vendredi 29 mai 2020

L’assassin Hampig Sassounian échoue pour la sixième fois à obtenir une libération conditionnelle


Manifestation de la Fédération révolutionnaire arménienne, en soutien à son terroriste Hampig Sassounian, aux États-Unis, en 1984.


« Motion envoyée à l’ambassade des U.S.A. à la fin de [la] manifestation pour SASSOUNIAN le 5 mai », Haïstan, mai 1982, p. 8 :
« Monsieur l’ambassadeur,
À la suite de l’attentat contre le Consul général de Turquie à Los Angeles, le 28 janvier dernier, Hampig Sassounian, un jeune Arménien de 19 ans, a été arrêté et emprisonné.
La F.R.A. Nor Seround et les Arméniens de France tiennent à affirmer, au moment où s’ouvre son procès [sic : le procès a eu lieu en 1984] que ni la justice américaine, ni la justice d’un autre pays ne peut juger coupable un Arménien, alors que la Turquie, responsable du génocide des Arméniens (1 500 000 victimes) n’a jamais été condamnée pour son crime.
La communauté arménienne de France a été affectée, d’une part, des attitudes du gouvernement américain et du président Reagan, qui ont condamné sans appel et classé au titre du terrorisme international cet acte de résistance et, d’autre part, des perquisitions illégales [sic : elles n’avaient rien d’illégal] que la Police fédérale américaine a effectuées aux domiciles des Arméniens [comprendre : de membres de la FRA et notamment de sa branche de jeunesse, et de non pas d’un quelconque Michael Kuyumjian, citoyen américain sans histoires et n’ayant jamais appartenu à aucune organisation extrémiste telle que la FRA].
Nous, Arméniens de France, exigeons [sic] la libération immédiate de Hampartsoum [Hampig] Sassounian, ainsi que l’arrêt de l’aide économique et militaire fournie par votre gouvernement à la Turquie, jusqu’à ce que ce pays rétablisse un régime démocratique [on rappellera que l’assassinat de l’ambassadeur İsmail Erez, le 24 octobre 1975, par la branche terroriste de la FRA, a eu lieu à un moment où la Turquie était démocratique, et même relativement instable] et ouvre des négociations pour la restitution des territoires arméniens [des provinces où les Arméniens ottomans étaient minoritaires en 1914, et ce, depuis le XVIe siècle]
Comité central [de la] F.R.A. Nor Seround. »

« LES FAITS EN CAUSE
En 1982, Kemal Arikan, consul général de Turquie à Los Angeles, se rendait en voiture sur son lieu de travail. Harry [Hampig] Sassounian et le coauteur du crime [membres de la Fédération révolutionnaire arménienne et de sa branche terroriste, les Commandos des justiciers du génocide arménien], qui attendaient M. Arikan, s’approchèrent de son véhicule quand il s’arrêta à un croisement et tirèrent plusieurs coups de feu à bout portant, tuant M. Arikan. M. Sassounian et le coauteur du crime s’enfuirent. M. Sassounian fut plus tard arrêté, condamné pour homicide volontaire avec circonstances aggravantes, à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de sûreté de vingt-cinq ans. Le coauteur du crime, lui, a fui notre pays et n’est jamais passé en jugement pour cet acte. M. Sassounian possède une carte de séjour et devra donc être expulsé s’il obtient une libération conditionnelle.

LE DROIT APPLICABLE
La question à laquelle je dois répondre est de savoir si M. Sassounian posera un danger présent à l’ordre public s’il sort de prison. Les circonstances du crime peuvent fournir la preuve de la dangerosité présente quand lorsque le dossier établit également que quelque chose dans les antécédents du détenu avant ou après son incarcération, ou le comportement et l'état mental actuels du détenu, indiquent que les circonstances du crime continuent de prouver une dangerosité présente. En outre, je dois donner “une grande importance à la moindre culpabilité des plus jeunes par rapport aux adultes, les caractéristiques distinctives des jeunes et toute amélioration de la maturité du détenu” lorsqu’il s’agit de savoir si un repris de justice, très jeune au moment des faits, mérite ou non la libération conditionnelle. (Code pénal, § 4801, alinéa c.)

DÉCISION
La Commission des audiences de libération conditionnelle a jugé que M. Sassounian peut bénéficier de la libération conditionnelle, notant que dans son enfance il avait été victime de traumatismes dus à la guerre [civile libanaise] et à des conflits politiques, qu'il avait participé à des programmes d'entraide en prison, qu'il avait beaucoup préparé ce qu’il ferait en cas de de libération conditionnelle, qu'il avait assumé la responsabilité du préjudice qu'il a causé, il a démontré avoir changé, avoir mûri, et qu’il a sérieusement réfléchi à la façon dont ses actions sont perçues par les autres. Le Conseil a conclu qu'il était dans un étant lui permettant d’éviter de recourir [de nouveau] à la violence.
Je reconnais que M. Sassounian a commis ce crime à l'âge de 19 ans, un coupable jeune au moment des faits, et qu'il a depuis été incarcéré pendant 38 ans et qu'il a maintenant 57 ans. J'ai également examiné les circonstances qui ont façonné la vie de M. Sassounian. […]
Je reconnais aussi que M. Sassounian a fait des efforts pour s’amender en prison. […]
J’ai soigneusement examiné le dossier à la recherche de preuves démontrant que la maturité de M. Sassounian s’est accrue, qu’il s’est amendé, et j’ai accordé une grande importance à tous les facteurs pertinents quant à sa moindre culpabilité due à son âge au moment des faits et sa maturation ultérieure en prison. Je félicite M. Sassounian pour ses efforts faits en prison pour s’amender, mais je trouve qu'ils sont contrebalancés par des facteurs négatifs, facteurs qui montrent qu'il n'est toujours pas apte, pour le moment, à la libération conditionnelle.
M. Sassounian et le coauteur du crime ont planifié et exécuté un assassinat d'un diplomate dans un lieu public, un crime qui a eu des répercussions nationales et internationales, notamment en augmentant la menace pour les diplomates et les membres de leurs familles à travers  monde. Lorsque M. Sassounian a tué M. Arikan — qui était un fils, un mari et un père — il a infligé une douleur incommensurable et permanente à la famille de sa victime.
M. Sassounian a reconnu avoir tué M. Arikan en représailles aux actions du pays que M. Arikan a servi, en particulier le génocide de 1,5 million d'Arméniens entre 1915 et 1923, et la négation de la Turquie qui s’en est suivie à ce sujet. Le contexte historique et politique du crime de M. Sassounian ne justifie pas ce dernier. Il alourdit la charge qui incombe à M. Sassounian pour se donner les moyens nécessaires à la maîtrise du risque spécifique qui résulterait de sa remise en liberté.
Je pense que M. Sassounian n'a pas encore démontré qu'il a développé et maintenu les connaissances et les compétences nécessaires pendant une période suffisamment longue. En particulier, je suis préoccupé par le fait que M. Sassounian a continué de sous-estimer la vigilance qui est exigée de lui, maintenant et à l'avenir, pour se conduire d’une manière qui soit de nature à promouvoir l'État de droit et à éviter de fomenter la violence, même par inadvertance.
Pendant de nombreuses années, M. Sassounian a adopté une violente idéologie nationaliste arménienne. En 2012, M. Sassounian a écrit une lettre aux soldats arméniens qui a été publiée dans Hay Zinvor, un journal militaire arménien. Il a écrit: “Je vous promets que lorsque je reviendrai [en Arménie], je voudrai aller, si cela est permis, à la frontière pendant quelques jours, pour la garder et défendre les frontières de notre pays. Je le ferai même lorsque j’aurai atteint un âge avancé […] Je suis un soldat de ma patrie jusqu'au jour de ma mort — c'est quelque chose que mon sang arménien m'a appris. ”
M. Sassounian a reconnu devant la Commission que l'envoi de cette lettre à Hay Zinvor était une “mauvaise décision” mais a déclaré que “dans [son] esprit [il] ne préconisait pas la violence” et il ne pensait pas qu'il y ait quelque chose de violent dans lettre. Il a précédemment affirmé qu'il en avait fini avec la politique.
M. Sassounian peut penser qu’il en “fini avec la politique” mais parce qu'il a choisi de commettre un crime politique et a ciblé une victime de haut niveau, les actions de M. Sassounian auront toujours une portée politique exceptionnelle et seront sujettes à des manipulations à des fins politiques. M. Sassounian n'est pas tenu de désavouer ses convictions politiques pour être jugé apte à la libération conditionnelle. Avant de pouvoir être libéré de prison en toute sécurité, il doit cependant démontrer qu'il comprend parfaitement le lien entre nationalisme et violence, ainsi que les risques pour la sécurité publique qui vont de pair avec sa notoriété.
Le psychologue qui a étudié M. Sassounian en 2019 a noté que s'il était mis en liberté conditionnelle, “il sera probablement expulsé vers l'Arménie, ce qui pourrait présenter plusieurs défis particuliers quant aux risques qu’il représente” et que “[bien] que M. Sassounian nie avoir connaissance des organisations ou des factions arméniennes qui utilisent la violence, le risque d'une association future avec celles-ci pourrait augmenter le risque de violence future de M. Sassounian.” Le clinicien a noté que M. Sassounian semble avoir travaillé pour atténuer ce risque, et je suis encouragé par les efforts récents à cet égard. En 2019, M. Sassounian a fait publier une deuxième lettre dans Hay Zinvor dans laquelle il désavouait ses déclarations de 2012.
De plus, lors de la dernière audience de libération conditionnelle de M. Sassounian, qui s’est également tenue en 2019, il a déclaré à la Commission qu'il n'avait, auparavant, pas pleinement pris en compte l'impact que son nationalisme pouvait avoir, et il a reconnu qu'en raison de la nature de son crime, il était inconvenant pour lui d'écrire quoi que ce soit avec une charge politique qui pourrait être sorti de son contexte. Enfin, je salue les déclarations de M. Sassounian lors de sa dernière audition sur son attachement à la non-violence et son espoir de paix entre les Turcs et les Arméniens.
Ce sont des développements positifs, mais ils sont très récents. Le psychologue évaluateur a également noté que la transformation de M. Sassounian est relativement nouvelle et a écrit : “il est difficile d'ignorer la passion avec laquelle il s'est identifié aux soldats arméniens et impossible de savoir avec certitude que son point de vue sur la question a changé de manière tellement significative en seulement six ans.” M. Sassounian doit continuer à développer sa compréhension de ses facteurs de risque et démontrer un engagement soutenu à éviter les comportements qui pourraient être utilisés pour inciter à la violence ou radicaliser les autres, car lui-même a été radicalisé quand il était jeune.
Après avoir étudié et examiné les éléments de preuve versés au dossier, je pense que M. Sassounian doit faire un travail supplémentaire avant de pouvoir être libéré en toute sécurité. En conséquence, j'estime qu'il représente toujours un risque pour la société s'il est libéré, risque qu’il serait déraisonnable de prendre, et j'infirme la décision de la Commission de libérer M. Sassounian.
GAVIN NEWSOM, gouverneur de l’État de Californie, le 25 mai 2020. »

Soulignons, à ce sujet, que si le déni d’évidence (Hampig Sassounian et ses partisans ont nié sa participation à l’assassinat jusqu’en 2000) n’est plus de mise, et si l’apologie explicite de l’assassinat se fait moins fréquente, à la suite des refus opposés par la Commission des libérations conditionnelles en 2006, 2010 et 2013, le ton pleurard et gémissant reste de mise, sans la moindre espèce d’empathie pour la famille de la victime.

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