mercredi 13 mai 2020

Le soutien partiel de l’islamiste frériste Tariq Ramadan au nationalisme arménien




Jean-Marc « Ara » Toranian, « Interview exclusive de Tariq Ramadan sur la problématique arméno-turque », Les Nouvelles d’Arménie magazine, janvier 2010 :
« Nouvelles d’Arménie Magazine : Connaissez-vous et reconnaissez-vous le génocide des Arméniens ?
Tariq Ramadan : Je le connais et le reconnais. Pour moi, la réalité historique du génocide arménien n’a jamais fait l’ombre d’un doute. […]
NAM : En tant que musulman, comment vous situez-vous par rapport au négationnisme. Ce mode de pensée vous gêne-t-il, vous heurte-t-il ? Comprenez-vous cette position des dirigeants de l’Etat turc à l’égard de ce crime ? Trouvez-vous tolérable qu’ils aient entretenu leur propre peuple dans l’ignorance et le déni ?
T. R. : Je pense tout d’abord que toute attitude qui consiste à nier les faits historiques, est inacceptable et contre-productive. Je me montre toujours très attentif aux termes que l’on emploie. Le négationnisme est extrêmement connoté, mais ce que vous venez de décrire, à savoir des dirigeants qui persistent à refuser la réalité historique, à nier un massacre, un génocide est problématique.
[…]
NAM : Cette dénégation du génocide arménien va-t-elle à l’encontre des principes de votre religion ?
T. R. : La dénégation de faits historiquement avérés est contraire à l’honnêteté intellectuelle exigée par toutes les religions. La dénégation est contre les principes de ma religion et contre les principes de la conscience humaine. »

Tariq Ramadan, Communiqué de presse, 9 février 2012 :
« J’ai lu par ailleurs (« Le Soir » du 08 février 2012) que Mme Caroline Fourest poursuit son entreprise de désinformation sur le mode de ce qu’avait révélé Pascal Boniface dans son livre « Les intellectuels faussaires » (JC Gawsewitch Editeur – 20 mai 2011) : il avait, preuves et arguments à l’appui, qualifié Caroline Fourest de « serial menteuse ». Une fois encore, alors qu’elle s’exprime à l’Université Libre de Bruxelles, elle ose affirmer que cette même université avait décidé, par la voix de son ancien recteur, de ne plus m’inviter à la suite d’une conférence qui « avait tourné au négativisme sur le génocide arménien ». La Direction de l’Université pourra elle-même témoigner que la raison invoquée par Mme Caroline Fourest est une contre-vérité (cela fait longtemps que j’ai reconnu le génocide tout en m’opposant à la loi mémorielle française). J’ai effectivement été écarté par les instances dirigeantes de l’ULB qui ont finalement reconnu leur erreur, et fait marche arrière, sous la pression de professeur(e)s et d’étudiant(e)s et j’ai pu, depuis, intervenir trois fois dans cette même université. »

Cet entretien et ce communiqué sont très cohérents, et de la part de M. Toranian et de la part de M. Ramadan. M. Toranian, quand il dirigeait encore la branche politique, en France, de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA) a soutenu, en 1979, la révolution islamique en Iran, avant certes, de se fâcher avec les mollahs, mais uniquement parce que ceux-ci voulaient, en utilisant les méthodes qui leur sont propres, réduire à la stricte obéissance toutes les organisations arméniennes encore autorisées. Depuis la réconciliation, à la fin des années 1980, entre lesdites organisations (essentiellement la Fédération révolutionnaire arménienne et ses différentes branches) et les mollahs d’une part, et d’autre part l’indépendance de l’Arménie (1991), alliée d’emblée au régime de Téhéran, l’alliance irano-arménienne est rapportée sans aucun commentaire défavorable dans Les Nouvelles d’Arménie magazine et sur leur site, armenews.com Quant à M. Ramadan, en tant que membre (certes parfois critique) des Frères musulmans, il appartient à un courant de pensée dont l’origine est antérieure à la création des Frères en 1928, et dont les premiers représentants étaient violemment hostiles à l’Empire ottoman, y compris à l’époque d’Abdülhamit II.

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