Quelques-unes des victimes du massacre d’Erzincan, janvier 1918
Michael A. Reynolds (maître
de conférences à l’université de Princeton), Shattering Empires. The
Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires, 1908-1918,
Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2011, p. 194 :
« De la région d’Hınıs,
l’armée russe a reçu, en juin 1917, des rapports expliquant que des bandes d’Arméniens
pillaient les villages kurdes tous les jours et qu’à Kars, des unités
arméniennes perpétraient des massacres des Kurdes — vieillards, hommes, femmes
et enfants. »
Stefan Steiner (journaliste
autrichien), « Armenië », Algemeen Handelsblad (journal d’Amsterdam), 25 mai
1920 :
« Ce qui s’est passé après le retrait des Russes est déchirant. Les habitants
des plus petits villages turcs ont été tués jusqu'au dernier homme par les
bandes des généraux Antranik et Murad ; les mosquées ont été détruites jusqu'à
la toute dernière pierre.
À l’époque, les attentes arméniennes étaient encore d’un niveau très élevé. Leurs plans étaient d'une grande ampleur et englobaient tout l'État turc. Ils
espéraient pouvoir régler le compte avec le vieil ennemi héréditaire, jusqu'au
dernier homme, la dernière femme, le dernier enfant. J'ai vu [au printemps 1918]
des ruines à Erzincan où des centaines de corps de Turcs étranglés gisaient au
milieu des décombres. J'ai fait éclairer des puits pleins de corps. J’ai vu de
mes propres yeux que des tombes ont été ouvertes dans lesquelles les corps
d'hommes et de femmes ont été jetés au hasard les uns sur les autres, des
centaines d'entre eux. Qui avait fait ça ? Les Arméniens victorieux. »
Documents
relatifs aux atrocités commises par les Arméniens sur la population musulmane, İstanbul, Société anonyme de papeterie et d’imprimerie,
1919, p. 28 :
« Le capitaine Casimir du treizième Régiment [russe] de chasseurs de Turkestan qui écœuré des atrocités
arméniennes, avait refusé de servir dans le même Régiment qu'eux et était resté
a Erzindjan parle de ces atrocités dans son rapport et les expose dans toute
leur nudité.
On lit textuellenient ces lignes dans les Mémoires du capitaine Casimir :
“Les Arméniens ont réuni les musulmans sous prétexte de les faire
travailler à Sari-Camische et les ont tuées à deux kilomètres de la ville. S’il
n'y avait pas d'officiers russes parmi les Arméniens les atrocités a auraient
certainement pris une plus grande extension. J'ai entendu des Arméniens eux-mêmes qu'en une nuit huit cents
musulmans avaient été tués. La nuit
du 15/16 janvier les Arméniens ont organisé un massacre général contre les
musulmans d'Erzindjan. Les mesures prises par le Colonel Morel [officier russe d’ascendance française ou anglaise]
n'ont en aucun résultat. Les atrocités et le pillage ont continiué [dossier des
documents N° 21-22].
Madaine Passin et le soldat Alexandre restés également à Erzindjan
racontent les mêmes atrocités. »
Quelques-unes des victimes du massacre de Subatan, avril 1918 (souvent présentées comme des victimes arméniennes de 1915)
Documents [sur les Arméniens ottomans], Ankara, Direction générale
de la presse, tome I, 1982 :
« Armée ottomane
Haut commandement par intérim
Traduction d’un message chiffré, n° 528, de la 3e armée au haut commandement
[…]
2. Sur le front du 1er corps d’armée du Caucase, nos troupes ont
occupé Mamahatun, dont une grande partie est brûlée, le 22 février 1918. […] D’après
les villageois, environ 1 000 rebelles arméniens se sont retirés le 21 février
1918, par la route de Yeniköy (46 G), avec six canons. Pendant leur retraite, ils ont brûlé à peu près 300 musulmans sans
défense.
[…]
23 février 1918
Vehip,
commandant la 3e armée » (p. 207)
« Commandement de la 3e armée
État-major
Erzurum, 21 mars 1918
Chiffré
Aux hautes instances du commandement par intérim
Réponse au deuxième article du message chiffré n° 1156 du 13/14 mars 1918
Nous vous donnons rapport ci-dessous de la situation dans les villes d’Erzincan
et d’Erzurum que nous avons occupées.
Ces deux villes se ressemblent par les catastrophes et les destructions qu’elles
ont subies.
Les bâtiments officiels et les maisons coquettes ont été entièrement brûlés
par les Arméniens. Les autres maisons et les organismes [?] ont été détruits, car depuis deux ans, ils servaient de lieu d’habitation
à l’armée d’occupation russe. On peut dire à présent qu’il faut reconstruire et
restaurer les deux villes. Leur situation est minable.
Toutes les casernes d’Erzincan, les casernes de cavalerie d’Erzurum, les
bâtiments du gouvernement et du corps d’armée font partie des bâtiments brûlés.
Pour résumer, les deux villes sont brûlées, détruites ; les arbres
sont coupés et, dans le plein sens du mot, on peut dire qu’elles sont en
ruines.
Pour en venir à la population de ces villes, d’abord 50 hommes en âge de
combattre ont été rassemblés sous le prétexte de construire une route. Ces
hommes ont été exterminés sur la route de Sarıkamış. Quant au reste de la
population, lors de la retraite de l’armée russe, les Arméniens ont commencé à
exercer sur eux oppression et massacres. Ils
en ont tué une partie en les jetant dans des puits, ou en les brûlant après les
avoir enfermés dans les maisons. Ils les ont tués à la baïonnette et à l’épée.
Ils en ont éventré dans les abattoirs ou bien ont arraché leurs poumons. Ils
ont pendu les femmes et les jeunes filles par les cheveux après leur avoir fait
subir des violences [euphémisme pour
viol]. Une toute petite partie de la population a réussi à se protéger
de sévices tels que l’Inquisition demeure loin derrière dans les tortures. À
cause de la pauvreté, de l’état de choc et de la terreur que tout cela a
engendré chez eux, une partie ressemble à des morts-vivants, tandis que l’autre
se trouve au bord de la joie. Leur nombre, en comptant les enfants, ne dépasse
pas 1 500 à Erzincan et 30 000 à Erzurum. Dans les deux villes, les terres n’ont
pas été ensemencées et tout ce que la population avait lui a été pris. Ils se
retrouvent sans rien à manger et sans vêtements. Aujourd’hui, la population
affamée a dû piller les entrepôts russes pour ne pas mourir de faim. Les
villages des environs d’Erzurum et d’Erzincan sont dans une situation encore
plus désastreuse. Sur la route, quelques villages ont été complètement rasés,
leur population massacrée. On [les
Arméniens de l’armée russe] n’y a pas laissé un seul mur debout.
Dans les villages loin de la présence arménienne, la population a réussi à
préserver ses biens, mais ils se réfugient auprès de l’armée par petits
groupes, à cause de la famine. Je vous des faits jamais vus, jusqu’à présent,
dans l’histoire de l’oppression. Pour sauver ceux qui sont encore vivant, je
souhaite que vous apportiez votre aide le plus tôt possible en ce qui concerne
ce que j’ai demandé à plusieurs reprises à vous-même et au ministère de l’Intérieur.
[…]
23 mars 1918
Lütfi » (pp. 223-224)
« 1er avril 1918
Chiffré
On a trouvé les cadavres de 2 127 musulmans tués sans pitié par les
Arméniens, depuis la libération de la ville le 12 mars 1918, jusqu’au 20 mars
1918, ceci seulement pour la ville d’Erzurum. Les recherches continuent. Je
vous ferai part ultérieurement des découvertes que l’on fera
Lütfi » (p. 236)
« Télégramme
URGENT
1er mai 1918
De Trabzon à Erzincan, les villages ne sont que ruines. Lors de la retraite
des Russes, une partie a été brûlée par les Arméniens. Les Russes y ont
participé aussi. Les villageois craignent moins les Russes que leurs
concitoyens non-musulmans en ce qui concerne les cruautés. Le quartier musulman
de Trabzon a été rasé. Les Russes se sont servis des cimetières pour faire du
théâtre. Les murs des mosquées ont été recouverts de dessins obscènes, du
fumier recouvre le sol. Sur la route Trabzon-Erzincan, les arbres fruitiers ont
été coupés et les maisons détruites. Les femmes affamées mendient le long des
routes. Elles sont en loques. Les
villages chrétiens ont été épargnés. Erzincan est la scène d’un drame. Les
puits sont remplis de cadavres de musulmans. Dans les jardins ou sur les terres
des maisons détruites, on peut voir partout des cadavres pas encore décomposés,
ainsi que des mains et des jambes. Les plus belles maisons arméniennes ont leur
seuil tâché de sang. Lors du départ des Russes, les Arméniens ont enfermé les
musulmans puis les ont tués sur des billots dans les cours. La ville n’est qu’une
ruine. Date : le 30 [avril 1918]
Ahmet Refik
Capitaine attaché au 2e bureau du Quartier général » (p.
242)
« Armée ottomane
Haut commandement par intérim
Au commandement de la 3e armée
COPIE
Réponse au n° 1031 opération du 13 mai 1918
[…]
3. Nous vous donnons ici un résumé de ce que les différentes unités et les organismes
militaires ont pu recueillir dans la zone des combats, au sujet de certaines
atrocités ?
a) Le 29 avril 1918, 3 000 musulmans
ont été emmenés dans une cinquantaine de véhicules de Gümrü [Gyumri, actuellement en Arménie] à
Ahikelek. Après Gümrü, les Arméniens les ont tous tués.
b) Dans la sous-préfecture de Zarudşat (Arpaçay)
(quelques noms de lieux n’ont pu être lus ou retrouvés), les Arméniens ont
brûlé les villages de la région de Melik Köyü et ils ont tué la population.
c) Toujours début avril, les Arméniens ont détruit 67 villages dans le
canton de Şuragil.
d) À l’est de Kağızman,
à Kulp et dans ses environs, une troupe arménienne de 1 000 hommes avec deux
mitrailleuses et deux canons a détruit les villages de la région de Kulp et d’Erivan.
e) Le 1er
mai 1918, une troupe de 100 cavaliers arméniens a tué 60 hommes, femmes et
enfants, à Şibeş Tepe, Düzkent et dans la région. Le 25 avril 1918, ils ont tué
à coups de couteau, de hache et de poignard 570 musulmans et les ont brûlés.
Ils ont tué de la même manière, sans aucune pitié, une centaine de femmes, d’enfants
et d’hommes dans les villages de Magısto et Alaca.
Ils ont exterminé la population des villages de Tekneli, Hacı Hail, Kaluk Köyü,
Harabe, Dagor, Milanlı, Ketak Alaca et Ilham.
f) Le 1er
mai 1918, ils ont brûlé la population des villages de Dangal, Acarca, Mulali,
Morcahit, Badiğna, Havur et Koros. Les Arméinens ont détruit les villages et
tué la population de Kehör (au-dessus d’Arpaçay), de Boğuylu (au nord de
Kinevski), à Şamra (au nord-ouest d’Erivan). Nos soldats, prisonniers de guerre
à Kars, ont été tués à coups de baïonnettes, en face des autres soldats, une
partie à Kars, une autre à Gümrü.
g) Pour en
terminer avec ces atrocités, les Arméniens ont anéanti une grande partie des
villages musulmans de Kars, Sarıkamış, Erivan, Ahilkelek et Kağızman.
[…]
16 mai 1918
Şevki,
Général de
brigade, commandant de groupe » (pp. 255-256)
Lire aussi :
Les
massacres de musulmans et de juifs anatoliens par les nationalistes arméniens
(1914-1918)
Les
combattants arméniens à Erzurum (1918) : lâcheté et massacres de civils
Turcs,
Arméniens : les violences et souffrances de guerre vues par des Français
Nationalisme
arménien et nationalisme assyrien : insurrections et massacres de civils
musulmans
L’exaspération
de Lord Curzon face à la politique de purification ethnique mise en œuvre par
l’Arménie (1920)
Le
soutien nationaliste arménien à l’irrédentisme grec-constantinien, massacreur
de marins français et de civils turcs