Jean-Marc Théolleyre, « Le
militant arménien détenu est confronté au diplomate turc blessé à Rome — Le
mouvement Libération arménienne a réuni mille cinq cents personnes à Paris »,
Le Monde, 21 novembre 1981 :
« Quatre heures de chants, de discours, de messages, une salle ardente
acclamant sans fin les uns et les autres. Le mouvement Libération arménienne
[branche « politique » de l’Armée secrète pour la libération de
l’Arménie (ASALA), rebaptisée Mouvement national arménien pour l’ASALA en
1982], et son “Comité de soutien aux prisonniers politiques arméniens”, qui
voulait, dans la mouvance de l'affaire Dimitriu Giorgiu [pseudonyme de
l’assassin d’enfant Monte Melkonian], attirer l'attention, peut considérer que sa
mission est à peu près accomplie après la réunion qu'il a organisée, jeudi soir
19 novembre, à la Mutualité et qui a rassemblé environ mille cinq cents
personnes. Cependant, il s'agissait de faire de cette manifestation “le reflet
d'une prise de conscience politique et collective de tous les Arméniens”. La
fin de la soirée en altéra quelque peu l'unité lorsque M. Ara Toranian, au nom de Libération arménienne, accusa le parti
Daschnak, émanation de la Fédération révolutionnaire arménienne [sic :
« parti dachnak » est simplement le surnom de la Fédération
révolutionnaire arménienne], de “trahison”, lui reprochant d'avoir, “par sa
condamnation des actions terroristes, participé à une véritable intoxication”.
Une partie de l'assistance en fut ouvertement choquée, le fit savoir, et l'on
faillit même en
venir aux mains. Beaucoup en cet instant ont considéré qu'une “erreur”
avait été commise.
Car jusque-là, tout concourait à ce que le meeting puisse
apparaître comme celui de toute une communauté.
Générations et conditions sociales confondues, on avait, en effet, applaudi
le message de Me Henri
Leclerc, l'un des avocats chargés de la défense des quatre [terroristes
ayant réalisé la prise d’otages au] consulat de Turquie, à Paris, le 24 septembre
[1981], qui demandaient que “le gouvernement français reconnaisse le génocide
du peuple arménien” car “on ne saurait, devant une pareille nécessité
morale, se dérober au prétexte d'un éventuel conflit diplomatique avec
l'État turc, bastion avancé du militarisme occidental le plus chauvin et le
plus agressif”. »
Commentaires :
1) La « condamnation » dont parlait M. Toranian était largement (sinon
entièrement) imaginaire. Sans même s’attarder sur les torrents d’articles
publiés par sa presse aux États-Unis, en faveur du terrorisme, la FRA, en France,
soutenait son terroriste Max Hraïr Kilndjian depuis son arrestation pour
tentative d’assassinat, en janvier 1980, et plus généralement le terrorisme.
Par exemple, dans son édition de juillet 1981, pp. 5 et 22, Haïastan (alors seul organe de la FRA en
français, France-Arménie n’ayant été
créé qu’en 1982) avait publié un article de fond intitulé « La lutte
armée, une nécessité inévitable », où se trouvaient des phrases telles que
« Le “terrorisme” s’affirme de plus en plus aujourd’hui comme un moyen d’expression
désespéré pour les minorités politiques nationales, dans un monde qui se
dégrade économiquement et socialement avec indifférence, basé sur le profit »
ou : « Désespérée par cette situation arbitrairement bloquée,
dégoûtée par une atmosphère politique hypocrite, fatiguée de se heurter au mur
du silence, la jeunesse arménienne, réveillée enfin, décide dorénavant de mener
des actions plus radicales, ayant recours à la violence. » Pas un mot de
critique, en deux pages, contre l’ASALA, qui, à ce moment-là, avait déjà frappé
le palais de justice de Genève, le 4 novembre 1980.
La seule « condamnation » qui a peut-être eu lieu, à l’automne
1981 (mais dont je n’ai trouvé aucune trace), concernerait l’attentat
contre la gare de l’Est et des attentats
antifrançais à Beyrouth, perpétrés par l’ASALA pour réclamer la libération
de l’assassin d’enfant Melkonian ;
2) Ce n’est pas étonnant de lire qu’Henri Leclerc a utilisé le vocabulaire
de la turcophobie stalinienne la plus éculée, qui plus est dans un contexte où
l’importance de la Turquie tenait d’abord à son rôle contre l’URSS, cette même
URSS qui venait d’envahir l’Afghanistan, y commettant un cortège de crimes. Le
même personnage avait milité au Parti communiste « français » de 1953
à 1955 (donc à un moment paroxystique du sectarisme stalinien) et déclarait
encore, en
2013 : « Je ne regrette pas mon engagement. »
Lire aussi :
Les
rapports très changeants de Jean-Marc « Ara » Toranian avec des « fascistes »
La
justification insidieuse ou explicite de l’attentat d’Orly dans la presse
arménienne de France
Quand
Jean-Marc « Ara » Toranian menaçait d’attentats la France de la première
cohabitation (1986)
L’approbation
du terrorisme arménien par le « défenseur des droits de l’homme » Henri Leclerc
Franck
« Mourad » Papazian et l’apologie du terrorisme arménien
Patrick
Devedjian (1944-2020) : un soutien constant pour le terrorisme antifrançais et
antiturc
L’approbation
du terrorisme par les polygraphes de la cause arménienne
23
avril 1920 : la justice française condamne l’ex-archevêque Moucheg Séropian
pour terrorisme
L’arménophilie
stalinienne de Léon Moussinac
Turcs,
Arméniens : les violences et souffrances de guerre vues par des Français
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