Stefano Riccioni, « Armenian
Art and Culture from the Pages of the Historia Imperii Mediterranei », Venezia Arti, n° 27, décembre 2018 :
« Armeni Ariani (Arméniens
aryens) est une étude sur les caractéristiques raciales des Arméniens, traduite
de l’édition originale allemande publiée en 1934 par la Société
germano-arménienne de Berlin, dédiée à la mémoire de l’orientaliste Josef
Markwart (1864-1930), historien et philologue. Comme la “Note” à la traduction
italienne l’indique : “Ce travail […] offre un ensemble de preuves concluantes
quant à l’aryanité du peuple arménien, à la suite du décret pris le 3 juillet 1933
par le gouvernement national-socialiste”. Le décret stipulait que […] les
Arméniens devaient être considéré comme intégralement aryens.
La préface de Carlo Barduzzi exprime elle aussi la même pensée : “Cette documentation
sape cette affirmation commune et fausse, qui consistait à soutenir qu’un lien
racial existe entre le peuple arménien et le peuple juif, ce qui est absurde […].
Ainsi, la nation arménienne a une origine
purement aryenne”. Barduzzi, consul général de Sa Majesté et professeur au
Centre national pour la préparation politique de la jeunesse (Console generale di Sua Maestà et Docente al
Centro Nazionale di Preparazione Politica per i giovani), a également écrit
la Romanità dell’Armenia (Barduzzi 1940), qui décrivait brièvement l’histoire
tourmentée de l’Arménie, qu’il appelait
la “sentinelle de l’Empire romain”, et la mettait ainsi en fort contraste avec Israël,
dont les descendants étaient également loin de leur patrie. »
À noter que Carlo Barduzzi fut aussi un
contributeur de La Difesa della Razza
(« La Défense de la race »), « revue bimensuelle et organe
militant du racisme à l’italienne. Sur les premières couvertures figurait un
photomontage illustrant efficacement les nouvelles thèses racistes. Trois types
raciaux étaient mis en perspective: le Doryphore de Polyclète incarnait la race
aryenne. Il était à la fois séparé et protégé des deux autres types raciaux –
une statue de juif et une photographie d’Africain – par un glaive, emblème de
la loi fasciste. “Vitrine” de la propagande raciale, La Difesa della Razza s’imposa comme le lieu même de fusion du racisme
colonial et de l’antisémitisme. La presse fut invitée à y puiser thèmes et
matériaux. » (Marie-Anne Matard-Bonucci, « D’une persécution l’autre : racisme colonial et antisémitisme dans l’Italie fasciste », Revue d’histoire moderne et contemporaine,
2008/3, pp. 124-125).
Lire aussi :
L’arménophilie
de Lauro Mainardi
La
popularité du fascisme italien et du nazisme dans la diaspora arménienne et en
Arménie même
Aram
Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien
en 2020
De
l’anarchisme au fascisme, les alliances très variables d’Archag Tchobanian
L’arménophilie
de Johann von Leers
L’arménophilie
de Paul Rohrbach
Johannes
Lepsius dans l’imaginaire nazi
La
turcophilie de Pierre Loti vue par l’antifasciste Victor Snell
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