mercredi 29 avril 2020

La France briando-poincariste contre l’axe FRA-Hoyboun (alliance de nationalistes arméniens et kurdes)





Après le renversement du cabinet Herriot II par le Sénat, en 1926, Raymond Poincaré est rappelé au pouvoir, redevenant président du Conseil et prenant le portefeuille des Finances, jusqu’à ce que sa santé l’empêcher de continuer, en 1929. Aristide Briand reste lui ministre des Affaires étrangères jusqu’en 1932.


Benjamin Thomas White, The Emergence of Minorities in the Middle East The Politics of Community in French Mandate Syria, Édimbourg, Edinburgh University Press, 2011, p. 114 :
« À partir de 1928, quand il fut interdit à Alep, “à la suite de fortes protestations d’Ankara”, le comité [Hoyboun, première organisation nationaliste kurde présentant un certain danger pour la Turquie] devint un instrument pour la coopération kurdo-arménienne, obtenant apparemment des fonds du parti arménien Dachnak [Fédération révolutionnaire arménienne] pour soutenir l’activisme antiturc : ce fut en surveillant cette coopération que les Français purent rapporter, par exemple, que la société arménienne Matossian employait des notables kurdes comme “collecteur d’argents et comme vendeurs” dans la zone frontière [avec la Turquie], leur permettant aussi de mener des activités politiques. L’un de ces Kurdes, Kamran Ali Badr Khan, se plaignit plus tard au consul turc de Beyrouth — lors d’une rencontre étonnamment cordiale — qu’il avait perdu son emploi parce que les Français lui avaient interdit de voyager près de la frontière. Il expliqua aussi que les Français avaient expulsé un de ses frères de Syrie et répondu favorablement à “toutes les demandes présentées par votre gouvernement concernant les mesures à prendre concernant les Kurdes”. »

Charles de Chambrun (ambassadeur de France en Turquie de 1928 à 1933), Traditions et souvenirs, Paris, Flammarion, 1952 :
« M. Briand, au moment où je prenais congé de lui, m’avait retenu familièrement par un bouton de ma jaquette et, de sa voix caressante : “Je vous ai suivi”, dit le ministre des Affaires étrangères, “à Athènes lorsque vous avez arrêté la marche imprudente des Grecs en Bulgarie ; à Vienne, quand vous avez, d’accord avec Mgr Seipel [chancelier autrichien], écarté les menaces d’Anschluss [rattachement de l’Autriche à l’Allemagne]. Je ne vous pas quels sont vos trucs. Chacun a les siens. Tâchez de me régler cette irritante question de la frontière syrienne, qui nous tracasse, et de renouer notre amitié traditionnelle. Restez toujours en contact avec les Turcs d’Anatolie, surveillez les Russes, ménagez les Italiens. Je ne mentionne pas les Anglais, vous êtes dans leurs bonnes grâces. Inutile de m’écrire l’histoire des Turcs en cinq volumes, je la lirai dans les journaux, mais tenez-moi bien au courant de la suite des négociations.” » (pp. 116-117)
« C’est avec lui [Tevfik Rüştü Aras, ministre turc des Affaires étrangères, médecin de profession formé à Montpellier] et sous les auspices du Gazi [Kemal Atatürk] que, de 1929 à 1934, toutes les questions alors en suspens, qui intéressaient la France et le mandat français en Syrie, ont pu être réglées. L’énumération en serait fastidieuse : qu’il suffise de rappeler la délimitation de la frontière syrienne, les accords ferroviaires, les conventions commerciales, le traité d’amitié signé en février 1930 et ratifié en 1933, après le règlement de l’ancienne dette ottomane. » (p. 134)

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