Le parti Hintchak est un parti nationaliste arménien créé à Genève en 1887 et qui existe toujours. Son premier programme annonçait expressément l’usage du terrorisme, et ce n’était pas qu’une annonce (nous y reviendrons).
Déclaration du parti Hintchak, citée dans Hay Baykar, 19 avril 1982 :
« Officiellement, nous ne pouvons, pour des raisons compréhensibles,
approuver publiquement les actions de l’ASALA. Cependant, en fait, notre parti
n’est pas contre ces opérations ; au contraire, nous les soutenons. »
Voyons quelques exemples de ces « actions » ainsi « soutenues ».
Christopher Gunn, Secret Armies and Revolutionary Federations. The Rise and Fall of Armenian Political Violence, 1973-1993, thèse de doctorat en histoire, Florida State University,
2014, pp. 221-222 :
« Le 31 juillet |1980], à Athènes, en Grèce, les attentats des terroristes
arméniens sont tombés au plus bas, moralement parlant, lorsque l’agent de
l’ASALA Monte Melkonian a tenté de tuer l’attaché administratif turc en Grèce,
Galip Özmen, 42 ans, et toute sa famille. Dans ce qui est sans doute le plus
brutal de tous les attentats menés contre des diplomates turcs, Galip et sa
fille Neslihan, âgée de 14 ans, ont été tués, tandis que sa femme et son fils
de 17 ans ont été blessés par balles. Melkonian, un Arménien-Américain de
Californie et diplômé de l’université de Californie à Berkeley, qui a commis
cet assassinat, avait rejoint l’ASALA à la fin du mois de mai 1980, après avoir
passé un certain temps dans les milices arméniennes opérant à Beyrouth. Il n’a
jamais été arrêté ou inculpé pour cet acte et les autorités grecques ont confié
à un diplomate américain que la raison pour laquelle les forces de police
européennes n’avaient que si peu de chance d’identifier et d’appréhender les
Arméniens impliqués dans ces homicides était que les méthodes “‘claniques et soudées’
typiques des Arméniens ont rendu extrêmement difficile la tâche d’infiltrer les
groupes clandestins. [Ce à quoi on peut ajouter qu’il s’est trouvé plus de
braillards prêts à manifester pour le terrorisme que de criminels endurcis
prêts à prendre le risque d’être tués par le MIT turc ou le Mossad israélien.]
D’après le récit publié par son frère, Melkonian s’est positionné devant le
bureau de la Turkish Airlines durant la soirée du 31 juillet et quand une
voiture avec des plaques diplomatiques est arrivée, il a vidé le chargeur de
son son arme sur les quatre personnes à l’intérieur. Melkonian a affirmé qu’il
était incapable de voir qui était dans le véhicule, à cause de ses vitres
teintées. Le rapport du Département d’État, fondé sur des témoignages oculaires,
a déclaré que l’assassin avait attendu devant la maison d’Özmen, regardé la
famille monter dans la voiture, puis attaqué. Si l’assassinat d’[Ahmet] Benler
[fils de l’ambassadeur turc aux Pays-Bas, tué en 1979 par les Commandos des
justiciers du génocide arménien] a montré que les terroristes arméniens étaient
désireux d’étendre leurs attaques homicides des représentants de la République
turque aux membres adultes de leur famille [Benler avait 27 ans], Melkonian a
prouvé que la haine instillée par la campagne de propagande arménienne était
suffisante pour justifier le meurtre d’enfants turcs. Même l’acte le plus
condamnable qui se pût imaginer était maintenant justifié par la défense de la
cause. »
« Attentat
contre deux diplomates turcs : un mort, un blessé », Le Monde, 5 mars 1981 :
« Un diplomate turc, M. Resat Morali, trente-sept ans, conseiller de
travail à l'ambassade, a été tué, mercredi 4 mars vers 12 h. 45, de plusieurs
coups de feu à l'angle de la rue du Pasteur-Wagner et de la rue Amelot à Paris
(11e), et son adjoint, M. Tecelli Sari [faute de frappe : Ari],
trente-cinq ans, grièvement blessé [et finalement mort à l’hôpital]. Selon les
premiers témoignages, ce sont deux hommes, tous deux porteurs d'une arme
automatique muni d'un silencieux, qui ont ouvert le feu sur les deux
diplomates.
Cet attentat a été revendiqué dans un coup de téléphone à l'Agence
France-Presse par un correspondant anonyme se réclamant de l'ASALA (Armée
secrète arménienne pour la libération de l'Arménie). »
« L’affaire
du militant arménien arrêté à Paris — Quatre attentats au Liban revendiqués par
des Arméniens contre des bâtiments français », Le Monde, 17 novembre 1981 :
« Pour l’ASALA, Giorgiu [pseudonyme de Monte Melkonian, l’assassin d’enfant
cité ci-dessus, mais dont l’identité est encore inconnue, en 1981, des autorités
françaises] doit être libéré et la pression sur le gouvernement français, qui
avait débuté dès jeudi par des attentats à Beyrouth contre des sociétés
françaises, se fera sentir durant tout le week-end Samedi, l’organisation lance
un ultimatum, menaçant les diplomates français à l’étranger si Giorgiu n’est
pas libéré “avant dimanche 11 heures” [il ne l’est pas : condamné à une
peine légère et expulsé, il revient en France en 1985, est arrêté la même
année, condamné à six ans de prison dont quatre ans ferme en 1986, puis expulsé
définitivement en 1989 ; engagé volontaire dans l’armée arménienne, il est
tué par des soldats azerbaïdjanais en 1993]. Samedi soir, un attentat à l’explosif a lieu sur un parking du septième
arrondissement de Paris. Dimanche, quatre nouveaux attentats ont lieu à
Beyrouth contre des intérêts français. Dimanche toujours, de Beyrouth, l’ASALA
menace de faire exploser en vol des avions d’Air France. »
« Canada
— Attentat contre un diplomate turc », Le Monde, 12 avril 1982 :
« Un conseiller commercial de l'ambassade de Turquie au Canada, M.
Kani Gungor, a été grièvement blessé dans un attentat, jeudi 8 avril, alors
qu'il sortait de son domicile. Atteint de plusieurs balles, M. Gungor a été
hospitalisé et se trouvait toujours, ce vendredi, dans un état critique. Un
porte-parole de l'ambassade de Turquie à Ottawa a accusé l'ASALA, l'Armée
secrète de libération de l'Arménie, d'être responsable de cette action
terroriste. »
Lire aussi :
Un
nostalgique de l’ASALA menace de mort des journalistes français
Monte
Melkonian : assassin d’enfant, criminel de guerre, héros national arménien
Varoujan
Garbidjian : le boucher d’Orly devenu héros national de l’Arménie
La
justification insidieuse ou explicite de l’attentat d’Orly dans la presse
arménienne de France
Quand
Jean-Marc « Ara » Toranian menaçait d’attentats la France de la première
cohabitation (1986)
Patrick
Devedjian (1944-2020) : un soutien constant pour le terrorisme antifrançais et
antiturc
La
haine des Turcs depuis le biberon : le cas Vincent Nioré
L’approbation
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Le
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Turcs,
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