« Éric Zemmour s’est envolé pour l’Arménie le 11 décembre comme on
part en croisade, en compagnie du souverainiste Philippe de Villiers. »
M. de Villiers, ce fameux défenseur des valeurs familiales, ennemi
acharné, en son temps, de la loi dite Gayssot (celle qui interdit de
contester les crimes contre l’humanité commis par le régime nazi et jugés par
le tribunal militaire international de Nuremberg), par ailleurs condamné pour
diffamation et qui s’est signalé par son complotisme, contre
l’Europe et contre la vaccination (entre autres
énormités), défend la cause arménienne depuis fort longtemps, au point
d’avoir été
reçu en 2008 par le président arménien de l’époque, Serge
Sarkissian. Son soutien n’avait jamais gêné Mme Papazian, du temps
où le groupuscule de cette dernière avait encore un site Internet.
« De quoi alimenter des articles tels ceux que Libération a publiés en 2020 durant l’offensive meurtrière
Azerbaïdjan/Turquie contre le Haut-Karabakh [Artsakh] : la présence solitaire
dans l’enclave arménienne assiégée, de Marc de Cacqueray-Valménier, leader du
groupe néo-nazi Les Zouaves, avait été pointée par deux journalistes
spécialistes de l’extrême-droite, qui avaient préféré dénoncer avec gourmandise
cet épiphénomène regrettable plutôt que fustiger le fascisme turc mortifère qui
sévissait au même moment en France et au Caucase. »
Ces deux journalistes ont été victimes de menaces de mort, proférées
publiquement et qui ont conduit au retrait de l’article du site de Libération. Une recherche sur le blog et
le compte Twitter du collectif VAN conduit à ne trouver aucune trace d’une
quelconque réprobation, ou même d’une simple désapprobation, de ces menaces. Au
lieu de se positionner contre cette méthode terroriste, Mme Papazian
remet une cible sur le dos des victimes.
Ce passage est par ailleurs contraire à la vérité. L’engagement de M.
Cacqueray-Valménier est tout sauf un « épiphénomène ». L’Arménie a
constamment célébré, de 1991 à 2020, ses « héros nationaux » qui ont
porté l’uniforme du Troisième Reich, comme Garéguine
Nejdeh et Drastamat « Dro » Kanayan. Ces derniers ont
combattu pour Hitler, qui leur avait promis
le Karabakh, après avoir écouté son ami et ministre Alfred
Rosenberg, converti à
l’arménophilie depuis 1930 environ. Encore en 2020, le gouvernement
arménien et la « république » autoproclamée du Haut-Karabakh se
sont vantés de leurs liens chaleureux avec le principal parti de
l’extrême droite allemande.
En France même, après que le CDCA fut débouté de son action contre l’historien
Bernard
Lewis, et condamné aux dépens, c’est l’Alliance générale contre le
racisme et pour le respect de l’identité française (Agrif), alors satellite du
Front national, qui donna l’exemple d’un changement de tactique, en attaquant
l’historien anglo-américain sur l’article 1382 du code civil. M. Toranian vint remercier le président de l’Agrif, Bernard Antony. Le même Bernard Antony écrivait
dans Présent du 26 novembre
1984 : « Est-ce tabou de le dire ? Tout est organisé pour qu’il y ait
de moins en moins de petits Européens et de plus en plus de Maghrébins. Cela va
dans le sens de l’Europe cosmopolite et affairiste prônée par Guy Sorman. » (Pour
ceux qui ne le sauraient pas, M. Sorman est de famille juive : tout le
monde a maintenant compris l’allusion.) M. Antony s’était entouré, pour diriger
l’Agrif, de Serge de Beketch, lequel se
définissait comme « raciste » et
« antidémocrate », une autodéfinition d’autant plus justifiée qu’il avait invité le négationniste Robert Faurisson à s’exprimer durant
l’émission qu’il animait sur Radio Courtoisie, pour l’interroger avec une
grande complaisance ; et de Richard
Haddad, disciple de l’antisémite arménophile Édouard
Drumont.
La première organisation arménienne à suivre l’exemple de l’Agrif fut
l’Union médicale arménienne de France (UMAF), également composée, à l’époque,
de membres et d’électeurs du Front national. La seconde fut le Forum des organisations
arméniennes de France, qui choisit comme avocat le néofasciste Patrick
Devedjian, dont l’engagement
à l’extrême droite est très
loin de se limiter à ses années (1964-1967) au groupuscule néofasciste
Occident.
« Instrumentaliser la souffrance des Arméniens est aisé : ces derniers
portent en héritage un puissant sentiment d’abandon depuis le génocide de 1915
que n’a jugé aucun Nuremberg. »
Cette phrase est une confirmation de plus que l’accusation
de « génocide » sert à justifier l’expansionnisme arménien, au
mépris du droit international : quatre résolutions du conseil
de sécurité de l’ONU et une de l’assemblée
générale ont confirmé l’intégrité territoriale de l’Azerbaïdjan et exigé le
retrait sans délai des forces d’occupation, ce qui fut finalement obtenu par la
force, le seul langage que les nationalistes arméniens comprennent, en 2020.
Quant à la référence à l’absence de Nuremberg, rappelons que les autorités
britanniques ont tenté de juger pas moins de 144 anciens dignitaires ottomans,
arrêtés en 1919 et 1920, avant de renoncer en 1921, aucune preuve ne pouvant
être retenue contre eux ; bien au contraire, les documents ottomans saisis
montraient un État ottoman interdisant de tuer et punissant les coupables de
crimes, pendant la Première Guerre
mondiale (cf., par exemple, Salâhi Sonyel, Le
Déplacement des Arméniens : documents, Ankara, TTK, 1978).
« le tout avec l’accord tacite de l’OTAN, la vacuité de l’Union
européenne, du Groupe de Minsk, de l’ONU et de l’UNESCO. Sans omettre Israël
qui, malgré une fraternité de destin avec les Arméniens, a continué durant le
conflit à armer Bakou avec ses drones tueurs. »
Mme Papazian ne serait pas cohérente avec elle-même sans une
pointe d’antisionisme fielleux, enrobée de mythes pour faire passer cela sur un
site qui se prétend favorable à Israël. De quelle « communauté de destin » parle-t-elle ? De la
vénération de Garéguine Nejdeh, théoricien du nazisme à l’arménienne et
criminel hitlérien, par l’ensemble des forces représentées au Parlement
arménien, de 1991 à 2020 (il reste la référence idéologique par excellence de l’opposition
organisée) ? De la collaboration de l’Armée secrète arménienne pour la
libération de l’Arménie (ASALA, groupe terroriste dont les membres décédés sont
inhumés dans un cimetière d’honneur près d’Erevan) avec le Fatah, le Front
populaire pour la libération de la Palestine (FPLP),
le groupe
Carlos, le régime du colonel
Kadhafi, etc. ? De la rage
antisémite vomie ces temps-ci sur Twitter par le Comité national arménien d’Amérique ?
« en portant un Éric Zemmour à la Présidence de la République, ses
soutiens feront de son grand ami Me Olivier Pardo, un potentiel
Garde des Sceaux. Or, le cabinet Pardo Sichel & Associés est le Conseil –
très offensif – de l’Azerbaïdjan contre l’Artsakh comme l’indique La Lettre A du 15 juillet 2017 où sont
évoquées ses pressions “depuis 2015 sur le Quai d’Orsay pour annuler les
chartes d’amitié signées par des élus locaux avec les autorités du
Haut-Karabakh.” »
Outre que le cabinet de Me Olivier Pardo a changé de nom depuis un an, et que l’article de La Lettre A est paru en 2019, et non en
2017, ces chartes ont
été annulées par la justice administrative, en première instance puis en
appel. Pourquoi ne pas le préciser ?
« Me Pardo est bien connu des militants arméniens pour les
procès qu’il intente au nom de Maxime Gauin, un Français rémunéré par un think-tank
nationaliste d’Ankara pour poursuivre quiconque le qualifierait de “négationniste
du génocide arménien”. Dans ce cadre, Olivier Pardo dépose des QPC (Question
Prioritaire de Constitutionnalité) visant à abroger la loi du 29 janvier 2001
par laquelle “La France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915”. »
Il s’agit, pour être exact, d’une seule QPC, partiellement
reformulée entre la première instance et l’appel, mais qui conserve tous
ses principaux arguments. Le tribunal judiciaire de Paris a reconnu que la loi
du 29 janvier 2001 est « applicable au litige », notamment en raison
du fait qu’elle est invoquée en défense. Il a refusé de la transmettre en
invoquant une jurisprudence périmée
sur les dispositions législatives dépourvues de toute portée normative (jugées indignes d’être même censurées par
le Conseil constitutionnel, elles sont systématiquement censurées depuis 2005).
Cette jurisprudence périmée n’a de toute façon guère de pertinence, puisque
nous arguons que la loi du 29 janvier 2001 a une portée normative incertaine,
or à chaque fois que le Conseil constitutionnel a eu à trancher sur une
disposition législative de ce genre, il a censuré.
Nous verrons ce que dira la cour d’appel. Ce qui est certain, en tout cas,
c’est que Me Frédéric Forgues, membre de l’Association des avocats
et juristes arméniens de France (AFAJA), contrairement à ce que son patronyme
pourrait laisser croire, a ouvertement menacé la cour d’une campagne de presse
hostile, si elle transmettait la QPC, avouant ainsi qu’il ne se fait aucune
illusion sur le sort que réserverait le Conseil constitutionnel à cette loi, s’il
venait à en être saisi.
Enfin, le terme « nationaliste », non défini, est appliqué à la
boîte à idées où je travaille sans un commencement d’explication. Venant de
quelqu’un qui a toujours refusé de qualifier de terroriste l’attentat d’Orly, c’est
assez osé.
Lire aussi :
Le
site Internet du collectif VAN disparaît
L’inconstitutionnalité
des lois mémorielles (notamment la « loi Arménie » de 2001)
Les
massacres de musulmans et de juifs anatoliens par les nationalistes arméniens
(1914-1918)
Aram
Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien
en 2020
La
place tenue par l’accusation de « génocide arménien » dans le discours soralien
L’arménophilie
de Lauro Mainardi
L’arménophilie
fasciste, aryaniste et antisémite de Carlo Barduzzi
Le
complotisme raciste des arménophiles-hellénophiles Edmond Lardy et René Puaux
«
L’Assiette au beurre » : soutien à la cause arménienne, turcophobie et
antisémitisme prénazi
L’arménophilie-turcophobie d’Édouard Drumont, « le pape de l’antisémitisme », et de son journal
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