Général Arthur Tchérep-Spiridovitch (aristocrate russe), L’Europe sans Turquie. La sécurité de la France l’exige, Paris, éditions de la Ligue franco-slave (dirigée par le même général), 1913 :
« À qui serait-il profitable que la Turquie, presque disloquée en
Europe, continuât à se décomposer sur le territoire des peuples chrétiens et
empoisonnât de la sorte l’air des deux continents ?
Nommez donc le pays qui perdrait quelque chose, à ce que les hordes turques
quittent enfin la ville de Constantin le Grand [Istanbul, appelée Constantinople jusqu’en 1453] pour rentrer chez
elles, en Asie [sic : le même
considérait que les Russes étaient « chez eux » à Vladivostok, en
Pologne et dans les pays baltes…] ? Toutes les puissances y gagneraient,
sans exception, même la Turquie, car son état d’agonie perpétuelle ne peut lui
occasionner que des souffrances. Il en est de même pour un voleur trop avide,
qui serait embarrassé d’un trop lourd butin [écrit
par un apologiste de l’expansion russe…].
L’Empire ottoman ne peut que voir se dérouler les soulèvements
journaliers, sans pouvoir les réfréner, n’en ayant ni la force, ni les
moyens [on a vu depuis qui avait les
moyens de perdurer]. Si les puissances avaient liquidé ce fantôme d’empire,
— en réalité depuis longtemps inexistant, — et avaient aidé ses sujets à se
dégager du “nœud coulant” historique, d’une pléiade d’ennemis extérieurs et intérieurs
qui se concentrent continuellement autour de Constantinople, ils auraient sauvé
avant tout la Turquie elle-même. […]
Que de sang ont versé les Turcs pour tenter de retenir sous leur joug les
peuples autrefois enchaînés, mais que par la suite, ils étaient incapables de
garder ? N’est-il pas évident qu’ils
seront obligés de libérer enfin les
Grecs, les Arméniens, les Arabes, les Syriens, le
Liban, etc., s’ils veulent éviter des révoltes
sans fin ?
Si les patriotes
turcs s’étaient élevés au-dessus des préjugés
des temps
barbares, ils auraient reconnu enfin que la force de la nation réside
uniquement dans l’union du peuple et non pas dans l’étendue du territoire et
dans le nombre de ses habitants. » (p. 89)
« Pour accomplir l’Union des Églises, tant désirée par des centaines
de millions de chrétiens, il faut avant tout épurer Constantinople de la
présence du gouvernement turc et remplacer par la Croix sainte le Croissant sur
Sainte-Sophia [l’ancienne église
Sainte-Sophie, devenue la mosquée Ayasofya en 1453, puis un musée en 1935]
! » (p. 91)
« Passons aux fameuses “réformes turques”. Même en parlant des
massacres hideux qui font dresser les cheveux, l’homme le plus triste, le plus
irrité, ne peut, malgré lui, s’empêcher de rire, aussitôt qu’on prononce ces paroles
“réformés turques”. Sérieusement, qui donc a connu ou vu une seule “réforme” opérée par les Turcs, s’ils n’y étaient pas
contraints par la force ou par une menace immédiate de bombardement, etc… [outre que Tchérep-Spiridovich commet là une
faute de ponctuation (on ne met pas de points de suspension après
« etc. »), les réformes de Mahmut II et les Tanzimat ont commencé
sans aucune pression extérieure, de même que l’ouverture de l’École d’officiers
aux non-musulmans, en 1909] ? L’éminent M. T. Roosevelt n’a-t-il pas dit :
“Le Turc ne peut pas être changé” [le
même Theodore Roosevelt, à ne pas confondre avec son neveu par alliance
Franklin Roosevelt, également président des États-Unis, écrivait
en 1891 que le lynchage
de onze Italiens, à la Nouvelle-Orléans, était « plutôt une bonne
chose » ; et en
1916, que « la grande majorité des Nègres du Sud sont indignes de
voter ».]. M. Thouvenel, ancien diplomate à Constantinople déclare : “Pour
réformer un Turc, il faut commencer par l’empaler !” [mort en 1866, Thouvenel ne plaçait pas les chrétiens d’Orient plus
haut que les Turcs dans son estime.] » (p. 106)
« Une annexion à la Russie est,
de toutes manières, avantageuse pour les Arméniens, car c’est dans ce pays
qu’ils se sont créé de hautes situations, des fortunes considérables [ou comment ignorer les millionnaires
arméniens d’Istanbul
et d’Izmir]. C’est en Russie surtout qu’ils ont joui d’une entière liberté d’existence
[pas un mot sur la restriction à leur
liberté de culte entre 1903 et 1912, époque toute récente au moment où l’auteur
écrit]. Par exemple, le général Loris-Melikoff qui fut créé comte et a
occupé un poste équivalent à celui de Premier Ministre (et même de Chancelier d’Empire),
Mantacheff qui y amassa une énorme fortune, etc. Il y a des dizaines de
milliers d’Arméniens en Russie occupant une place marquante et respectée. (1)
De même, il faut prendre en considération la Russie constitutionnelle, qui,
établie depuis 1905, commence à se manifester seulement aujourd’hui. Cette
Russie “nouvelle” qui compte à la Douma plusieurs Arméniens mettra vite un
terme à tous les abus de la bureaucratie inférieure et des petits
fonctionnaires qui profiteraient de l’éloignement de la capitale pour abuser de
la bonhomie et de la patience arméniennes. Aujourd’hui c’en est fait de ces
abus et les Arméniens jouissent en Russie de tous leurs droits civils.
Et puis il est certain que les
Arméniens de Perse peuvent profiter du chaos qui s’y est installé et
demander leur annexion à la Russie. Tel fut aussi l’ancien plan de Milan de
Serbie s’annexer à l’Autriche pour réunir tous les Serbes en une seule
province, et plus tard se séparer des Habsbourg et redevenir le roi indépendant
de tous les Serbes !
Les Arméniens des trois Empires réunis, représenteraient déjà près de trois
millions d’hommes, formant un petit pays avec lequel on aurait à compter !
Qui sait si après quelques générations, en se multipliant, se fortifiant et
s’enrichissant, les Arméniens ne pourraient devenir indépendants, en profitant
d’un choc des Blancs et des Jaunes ?
Groupés dans un seul pays, protégés par les vingt millions de baïonnettes
slaves (car telle doit devenir l’armée slave pour se défendre contre les
Jaunes), les Arméniens accapareront tout le commerce et l’industrie qui va
naître en Anatolie autour des mers Caspienne, Noire et du Golfe Persique.
Au nord, les Slaves préoccupés par les grands problèmes mondiaux et par
leur défense contre les Jaunes, contre les Musulmans et les Teutons, au midi
les Turcs paresseux, indolents et ignorants donnent toutes opportunités aux
Arméniens réunis de se créer dans le même empire un joli avenir.
Laborieux, sobres, intelligents,
doux,
ils n’ont besoin pour le moment que de sécurité, d’une liberté
constitutionnelle et d’un vaste terrain pour leur fébrile activité commerciale,
industrielle et financière. La Russie, transformée en Empire Slave offrira aux
Arméniens toutes les chances d’arriver à ce port heureux et tranquille et un
marché de Prague à Vladivostok. » (pp. 109-110)
ð Mis à part la perspective (sincère ou non) d’un État arménien à terme, ces passages (et le livre en général) collent exactement avec la politique russe de 1912-1914 : turcophobie tous azimuts, soutien au nationalisme arménien (qui passe très volontiers au service du tsar), expansionnisme mal dissimulé. D’une façon remarquable, malgré l’alliance franco-russe, Tchérep-Spiridovich, qui avait fait parler de lui dans la presse française en 1904, 1905, 1908 et 1910, ne rencontre à peu près aucun succès auprès de la critique pour son livre de 1913.
Général Arthur Tchérep-Spiridovitch, Vers la débâcle, Paris, Chapelot, 1914,
p. 12 :
« C’est la France qui stimule le plus grand danger menaçant le
Franco-Slavisme : le Panasiatisme ! C’est elle qui le nourrit, qui
lui apporte le nerf de la guerre, les 625 millions nécessaires pour attaquer la
Triple-Entente !
L’emprunt des Chinois contre celle-ci [la
Chine a été l’alliée de la France et du Royaume-Uni contre l’Allemagne, durant
la Première Guerre mondiale], le dédain témoigné par la France à l’Alliance balkanique
(son meilleur atout pour se défendre contre l’“Alliance fatale”) et l’absurde
Austro-germano-sino-turcophilisme,
qui se dévoile chaque jour, conduiront ce splendide pays à une fin fatale,
prévue du reste par MM. Rouvier, Sembat et autres Français notoires. »
Général Arthur
Tchérep-Spiridovitch, L’Union des Blancs
et le triomphe de la France, Paris, Chapelot, 1914, p. 83 :
« L’Abattoir humain en Arménie fait toujours des victimes ! »
ð La sécurité en Anatolie orientale (« l’Arménie ») s’est notablement accrue de 1908 à 1911. Elle s’est indéniablement détériorée de 1912 à 1913, mais seulement dans les provinces des Bitlis et de Van, avant de s’améliorer à nouveau, de façon spectaculaire, en 1913-1914.
« À l’Oxford
Carlton Club (lettre de Londres) »,
La Tribune juive, n° 48, 26 novembre 1920, p. 6 :
« Une conférence a été tenue récemment à l’Oxford Carlton Club (club
tory) sur le thème suivant : le
Bolchevisme, Une foule considérable assista à ce meeting. Prirent la parole
Mme Pollock (c’est-à-dire Mme lavorskaïa) qui continue à s’intituler, on ne
sait pourquoi, “Princesse Bariantinsky”, M. Pollock et “le général-comte” Tcherep-Spiridovitch.
Le meeting fut un continuel
scandale. Au lieu de parler du bolchevisme russe, les orateurs prononcèrent
simplement des discours de pogrom. […]
Lorsque Tchercp-Spiridovilch commença à parler, la moitié du public quitta
la salle. Le reste ne fit que rire. Ensuite, son discours pogromiste, prononcé
en anglais lamentable, indigna les auditeurs. À la sortie de l’assemblée on
distribuait des feuillets de propagande. L’un s’appelait The Jew-alition et invitait les Anglais à se dresser contre l’invasion
juive dans leur pays. Sa conclusion était la suivante: “Qui doit être envoyé en
Palestine et n’être jamais autorisé à rentrer ? Le Juif”. Un autre feuillet
faisait des révélations sur les pseudonymes juifs et démontrait que de Valera [nationaliste irlandais, plusieurs fois
Premier ministre à partir de 1932, et catholique pratiquant] ainsi que Kemal-Pacha
[le futur Atatürk, de famille turque
sunnite ; la prétendue judéité de Kemal fut inventée par Damat
Ferit Pacha, de l’Entente
libérale] étaient juifs !! Tout cela produisit un effet comique et les discours
n’eurent aucun effet.
Il faut ajouter que le Carlton Club n’est en rien une organisation
antisémite, qu’à sa tête se trouvent des hommes très honorables, que beaucoup
de membres sont Juifs, et que dans la salle principale est placé un grand
portrait de Beaconsfield [Benjamin
Disraeli, comte de Beaconsflied, Premier ministre britannique de 1874 à 1880,
Juif converti à l’anglicanisme]. Évidemment, les orateurs avaient été
invités par ignorance. L’Aider Society, c’est-à-dire la société juive à l’Université,
veut envoyer au Carlton-Club une protestation et demander des excuses. »
Général Arthur Tchérep-Spiridovitch, The
Secret World Government or “the Hidden Hand”, New York, The
Anti-Bolshevist Publishing Association, 1926 :
« C’est pourquoi tout ce qui concerne les affaires du monde et l’avenir
de l’Amérique comme de la race aryenne
m’apparaît clairement, alors que tous les hommes d’État, écrivains, prédicateurs
et politiciens sont perplexes. […]
Parce que le CHRIST a dit clairement qu’il existe une “soif de Satan pour
le meurtre et que les Juifs - ses fils – en commettront”. Et l’Histoire, comme
nous le verrons, confirme quotidiennement cet avertissement de NOTRE SAUVEUR
qui signifie : “Gentils, éloignez-vous des Juifs !” Le Talmud est aujourd’hui
prêché dans toutes les synagogues ! Il enseigne : “Tu (Juif) frapperas les
autres nations, que le Seigneur livre entre tes mains (juives)”… “tu tueras les
meilleurs” (les gentils). [ces citations
n’ont jamais existé que dans l’imagination d’auteurs antisémites.] […]
Édouard Rothschild V à Paris et les 300 judéo-mongols, qui composent le
gouvernement mondial (la main cachée) ont gagné 100 milliards avec cette
Première Guerre mondiale. Bien sûr, sans compter leur “soif de meurtre”, ils
sont prêts à organiser une Seconde Guerre mondiale. Ils la préparent contre la
riche Amérique. Contrôlant la presse mondiale, ils peuvent facilement organiser
n’importe quelle guerre. […]
Nous assistons à un tremblement de terre politique en Russie, en fait sur
un sixième de la surface de notre globe. Par les nouvelles de ce pays, nous
recevons des informations quotidiennes selon lesquelles “de nombreuses
personnes condamnées pour activité contre-révolutionnaire ont été fusillées
aujourd’hui. » La raison pour laquelle tant de personnes sont tuées n’est pas à
cause de leur activité contre-révolutionnaire, mais ce n’est rien de plus ni de
moins que le meurtre délibéré des
classes aryennes intelligentes afin de les remplacer par les Asiatiques. »
(pp. 1-3)
« Même les Américains les mieux informés ignorent le fait qu’ils sont
aujourd’hui confrontés simultanément à trois ennemis mongols :
(1) Le gouvernement mondial judéo-mongol – “la main cachée”, qui contrôle
en 1925 : (a) trois cents milliards de dollars de capital disponible ; (b) la
presse mondiale et (c) de nombreux gouvernements.
(2) Le Japon mongol, dont l’assaut est inévitable, comme l’ont prédit M. H.
G. Wells et d’autres. Le Japon conspire aujourd’hui avec les Soviets
judéo-mongols de Moscou [le Japon a été l’une
des puissances les plus
résolues à faire tomber le régime soviétique, durant la guerre civile de
1917-1922 ; il n’a retiré ses troupes de l’Extrême-Orient russe/soviétique
qu’en octobre 1922, à la demande insistante des gouvernements anglo-saxons],
et tous deux utilisent tous les moyens pour prendre le contrôle total de la
Chine et la forcer à se joindre à eux pour écraser la race aryenne.
(3) Le bolchevisme judéo-mongol, qui, selon le défunt Samuel Gompers, est
financé à coups de millions par les soi-disant banquiers internationaux (“germano-anglo-américains”),
qui sont tous des judéo-mongols [Gompers,
juif et sioniste, n’a évidemment rien dit de tel, et d’ailleurs, aucune source
n’est donnée]. Le bolchevisme enflamme au moins cinq millions de
judéo-mongols et trois ou quatre millions de “judéo-mongols secrets” en
Amérique ; ainsi que les têtes de douze millions de nègres ici, et sept millions
de plus de toutes sortes de “rouges“, “roses”, “radicaux”, “utopistes”, “pacifistes”
et autres personnes mécontentes aux États-Unis, qui sont prêts à “améliorer”+
la situation, comme ce fut fait en Russie… (p. 7)
« Un Juif, Mustapha-Kemal, dictateur de Turquie, a chassé le patriarche œcuménique
de Constantinople, où les patriarches de l’Église catholique orientale ont vécu
pendant mille ans [encore une fois, Kemal
Atatürk était un Turc de famille sunnite ; le patriarche œcuménique n’a
pas été « chassé », mais remplacé, tardivement d’ailleurs (décembre
1923) ; l’Assemblée nationale turque était pluraliste en 1926, un constat
fort difficile à concilier avec l’accusation de « dictature » ;
l’expression « Église catholique orientale » est grotesque, vu l’anticatholicisme
véhément de l’Église grecque-orthodoxe].
Un Juif, Masaryk, président à vie (bien que cela soit contraire à la Loi) [Masaryk n’était ni juif ni président à
vie…], se prépare à chasser de Prague l’envoyé du Pape [affirmation dépourvue de
fondement]. Un Juif, H. Gluck, a expulsé le métropolite russe d’Amérique.
Les Juifs de France, dirigés par E. Rothschild V, exhortent leur
franc-maçonnerie “française” à provoquer la rupture de toutes les relations
diplomatiques avec le Saint-Père, contre la volonté de la quasi-totalité de la
nation française [la rupture des
relations diplomatiques avec le Vatican figurait au programme du Cartel
des gauches, que le baron Édouard de Rothschild, situé plutôt à droite, ne
soutenait pas, au
contraire]. La Main cachée n’est pas touchée par les discours de
colombe du général Dawes et de tous les “pacifistes”. Elle souhaite “accomplir
le désir du meurtre”. » (p. 26)
« Mais qu’est-ce que le bolchevisme ? C’est le masque juif du communisme !
“Le bolchevisme est un judaïsme militant, l’extermination des races
blanches et la substitution des parasites asiatiques aux Aryens. C’est l’œuvre
d’assassins juifs dans le but de provoquer une nouvelle domination du monde par
une secte criminelle.” (Sir Patrick Hamilton). [Tchérep-Spiridovitch reprend ici le mythe du
« judéo-bolchevisme », fondamental dans l’idéologie nazie comme dans
celle de l’extrême droite russe (voir ci-dessous) et encore plus faux en 1926
qu’en 1917-1922. En effet, Lev Kamenev, haut
dirigeant bolchevique de famille juive, a été politiquement vaincu par Staline,
ancien séminariste, en 1925 ; il est finalement condamné à mort et exécuté
en 1936] » (p. 27)
« Tous les efforts des Juifs et de leurs valets pour prouver que les “Protocoles”
seraient un faux [les fameux Protocoles des Sages de
Sion, qui sont effectivement un faux
grossier, comme l’a démontré Philip Graves, correspondant du Times à Istanbul, en
1921 ; le nom même de Graves et ses articles ne sont évidemment pas cités une seule
fois par Tchérep-Spiridovitch] échouent : nous les voyons tous les jours se
réaliser ! » (p. 28)
« Les meilleurs auteurs et patriotes d’Europe disent la même chose des
Rothschild, qui d’un seul mot peuvent provoquer la chute d’un Lloyd George [David Lloyd George est tombé en 1922,
en partie à cause d’un coup monté, mais aucun de ceux décidés à le faire tomber
n’était juif et la famille Rothschild n’a rien eu à voir là-dedans], sans
parler des sinistres dictateurs juifs : de Russie (Trotzky) ; de France
(Millerand-Kahn) ; d’Italie (Shanzer) ; d’Allemagne (Rathenau) ; de
Tchécoslovaquie (Masaryk) ; de Turquie (Mustapha) ; d’Asie centrale (Enver
Pacha) de Grèce (E. Venizelos) et d’autres. [Trotski
ne se considérait pas comme juif et a envoyé au diable les représentants
israélites qui lui demandaient d’agir contre les pogromes, durant la guerre
civile ; ni Alexandre Millerand, ni Carlo Schanzer, ni Kemal Atatürk, ni
Thomas Masaryk, ni Enver Pacha, ni E. Venizelos n’étaient juifs.] » (p. 46)
Pierre-André Taguieff, « Hitler,
les Protocoles des Sages de Sion et Mein Kampf », Revue d’Histoire de la Shoah, n° 208,
2018/1, pp. 251-252 et 257 :
« En tant que spécialiste réputé de la “question juive”, Brasol
faisait partie, avec son ami le comte Arthur I. Cherep-Spiridovitch
(1858-1926) – idéologue conspirationniste professant un antisémitisme
apocalyptique [54]–, du groupe de collaborateurs que s’était donné Henry
Ford [55], conseillé par son secrétaire Ernest Gustav Liebold (1884-1956),
lorsqu’il avait décidé de lancer une campagne à la fois anticommuniste et
antijuive aux États-Unis [ce qui signifie
que Tchérep-Spiridovitch et son ami Brasol ont coécrit, avec Henry Ford, Le
Juif international, série d’articles
réimprimée en volumes, signée par le seul Ford et lue avec passion par les
nazis : voir ci-après]. Or Brasol entretenait des relations avec les
milieux de l’émigration russe en Allemagne qui, au sein de l’organisation
antisémite Aufbau
(Reconstruction), préparaient la contre-révolution russe en collaboration avec
les nationaux-socialistes – notamment Max von Scheubner-Richter, Max Amann,
Arno Schickedanz [56]. Alfred
Rosenberg [inspirateur et plus tard
ministre d’Hitler] était membre d’Aufbau, et Dietrich Eckart [mentor d’Hitler] en était proche.
Parmi les Russes blancs qui introduisirent en Allemagne le thème du “judéo-bolchevisme”,
les plus actifs ont été le colonel Vinberg et les lieutenants Chabelski-Bork et
Sergueï Taboritsky. Brasol était le représentant aux États-Unis du grand-duc
Cyrille, l’un des prétendants au trône en exil, dont le général Vladimir
Biskupsky, de Munich, orchestrait la propagande anticommuniste, jusqu’au putsch
dit “de la brasserie” (9 novembre 1923). C’est vraisemblablement grâce à Brasol
que l’émissaire du NSDAP, Kurt G. W. Lüdecke, qui lui avait rendu visite en
1921, est entré en relations avec le grand-duc Cyrille. Comme Henry Ford –
auquel Lüdecke rendit visite à Détroit en 1922 –, le grand-duc Cyrille et son
épouse Victoria ont largement financé le mouvement nazi à ses débuts.
Après la publication aux États-Unis, à la fin de l’été 1920, d’une première
traduction des Protocoles des Sages de Sion, présentés comme la bonne grille de
lecture de la révolution bolchevique, l’amalgame polémique “judéo-bolchevisme”
commence à fonctionner comme un topos du discours antijuif, pour devenir
rapidement le plus puissant vecteur de la haine des Juifs. La publication,
entre novembre 1920 et mai 1922, des quatre tomes du recueil d’articles publiés
sous l’égide de Ford, The International Jew, dans lequel sont diffusés et mis
au goût du jour les thèmes conspirationnistes des Protocoles, a fortement contribué à nourrir la propagande antijuive
aux États-Unis ainsi qu’à favoriser son internationalisation [57]. À la peur de
la “corruption” du peuple américain par les Juifs de la finance et de la
culture populaire s’ajoute chez Ford celle de la subversion des États-Unis par
un ennemi intérieur, le révolutionnaire communiste, le “nomade” juif. Le “Juif
international” devient la base de réduction de l’internationale financière et
de l’internationale révolutionnaire, destructrice de l’ordre social [58]. […]
Entre l’été 1920 et le printemps 1923, Hitler, à la tête du NSDAP, s’impose
comme le principal leader de la lutte contre le « péril juif » à deux faces, la
capitaliste-ploutocratique et la révolutionnaire-bolchevique [75]. Il rejoint
ainsi le combat antijuif mené par Ford depuis le printemps 1920, et s’en montre
fort conscient. Hitler déclarera en 1931
à un reporter américain de Détroit : “Je considère Ford comme ma source d’inspiration [76].”
Dans ses discours de 1922-1923 comme dans Mein
Kampf, on trouve en effet des traces de l’influence de Ford [77] – la
traduction allemande du Juif
international avait été publiée par Theodor Fritsch en 1921 (t. I) et 1922
(t. II). Hitler lut non seulement Le
Juif international mais aussi l’autobiographie de Ford, My
Life and Work (1922). […]
Entre 1921 et 1924, la
plupart des dirigeants nazis lurent la traduction allemande du Juif international, Hitler et Alfred
Rosenberg en tête. »
John Roy Carlson, Under Cover, New York, E. P. Dutton, 1943, p. 133 :
« Et les publications recommandées par le Service mondial [service international de propagande créé par le régime nazi] :
Water Flowing Eastward, par Ms. Leslie Fry [pseudonyme de Louise Chandor de Chichmarev, Américaine mariée à un aristocrate russe et rémunérée par le Troisième Reich] ;
The Secret World Government, par le général de division Tchérep-Spiridovitch. »
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