lundi 9 septembre 2024

Arthur Tchérep-Spiridovitch : arménophile militant, antisémite professionnel, raciste aryaniste et inspirateur du nazisme


 

Général Arthur Tchérep-Spiridovitch (aristocrate russe), L’Europe sans Turquie. La sécurité de la France l’exige, Paris, éditions de la Ligue franco-slave (dirigée par le même général), 1913 :

« À qui serait-il profitable que la Turquie, presque disloquée en Europe, continuât à se décomposer sur le territoire des peuples chrétiens et empoisonnât de la sorte l’air des deux continents ?

Nommez donc le pays qui perdrait quelque chose, à ce que les hordes turques quittent enfin la ville de Constantin le Grand [Istanbul, appelée Constantinople jusqu’en 1453] pour rentrer chez elles, en Asie [sic : le même considérait que les Russes étaient « chez eux » à Vladivostok, en Pologne et dans les pays baltes…] ? Toutes les puissances y gagneraient, sans exception, même la Turquie, car son état d’agonie perpétuelle ne peut lui occasionner que des souffrances. Il en est de même pour un voleur trop avide, qui serait embarrassé d’un trop lourd butin [écrit par un apologiste de l’expansion russe…].

L’Empire ottoman ne peut que voir se dérouler les soulèvements journaliers, sans pouvoir les réfréner, n’en ayant ni la force, ni les moyens [on a vu depuis qui avait les moyens de perdurer]. Si les puissances avaient liquidé ce fantôme d’empire, — en réalité depuis longtemps inexistant, — et avaient aidé ses sujets à se dégager du “nœud coulant” historique, d’une pléiade d’ennemis extérieurs et intérieurs qui se concentrent continuellement autour de Constantinople, ils auraient sauvé avant tout la Turquie elle-même. […]

Que de sang ont versé les Turcs pour tenter de retenir sous leur joug les peuples autrefois enchaînés, mais que par la suite, ils étaient incapables de garder ? N’est-il pas évident qu’ils seront obligés de libérer enfin les Grecs, les Arméniens, les Arabes, les Syriens, le Liban, etc., s’ils veulent éviter des révoltes sans fin

Si les patriotes turcs s’étaient élevés au-dessus des préjugés des temps barbares, ils auraient reconnu enfin que la force de la nation réside uniquement dans l’union du peuple et non pas dans l’étendue du territoire et dans le nombre de ses habitants. » (p. 89)

« Pour accomplir l’Union des Églises, tant désirée par des centaines de millions de chrétiens, il faut avant tout épurer Constantinople de la présence du gouvernement turc et remplacer par la Croix sainte le Croissant sur Sainte-Sophia [l’ancienne église Sainte-Sophie, devenue la mosquée Ayasofya en 1453, puis un musée en 1935] ! » (p. 91)

« Passons aux fameuses “réformes turques”. Même en parlant des massacres hideux qui font dresser les cheveux, l’homme le plus triste, le plus irrité, ne peut, malgré lui, s’empêcher de rire, aussitôt qu’on prononce ces paroles “réformés turques”. Sérieusement, qui donc a connu ou vu une seule “réforme”  opérée par les Turcs, s’ils n’y étaient pas contraints par la force ou par une menace immédiate de bombardement, etc… [outre que Tchérep-Spiridovich commet là une faute de ponctuation (on ne met pas de points de suspension après « etc. »), les réformes de Mahmut II et les Tanzimat ont commencé sans aucune pression extérieure, de même que l’ouverture de l’École d’officiers aux non-musulmans, en 1909] ? L’éminent M. T. Roosevelt n’a-t-il pas dit : “Le Turc ne peut pas être changé” [le même Theodore Roosevelt, à ne pas confondre avec son neveu par alliance Franklin Roosevelt, également président des États-Unis, écrivait en 1891 que le lynchage de onze Italiens, à la Nouvelle-Orléans, était « plutôt une bonne chose » ; et en 1916, que « la grande majorité des Nègres du Sud sont indignes de voter ».]. M. Thouvenel, ancien diplomate à Constantinople déclare : “Pour réformer un Turc, il faut commencer par l’empaler !” [mort en 1866, Thouvenel ne plaçait pas les chrétiens d’Orient plus haut que les Turcs dans son estime.] » (p. 106)

« Une annexion à la Russie est, de toutes manières, avantageuse pour les Arméniens, car c’est dans ce pays qu’ils se sont créé de hautes situations, des fortunes considérables [ou comment ignorer les millionnaires arméniens d’Istanbul et d’Izmir]. C’est en Russie surtout qu’ils ont joui d’une entière liberté d’existence [pas un mot sur la restriction à leur liberté de culte entre 1903 et 1912, époque toute récente au moment où l’auteur écrit]. Par exemple, le général Loris-Melikoff qui fut créé comte et a occupé un poste équivalent à celui de Premier Ministre (et même de Chancelier d’Empire), Mantacheff qui y amassa une énorme fortune, etc. Il y a des dizaines de milliers d’Arméniens en Russie occupant une place marquante et respectée. (1)

De même, il faut prendre en considération la Russie constitutionnelle, qui, établie depuis 1905, commence à se manifester seulement aujourd’hui. Cette Russie “nouvelle” qui compte à la Douma plusieurs Arméniens mettra vite un terme à tous les abus de la bureaucratie inférieure et des petits fonctionnaires qui profiteraient de l’éloignement de la capitale pour abuser de la bonhomie et de la patience arméniennes. Aujourd’hui c’en est fait de ces abus et les Arméniens jouissent en Russie de tous leurs droits civils.

Et puis il est certain que les Arméniens de Perse peuvent profiter du chaos qui s’y est installé et demander leur annexion à la Russie. Tel fut aussi l’ancien plan de Milan de Serbie s’annexer à l’Autriche pour réunir tous les Serbes en une seule province, et plus tard se séparer des Habsbourg et redevenir le roi indépendant de tous les Serbes !

Les Arméniens des trois Empires réunis, représenteraient déjà près de trois millions d’hommes, formant un petit pays avec lequel on aurait à compter !

Qui sait si après quelques générations, en se multipliant, se fortifiant et s’enrichissant, les Arméniens ne pourraient devenir indépendants, en profitant d’un choc des Blancs et des Jaunes ?

Groupés dans un seul pays, protégés par les vingt millions de baïonnettes slaves (car telle doit devenir l’armée slave pour se défendre contre les Jaunes), les Arméniens accapareront tout le commerce et l’industrie qui va naître en Anatolie autour des mers Caspienne, Noire et du Golfe Persique.

Au nord, les Slaves préoccupés par les grands problèmes mondiaux et par leur défense contre les Jaunes, contre les Musulmans et les Teutons, au midi les Turcs paresseux, indolents et ignorants donnent toutes opportunités aux Arméniens réunis de se créer dans le même empire un joli avenir.

Laborieux, sobres, intelligents, doux, ils n’ont besoin pour le moment que de sécurité, d’une liberté constitutionnelle et d’un vaste terrain pour leur fébrile activité commerciale, industrielle et financière. La Russie, transformée en Empire Slave offrira aux Arméniens toutes les chances d’arriver à ce port heureux et tranquille et un marché de Prague à Vladivostok. » (pp. 109-110)

 

ð  Mis à part la perspective (sincère ou non) d’un État arménien à terme, ces passages (et le livre en général) collent exactement avec la politique russe de 1912-1914 : turcophobie tous azimuts, soutien au nationalisme arménien (qui passe très volontiers au service du tsar), expansionnisme mal dissimulé. D’une façon remarquable, malgré l’alliance franco-russe, Tchérep-Spiridovich, qui avait fait parler de lui dans la presse française en 1904, 1905, 1908 et 1910, ne rencontre à peu près aucun succès auprès de la critique pour son livre de 1913.

 

 Général Arthur Tchérep-Spiridovitch, Vers la débâcle, Paris, Chapelot, 1914, p. 12 :

« C’est la France qui stimule le plus grand danger menaçant le Franco-Slavisme : le Panasiatisme ! C’est elle qui le nourrit, qui lui apporte le nerf de la guerre, les 625 millions nécessaires pour attaquer la Triple-Entente !

L’emprunt des Chinois contre celle-ci [la Chine a été l’alliée de la France et du Royaume-Uni contre l’Allemagne, durant la Première Guerre mondiale], le dédain témoigné par la France à l’Alliance balkanique (son meilleur atout pour se défendre contre l’“Alliance fatale”) et l’absurde Austro-germano-sino-turcophilisme, qui se dévoile chaque jour, conduiront ce splendide pays à une fin fatale, prévue du reste par MM. Rouvier, Sembat et autres Français notoires. »

 

Général Arthur Tchérep-Spiridovitch, L’Union des Blancs et le triomphe de la France, Paris, Chapelot, 1914, p. 83 :

« L’Abattoir humain en Arménie fait toujours des victimes ! »


ð  La sécurité en Anatolie orientale (« l’Arménie ») s’est notablement accrue de 1908 à 1911. Elle s’est indéniablement détériorée de 1912 à 1913, mais seulement dans les provinces des Bitlis et de Van, avant de s’améliorer à nouveau, de façon spectaculaire, en 1913-1914.

 

« À l’Oxford Carlton Club (lettre de Londres) », La Tribune juive, n° 48, 26 novembre 1920, p. 6 :

« Une conférence a été tenue récemment à l’Oxford Carlton Club (club tory) sur le thème suivant : le Bolchevisme, Une foule considérable assista à ce meeting. Prirent la parole Mme Pollock (c’est-à-dire Mme lavorskaïa) qui continue à s’intituler, on ne sait pourquoi, “Princesse Bariantinsky”, M. Pollock et “le général-comte” Tcherep-Spiridovitch.

Le meeting fut un continuel scandale. Au lieu de parler du bolchevisme russe, les orateurs prononcèrent simplement des discours de pogrom. […]

Lorsque Tchercp-Spiridovilch commença à parler, la moitié du public quitta la salle. Le reste ne fit que rire. Ensuite, son discours pogromiste, prononcé en anglais lamentable, indigna les auditeurs. À la sortie de l’assemblée on distribuait des feuillets de propagande. L’un s’appelait The Jew-alition et invitait les Anglais à se dresser contre l’invasion juive dans leur pays. Sa conclusion était la suivante: “Qui doit être envoyé en Palestine et n’être jamais autorisé à rentrer ? Le Juif”. Un autre feuillet faisait des révélations sur les pseudonymes juifs et démontrait que de Valera [nationaliste irlandais, plusieurs fois Premier ministre à partir de 1932, et catholique pratiquant] ainsi que Kemal-Pacha [le futur Atatürk, de famille turque sunnite ; la prétendue judéité de Kemal fut inventée par Damat Ferit Pacha, de l’Entente libérale] étaient juifs !! Tout cela produisit un effet comique et les discours n’eurent aucun effet.

Il faut ajouter que le Carlton Club n’est en rien une organisation antisémite, qu’à sa tête se trouvent des hommes très honorables, que beaucoup de membres sont Juifs, et que dans la salle principale est placé un grand portrait de Beaconsfield [Benjamin Disraeli, comte de Beaconsflied, Premier ministre britannique de 1874 à 1880, Juif converti à l’anglicanisme]. Évidemment, les orateurs avaient été invités par ignorance. L’Aider Society, c’est-à-dire la société juive à l’Université, veut envoyer au Carlton-Club une protestation et demander des excuses. »

 

Général Arthur Tchérep-Spiridovitch, The Secret World Government or “the Hidden Hand”, New York, The Anti-Bolshevist Publishing Association, 1926 :

« C’est pourquoi tout ce qui concerne les affaires du monde et l’avenir de l’Amérique comme de la race aryenne m’apparaît clairement, alors que tous les hommes d’État, écrivains, prédicateurs et politiciens sont perplexes. […]

Parce que le CHRIST a dit clairement qu’il existe une “soif de Satan pour le meurtre et que les Juifs - ses fils – en commettront”. Et l’Histoire, comme nous le verrons, confirme quotidiennement cet avertissement de NOTRE SAUVEUR qui signifie : “Gentils, éloignez-vous des Juifs !” Le Talmud est aujourd’hui prêché dans toutes les synagogues ! Il enseigne : “Tu (Juif) frapperas les autres nations, que le Seigneur livre entre tes mains (juives)”… “tu tueras les meilleurs” (les gentils). [ces citations n’ont jamais existé que dans l’imagination d’auteurs antisémites.] […]

Édouard Rothschild V à Paris et les 300 judéo-mongols, qui composent le gouvernement mondial (la main cachée) ont gagné 100 milliards avec cette Première Guerre mondiale. Bien sûr, sans compter leur “soif de meurtre”, ils sont prêts à organiser une Seconde Guerre mondiale. Ils la préparent contre la riche Amérique. Contrôlant la presse mondiale, ils peuvent facilement organiser n’importe quelle guerre. […]

Nous assistons à un tremblement de terre politique en Russie, en fait sur un sixième de la surface de notre globe. Par les nouvelles de ce pays, nous recevons des informations quotidiennes selon lesquelles “de nombreuses personnes condamnées pour activité contre-révolutionnaire ont été fusillées aujourd’hui. » La raison pour laquelle tant de personnes sont tuées n’est pas à cause de leur activité contre-révolutionnaire, mais ce n’est rien de plus ni de moins que le meurtre délibéré des classes aryennes intelligentes afin de les remplacer par les Asiatiques. » (pp. 1-3)

« Même les Américains les mieux informés ignorent le fait qu’ils sont aujourd’hui confrontés simultanément à trois ennemis mongols :

(1) Le gouvernement mondial judéo-mongol – “la main cachée”, qui contrôle en 1925 : (a) trois cents milliards de dollars de capital disponible ; (b) la presse mondiale et (c) de nombreux gouvernements.

(2) Le Japon mongol, dont l’assaut est inévitable, comme l’ont prédit M. H. G. Wells et d’autres. Le Japon conspire aujourd’hui avec les Soviets judéo-mongols de Moscou [le Japon a été l’une des puissances les plus résolues à faire tomber le régime soviétique, durant la guerre civile de 1917-1922 ; il n’a retiré ses troupes de l’Extrême-Orient russe/soviétique qu’en octobre 1922, à la demande insistante des gouvernements anglo-saxons], et tous deux utilisent tous les moyens pour prendre le contrôle total de la Chine et la forcer à se joindre à eux pour écraser la race aryenne.

(3) Le bolchevisme judéo-mongol, qui, selon le défunt Samuel Gompers, est financé à coups de millions par les soi-disant banquiers internationaux (“germano-anglo-américains”), qui sont tous des judéo-mongols [Gompers, juif et sioniste, n’a évidemment rien dit de tel, et d’ailleurs, aucune source n’est donnée]. Le bolchevisme enflamme au moins cinq millions de judéo-mongols et trois ou quatre millions de “judéo-mongols secrets” en Amérique ; ainsi que les têtes de douze millions de nègres ici, et sept millions de plus de toutes sortes de “rouges“, “roses”, “radicaux”, “utopistes”, “pacifistes” et autres personnes mécontentes aux États-Unis, qui sont prêts à “améliorer”+ la situation, comme ce fut fait en Russie… (p. 7)

« Un Juif, Mustapha-Kemal, dictateur de Turquie, a chassé le patriarche œcuménique de Constantinople, où les patriarches de l’Église catholique orientale ont vécu pendant mille ans [encore une fois, Kemal Atatürk était un Turc de famille sunnite ; le patriarche œcuménique n’a pas été « chassé », mais remplacé, tardivement d’ailleurs (décembre 1923) ; l’Assemblée nationale turque était pluraliste en 1926, un constat fort difficile à concilier avec l’accusation de « dictature » ; l’expression « Église catholique orientale » est grotesque, vu l’anticatholicisme véhément de l’Église grecque-orthodoxe].

Un Juif, Masaryk, président à vie (bien que cela soit contraire à la Loi) [Masaryk n’était ni juif ni président à vie…], se prépare à chasser de Prague l’envoyé du Pape [affirmation dépourvue de fondement]. Un Juif, H. Gluck, a expulsé le métropolite russe d’Amérique.

Les Juifs de France, dirigés par E. Rothschild V, exhortent leur franc-maçonnerie “française” à provoquer la rupture de toutes les relations diplomatiques avec le Saint-Père, contre la volonté de la quasi-totalité de la nation française [la rupture des relations diplomatiques avec le Vatican figurait au programme du Cartel des gauches, que le baron Édouard de Rothschild, situé plutôt à droite, ne soutenait pas, au contraire]. La Main cachée n’est pas touchée par les discours de colombe du général Dawes et de tous les “pacifistes”. Elle souhaite “accomplir le désir du meurtre”. » (p. 26)

« Mais qu’est-ce que le bolchevisme ? C’est le masque juif du communisme !

“Le bolchevisme est un judaïsme militant, l’extermination des races blanches et la substitution des parasites asiatiques aux Aryens. C’est l’œuvre d’assassins juifs dans le but de provoquer une nouvelle domination du monde par une secte criminelle.” (Sir Patrick Hamilton). [Tchérep-Spiridovitch reprend ici le mythe du « judéo-bolchevisme », fondamental dans l’idéologie nazie comme dans celle de l’extrême droite russe (voir ci-dessous) et encore plus faux en 1926 qu’en 1917-1922. En effet, Lev Kamenev, haut dirigeant bolchevique de famille juive, a été politiquement vaincu par Staline, ancien séminariste, en 1925 ; il est finalement condamné à mort et exécuté en 1936] » (p. 27)

« Tous les efforts des Juifs et de leurs valets pour prouver que les “Protocoles” seraient un faux [les fameux Protocoles des Sages de Sion, qui sont effectivement un faux grossier, comme l’a démontré Philip Graves, correspondant du Times à Istanbul, en 1921 ; le nom même de Graves et ses articles ne sont évidemment pas cités une seule fois par Tchérep-Spiridovitch] échouent : nous les voyons tous les jours se réaliser ! » (p. 28)

« Les meilleurs auteurs et patriotes d’Europe disent la même chose des Rothschild, qui d’un seul mot peuvent provoquer la chute d’un Lloyd George [David Lloyd George est tombé en 1922, en partie à cause d’un coup monté, mais aucun de ceux décidés à le faire tomber n’était juif et la famille Rothschild n’a rien eu à voir là-dedans], sans parler des sinistres dictateurs juifs : de Russie (Trotzky) ; de France (Millerand-Kahn) ; d’Italie (Shanzer) ; d’Allemagne (Rathenau) ; de Tchécoslovaquie (Masaryk) ; de Turquie (Mustapha) ; d’Asie centrale (Enver Pacha) de Grèce (E. Venizelos) et d’autres. [Trotski ne se considérait pas comme juif et a envoyé au diable les représentants israélites qui lui demandaient d’agir contre les pogromes, durant la guerre civile ; ni Alexandre Millerand, ni Carlo Schanzer, ni Kemal Atatürk, ni Thomas Masaryk, ni Enver Pacha, ni E. Venizelos n’étaient juifs.] » (p. 46)

 




Pierre-André Taguieff, « Hitler, les Protocoles des Sages de Sion et Mein Kampf », Revue d’Histoire de la Shoah, n° 208, 2018/1, pp. 251-252 et 257 :

« En tant que spécialiste réputé de la “question juive”, Brasol faisait partie, avec son ami le comte Arthur I. Cherep-Spiridovitch (1858-1926) – idéologue conspirationniste professant un antisémitisme apocalyptique [54]–, du groupe de collaborateurs que s’était donné Henry Ford [55], conseillé par son secrétaire Ernest Gustav Liebold (1884-1956), lorsqu’il avait décidé de lancer une campagne à la fois anticommuniste et antijuive aux États-Unis [ce qui signifie que Tchérep-Spiridovitch et son ami Brasol ont coécrit, avec Henry Ford, Le Juif international, série d’articles réimprimée en volumes, signée par le seul Ford et lue avec passion par les nazis : voir ci-après]. Or Brasol entretenait des relations avec les milieux de l’émigration russe en Allemagne qui, au sein de l’organisation antisémite Aufbau (Reconstruction), préparaient la contre-révolution russe en collaboration avec les nationaux-socialistes – notamment Max von Scheubner-Richter, Max Amann, Arno Schickedanz [56]. Alfred Rosenberg [inspirateur et plus tard ministre d’Hitler] était membre d’Aufbau, et Dietrich Eckart [mentor d’Hitler] en était proche. Parmi les Russes blancs qui introduisirent en Allemagne le thème du “judéo-bolchevisme”, les plus actifs ont été le colonel Vinberg et les lieutenants Chabelski-Bork et Sergueï Taboritsky. Brasol était le représentant aux États-Unis du grand-duc Cyrille, l’un des prétendants au trône en exil, dont le général Vladimir Biskupsky, de Munich, orchestrait la propagande anticommuniste, jusqu’au putsch dit “de la brasserie” (9 novembre 1923). C’est vraisemblablement grâce à Brasol que l’émissaire du NSDAP, Kurt G. W. Lüdecke, qui lui avait rendu visite en 1921, est entré en relations avec le grand-duc Cyrille. Comme Henry Ford – auquel Lüdecke rendit visite à Détroit en 1922 –, le grand-duc Cyrille et son épouse Victoria ont largement financé le mouvement nazi à ses débuts.

Après la publication aux États-Unis, à la fin de l’été 1920, d’une première traduction des Protocoles des Sages de Sion, présentés comme la bonne grille de lecture de la révolution bolchevique, l’amalgame polémique “judéo-bolchevisme” commence à fonctionner comme un topos du discours antijuif, pour devenir rapidement le plus puissant vecteur de la haine des Juifs. La publication, entre novembre 1920 et mai 1922, des quatre tomes du recueil d’articles publiés sous l’égide de Ford, The International Jew, dans lequel sont diffusés et mis au goût du jour les thèmes conspirationnistes des Protocoles, a fortement contribué à nourrir la propagande antijuive aux États-Unis ainsi qu’à favoriser son internationalisation [57]. À la peur de la “corruption” du peuple américain par les Juifs de la finance et de la culture populaire s’ajoute chez Ford celle de la subversion des États-Unis par un ennemi intérieur, le révolutionnaire communiste, le “nomade” juif. Le “Juif international” devient la base de réduction de l’internationale financière et de l’internationale révolutionnaire, destructrice de l’ordre social [58]. […]

Entre l’été 1920 et le printemps 1923, Hitler, à la tête du NSDAP, s’impose comme le principal leader de la lutte contre le « péril juif » à deux faces, la capitaliste-ploutocratique et la révolutionnaire-bolchevique [75]. Il rejoint ainsi le combat antijuif mené par Ford depuis le printemps 1920, et s’en montre fort conscient. Hitler déclarera en 1931 à un reporter américain de Détroit : “Je considère Ford comme ma source d’inspiration [76].” Dans ses discours de 1922-1923 comme dans Mein Kampf, on trouve en effet des traces de l’influence de Ford [77] – la traduction allemande du Juif international avait été publiée par Theodor Fritsch en 1921 (t. I) et 1922 (t. II). Hitler lut non seulement Le Juif international mais aussi l’autobiographie de Ford, My Life and Work (1922). […]

Entre 1921 et 1924, la plupart des dirigeants nazis lurent la traduction allemande du Juif international, Hitler et Alfred Rosenberg en tête. »


John Roy Carlson, Under Cover, New York, E. P. Dutton, 1943, p. 133 :

« Et les publications recommandées par le Service mondial [service international de propagande créé par le régime nazi]

Water Flowing Eastward, par Ms. Leslie Fry [pseudonyme de Louise Chandor de Chichmarev, Américaine mariée à un aristocrate russe et rémunérée par le Troisième Reich] ;

The Secret World Government, par le général de division Tchérep-Spiridovitch. »


Lire aussi :

Non, Hitler n’a jamais dit « Après tout, qui se souvient encore de l’anéantissement des Arméniens ? »

Paul de Rémusat (alias Paul du Véou) : un tenant du « complot judéo-maçonnique », un agent d’influence de l’Italie fasciste et une référence pour le nationalisme arménien contemporain

Auguste Gauvain : arménophilie, grécophilie et croyance dans le « complot judéo-bolchevique »

L’arménophilie d’Alfred Rosenberg, inspirateur et ministre d’Hitler

L’arménophilie nazie de Johann von Leers

L’arménophilie du nazi norvégien Vidkun Quisling

L’arménophilie fasciste, aryaniste et antisémite de Carlo Barduzzi

L’alliance soviéto-nazie (1939-1941) et les projets staliniens contre la Turquie

Paul Chack : d’un conservatisme républicain, philosémite et turcophile à une extrême droite collaborationniste, antisémite, turcophobe et arménophile

L’arménophilie-turcophobie du pétainiste Henry Bordeaux

L’arménophilie-turcophobie d’Édouard Drumont, « le pape de l’antisémitisme », et de son journal

L’arménophilie aryaniste, antimusulmane et antisémite de D. Kimon

L’helléniste Bertrand Bareilles : arménophilie, turcophobie et antisémitisme (ensemble connu)

De l’anarchisme au fascisme, les alliances très variables d’Archag Tchobanian

Le soutien d’Arthur Beylerian à la thèse du « complot judéo-maçonnico-dönme » derrière le Comité Union et progrès

Le soutien de Vahakn Dadrian à la thèse du « complot judéo-maçonnico-dönme » derrière le Comité Union et progrès

L’antisémitisme de Mevlanzade Rifat, nationaliste kurde, menteur et référence du nationalisme arménien contemporain

Aram Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien en 2020

La remarquable complaisance d’Aurore Bruna pour l’antisémitisme visant Kemal Atatürk

Alain Soral de nouveau mis en examen : rappels sur Jean Varoujan Sirapian et le soralisme

 

Sur les soulèvements nationalistes arméniens entre 1890 et 1915 :

La stratégie de la tension et de la provocation menée par les nationalistes arméniens dans les années 1890

La crise arménienne de 1895 vue par la presse française

L’arménophile Francis de Pressensé sur l’impossibilité démographique du séparatisme arménien en Anatolie (1895)

1895 : quand un terroriste arménien voulait assassiner le consul de France à Sivas

La conflagration arménienne et la fin de l’Empire ottoman vues par le journaliste et ex-diplomate Francis Charmes

1897 : le choc entre le loyalisme juif à l’État ottoman et l’alliance gréco-arménienne

Le caractère mûrement prémédité de la révolte arménienne de Van (avril 1915)

La nature contre-insurrectionnelle du déplacement forcé d’Arméniens ottomans en 1915

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire