Après le renversement du cabinet Herriot II par le Sénat, en 1926, Raymond
Poincaré est rappelé au pouvoir, redevenant président du Conseil et prenant le
portefeuille des Finances, jusqu’à ce que sa santé l’empêcher de continuer, en
1929. Aristide Briand reste lui ministre des Affaires étrangères jusqu’en 1932.
Benjamin Thomas White, The
Emergence of Minorities in the Middle East The Politics of Community in French
Mandate Syria, Édimbourg, Edinburgh University Press, 2011, p. 114 :
« À partir de 1928, quand il fut interdit à Alep, “à la suite de fortes
protestations d’Ankara”, le comité [Hoyboun, première organisation nationaliste
kurde présentant un certain danger pour la Turquie] devint un instrument pour
la coopération kurdo-arménienne, obtenant apparemment des fonds du parti
arménien Dachnak [Fédération révolutionnaire arménienne] pour soutenir l’activisme
antiturc : ce fut en surveillant cette coopération que les Français purent
rapporter, par exemple, que la société arménienne Matossian employait des
notables kurdes comme “collecteur d’argents et comme vendeurs” dans la zone
frontière [avec la Turquie], leur permettant aussi de mener des activités
politiques. L’un de ces Kurdes, Kamran Ali Badr Khan, se plaignit plus tard au
consul turc de Beyrouth — lors d’une rencontre étonnamment cordiale — qu’il
avait perdu son emploi parce que les Français lui avaient interdit de voyager près de
la frontière. Il expliqua aussi que les Français avaient expulsé un de ses
frères de Syrie et répondu favorablement à “toutes les demandes présentées par
votre gouvernement concernant les mesures à prendre concernant les Kurdes”. »
Charles de Chambrun
(ambassadeur de France en Turquie de 1928 à 1933), Traditions et souvenirs, Paris, Flammarion, 1952 :
« M. Briand, au moment où je prenais congé de lui, m’avait retenu
familièrement par un bouton de ma jaquette et, de sa voix caressante : “Je
vous ai suivi”, dit le ministre des Affaires étrangères, “à Athènes lorsque
vous avez arrêté la marche imprudente des Grecs en Bulgarie ; à Vienne,
quand vous avez, d’accord avec Mgr Seipel [chancelier autrichien],
écarté les menaces d’Anschluss [rattachement de l’Autriche à l’Allemagne]. Je
ne vous pas quels sont vos trucs. Chacun a les siens. Tâchez de me régler cette
irritante question de la frontière syrienne, qui nous tracasse, et de renouer
notre amitié traditionnelle. Restez toujours en contact avec les Turcs d’Anatolie,
surveillez les Russes, ménagez les Italiens. Je ne mentionne pas les Anglais,
vous êtes dans leurs bonnes grâces. Inutile de m’écrire l’histoire des Turcs en
cinq volumes, je la lirai dans les journaux, mais tenez-moi bien au courant de
la suite des négociations.” » (pp. 116-117)
« C’est avec lui [Tevfik Rüştü Aras, ministre turc des Affaires
étrangères, médecin de profession formé à Montpellier] et sous les auspices du
Gazi [Kemal Atatürk] que, de 1929 à 1934, toutes les questions alors en
suspens, qui intéressaient la France et le mandat français en Syrie, ont pu
être réglées. L’énumération en serait fastidieuse : qu’il suffise de
rappeler la délimitation de la frontière syrienne, les accords ferroviaires, les
conventions commerciales, le traité d’amitié signé en février 1930 et ratifié
en 1933, après le règlement de l’ancienne dette ottomane. » (p. 134)
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