lundi 28 décembre 2020

La question des Azéris expulsés d’Arménie


 

Josep Zapater, « Réfugiés et personnes déplacées en Azerbaïdjan », Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, n° 20, juillet-décembre 1995, pp. 287-289 :

« Certes, le différend est resté latent pendant toute l’ère soviétique ; mais les Arméniens ont sporadiquement revendiqué le Karabagh, notamment dans les années 60, et le déplacement de personnes n’est pas non plus une nouveauté. Déjà entre 1947 et 1950, 100 000 paysans azéris furent déportés d’Arménie par Staline, pour faire place aux immigrés arméniens, dans la politique de retour de la diaspora. […]

Bien que tous les médias occidentaux aient présenté le pogrom de Soumgaït comme le détonateur des expulsions, d’après l’Association Azerbaïdjanaise pour les réfugiés, les tous premiers réfugiés azéris d’Arménie sont arrivés en 1986 et 1987. Le premier flux important eut lieu, d’après la même source, le 25 janvier, puis les 18 et 23 février 1988, avec l’arrivée de quelque 4 000 réfugiés en Azerbaïdjan.

Pendant les mois qui ont suivi les manifestations à Erevan et le pogrom de Soumgaït, la totalité de la population azérie d’Arménie prend la fuite ou est expulsée. Les données et les témoignages de ces expulsions sont très manquants ; ils ont été largement ignorés par la presse occidentale, qui au mois de février 1988 s’est seulement occupée des événements de Soumgaït, et les fuites en masse à partir de novembre 1988 ont aussi été cachées par la situation en Arménie après le tremblement de terre du 8 décembre 1988.

D’après les témoignages des réfugiés azéris d’Arménie, les harcèlements contre la population azérie commencèrent au début de 1988, coïncidant avec les manifestations organisées partout en Arménie par le Comité Karabagh. Avant le soulèvement de la question du Karabagh, les relations avec les Arméniens avaient été normales. Cependant, après les premières manifestations, les Azéris commencèrent à être régulièrement harcelés et insultés, et quelques-uns d’entre eux font l’objet d’agressions physiques. Les lignes de chemin de fer et les routes sont coupées, et les villages azéris sont isolés. Après le pogrom de Soumgaït, les attaques deviennent aussi des pogroms organisés, avec assassinats et mise à feu des maisons azéries. Les réfugiés azéris accusent les antennes locales du Comité Karabagh, parfois en connivence avec la police et les autorités communistes, d’organiser des pogroms, ou au moins de ne rien faire pour les éviter. »

 

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