jeudi 30 septembre 2021

Soutien de la proposition de loi Boyer (inconstitutionnelle), Nicolas Sarkozy a été condamné pour financement illégal de campagne électorale

 


 

« Affaire Bygmalion : qui a été condamné et pourquoi ? », Lemonde.fr, 30 septembre 2021 :

« L’UMP est accusée d’avoir organisé un système de fausses factures afin que les dépenses de campagne de Nicolas Sarkozy pour l’élection présidentielle de 2012 restent inférieures au plafond autorisé par la loi.

Une partie des frais occasionnés par la campagne du candidat de la droite n’était pas réglée par l’Association pour le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, comme cela aurait dû être le cas. Bygmalion, l’entreprise prestataire de la campagne, les facturait en réalité à l’UMP, au prétexte d’événements plus ou moins fictifs. Le principe permettait à la campagne de M. Sarkozy de ne pas dépasser le montant de dépenses autorisées, tout en bénéficiant de prestations (l’organisation de meetings notamment) indûment facturées au parti.

Officiellement, au lieu des meetings de campagne, ce sont donc des conventions thématiques organisées pour l’UMP qui ont été facturées. Les révélations successives dans la presse ont montré que ces dernières présentaient un coût largement exagéré. Certaines se sont révélées fictives, mais leurs participants – des élus de l’UMP – n’en ont gardé aucun souvenir, comme le racontait Libération en révélant l’affaire.

L’enquête des juges d’instruction a révélé que le prix réel des 44 meetings organisés par l’agence événementielle Bygmalion avait été drastiquement réduit – 80 % des factures ont disparu – et le reste réglé par l’UMP au nom de conventions fictives du parti.

Le Conseil constitutionnel, confirmant une décision de la Commission nationale des comptes de campagne et du financement de la vie politique, avait invalidé en juillet 2013 les comptes du candidat de l’UMP, constatant un dépassement des plafonds de dépenses autorisés – ce qui avait annulé le remboursement des frais de campagne. Le tribunal a constaté que le montant du dépassement des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy était de 16 247 509 euros.

 

Qui a été jugé par le tribunal correctionnel ?

Les investigations, menées par trois juges parisiens – Serge Tournaire, Roger Le Loire et Renaud Van Ruymbeke – ont abouti à renvoyer devant le tribunal quatorze personnes.

 

Nicolas Sarkozy

L’ex-président de la République, candidat à sa réélection en 2012, était poursuivi pour « financement illégal de campagne électorale », puisqu’il en était le responsable pénal, et que le dépassement massif des dépenses a été documenté et établi par le procès et l’enquête.

 

Dans son ordonnance de renvoi, le juge d’instruction Serge Tournaire a considéré que si l’ancien président « a incontestablement bénéficié des fraudes qui lui ont permis de disposer de moyens bien supérieurs à ceux que la loi autorisait, l’enquête n’a pas établi qu’il les avait ordonnées, ni qu’il y avait participé, ni même qu’il en avait été informé ».

Mais l’accusation a estimé que M. Sarkozy avait laissé filer les dépenses, malgré plusieurs alertes claires sur les risques de dépassement, et donc « incontestablement » bénéficié de la fraude, qui lui a permis de disposer de « moyens bien supérieurs » à ce qu’autorisait la loi à l’époque.

Nicolas Sarkozy, reconnu coupable de « financement illégal de campagne », a été condamné le 30 septembre à un an de prison ferme. Sa peine devrait être aménagée en détention à domicile sous surveillance électronique. Son avocat a annoncé qu’il ferait appel de cette décision. »

 

Rappelons que la proposition de loi Boyer, censurée par le Conseil constitutionnel, est contemporaine des pratiques illicites qui ont valu aux comptes de campagne de M. Sarkozy d’être rejetés par le Conseil constitutionnel en 2013, puis (pour les plus graves, découvertes après coup, grâce aux aveux de Jérôme Lavrilleux, ancien directeur adjoint de la campagne de M. Sarkozy en 2012) de provoquer l’ouverture d’une information judiciaire en 2014.

 

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