mercredi 30 septembre 2020

L’éloge du criminel nazi Garéguine Nejdeh par le Premier ministre arménien Nikol Pachinyan


 Statue de Garéguine Nejdeh à Erevan

 

« Pashinyan, Aliyev Spar Over Karekin Njdeh », Asbarez.com, 11 octobre 2019 :

« Vendredi, le Premier ministre Nikol Pashinyan et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev ont échangé des coups et se sont affrontés verbalement à propos de Garéguine Nejdeh lors d'un sommet des dirigeants de la CEI [Communauté des États indépendants] à Achgabat, au Turkménistan, où Pashinyan a dit à Aliyev de se familiariser avec l'histoire après que le dirigeant azéri eut accusé l'Arménie de “glorifier les fascistes” en référence à Njdeh, un collaborateur des nazis selon lui.

Aliyev a déclenché l'altercation verbale lors du sommet de la CEI en contestant l’érection d’une statue de Njdeh [à Erevan] et en la citant comme un exemple de la glorification des fascistes par l'Arménie. Pashinyan a rapidement déclaré qu'Aliyev déformait l'histoire de l'Arménie et l'a exhorté à l'étudier plus attentivement.

“Le discours d'Ilham Heydarovich laisse penser que [Adolf] Hitler a joué un rôle secondaire et que le mouvement nazi était dirigé par Garéguine Nejdeh” [artifice rhétorique de cour d’école pour éviter de répondre sur le fond], a déclaré Pashinyan, selon Azatutyun.am. “Pourtant, la vérité est que Garéguine Nejdeh s'est battu contre l'occupation turque de l'Arménie, contre le génocide des Arméniens et […] a également commandé, avec de nombreux officiers russes, une section très importante de la ligne de front pendant la guerre arméno-turque en 1918.”

Dans ses remarques, Pashinyan a dépeint Nejdeh comme une victime des répressions politiques de Staline. “Njdeh est mort dans la prison de Vladimir [en 1955]”, a-t-il dit. “De nombreuses personnalités soviétiques importantes sont mortes dans la prison de Vladimir et [l'écrivain Aleksandr] Soljenitsyne était dans le Goulag. Considérons-nous tout le monde emprisonné de 1937 aux années 1950 comme des prisonniers politiques?” »

 

Sur Nejdeh, ses idées, ses crimes et leur contexte :

La popularité du fascisme italien et du nazisme dans la diaspora arménienne et en Arménie même

Les activités collaborationnistes de Garéguine Njdeh en Bulgarie

L’arménophilie d’Alfred Rosenberg

L’arménophilie de Johann von Leers

Paul Chack : d’un conservatisme républicain, philosémite et turcophile à une extrême droite collaborationniste, antisémite, turcophobe et arménophile

L’arménophilie de Lauro Mainardi

L’arménophilie vichyste d’André Faillet — en osmose avec l’arménophilie mussolinienne et collaborationniste

Les massacres de musulmans et de juifs anatoliens par les nationalistes arméniens (1914-1918)

L’exaspération de Lord Curzon face à la politique de purification ethnique mise en œuvre par l’Arménie (1920)

 

Et par contraste :

La turcophilie de Pierre Loti vue par l’antifasciste Victor Snell

mardi 29 septembre 2020

L’effondrement de la République d’Arménie à l’automne 1920 et ses causes

 


 

Hovannès Katchaznouni (Premier ministre arménien de 1918 à 1919), The Armenian Revolutionary Federation Has Nothing to Do Anymore, New York, Armenian Information Service, 1955 (1re édition, en arménien, 1923) :

« Malgré ces hypothèses, il reste un fait irréfutable : c’est que nous n’avons pas fait tout ce qui était nécessaire afin d’éviter la guerre. Nous aurions dû employer un langage de paix avec les Turcs, que ce fût avec succès ou non, or ce n’est pas ce que nous avons fait. Nous ne l’avons pas fait pour une raison simple — et non moins fautive —, c’est que nous n’avions pas d’informations sur la force réelle de l’armée turque et que nous nous fiions à la nôtre. Là était l’erreur fondamentale. Nous n’avions pas peur de la guerre car nous pensions que nous la gagnerions. Avec la négligence d’hommes inexpérimentés et ignorants, nous ne savions pas quelles forces la Turquie avait rassemblées à nos frontières. Quand les escarmouches commencèrent [en septembre 1920], les Turcs proposèrent de nous rencontrer et de conférer. Nous ne l’avons pas fait et nous les avons défiés. »

 

Georges Labourel, « Impressions de Turquie — Le vrai péril », Le Gaulois, 20 décembre 1920, p. 2 :

« À part un ou deux hommes de valeur, les hommes d’État arméniens sont des instituteurs que leur niveau de culture met à peine dans l’état de gérer un chef-lieu de canton. Ce sont des Arméniens qui m’ont donné ces renseignements, et c’est plus que symptomatique les Arméniens intelligents ne croient pas à l’Arménie. L’emprunt national, par exemple, lancé à grand fracas de publicité, n’a produit qu’une somme dérisoire.

Les origines de la courte campagne entre Arméniens et nationalistes rétablit d’ailleurs les faits sous leur jour véritable : les nationalistes [turcs] ne sont entrés en campagne que sur les provocations de leurs voisins, brûlant les villages musulmans et massacrant les habitants. Des membres de la mission américaine de Kars en ont été les témoins. Il est prouvé par contre que les nationalistes [turcs] — par calcul politique sans doute — n’ont pas commis d’atrocités pendant leur avance.

On sait ce qu’a été cette guerre de trois semaines : simple promenade militaire des kémalistes. L’armée arménienne, sans cadres, peu instruite, et qui, surtout, ne tenait pas à se battre, malgré des communiqués ronflants, sans même chercher à sauver les munitions que venait de lui envoyer la France, ou les stocks de farine donnés par l’Amérique. »

 

Herbert Hoover (à l’époque responsable du Service d’assistance de l’État fédéral américain), The Memoirs of Herbert Hoover, tome I, Years of Adventure, 1874-1920, New York, The MacMillan Company, 1951, p. 387 :

« La République arménienne n'était même pas l'ombre d'un gouvernement. Le président Khodissian [Khatissian]  était un honnête homme qui avait acquis sa seule expérience gouvernementale comme maire de Tiflis. Les soi-disant ministres n'avaient jamais eu la moindre expérience administrative. Ils étaient incompétents ou corrompus et animés par des opinions politiques très variables, qui produisaient un nouveau cabinet au bout de quelques semaines. Ils étaient tous, y compris le président, tout simplement stupéfaits et impuissants face aux problèmes qu’ils devaient résoudre. Si quelqu'un veut des sources pour un traité sur le malheur humain, l'intrigue, la guerre, le massacre, l'incompétence et la malhonnêteté, il peut en trouver de nombreuses dans la masse des rapports remis par nos officiers américains. »

 

Serge Afanasyan, L’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie, de l’indépendance à l’instauration du pouvoir soviétique (1917-1923), Paris, L’Harmattan, 1981 :

« L’intervention militaire turque inquiète Moscou. Malgré la décision de soutenir le mouvement kémaliste contre l’Entente, prise après le congrès de Bakou, les Soviets ne s’attendaient pas à une action aussi prompte contre l’Arménie, et voyaient derrière l’action de Kémal se profiler l’ombre de l’Entente, qui pourrait par la suite en profiter pour l’appuyer contre les Soviets. D’un autre côté, l’Arménie ne servait-elle pas les “intérêts impérialistes” ? Décidément, la position de Moscou était inconfortable. » (p. 137)

« À Moscou, on est d’ailleurs persuadé, après le rapport adressé le 8 octobre [1920] par Ordjonikidzé, que la chute du gouvernement dachnak est imminente. Le 14 octobre, sur proposition de Tchitchérine, le Politburo [principal organe décisionnaire de la Russie soviétique], “en accord avec le P.C. d’Arménie et le C.C. [comité central] du Kavburo”, juge nécessaire de : a) prendre des mesures énergiques afin d’instaurer le pouvoir soviétique en Arménie ; b) accorder à l’Arménie un appui politique afin d’arrêter l’avance des Turcs ; c) soutenir le nouveau pouvoir soviétique. » (p. 140)

 

Richard G. Hovannisian, The Republic of Armenia, tome IV, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 1996, p. 258 :

« L’instinct de survie causa des scènes de pandémonium, lorsque que des soldats, abandonnant leurs positions et jetant leurs armes, se ruèrent à la tête de la multitude essayant de traverser la gorge. Des cavaliers sont passés sur le corps de civils, et certains soldats ont enlevé leurs uniformes puis se sont cachés sous les lits de camp, ou dans les placards des orphelinats et des hôpitaux américains. Le Dr Edward Fox, le médecin [américain] responsable du Near East Relief à Kars, a commenté avec dégoût la lâcheté méprisable des soldats arméniens et le manque de fiabilité des Arméniens [du Caucase] en général [à cette époque-là] : “N’importe qui serait pro-turc après avoir travaillé avec les Arméniens pendant un an, en ayant vu comment ils se sont comportés et en s’étant rendu compte que ce sont des menteurs et des voleurs.” »

 

Lire aussi :

Non, il n’y a pas eu de « massacre d’Arméniens » à Kars en 1920 (ce fut le contraire)

L’exaspération de Lord Curzon face à la politique de purification ethnique mise en œuvre par l’Arménie (1920)

Turcs, Arméniens : les violences et souffrances de guerre vues par des Français

Le général Kâzım Karabekir et les Arméniens

Les combattants arméniens à Erzurum (1918) : lâcheté et massacres de civils

Cinq témoignages américains contredisant la prétendue « extermination des chrétiens du Pont-Euxin » en 1921

Les effets catastrophiques produits en Arménie par l’absence de culture d’État et les traditions complotistes

lundi 28 septembre 2020

La place tenue par l’accusation de « génocide arménien » dans le discours soralien


 


Lucien Guyénot, « Combien de guerres mondiales pour Sion ? », Egaliteetreconciliation.fr, 17 mars 2016 :

« Peu avant le déclenchement de la guerre mondiale, en 1908, le Sultan Abdülhamid II [qui s’entendait bien avec Theodore Herzl, au point de l’avoir décoré, qui fut vitupéré par l’antisémite Édouard Drumont et présenté par la très antijuive Assiette au beurre comme l’ami des banquiers juifs ; mais M. Guyénot esquive la question] aura été acculé à la capitulation par la révolution laïque [la laïcité n’est devenue importante dans le programme des Jeunes-Turcs qu’à partir de 1917, après le retrait de Sait Halim Pacha] des Jeunes Turcs, le mouvement qu’Herzl envisageait de mobiliser dès 1900. Les Jeunes Turcs sont un mouvement originaire de Salonique et largement dirigé par d’“ardents Dönmeh” [affirmation foncièrement inexacte : voir le commentaire ci-après] qui, bien qu’officiellement musulmans, “avaient pour vrai prophète Sabbataï Tsevi, le messie de Smyrne”, selon le rabbin Joachim Prinz [16] [ce rabbin l’a peut-être écrit mais c’est, au mieux, exagéré]. On sait qu’après avoir attiré dans leur révolution les Arméniens par la promesse d’une autonomie politique [à la différence de l’Entente libérale, le Comité Union et progrès, le CUP, n’a jamais promis d’autonomie aux Arméniens, lesquels ont joué un rôle négligeable dans la révolution de juillet 1908], et une fois au pouvoir, les Jeunes Turcs [parmi lesquels se trouvaient des Arméniens, comme Bedros Hallaçyan et Artin Boşgezenyan, puisque la solution du CUP était l’ottomanisme] réprimèrent l’aspiration nationaliste de ces mêmes Arméniens par l’extermination d’un million deux cent mille d’entre eux en 1915-1916 [manipulation statistique empruntée à l’urologue Yves Ternon, lequel ne répugne pas à citer un autre adepte de la théorie du « complot judéo-maçonnique », Paul de Rémusat : M. Guyénot sait manifestement chez qui il se fournit]. Une ancienne et vivace tradition rabbinique assimilait les Arméniens aux Amalécites [inversion des rôles : ce sont des Arméniens d’Ankara qui ont importé en Anatolie l’accusation de « crimes rituels », dès le XVIe siècle], premiers ennemis des Hébreux sur le chemin de Canaan, dont Yahvé déclare vouloir “effacer le souvenir de dessous les cieux” (Ex 17.14 et De 25.19), et exterminer, “hommes et femmes, enfants et nourrissons, bœufs et brebis, chameaux et ânes” (1 S 15.3) [17].

À partir du moment où fut décidée la chute de l’Empire ottoman, celui-ci a donc été soumis à deux types d’agression : d’une part, une agression interne, sous la forme d’une révolution préparée par un réseau crypto-juif redoutablement efficace [c’est du Comité Union et progrès qu’il parle, alors même que le but premier de parti était justement la sauvegarde de l’Empire ottoman…], d’autre part, une agression externe sous la forme d’une guerre mondiale orchestrée par un autre réseau juif opérant de façon également largement occulte, mais depuis l’Angleterre et les États-Unis [la fraction de sionistes qui a choisi l’Entente n’a presque jamais choisi l’action occulte, son rôle dans la défaite ottomane a été négligeable et David Ben Gourion a soutenu l’Empire ottoman jusqu’en 1917, préférant une province juive autonome dans l’Empire ottoman à toute espèce de rapprochement avec des gouvernements alliés à la Russie des pogromes]. »

 

J’ai déjà rappelé que la présence, au Comité Union et progrès, des dönmes (rameau de l’islam constitué par des descendants de Juifs convertis, et qui n’a jamais dissimulé ses spécificités par rapport au sunnisme) a été follement exagérée : parmi eux, seul Cavit Bey a joué un rôle de premier plan, comme ministre des Finances. Par ailleurs, M. Guyénot maîtrise tellement bien son sujet qu’il donne, comme illustration, une capture d’écran tirée d’un film de fiction, Ravished Armenia, lui-même tiré d’un livre fondé sur « l’interprétation » (par un missionnaire américain qui ne parlait pas l’arménien au-delà de quelques mots) du témoignage d’une réfugiée arménienne qui ne parlait (à l’époque) ni l’anglais, ni le français ni l’allemand (mais même dans ce livre, il n’est jamais question de crucifixions, contrairement au film). L’autre image montre des insurgés condamnés à mort et décapités, bien avant 1915.

Si M. Guyénot n’avait pas eu le courage de signer, en 2016, ce texte (dont je ne m’infligerai pas le tâche d’une réfutation paragraphe par paragraphe, le passage pertinent pour ce blog suffit pour juger de son sérieux), depuis, il semble s’être enhardi, puisque non seulement son nom a été ajouté mais encore a-t-il commis un livre, publié bien entendu par la maison d’édition d’Alain Soral (la description mêle l’antijudaïsme le plus éculé à un « antisionisme » radical), et tout récemment un article tendant à réhabiliter, au moins partiellement, le nazisme, tout en faisant un clin d’œil aux négationnistes (les vrais, ceux qui nient l’existence de la Shoah). Tout cela est parfaitement cohérent, étant donné l’arménophilie nazie.

Ce n’est donc pas un obscur commentateur en bas d’article qui est cité ici, mais un élément du soralisme qui prend de plus en plus d’importance depuis 2016 (dans un contexte où le caractère difficile de M. Soral et l’accumulation des condamnations lui font perdre des militants, le plus connu étant Vincent Lapierre). Sans surprise, ceux qui n’ont que « négationnisme » et « fascisme turc » à la bouche n’ont jamais jugé bon de rédiger ne fût-ce qu’une ligne sur le thème « Pas en notre nom ».

 

Lire aussi, sur l’arrière-plan historique de ces théories du complot :

Paul de Rémusat (alias Paul du Véou) : un tenant du « complot judéo-maçonnique », un agent d’influence de l’Italie fasciste et une référence pour le nationalisme arménien contemporain

L’helléniste Bertrand Bareilles : arménophilie, turcophobie et antisémitisme (ensemble connu)

La grécophilie, l’arménophilie et l’antijudéomaçonnisme fort peu désintéressés de Michel Paillarès

De l’anarchisme au fascisme, les alliance très variables d’Archag Tchobanian

L'arménophilie de Johann von Leers

L'arménophilie de Paul Rohrbach

Paul Chack : d’un conservatisme républicain, philosémite et turcophile à une extrême droite collaborationniste, antisémite, turcophobe et arménophile

Camille Mauclair : tournant réactionnaire, antisémitisme, turcophobie, soutien à la cause arménienne, vichysme

L'"antisionisme" de la mouvance ASALA

Hagop Hagopian (futur dirigeant de l’ASALA) et le massacre des athlètes israéliens à Munich

 

Sur leur actualité :

Alain Soral de nouveau mis en examen : rappels sur Jean Varoujan Sirapian et le soralisme

La Fédération révolutionnaire arménienne et l’extrême droite mégrétiste

Le problème du négationnisme (le vrai) en Arménie

Aram Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien en 2020

 

Et sur l’accusation de « génocide arménien » :

La nature contre-insurrectionnelle du déplacement forcé d’Arméniens ottomans en 1915

Première Guerre mondiale : les efforts pour ravitailler et aider les déportés arméniens

Le rôle des Arméniens loyalistes dans l’Empire ottoman durant la Première Guerre mondiale

Tahsin Bey : protecteur des Arméniens, homme de confiance de Talat Paşa et membre de l'Organisation Spéciale

Les massacres de musulmans et de juifs anatoliens par les nationalistes arméniens (1914-1918)

mercredi 16 septembre 2020

Le terroriste arménien Jean-Marc « Ara » Toranian défend le terroriste du PKK Mehmet Yalçın


Jean-Marc « Ara » Toranian avec l’assassin d’enfant Monte Melkonian


Je ferai un jour une mise au point sur la précocité des liens entre les terroristes de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA), dont M. Toranian a été l’une des principales figures, en France, de 1976 à 1983, avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mais d’ici là, l’actualité s’impose :

 

Jean-Marc « Ara » Toranian, « Communiqué du CDK-F », armenews.com, 16 septembre 2020 :

« Arrêté à son domicile de Bordeaux, mardi matin, par une trentaine de policiers, Mehmet Yalçin a été conduit à l’aéroport, puis envoyé par avion dans un centre de rétention administrative proche de Roissy (Mesnil Amelot, dans le 77), en vue d’une expulsion imminente vers la Turquie. En 2019, il avait été condamné par la justice française à deux ans de prison, pour de soi-disant [sic : confusion des incultes entre « soi-disant » et « prétendus » et atteinte à l’autorité de la chose jugée] liens avec le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK). [...]

Jusqu’où va aller la France dans ce harcèlement judiciaire et administratif à l’encontre des Kurdes ? Que cherche-t-elle à faire dans un moment où les tensions avec la Turquie sont au plus haut, à tel point que le Sultan Erdogan menace directement le président Macron ? Veut-on sacrifier Mehmet Yalçin pour apaiser les tensions entre la France et la Turquie ?

Nous demandons instamment aux autorités françaises d’abroger, sans plus attendre, l’ordre d’expulsion de M. Yalcin et d’accorder à celui-ci un droit de séjour afin que lui et sa famille puissent vivre en France dans des conditions dignes. [...]

 par Ara Toranian le mercredi 16 septembre 2020 »

 

 

« Réfugié à Bordeaux, un militant kurde sur le point d’être livré à Erdoğan », Rue89.com, 15 septembre 2020 :

« Sur ce sujet, la réponse de la Préfecture de Gironde nous est parvenue par écrit ce mercredi qui dément le caractère suspensif de la nouvelle demande de réexamen :

Monsieur Yalcin est débouté de sa demande d’asile qui a fait l’objet de plusieurs examens par l’Ofpra et la Cnda en 2007, 2019 et 2020. Quatre mesures d’éloignement ont été prises le concernant. Il n’a pas contesté la première et les 3 autres ont été confirmées par le Tribunal administratif.

L’exécution de la dernière obligation de quitter le territoire (décision du Tribunal administratif du 28 juin 2020) implique sa reconduite en Turquie et une impossibilité de retour sur le territoire pendant deux ans. Compte tenu de l’ensemble des procédures, une nouvelle demande réexamen n’a pas de caractère suspensif. »

 

On notera évidemment le titre infâme de Rue89 — site gauchiste, aussi turcophobe qu’israélophobe, ce qui n’a rien d’étonnant.

  

Lire aussi :

Le 11 septembre, le terroriste Jean-Marc « Ara » Toranian publie un double hommage à deux autres terroristes

Quand la police française enquêtait sur le financement de l’ASALA, elle entendait le nom de Jean-Marc « Ara » Toranian

L’ASALA et ses scissionnistes contre la France socialiste de François Mitterrand

Quand Jean-Marc « Ara » Toranian menaçait d’attentats la France de la première cohabitation (1986)

Le nazi Alois Brunner et les Kurdes du PKK

En plein délire complotiste et antisémite, Abdullah Öcalan (PKK) déclare que l'Etat islamique est un "projet israélien"

Les terroristes d'extrême gauche palestiniens du FPLP expriment leur soutien au PKK-YPG à Kobanê


vendredi 11 septembre 2020

Le 11 septembre, le terroriste Jean-Marc « Ara » Toranian publie un double hommage à deux autres terroristes


 

 

Jean-Marc « Ara » Toranian, « Mort du combattant Abraham Tovmassian », armenews.com, 11 septembre 2020 :

« L’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie est profondément attristée

L’un des combattants de la liberté, Abraham Tovmasyan, vient de décéder au Liban des suites d’un accident de voiture qui a eu lieu le samedi 5 septembre 2020.

Deux semaines seulement après la mort du camarade Hagop Taghlian à Erbil, cette nouvelle perte est lourde pour notre organisation.

Le camarade Abraham a rejoint l’ASALA au début des années 80.

Après une formation appropriée dans l’une des bases militaires de l’organisation, il a fait beaucoup pour notre combat.

Il a été notamment actif dans les années 80 en Europe.

Le 22 janvier 1983, il avait lancé une grenade dans les locaux Turkish Airlines à Paris, dans le cadre de l’opération « Shabin Garahisar ». Une action pour laquelle il a été condamné à 2 ans et demi de prison.

De retour au Liban dans les premiers jours de 1985, il a poursuivi sa lutte dans le cadre du Mouvement populaire arménien.

Le camarade Abraham Tovmasyan était modeste, aimait le service, il était toujours prêt, avec une dévotion inébranlable, à s’acquitter des responsabilités les plus difficiles qui lui étaient assignées.

Le nom de ce militant arménien, qui a contribué à la lutte de libération, continuera à briller dans l’histoire [sic !].

Un service commémoratif aura lieu à la mémoire du camarade Abraham lundi 14 septembre, à 14h00, au Panthéon d’Erevan à Yerablur.

La mémoire du camarade Abraham Tovmasyan restera vivante au sein de ses amis idéologiques.

 

Armée Secrète Arménienne pour la Libération de l’Arménie

 

Obsèques de Hagop Daghlian au mémorial de Yerablour à Erevan

Hagop Daghlian qui avait rejoint l’ASALA à la fin des années 80 est décédé à Erbil, au Kurdistan Irakien, à l’âge de 50 ans, des suites du Coronavirus. Il aurait notamment contribué à l’effort de ravitaillement en armement des forces arméniennes d’Artsakh.

 

[Suivent des photos que je ne reproduis pas ici, ne sachant pas si elles sont libres de droits]

par Ara Toranian le vendredi 11 septembre 2020 »

 

Monte Melkonian (numéro 2 de l’ASALA jusqu’en juillet 1983, meneur de la scission rejointe par Jean-Marc « Ara » Toranian le mois suivant), The Reality (brochure), 1984, traduite dans « La chute de la maison Hagop », Notes et études de l’Institut de criminologie de Paris, n° 11-12, août-octobre 1989 :

« […] Abraham Tomasian [Tovmassian] fut donc chargé d'une “opération suicide” : faire exploser deux grenades dans les bureaux parisiens de Turkish Airlines. Seule l'ignorance de Moujahid [Hagop Hagopian, dirigeant de l’ASALA] et de Varoujan [Garbidjian, condamné à perpétuité en 1985, pour l’attentat d’Orly du 15 juillet 1983] en matière d'armement sauva la vie d'Abraham : ils lui avaient remis des grenades offensives, non mortelles le plus souvent, au lieu de grenades à fragmentation; elles explosèrent donc sans faire de blessés. Moujahid n'en prétendit pas moins, dans un communiqué, qu'il y avait eu de nombreuses victimes. L'action suivante fut, elle, un “succès” comme Moujahid en espérait un. A la fin février une bombe explosa dans les bureaux de l'agence touristique parisienne Marmara, tuant une Française [Renée Morin] de vingt-cinq ans. L'opération était conduite comme “réponse de l'Asala au fascisme turc”. Inutile de dire que ces deux actions eurent des retombées très négatives. »

 

On relèvera que M. Toranian, chef de la branche « politique » de l’ASALA en France jusqu’à la scission de l’été 1983, se montre remarquablement peu rancunier, dès lors qu’il s’agit d’un terroriste arménien.

 

« Nouveau “comité” : Hagopian avance ses pions », Hay Baykar, 15 décembre 1984, p. 7 :

« Depuis le mois d’avril, Jorouvourtaïn Haïastan, le journal de Moujadeh Hagopian, basé en Grèce, l’annonçait entre deux insultes et calomnies dirigées contre le MNA [Mouvement national arménien, branche « politique » de l’ASALA jusqu’à l’été 1983] : un nouveau comité pour les [terroristes] prisonniers allait être créé en France. Et voilà qui est fait : sous l’égide du pasteur Helvadjian de Marseille et avec la participation de [l’avocat] Raffi Pechdimaldjian, Sonia Vanérian (Tallon), Sarkis Tekkian, vient d’être mis[e] sur pied une nouvelle association baptisée pompeusement : “Comité central de soutien aux prisonniers politiques arméniens”. À ne pas confondre avec le CSPPA (Comité de soutien aux prisonniers politiques arméniens), qui mène son action en France et à l’étranger depuis plus de quatre ans [sous la direction de Jean-Marc « Ara » Toranian].

On ne peut comprendre les raisons de l’émergence de ce nouveau comité qu’à partir de la scission de l’ASALA et de velléité de Moujahed [Hagopian] de reconquérir une influence dans la diaspora. […]

Le duo Helvadjian-Pechdimaldjian, spécialiste de calomnies en tous genres contre le MNA, entreprend de rallier à lui les [terroristes] prisonniers. Ils n’auront aucun mal à rallier Garbidjian, bras droit de Moujahed, et qui d’ailleurs le revendique. Ni non plus Thomassian [Tovmassian], qui est venu en France sous les ordres de Hagopian et qu’il reconnaît comme son chef. […]

Pourquoi Garbidjian et Thomassian, qui se sont toujours revendiqué de Moujahed, ont-ils donc accepté pendant plus d’un an [1983-1984] l’aide juridique du CSPPA ? Depuis quand les “révolutionnaires purs et durs” acceptent-ils l’aide des “traîtres” ? »

 

De la même façon, M. Toranian, qui avait dit et répété, à l’époque, que la tentative d’assassinat contre lui, en décembre 1983, était l’œuvre d’Hagop Hagopian et de ses hommes, qui ne lui pardonnaient pas d’avoir rejoint la scission menée par Monte Melkonian, prétend de nos jours que cet attentat serait l’œuvre du nationaliste turc Abdullah Çatlı, affirmation parfaitement bouffonne, car si Çatlı avait voulu l’envoyer auprès de ses ancêtres, il l’aurait abattu, au lieu de mettre une bombe mal réglée sous sa voiture (ce qui est au contraire la signature de l’ASALA, terroristes aussi fanatiques que ceux d’Al-Qaïda ou de l’organisation État islamique, mais intellectuellement inférieurs).

 

Lire aussi :

Les rapports très changeants de Jean-Marc « Ara » Toranian avec des « fascistes »

Quand la police française enquêtait sur le financement de l’ASALA, elle entendait le nom de Jean-Marc « Ara » Toranian

Janvier 1984 : la police de la République met au pas les énergumènes de Jean-Marc « Ara » Toranian

L’ASALA et ses scissionnistes contre la France socialiste de François Mitterrand

Quand Jean-Marc « Ara » Toranian menaçait d’attentats la France de la première cohabitation (1986)

Avril 2001 : le boucher d’Orly libéré après le vote de la loi inconstitutionnelle « portant reconnaissance du génocide arménien »

L’approbation du terrorisme par les polygraphes de la cause arménienne

samedi 5 septembre 2020

Hagop Hagopian (futur dirigeant de l’ASALA) et le massacre des athlètes israéliens à Munich

 


 

« Hagop Hagopian is said to have been part of 1972 terror attack at Munich Olympic Games », The Armenian Reporter (journal newyorkais favorable à l’ASALA jusqu’à la tuerie de l’aéroport d’Ankara-Esenboğa, en 1982), 7 février 1985, p. 1 :

« Hagop Hagopian, alias Mihran Mihranian et “Mojahed” aurait pris part à l’attentat terroriste contre les athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de 1972, organisés à Munich (Allemagne de l’ouest), selon des articles parus dans la presse française. 

Le Matin, quotidien influent de Paris, se fondant sur des sources non identifiées, a affirmé, la semaine dernière, qu’Hagop Hagopian, fondateur de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA) et meneur d’une de ses factions [après la scission de l’été 1983] était parmi les terroristes arabes qui ont attaqué la résidence des athlètes israéliens lors des jeux olympiques de Munich. L’attentat fut plus tard présenté comme “le massacre de Munich”, nombre des athlètes [visés] ayant été tués. »

 

« Turks Quietly Hit Back at Armenians », The Washington Post, 11 mai 1988 :

« De nouvelles preuves indiquent qu’il [Hagop Hagopian] a fait partie de l’équipe responsable du massacre des athlètes israéliens lors des jeux olympiques de Munich, en 1972. »

 

Rappelons au passage qu’Hagopian (tué en 1988, très probablement à la suite d’une rivalité interne à l’ASALA) avait simulé la mort en 1982, pour échapper à l’armée israélienne (qui intervenait alors au Liban, où il vivait) et que le journal de Jean-Marc « Ara » Toranian avait fait l’éloge du faux défunt (avec qui il n’était pas encore fâché).

 

« La mort d’Hagop Hagopian », Hay Baykar, 15 septembre 1982, p. 6 :

« Hagop Hagopian [dirigeant de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie, ASALA] est mort.

Avec lui disparaît un héros de la cause arménienne, un précurseur de cette lutte et de cette avant-garde symbolisée par l’ASALA. […]

Pourtant, si mourir à Beyrouth fut une réalité pour des milliers de Libanais et de Palestiniens, ce fut le cas aussi de nombreux Arméniens qui ont — contrairement à d’autres [allusion aux Arméniens catholiques engagés dans les Phalanges libanaises, alliées à Israël, et à la Fédération révolutionnaire arménienne, neutre pendant la guerre civile] — refusé de subir l’agression israélienne sans réagir. Par solidarité, mais également pour sauvegarder leur dignité d’Arméniens et de combattants. Les bombes israéliennes, en pilonnant le siège de l’ASALA, ne faisaient qu’exécuter un accord existant entre les États turcs et hébreu, accord visant, en vertu d’intérêts communs, à “extirper la gangrène révolutionnaire du Moyen-Orient. »

 

Lire aussi :

L'"antisionisme" de la mouvance ASALA

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Janvier 1984 : la police de la République met au pas les énergumènes de Jean-Marc « Ara » Toranian

Avril 2001 : le boucher d’Orly libéré après le vote de la loi inconstitutionnelle « portant reconnaissance du génocide arménien »

Aram Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien en 2020

9 août 2020 : nouvelle manifestation de soutien à l’Azerbaïdjan en Israël

vendredi 4 septembre 2020

L’helléniste Bertrand Bareilles : arménophilie, turcophobie et antisémitisme (ensemble connu)

 


 

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le thème complotiste des « banquiers juifs derrière le sultan Abdülhamit II », devenu le « complot judéo-maçonnique derrière les Jeunes-Turcs », il est préférable de commencer par lire ce qui a déjà été expliqué ici sur Paul de Rémusat (au moins la citation de Bernard Lewis). Cette fois-ci, l’exemple choisi est Betrand Bareilles (1859-1933).

 

Bertrand Bareilles, Les Turcs, Paris, Perrin, 1917, pp. XII-XIII :

« Deux voies s'offraient aux Turcs et aux Mongols, à ce flot qui débordait sur le monde civilisé : embrasser l'Islam ou se faire chrétiens. L'âme grossière des Djagalhaïs ne pouvait comprendre les spéculations philosophiques du monde civilisé, elle opta pour la religion la plus tolérante, l'interpréta suivant les instincts brutaux de sa race et c'est à corps perdu qu'elle se plongea dans la barbarie.

Par ses fautes et ses faiblesses, la pourpre romaine avait compromis la civilisation et l'Empire au moment où Mahomet s'était levé, faisant renaître les principes asiatiques des vieux âges. La Loi avait anéanti le Mazdéisme, religion pure, et converti par la force les Aryens de l'Iran à ses vues. Elle allait peu à peu dominer sur le monde grec quand les Turcs sont apparus, avides de conquêtes et de jouissances, musulmans eux aussi, mais Turcs avant tout, c'est-à-dire égoïstes, cruels, ne possédant aucun autre idéal que les jouissances matérielles. […]

Ce fut cependant un terrible recul pour la civilisation, car les maîtres eurent tôt fait de ramener aux mœurs barbares les gens que péniblement le christianisme tirait des ténèbres, et la loi de Mahomet, interprétée dans le sens le plus favorable aux appétits brutaux, permit aux Turcs de donner libre cours à leur paresse et à leurs passions.

Tant que les sultans, on peut dire tous les souverains mahométans furent puissants, leur morgue, leur audace, leur cruauté ne connurent pas de limites. Leurs empires avaient été fondés par la brutalité, étaient basés sur l'égoïsme le plus révoltant et leurs sujets ne rêvaient que l'anéantissement de la chrétienté, afin de pouvoir poser les armes et jouir de la vie. »

 

Bertrand Bareilles, message du 17 décembre 1917, reproduit dans Les Alliés et l’Arménie, Paris, Ernest Leroux, 1918 (ouvrage préfacé par Archag Tchobanian), pp. 16-17 :

« Parmi les peuples vaillants et forts que l'on verra figurer dans les batailles de l'année 1918, se trouvera le peuple arménien. Encore qu'il ait été le plus cruellement éprouvé parmi ceux que la guerre a ensanglantés, il ne désertera point sa propre cause. La paix, c'est-à-dire la victoire, le trouvera à son poste de combat. Mais les Alliés lui tiendront compte de ce suprême sacrifice. Ils se souviendront que si l'Arménie fut autrefois, en Asie, l'avant-garde de la Civilisation, elle s'est inébranlablement montrée fidèle à son passé. L'heure de la victoire n'a pas encore sonné. Mais elle sonnera. Elle approche lentement, mais sûrement. La victoire marque le pas des légions que l'Amérique et l'Asie nous envoient, et dont le nombre ira grossissant comme un torrent. Le monde entier, uni contre les forces du mal, réserve à l'Arménie de glorieuses et justes compensations. »

 

Bertrand Bareilles, Constantinople. Ses cités franques et levantines (Péra — Galata — Banlieue), Paris, Bossard, 1918 :

« Pourtant des signes évidents d’un rapprochement s’étaient manifestés entre rayas Israélites et Turcs au moment même où perçaient les premiers symptômes de l’influence allemande. On les expliqua d’abord par le besoin qu’avaient les Turcs du concours des financiers européens que secondent si activement les agences de publicité, le peuple des boursiers et courtiers, sur lesquels généralement les Juifs ont la haute main . C’était exact ; mais ce n’était là que le point de vue turc. S’il en faut croire certaines indiscrétions, le point de vue Israélite était bien plus intéressant. On raconte que cette solidarité judéo-ottomane — qui commença au moment même où cessa la campagne antisémite en Allemagne — n’aurait été que la préface d’un programme d’absorption méthodique qui eût fait petit à petit de l’empire du Croissant une annexe du royaume de Juda. Ainsi aurait été résolu, dans sa totale complexité, le problème posé par le sionisme berlinois. » (p. 283)

« C’est surtout en Turquie, où chaque élément est cantonné dans un isolement ethnique, qu’il est aisé d’étudier les instincts de race et même les tendances. C’est le cas pour le Juif. En prenant dans les pays occidentaux lia couleur de l’ambiance où il vit, il se dérobe à toute investigation. II ne se révèle en Occident, depuis quelques années, que par l’action occulte d’une volonté organisée, tendue vers un but, dont seuls les résultats indiquent la nature et la portée. » (p. 305)

« Les jolies femmes abondent en Orient, mais, à part d’agréables exceptions, ce n’est pas chez les Juives qu’elles se trouvent. On ne voit parmi les Rebecca et les Rachel dégénérées que petites créatures sèches, timides, au teint indécis, aux pommettes saillantes, aux yeux éraillés. Cette dégradation physique peut s’expliquer par les lieux malsains où la race a végété, mais aussi par la coutume des mariages consanguins. » (p. 308)

« En ce qui concerne la Turquie, le centre de leur influence était Salonique, et le pivot de leur action le dunmé [dönme], Juif musulman, qui est resté assez sémite pour que l’Israélite le considère comme sien, et suffisamment musulman pour capter la confiance turque [phrase fausse dans chacune de ses affirmations]. Les Djahid [Hüseyin Cahit Yalçın, qui n’était pas dönme mais sunnite] et les Djavid [Cavit Bey, unique dönme qui fût devenu ministre d’un gouvernement jeune-turc] sont dunmés. Le phénomène du dunmé n’est pas nouveau, ni spécial à Salonique. Il existait en Andalousie, au temps de la domination arabe [affirmation complètement fausse : s’il y eut des Juifs convertis à l’islam en Andalousie, avec plus ou moins de sincérité, les dönmes sont spécifiques à l’Empire ottoman]. » (p. 311)

« Nul n’ignore, à cette heure, le rôle du Juif dans l’organisation du coup d’État qui a renversé Abdul-Hamid et quelle a été sa part dans la direction des affaires turques. Le comité « Union et Progrès » se composait de dunmés [faux : parmi les dirigeants, seul Cavit Bey l’était]. Son organe officiel, le Tanin, était dirigé par le dunmê Hussein Djahid [un Turc sunnite, comme vu plus haut]. Le Jeune Turc, autre organe du comité, était subventionné organe du comité, rédigé en français, par le Sionisme [inexact] et comptait des collaborateurs juifs. Non moins dunmé était le fallacieux Djavid. Juif était le député Carasso, qui avait assumé les attributions les plus variées [sans parvenir au sommet de la hiérarchie du Comité Union et progrès], et qui, fait inouï, faisait partie de la délégation parlementaire qui se rendit à Yildiz pour signifier que la nation ne voulait plus de lui [cette délégation comptait deux parlementaires musulmans et un parlementaire arménien catholique ; la focalisation sur le seul Carasso, sans autre fondement que la paranoïa antisémite, est un plagiat du journal anti-unioniste Mècheroutiette]. Ajoutons que c’est un judaïsant, Salomon effendi, qui, depuis l’année 1914, occupe le poste de rédacteur en chef du Tanin, en remplacement de Hussein Djahid resté administrateur [doublement faux : Hüseyin Cahit Yalçın n’a plus occupé aucune fonction au Tanin après le 30 janvier 1914 ; et son successeur ne s’appelait pas Salomon mais Muhittin Birgen, ni juif, ni dönme]. » (pp. 315-316)

« Ce qu’étaient ces associations [sionistes], de quoi était fait leur crédit, par qui elles étaient dirigées, nul ne l'ignore à cette heure. On ne peut s’empêcher de remarquer qu’elles se composaient de Juifs allemands [pas seulement, loin de là], ni de souligner que cela ne les empêchait point de s’engager vis-à-vis d’un gouvernement étranger au nom des Juifs d’autres pays qui occupent de hautes situations, assurés qu’ils ne seraient pas désavoués par les cercles qui les dirigent. Ayant des ramifications partout, elles pouvaient effectivement — pour ne parler que de l’Amérique sur les puissants organismes financiers que sont les Kahn, Loeb et Cie et leurs sous-ordres Jacob Schili, Félix Warburg et James Speyer. En Angleterre, sur le banquier Cassel et sur Adam Block qui se signala par son dévouement inlassable aux intérêts jeunes-turcs, ainsi que sur les puissantes organisations israélites de Russie [tellement puissantes qu’elles n’ont jamais pu empêcher un seul pogrome…]. Cette alliance offrait à la Porte cet avantage particulier qu’à l’occasion elle aurait un pied chez l’allié allemand, et l’autre chez ses adversaires éventuels. » (p. 319)

 

Les passages cités ici sont suffisamment clairs pour montrer que la vision du monde de Bertrand Bareilles était structurée par le racisme (au sens strict du mot : un déterminisme pseudo-biologique) et les théories du complot. Or, loin d’être un auteur laissé de côté avec honte, Bareilles demeure une référence dans la littérature défendant les thèses nationalistes arméniennes. L’urologue Yves Ternon ne répugne pas se référer à lui dans Les Arméniens, histoire d’un génocide, de même que le littérateur Jean-Marie Carzou (Zouloumian) dans Arménie 1915, un génocide exemplaire. Edmond Khayadjian en fait une figure positive et incontestable (Archag Tchobanian et le mouvement arménophile en France, Marseille, CRDP, 1986, pp. 238-239 et 260) contre Pierre Loti et Claude Farrère, diabolisés. Richard Hovannisian va jusqu’à le ranger parmi les « hommes hautement respectés » (The Republic of Armenia, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, tome II, 1982, p. 94). À part M. Khayadjian, tous ceux que je viens de mentionner ont témoigné pour un ou plusieurs terroristes arméniens, dans les années 1980[1]. La continuité, toujours.

 

Lire aussi :

La grécophilie, l’arménophilie et l’antijudéomaçonnisme fort peu désintéressés de Michel Paillarès

Le complotisme raciste des arménophiles-hellénophiles Edmond Lardy et René Puaux

Camille Mauclair : tournant réactionnaire, antisémitisme, turcophobie, soutien à la cause arménienne, vichysme

Une des "raisons" de l'antisémitisme arménien : la loyauté des Juifs ottomans à leur Etat, sous Abdülhamit II (Abdul-Hamid II) et les Jeunes-Turcs

L’arménophilie-turcophobie d’Édouard Drumont, « le pape de l’antisémitisme », et de son journal

Aram Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien en 2020

L’arménophilie-turcophobie du pétainiste Henry Bordeaux

L’arménophilie vichyste d’André Faillet — en osmose avec l’arménophilie mussolinienne et collaborationniste

L’arménophilie de Johann von Leers

La Fédération révolutionnaire arménienne et l’extrême droite mégrétiste

Alain Soral de nouveau mis en examen : rappels sur Jean Varoujan Sirapian et le soralisme



[1] Voir, entre autres : Comité de soutien à Max Kilndjian, Les Arméniens en cour d’assises. Terroristes ou résistants ?, Roquevaire, Parenthèses, 1983, pp. 109-123 et 135 ; Bilâl Şimşir, Şehit Diplomatlarımız, Ankara, Bilgi yayınevi, 2000, tome I, p. 421 ; Terrorisme arménien et procès de Paris, Ankara, Université d’Ankara, 1984.

jeudi 3 septembre 2020

François Rigaux : apologiste des Khmers rouges, soutien apprécié du nationalisme arménien



Les nationalistes arméniens, du moins en France et en Belgique, adorent se référer au « jugement » du soi-disant « Tribunal permanent des peuples ». Outre que ce « tribunal » n’en était pas un (un tribunal est une institution créée par un État ou une institution interétatique ; le « TPP » ne comptait pas un seul magistrat dans ses rangs), il est important de savoir qui présidait la séance de 1984, au terme de laquelle, sans qu’aucun membre n’ait mis les pieds aux archives ottomanes, ni aux archives britanniques relatives à l’enquête de 1919-1921 (qui s’est soldée par l’échec le plus complet à trouver des preuves contre les 144 ex-dignitaires ottomans internés à Malte), sans avoir entendu un seul historien contestant la qualification de « génocide arménien » (Türkkaya Ataöv, Heath Lowry, Andrew Mango, Justin McCarthy, Stanford Jay Shaw, Salâhi Sonyel…) a retenu cette qualification. Le président de séance était le Belge François Rigaux, partisan résolu du régime des Khmers rouges au Cambodge — et, ce qui va de pair, irréductible ennemi d’Israël.

 

Franck Latty, « François Rigaux (1926-2013) », Sfdi.fr, 2013 :

« A travers la Fondation pour le droit et la libération des peuples qu’il préside, Rigaux est à l’origine de la Déclaration universelle des droits des peuples, signée à Alger le 4 juillet 1976, puis de la création en 1979 du Tribunal permanent des peuples. Cette “instance éthique”, à la tête de laquelle Rigaux est porté, destinée à répondre au “besoin de justice” des peuples opprimés, prononcera plusieurs “jugements” concernant le Sahara occidental, le génocide arménien, le Tibet etc. Défenseur du peuple palestinien, Rigaux parrainera la mise en place du tribunal Russell pour la Palestine. Le militantisme juridique de Rigaux confine néanmoins à l’aveuglement lorsque, président de l’Association Belgique-Kampuchéa, il se rend au Cambodge en août 1978 à l’invitation des Khmers rouges sans discerner, ni condamner a posteriori, les horreurs commises par le régime en place. »

 


Ossuaire des victimes des Khmers rouges.


Anthony Bochon, « Les Belges qui ont soutenu les Khmers rouges doivent sortir de leur silence », Le Soir (Bruxelles), 18 mars 2010 :

« Le cas du massacre du peuple cambodgien par ses dirigeants khmers rouges entre 1975 et 1979 demeure à ce jour une des atrocités du XXe siècle dont l’ampleur et les motivations idéologiques restent méconnues du grand public européen. Plongé dans une guerre civile jusqu’au début des années nonante, le Cambodge n’a guère pu livrer à la justice internationale les auteurs de cette élimination systématique d’un peuple, au nom d’une idéologie prônant l’émergence d’un Homme nouveau. Et pour cause, la qualification de génocide reste discutée, au grand dam des familles des victimes. Cette impasse juridique n’a pas empêché la création de tribunaux ad hoc qui, depuis plusieurs années, permettent au peuple cambodgien de traduire en justice une partie de leurs bourreaux. Le procès actuellement en cours de Duch, chef de la prison S-21, montre que, à des degrés divers, les responsabilités de ces crimes contre l’Humanité n’ont pas encore été toutes clairement établies.

Ce travail progressif en faveur d’une justice rendue au nom des droits de l’homme ne peut camoufler la complaisance avérée de nombreux intellectuels occidentaux dans les années septante en faveur du Kampuchéa démocratique. C’est en effet le nom que les Khmers rouges avaient attribué à leur pays dès leur prise du pouvoir en avril 1975. Transformé en véritable camp de concentration à ciel ouvert, ce pays fut visité par plusieurs délégations dont celle de l’Association Belgique-Kampuchéa. Présidée par le professeur François Rigaux – depuis fait grand officier de l’Ordre de Léopold – cette ASBL avait publié au retour d’un séjour effectué en 1978 à l’invitation de Pol Pot un bulletin dithyrambique sur la société et la famille au Kampuchéa. Il fut résumé lors d’une conférence de presse tenue le 14 septembre 1978. L’Histoire nous confirmait cependant cinq mois plus tard que le modèle familial khmer rouge reposait sur la dénonciation des parents par leurs enfants et que la société pratiquait l’assassinat de toutes les personnes soupçonnées d’être des intellectuels. […]

Les œillères idéologiques sont incompatibles avec un engagement en faveur des droits humains et rendent ceux qui ne peuvent s’en départir responsables, par leur vision déformée, de ne pas avoir profité de ces voyages en délégation pour dénoncer au monde entier les atrocités du régime khmer rouge.

À la même époque, le journaliste français Jean Lacouture avait pourtant déjà admis s’être trompé quant à la nature du régime du Kampuchéa démocratique. Il lui suffisait – à lui du moins mais pas à d’autres – de prêter foi aux flots grossissants de témoignages de survivants, sans qu’il n’ait besoin de se rendre sur place pour vérifier leurs dires. Ces récits attestant la violence du régime de Pol Pot furent malheureusement discrédités à cause de l’engagement de ces intellectuels occidentaux dépeignant un Kampuchéa pastoral, agreste mais somme toute idyllique ! Ce fut là une non-assistance à un peuple en danger.

Les anciens membres de l’Association Belgique-Kampuchéa n’ont, au contraire d’homologues étrangers, jamais exprimé le moindre regret sur cet aveuglement idéologique – pour ne pas dire plus. Par un véritable pied de nez à la raison, son ancien président François Rigaux est depuis estimé comme un expert des droits de l’homme et couvert de tous les honneurs académiques et nationaux. Etre un brillant intellectuel n’excuse en rien des agissements inadmissibles.

Le retour sur la complicité idéologique avec le régime khmer rouge est un impératif. »

 

Il est remarquable que François Rigaux soit mort en ayant obstinément refusé (y compris après la parution, dans un des quotidiens les plus vendus de Belgique, de la tribune citée ci-dessus) de présenter la moindre apparence de regret. La seule explication à un tel refus, c’est qu’il est resté toute sa vie convaincu que les méthodes des Khmers rouges étaient les bonnes.

De même, il n’est nullement anecdotique ou accidentel qu’un partisan déclaré des crimes de Pol Pot ait joué un rôle fondamental dans la propagande nationaliste arménienne des années 1980, et plus précisément dans un contexte (1984) où les attentats de Paris, Orly, Lisbonne et Marseille, en 1983, avaient considérablement terni l’image du nationalisme arménien. Ce n’est nullement anecdotique car le journal, en France, de l’Armée secrète arménienne pour la libération de l’Arménie (ASALA), dirigé par Jean-Marc « Ara » Toranian, a largement dépendu, jusque vers 1980, de l’aide du quotidien Libération[1], créé avec une ligne maoïste et qui s’est réjoui de la victoire des Khmers rouges en 1975.





De même, Jacques Vergès, avocat de dirigeants khmers rouges en raison d’une complaisance assumée pour ce régime, avait été avocat de Varoujan Gardibjian, principal responsable de l’attentat d’Orly, là encore en raison d’affinités (feu Vergès appartenait de fait au groupe Carlos, lui-même très lié à l’ASALA). Cette filière cambodgienne doit se comprendre aussi au vu de l’héritage stalinien, encore pleinement revendiqué de nos jours, d’une partie du nationalisme arménien.


Lire aussi :

La popularité du stalinisme dans la diaspora arménienne

Le stalinisme en France et le mythe Manouchian

L’engagement (non regretté) d’Henri Leclerc (avocat de terroristes arméniens) au PCF stalinien

L’arménophilie stalinienne de Léon Moussinac

Janvier 1984 : la police de la République met au pas les énergumènes de Jean-Marc « Ara » Toranian

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Question prioritaire de constitutionnalité déposée contre la « loi portant reconnaissance du génocide arménien »



[1] « L’Arménie vit à Libé », Hay Baykar, février-mars 1979.

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