Josep Zapater, « Réfugiés et personnes déplacées en Azerbaïdjan », Cahiers d’études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, n° 20, juillet-décembre 1995, pp. 287-289 :
« Certes, le différend est resté latent pendant toute l’ère soviétique
; mais les Arméniens ont sporadiquement revendiqué le Karabagh, notamment dans
les années 60, et le déplacement de personnes n’est pas non plus une nouveauté.
Déjà entre 1947 et 1950, 100
000 paysans azéris furent déportés d’Arménie par Staline,
pour faire place aux immigrés arméniens, dans la politique de retour de la
diaspora. […]
Bien que tous les médias occidentaux aient présenté le pogrom de Soumgaït
comme le détonateur des expulsions, d’après l’Association Azerbaïdjanaise pour
les réfugiés, les tous premiers réfugiés azéris d’Arménie sont arrivés en 1986
et 1987. Le premier flux important eut lieu, d’après la même source, le 25 janvier,
puis les 18 et 23 février 1988, avec l’arrivée de quelque 4 000 réfugiés en
Azerbaïdjan.
Pendant les mois qui ont suivi les manifestations à Erevan et le pogrom
de Soumgaït, la totalité de la population azérie d’Arménie prend la fuite
ou est expulsée. Les données et les témoignages de ces expulsions sont très
manquants ; ils ont été largement ignorés
par la presse occidentale, qui au mois de février 1988 s’est seulement occupée
des événements de Soumgaït, et les fuites en masse à partir de novembre 1988
ont aussi été cachées par la situation en Arménie après le tremblement de terre
du 8 décembre 1988.
D’après les témoignages des réfugiés azéris d’Arménie, les harcèlements
contre la population azérie commencèrent au début de 1988, coïncidant avec les
manifestations organisées partout en Arménie par le Comité Karabagh. Avant le
soulèvement de la question du Karabagh, les relations avec les Arméniens
avaient été normales. Cependant, après les premières manifestations, les Azéris
commencèrent à être régulièrement harcelés et insultés, et quelques-uns d’entre
eux font l’objet d’agressions physiques. Les lignes de chemin de fer et les
routes sont coupées, et les villages azéris sont isolés. Après le pogrom de
Soumgaït, les attaques deviennent aussi des pogroms organisés, avec assassinats et mise à feu des maisons
azéries. Les réfugiés azéris accusent les antennes locales du Comité Karabagh,
parfois en connivence avec la police et les autorités communistes, d’organiser
des pogroms, ou au moins de ne rien faire pour les éviter. »
Lire aussi :
La
popularité du stalinisme dans la diaspora arménienne
L’alliance
soviéto-nazie (1939-1941) et les projets staliniens contre la Turquie
L’arménophilie
stalinienne de Léon Moussinac
Le
prétendu "pogrom nationaliste azéri" de Soumgaït en 1988 : une
manipulation communisto-mafieuse ?
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