Jean-Marc « Ara »
Toranian, « Interview
exclusive de Tariq Ramadan sur la problématique arméno-turque », Les Nouvelles d’Arménie magazine,
janvier 2010 :
« Nouvelles d’Arménie Magazine : Connaissez-vous et reconnaissez-vous le
génocide des Arméniens ?
Tariq Ramadan : Je le connais et le reconnais. Pour moi, la
réalité historique du génocide arménien n’a jamais fait l’ombre d’un doute. […]
NAM : En tant que musulman, comment vous situez-vous par rapport au
négationnisme. Ce mode de pensée vous gêne-t-il, vous heurte-t-il ? Comprenez-vous
cette position des dirigeants de l’Etat turc à l’égard de ce crime ?
Trouvez-vous tolérable qu’ils aient entretenu leur propre peuple dans
l’ignorance et le déni ?
T. R. : Je pense tout d’abord que toute attitude qui consiste à nier les
faits historiques, est inacceptable et contre-productive. Je me montre
toujours très attentif aux termes que l’on emploie. Le négationnisme est
extrêmement connoté, mais ce que vous venez de décrire, à savoir des dirigeants
qui persistent à refuser la réalité historique, à
nier un massacre, un génocide est problématique.
[…]
NAM : Cette dénégation du génocide arménien va-t-elle à l’encontre des
principes de votre religion ?
T. R. : La dénégation de faits historiquement avérés est contraire à l’honnêteté
intellectuelle exigée par toutes les religions. La dénégation est contre
les principes de ma religion et contre les principes de la conscience humaine. »
Tariq Ramadan, Communiqué
de presse, 9 février 2012 :
« J’ai lu par ailleurs (« Le Soir » du 08 février 2012) que Mme
Caroline Fourest poursuit son
entreprise de désinformation sur le mode de ce qu’avait révélé Pascal
Boniface dans son livre « Les intellectuels faussaires » (JC Gawsewitch Editeur
– 20 mai 2011) : il avait, preuves et arguments à l’appui, qualifié Caroline
Fourest de « serial menteuse ». Une fois encore, alors qu’elle s’exprime à
l’Université Libre de Bruxelles, elle ose affirmer que cette même université
avait décidé, par la voix de son ancien recteur, de ne plus m’inviter à la
suite d’une conférence qui « avait tourné au négativisme sur le génocide
arménien ». La Direction de l’Université pourra elle-même témoigner que la
raison invoquée par Mme Caroline Fourest est une contre-vérité (cela fait longtemps que j’ai reconnu le
génocide tout en m’opposant à la loi mémorielle française). J’ai
effectivement été écarté par les instances dirigeantes de l’ULB qui ont
finalement reconnu leur erreur, et fait marche arrière, sous la pression de
professeur(e)s et d’étudiant(e)s et j’ai pu, depuis, intervenir trois fois dans
cette même université. »
Cet entretien et ce communiqué sont très cohérents, et de la part de M.
Toranian et de la part de M. Ramadan. M. Toranian, quand il dirigeait encore la branche politique, en France, de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA) a soutenu, en
1979, la révolution islamique en Iran, avant certes, de se fâcher avec les
mollahs, mais uniquement parce que ceux-ci voulaient, en utilisant les méthodes
qui leur sont propres, réduire à la stricte obéissance toutes les organisations
arméniennes encore autorisées. Depuis la réconciliation, à
la fin des années 1980, entre lesdites organisations (essentiellement la
Fédération révolutionnaire arménienne et ses différentes branches) et les
mollahs d’une part, et d’autre part l’indépendance de l’Arménie (1991), alliée
d’emblée au régime de Téhéran, l’alliance irano-arménienne est rapportée sans
aucun commentaire défavorable dans Les
Nouvelles d’Arménie magazine et sur leur site, armenews.com Quant à M.
Ramadan, en tant que membre (certes parfois critique) des Frères
musulmans, il appartient à un courant de pensée dont l’origine est antérieure à
la création des Frères en 1928, et dont les premiers représentants étaient
violemment hostiles à l’Empire ottoman, y compris à l’époque d’Abdülhamit II.
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