« L’attentat
de l’ASALA contre la Maison de France à Berlin-Ouest a fait un mort et
vingt-trois blessés », Le Monde,
27 août 1983 :
« L’attentat perpétré jeudi 25
août contre la Maison de France à Berlin-Ouest a fait un mort, un peintre en
bâtiment berlinois de vingt-six ans, qui travaillait à la réfection de la
façade de l’immeuble au moment de l’explosion, et vingt-trois blessés (nos dernières
éditions du 26 août).
La bombe, de forte puissance, a ravagé le toit et les deux derniers étages
de l’immeuble, situé dans le centre de Berlin-Ouest, sur l’avenue du Kurfurstendam,
et qui abrite notamment les locaux du consulat général de France. La
déflagration a fait s’effondrer l’échafaudage installé le long de la façade
pour des travaux de ravalement. Deux heures après l’explosion, un homme s’exprimant
en français revendiquait l’attentat dans un coup de téléphone au bureau de l’Agence
France-Presse à Berlin, au nom de l’Armée secrète de libération de l’Arménie (ASALA).
Peu après, le ministre de l’intérieur ouest-allemand, M. Zimmermann, affirmait
à Bonn que, selon les premiers indices, des membres de l’ASALA étaient bien les
auteurs de l’attentat, le plus grave revendiqué par l’organisation arménienne
contre des intérêts français à l’étranger. […]
À Paris, le Mouvement national arménien (M.N.A.) dénonce ce qu’il estime
être “la responsabilité des autorités françaises dans l’engrenage de la
violence”. Le Mouvement, qui, jusqu’en janvier dernier [sic : si les
articles d’Hay Baykar, journal du
M.N.A., deviennent moins enflammés en faveur de l’A.S.A.L.A. en janvier 1983,
le chef du MNA, Jean-Marc « Ara » Toranian déclare
encore en juin de la même année : « nous ne nous désolidarisons
pas de l’ASALA » et ne choisit la scission que dans la première quinzaine
d’août], soutenait les thèses politiques de l’ASALA, condamne l’attentat de
Berlin, mais déclare : “En choisissant,
après l’attentat d’Orly, la voie de la répression aveugle contre les
sympathisants arméniens, en rejetant toutes les tentatives de dialogue à l’initiative
des organisations politiques arméniennes, les autorités françaises ont pris le
risque d’accentuer les tensions et de favoriser les exactions des extrémistes.” [déclaration
qui renvoie à l’arrestation de membres du M.N.A., presque tous condamnés en
1984-1985 pour détention illégale d’explosif ou pour recel de malfaiteurs, en
lien avec l’attentat d’Orly] »
Bernard Violet, Carlos. Les réseaux secrets du terrorisme
international, Paris, Le Seuil, 1997, pp. 242-244 :
« De l’autre côté du Mur de la Honte [c’est-à-dire à Berlin-est], dans
les bureaux des services spéciaux, le major Helmut Voigt est furieux en
apprenant la nouvelle. Le 31 août [1983], il adresse un rapport top secret au
grand patron de la Stasi, Erich Mielke. Il y désigne les militants de l’Asala
comme les auteurs de l’attentat, mais en suggérant que ces derniers ont
probablement reçu l’aide du groupe Carlos. […]
Pour le major Voigt, un autre élément démontre l’implication du groupe
Carlos dans l’attentat : selon des sources “sûres”, un membre [de cette
organisation terroriste] a effectué le repérage de la Maison de France dans la
période du 25 janvier au 9 février 1983 [ce qui tend à montrer que l’attentat
était en préparation quand Jean-Marc « Ara » Toranian dirigeait
encore la branche « politique » de l’ASALA]. Aussi, pour l’auteur du
rapport, une association Asala-Carlos ne serait pas surprenante. Elle serait le
résultat d’anciennes connivences, à travers notamment des liens personnels
étroits existant entre Carlos et Agop Agopian. Tous deux étant par ailleurs des
élèves de Waddi Haddad [terroriste palestinien, très lié au nazi suisse
François Genoud, et qui trouvait Yasser Arafat un peu mou].
Les mobiles de l’attentat de Berlin ? L’officier de la Stasi voit un
intérêt commun : faire pression sur le gouvernement français afin d’obtenir
la libération rapide de leurs camarades détenus en France [exactement ce que
réclame alors le MNA de M. Toranian : non seulement ceux arrêtés à l’été
1983, mais aussi les membres du MNA arrêtés un an plus tôt, et finalement
condamnés en 1985, pour assistance logistique à l’ASALA, ainsi que les preneurs
d’otages arrêtés en septembre 1981 et condamnés en janvier 1984]. »
« Le
bras droit de Carlos condamné à perpétuité », Le Nouvel Observateur, 17 janvier 2000 :
« Quatre ans après le début de son procès, l’Allemand Johannes
Weinrich, un proche collaborateur du terroriste Carlos, a été condamné lundi à
Berlin à la réclusion à perpétuité pour l’organisation d’un attentat
anti-français à Berlin-ouest en août 1983. »
Lire aussi :
L’ASALA
et ses scissionnistes contre la France socialiste de François Mitterrand
Un nostalgique de l’ASALA menace de mort des journalistes français
Un lieu de radicalisation terroriste à ciel ouvert : le forum d’armenews.com
L'ASALA
et les néo-nazis allemands
La
justification insidieuse ou explicite de l’attentat d’Orly dans la presse
arménienne de France
Quand
Jean-Marc « Ara » Toranian menaçait d’attentats la France de la première
cohabitation (1986)
Les
rapports très changeants de Jean-Marc « Ara » Toranian avec des « fascistes »
L’approbation
du terrorisme arménien par le « défenseur des droits de l’homme » Henri Leclerc
23
avril 1920 : la justice française condamne l’ex-archevêque Moucheg Séropian
pour terrorisme
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