mardi 17 novembre 2020

L’arménophilie fasciste, aryaniste et antisémite de Carlo Barduzzi



Stefano Riccioni, « Armenian Art and Culture from the Pages of the Historia Imperii Mediterranei », Venezia Arti, n° 27, décembre 2018 :

« Armeni Ariani (Arméniens aryens) est une étude sur les caractéristiques raciales des Arméniens, traduite de l’édition originale allemande publiée en 1934 par la Société germano-arménienne de Berlin, dédiée à la mémoire de l’orientaliste Josef Markwart (1864-1930), historien et philologue. Comme la “Note” à la traduction italienne l’indique : “Ce travail […] offre un ensemble de preuves concluantes quant à l’aryanité du peuple arménien, à la suite du décret pris le 3 juillet 1933 par le gouvernement national-socialiste”. Le décret stipulait que […] les Arméniens devaient être considéré comme intégralement aryens.

La préface de Carlo Barduzzi exprime elle aussi la même pensée : “Cette documentation sape cette affirmation commune et fausse, qui consistait à soutenir qu’un lien racial existe entre le peuple arménien et le peuple juif, ce qui est absurde […]. Ainsi, la nation arménienne a une origine purement aryenne”. Barduzzi, consul général de Sa Majesté et professeur au Centre national pour la préparation politique de la jeunesse (Console generale di Sua Maestà et Docente al Centro Nazionale di Preparazione Politica per i giovani), a également écrit la Romanità dell’Armenia (Barduzzi 1940), qui décrivait brièvement l’histoire tourmentée de l’Arménie, qu’il appelait la “sentinelle de l’Empire romain”, et la mettait ainsi en fort contraste avec Israël, dont les descendants étaient également loin de leur patrie. »

À noter que Carlo Barduzzi fut aussi un contributeur de La Difesa della Razza (« La Défense de la race »), « revue bimensuelle et organe militant du racisme à l’italienne. Sur les premières couvertures figurait un photomontage illustrant efficacement les nouvelles thèses racistes. Trois types raciaux étaient mis en perspective: le Doryphore de Polyclète incarnait la race aryenne. Il était à la fois séparé et protégé des deux autres types raciaux – une statue de juif et une photographie d’Africain – par un glaive, emblème de la loi fasciste. “Vitrine” de la propagande raciale, La Difesa della Razza s’imposa comme le lieu même de fusion du racisme colonial et de l’antisémitisme. La presse fut invitée à y puiser thèmes et matériaux. » (Marie-Anne Matard-Bonucci, « D’une persécution l’autre : racisme colonial et antisémitisme dans l’Italie fasciste », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 2008/3, pp. 124-125).

 

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