dénoncer l’essayiste arménien Romen Yepiskoposyan, auteur d’un livre paru à Erevan en 2002 puis réédité en 2013 ou 2014, Le Système national et niant (avec plus de grossièreté que Robert Faurisson lui-même) l’existence des chambres à gaz nazies.

Cet effondrement n’est pas isolé. En 2010, le bimensuel France-Arménie (organe de la Fédération révolutionnaire arménienne) est devenu un mensuel ; l’année suivante, son édition électronique a fermé sans explication non plus ; et en 2019, le journal a cessé de paraître sur papier (il se réduit à une parution en PDF, pour les seuls abonnés). Le site Gamkonline (affilié au même parti) a cessé d’être mis à jour en 2010 et a disparu (sans explication, là encore) en 2011. Le trimestriel Azad Magazine (nationaliste, mais sans affiliation partisane) a cessé de paraître en 2018, sans même survivre sous forme électronique. Le site armenews.com ne dégage plus de bénéfice ; il en est réduit à restreindre aux abonnés l’accès à la plupart de ses articles, pour ne pas faire faillite (pour l’instant).

Lire aussi :

Le problème du négationnisme (le vrai) en Arménie

Patrick Devedjian et le négationniste-néofasciste François Duprat

« Cause arménienne » et réseaux Soral : réplique au collectif VAN (1)

« Cause arménienne » et réseaux Soral : réplique au collectif VAN (2)

La triple défaite des nationalistes arméniens devant le Conseil constitutionnel (2012, 2016, 2017)

Racisme antinoir : quand des nationalistes arméniens « oublient » leurs classiques

Paul de Rémusat (alias Paul du Véou) : un tenant du « complot judéo-maçonnique », un agent d’influence de l’Italie fasciste et une référence pour le nationalisme arménien contemporain

La grécophilie, l’arménophilie et l’antijudéomaçonnisme fort peu désintéressés de Michel Paillarès

Quand la police française enquêtait sur le financement de l’ASALA, elle entendait le nom de Jean-Marc « Ara » Toranian


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