mercredi 13 mai 2020

Le soutien réitéré du fraudeur Shahnourh Varinag Aznavourian, dit Charles Aznavour, au terrorisme arménien




« Il était environ 15 h 30, lundi, lorsqu’une violente explosion a secoué le petit immeuble du 8, rue Boudreau, dans le neuvième arrondissement de Paris. Trois niveaux, dont un entresol sur rez-de-chaussée, que se partagent une société de personnel intérimaire, une maison de cravates, le siège parisien de la British Legion et les bureaux d’une agence de voyages spécialisée dans le tourisme en Turquie, la société Marmara. […]
Dans les bureaux de Marmara, au premier étage, Mme Renée Morin, vingt-six ans, célibataire, employée depuis dix-huit mois en qualité de secrétaire, est tuée sur le coup, par la chute du faux plafond de son bureau. Les vitres ont volé en éclats, blessant sans gravité quatre passants, mais la charge explosive, déposée sur le palier du premier, et dont le poids se situerait, selon les premières constatations des experts, entre 500 grammes et 1 kilo, a dégondé la porte blindée de l’agence de voyages, brisé plusieurs cloisons et plafonds et descellé la cage d’escalier, dont plusieurs volées de marches se sont effondrées.
Lors de l’explosion, la colonne de gaz s’est rompue mais, par miracle, ni le feu ni une nouvelle explosion [ce qui aurait tué tout le monde dans l’immeuble] ne se sont déclarés. »

Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, Paris, Presses universitaires de France, 2002, p. 88 :
« Le 15 juillet 1983, l’ASALA revendique l’attentat contre le comptoir de la Turkish Airlines à l’aéroport d’Orly, en France, faisant huit morts et cinquante-six blessés. Jamais dans son histoire la France n’a été aussi durement frappée par le terrorisme. Son président F. Mitterrand dénonce “la violence aveugle et folle”. »

Irène Allier, « Arméniens : les mots et les faits », Le Nouvel Observateur, 27 janvier 1984, p. 31 :
« Depuis quinze ans, dans la communauté arménienne de jeunes terroristes sans souvenirs prennent les armes, la bombe et l’explosif pour venger un crime commis dans un pays qu’ils n’ont jamais vu, plus d’un demi-siècle avant eux. Ceux que juge la cour d’assises de Paris cette semaine [et qui appartiennent à la même organisation que les auteurs de l’attentat d’Orly] se sont, le 24 septembre 1981, emparés du consulat de Turquie à Paris. Ils ont tué un garde, blessé gravement le vice-consul et retenu en otages pendant treize heures une soixantaine de personnes.
[…] Et Charles Aznavour : “Français de naissance et de culture, Arménien de religion, des larmes de ma mère et de la mère de mon père [...], je suis contre toute violence. Mais quand on me demande ce qu’il faut faire, je ne sais que répondre [...]. Je ne peux pas les condamner.” »

« L’interview événement d’Aznavour », Hay Baykar, juillet 1984, p. 11 :
« — Longtemps ignorée en France, la question arménienne y est d’une actualité relativement récente, non ?
— Parce que les Arméniens se sont réveillés. […] Alors, quand on me dit : Vous prétendez être contre la violence, et pourtant vous avez soutenu les quatre accusés du procès de Paris, je réponds : eh ! oui, je suis contre la violence, mais quand il n’y a que la violence pour faire reconnaître les choses, je comprends parfaitement que ces jeunes, qui sont à bout, agissent. Je le déplore [sic], mais je ne peux pas les condamner. 
— C’est ce qui vous a incité à écrire au président de la cour d’assises ?
— Il y avait là quatre garçons de mon sang. Celui qui n’écrivait pas était un lâche.
[…]
— Pourquoi n’avez-vous jamais pris parti ? Je pense à l’ASALA, au MNA [branche politique de l’ASALA en France jusqu’en août 1983, passée aux scissionnistes de l’ASALA-Mouvement révolutionnaire] ?
— À partir du moment où c’est divisé, il m’est impossible d’épouser telle ou telle cause. J’ai des amis arméniens, mais je ne fréquente pas les milieux arméniens. Ce qui me gêne, c’est ça : la division. »

« Gala du comité de soutien aux prisonniers politiques arméniens — Communauté et artistes réunis pour un franc succès », Hay Baykar, 1er avril 1986, p. 4 :
« Près de deux mille personnes ont assisté, dimanche 3 mars [1986] au gala du Comité de soutien aux prisonniers politiques arméniens.
Organiser pour supporter les frais de défense du Comité après les arrestations survenues en novembre, à Paris, de Monté Melkonian [finalement condamné à six ans de prison, dont quatre ans ferme, et une interdiction définitive de territoire, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, détention d’armes, détention d’artifices et d’appareils destinés à l’emploi des explosifs, falsification de documents administratifs et usage de faux documents administratifs], Zépur Kasparian [condamnée à un an de prison ferme et dix ans d’interdiction de territoire pour les mêmes infractions, sauf la dernière] et Benjamin Kéchichian [qui a finalement obtenu un non-lieu], le gala réunissait un prestigieux plateau d’artistes. Ils étaient tous venus gracieusement apporter leur soutien dans la défense des prisonniers politiques arméniens.
[…]
Présidence exceptionnelle pour cette soirée particulière, puisqu’elle était composée de Charles Aznavour, Henri Verneuil et Georges Garvarentz. Bloqués à l’étranger par leurs emplois du temps surchargés, ils avaient accepté cette présidence d’honneur, avec en prime un message de Charles Aznavour : “De tout cœur avec vous pour votre gala. Cette noble cause mérite un franc succès.” »

Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Aznavourian ait soutenu quatre terroristes de l’ASALA, et ce après que cette organisation eut massacré des Français à Paris et Orly, dans un contexte où il était clair comme le jour que les pays où les terroristes arméniens bénéficiaient de la clémence de la justice étaient justement ceux qui étaient, ensuite, le plus frappés par l’ASALA (France et Suisse), ni qu’il ait trouvé ces attentats infiniment moins graves que la division entre terroristes arméniens, ni qu’il ait qualifié de « noble cause » la défense de Monte Melkonian, numéro 2 de l’ASALA au moment de l’attentat qui tua Renée Morin. Bien que bénéficiaire des avantages considérables que procure le système social français, il a été condamné pour fraude fiscale, s’est exilé en Suisse pour ne pas contribuer à la redistribution sociale dans le pays qui avait accueilli — contre toute nécessité économique — sa famille et faisait l’objet, à sa mort, d’une nouvelle enquête pour fraude fiscale. Aznavourian n’aimait ni la France, ni les Français — seulement l’argent qu’il pouvait en retirer, légalement ou pas, peu lui importait. Les Français ne sont pas, pour reprendre ses mots, de « [s]on sang ».

« Le 24 juillet 1976, il démissionne de la SACEM pour adhérer à son équivalent suisse, la Suisa, et quelques mois plus tard, le 3 janvier 1977 "il procédera, aussi discrètement, à la même démarche en sa qualité de compositeur cette fois".
Le 1er décembre, il est inculpé de fraude fiscale. L’administration des finances lui reproche d’avoir éludé le paiement de plus de 3 millions d’impôts entre 1972 et 1973. La presse ne le quitte pas d’une semelle et, au cours de son procès, en juin 1977, il déclare, courroucé : "Pourquoi je suis parti en Suisse ? Je vais vous le dire. Parce que j’en avais ras-le-bol du fisc français, ras-le-bol d’être puni sur mon travail. Depuis près de 20 ans, je suis l’auréole de la France à l’étranger. (...) En France, on taxe les artistes et les créateurs comme si on voulait les faire crever". Un ton qui n’est pas du goût de tout le monde.
Le 29 juin, il est condamné à un an de prison avec sursis et à près de 3 millions de francs d’amende et de dommages et intérêts. Mais le parquet fait appel et le 9 décembre 1977, la cour d’appel de Versailles triple le montant des amendes et dommages et intérêts. Plus de 10 millions de francs. Accablé, il déclare à Danièle Heymann de l’Express : “La liberté, l’égalité, la fraternité, c’est fini”. »

« Charles Aznavour est décédé il y a exactement un an, le 1er octobre 2018. Mais une ombre plane sur le souvenir du chanteur : le fisc français enquête sur certains de ses concerts organisés à l’étranger. Les investigations ont débuté en 2011, après la plainte de deux musiciens qui avaient travaillé avec l’artiste, révèle La Lettre A relayé par Le Figaro.
Deux musiciens, le bassiste Tony Bonfils et le guitariste Jean-Jacques Carmier, avaient porté plainte contre Charles Aznavour et la société française Musarm, qui organisaient les concerts. Ils les accusaient de « travail dissimulé » et de « rupture abusive de contrats de travail ». Les deux musiciens ont depuis conclu un accord avec ceux qu’ils attaquaient et sont aujourd’hui légalement tenus à la discrétion sur l’affaire.

Des bénéfices jamais déclarés
Mais leur plainte et les preuves qu’ils apportaient ont attiré l’attention du fisc français. L’administration s’intéresse particulièrement à certains avoirs d’Adanarts International, une société enregistrée au Panama. Les recettes générées par certains concerts d’Aznavour à l’étranger seraient en effet passées par les caisses de cette entreprise.
La société Musarm, qui organisait ces concerts, n’aurait ainsi pas déclaré tous ses revenus en France. L’entreprise affirme, de son côté, n’avoir géré que des récitals de Charles Aznavour ayant eu lieu en France. La mort du chanteur n’a pas interrompu l’enquête sur ces montages financiers. »

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