dimanche 30 mai 2021

Trois Arméniens écroués pour le meurtre d’un Gambien

 « Saint-Etienne : trois Arméniens écroués après le meurtre d’un Gambien à coups de couteau », Leparisien.fr, 29 mai 2021 :

« Trois hommes de nationalité arménienne ont été écroués dans la nuit de vendredi à samedi, après le meurtre mercredi soir à Saint-Etienne d’un Gambien de 26 ans, a-t-on appris de sources policière et judiciaire. Les trois suspects, âgés de 28, 32 et 62 ans, dont un père et son fils, ont été mis en examen pour “meurtre avec armes, en réunion”.

Mercredi, vers 21h30, la victime, père d’une fillette de deux mois, avait croisé les suspects parmi un groupe d’une dizaine de personnes dans un quartier résidentiel de la ville. Son agression aurait démarré pour un “motif futile” durant laquelle le jeune père a reçu quatre coups de couteau dans le ventre, alors qu’il faisait face aux suspects devenus violents “apparemment sous l’effet de l’alcool”, selon une source policière. »


Vidéo du meurtre :


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La Fédération révolutionnaire arménienne et l’extrême droite mégrétiste

samedi 29 mai 2021

Un nouvel éloge de l’attentat d’Orly sur Twitter

 https://twitter.com/Koyarm78_3/status/1398417418532397056


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1975 : quand il était encore possible pour un Français d’origine arménienne de critiquer le terrorisme et le racisme antiturcs

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vendredi 28 mai 2021

1975 : quand il était encore possible pour un Français d’origine arménienne de critiquer le terrorisme et le racisme antiturcs


 


« Correspondance — Turcs et Arméniens », Le Monde, 7 novembre 1975 :

« C’est aussi l'avis de M. Manovenian, de Melun, “d'origine arménienne et fonctionnaire du même ministère que Mme Ter Minassian” :

“La protestation des Arméniens, je préfère la voir dans le fait que, là où ils se trouvent, ils ont su s'intégrer avec obstination, donner la preuve de leurs qualités et de leur fraternité, y compris en Turquie.

Cette fraternité, c'est peut-être ce qui a manqué à un certain moment de l'histoire de l’Empire ottoman, lorsque les Arméniens, s'alliant avec l’Occident, les Turcs de l’Anatolie se trouvèrent sans maître et sans amis. La nation turque, aujourd'hui, traverse certainement une période difficile, mais il serait grave de penser que le moment d'une revanche est arrivé.” »

Relevons au passage que M. Manovenian habitait (ou habite toujours) Melun, c’est-à-dire une ville où peu d’immigrés arméniens se sont installés et où les partis nationalistes arméniens n’ont jamais eu de sections.


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mercredi 26 mai 2021

Le caractère mûrement prémédité de la révolte arménienne de Van (avril 1915)

 

   Insurgés arméniens à Van, avril 1915 


Sean McMeekin, The Ottoman Endgame. War, Revolution and Making of the Modern Middle East, Londres, Allen Lane, 2015, p. 228 :

« La rébellion arménienne à Van était en préparation depuis longtemps. Le principal parti révolutionnaire arménien, une organisation tant politique que paramilitaire, le Dachnaksutiun (Dachnak) [c’est-à-dire, en français, la Fédération révolutionnaire arménienne] avait toujours été fort dans cette ville pittoresque, nichée entre des montagnes enneigées et le lac de Van. Aram Manoukian Pacha [« pacha » étant évidemment un titre de fantaisie], l’homme fort du Dachnak sur place, était déjà un vétéran des combats, quoique, il est intéressant de le noter, ses partisans aient été récemment du côté des troupes ottomanes, qui, les uns comme les autres, repoussaient les brigands kurdes hors de Van en juin 1913 [plus vraisemblablement 1912]. Aram Pacha rencontrait régulièrement le vice-consul de Russie, S. Olferiev. Olfevriev rapporta deux conclusions essentielles à Sazonov [ministre russe des Affaires étrangères], dans les mois qui précédèrent la Première Guerre mondiale : d’abord, la population arménienne locale, jusque-là quelque peu équivoque dans sa loyauté, et divisée en plusieurs partis révolutionnaires, le Hintchak et l’Armenakan [ce dernier a fusionné en 1921 avec le Ramkavar] étant en compétition avec le Dachnak, était maintenant fortement “russophile”, les dachnaks, dominants sur place, étant “complètement de notre côté”, c’est-à-dire du côté russe ; et, deuxièmement, Van était déjà “un camp armé […] tous les marchands arméniens sont en train d’entreposer des armes à feu dans leurs boutiques.” »

 

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Le « négationnisme » d’Yves Ternon et Pierre Tévanian

Après tout, qui se souvient de ce que faisait Vahan Papazian pendant la Seconde Guerre mondiale ? Du maquis des fedai à la collaboration avec le IIIe Reich, en passant par le soutien au Khoyboun : l'engagement de toute une vie au service de la FRA-Dachnak

lundi 24 mai 2021

Le « négationnisme » d’Yves Ternon et Pierre Tévanian

 Pierre Tévanian, « Le génocide des arméniens et l’enjeu de sa qualification (première partie) — Réflexions sur "l’affaire Veinstein" », Les mots sont importants, 24 avril 2020 (texte précédemment publié en 2003) :

« Yves Ternon [dans L’Empire ottoman : la chute, le déclin, l’effacement, Paris, éditions du Félin, 2002] rappelle par ailleurs que le total des Turcs assassinés par des activistes [sic] arméniens ne dépasse pas quelques centaines, ce qui fait un rapport de un pour mille. Il rappelle enfin que certains de ces assassinats, s’ils ne sont pas justifiables, s’expliquent par le désir de vengeance de certains Arméniens. »

 

Jeremy Salt, The Unmaking of the Middle East, Berkeley-Los Angeles-Londres, University of California Press, 2008, p. 67 :

« Le capitaine C. L. Woolley, un officier britannique voyageant à travers le “Kurdistan” après la guerre, entendit de chefs de tribus kurdes que quatre cents mille Kurdes avaient été massacrés par des Arméniens, rien que dans la région de Van et de Bitlis. Deux volumes de documents ottomans récemment [la première édition date de 1995 et la seconde, augmentée, de 2001, donc bien avant les élucubrations de MM. Ternon et Tévanian] publiés — essentiellement des rapports de réfugiés, de police, de jandarma et de fonctionnaires du corps préfectoral — couvrant la période de 1914 à 1921, indiquent que cette estimation kurde de leurs pertes à cause de massacres par des Russes, par leurs protégés arméniens, ou par les deux à la fois, n’est probablement pas éloignée de la vérité. Comptant par village et par ville, les noms des assassins étant souvent donnés, le nombre de musulmans [Turcs, Kurdes, Lazes, etc.] qui furent massacrés dans la région [de l’Anatolie orientale] est estimé à 518 105. »




 

Général Hassan Arfa (officier iranien né d’une mère britannique et d’un père persan, présent sur les lieux pendant la Première Guerre mondiale et qui a critiqué, en son temps, le déplacement forcé d’Arméniens ottomans), Under Five Shahs, Londres, John Murray, 1964, p. 147 :

« Quand l’armée russe progressa à l’intérieur de l’Anatolie, elle était précédée par un certain nombre de bataillons de volontaires arméniens, combattants irréguliers, brûlant d’un désir de revanche [Hassan Arfa omet, délibérément ou par ignorance, les massacres perpétrés entre novembre 1914 et mai 1915, avant le déplacement forcé ; mais il ne nie manifestement pas ceux commis à partir du milieu de 1915, ce qui est déjà considérable]. Ils commencèrent à massacrer la population, un massacre qui devint général après la révolution [russe de 1917] et le départ des officiers et soldats russes, les Arméniens étant laissés seuls sur le front turc. Le nombre de musulmans tués n’était pas situé très loin de 600 000 [en comptant les dizaines de milliers tués dans le Caucase, entre 1918 et 1920, ainsi que les victimes des volontaires arméniens de l’armée grecque, de 1920 à 1922, on ne doit effectivement plus être loin de 600 000, si tant est que ce chiffre ne soit pas dépassé], mais ce ne fut pas connu à l’étranger ; en Europe et aux États-Unis, on était principalement intéressé par les Arméniens chrétiens, dont le sort avait été rendu public par des missionnaires américains et d’autres nationalités, résidant en Turquie. »

 



Paul Dumont et François Georgeon, « La mort d’un empire (1908-1923) », dans Robert Mantran (dir.), Histoire de l’Empire ottoman, Paris, Fayard, 1989, p. 625 :

« Il importe cependant de souligner que les communautés arméniennes ne sont pas les seules à avoir été laminées par le fléau de la guerre. Au printemps de 1915, l’armée tsariste s’est avancée dans la région du lac de Van, entraînant dans son sillage des bataillons de volontaires constitués d’Arméniens du Caucase et de Turquie. […] Les statistiques de l’après-guerre font apparaître, pour chacune des provinces soumises à l’occupation russe et aux actes de vengeance des milices arméniennes [même frilosité que ci-dessus à parler des massacres perpétrés avant la fin de mai 1915, par des insurgés, tout en admettant ceux commis à partir de juin], un important déficit démographique — totalisant plusieurs centaines de milliers d’âmes — dû pour une bonne part aux massacres perpétrés par l’ennemi. »

 

Michael A. Reynolds (maître de conférences en histoire à l’université de Princeton), Shattering Empires. The Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires, 1908-1918, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2011, p. 157 :

« Un fonctionnaire tsariste, le prince Vassili Gadjemoukov, exposa carrément les accusations contre les Arméniens dans un rapport à Youdenitch. La participation arménienne dans les opérations militaires n'avait produit “que des résultats négatifs”. Les marchands arméniens abîmaient la logistique de l'armée en abusant de leur accès aux chemins de fer pour expédier des biens commerciaux. Pire encore, le pillage incontrôlé du fait des bandes arméniennes éveillait l'hostilité des Kurdes et des autres musulmans. Par leur massacre général des musulmans à Van [en avril-mai 1915, soit avant la loi sur le déplacement forcé], expliquait-t-il, “les Arméniens eux-mêmes” avaient donné le “signal de la destruction barbare de la nation arménienne en Turquie”. »

 

Documents [sur les Arméniens ottomans], Ankara, Direction générale de la presse, tome I, 1982, pp. 59-61 :

« Liste de la population masculine du village de Mergehu [village de la province de Van] tuée et massacrée à la suite de cruautés jamais vues, perpétrées par des Arméniens de la région, qui se sont joints aux bandes d’Arméniens renforçant les forces russes

Le fils d’Abdi, Haci Ibrahim           Par balle et par baïonnette

Le fils d’Haci Ibrahim, Abdi           Par balle et par baïonnette

Le fils d’Abdi, Reso                          Battu et coupé en morceaux

Le fils d’Ömer, Sado                        Battu et coupé en morceaux

Le fils de Reso, Oso                         Battu et coupé en morceaux

Le fils de Canko, Kulu                     Par un coup de baïonnette dans l’œil

Le fils de Mollah Hamit, Emin      Par un coup de baïonnette dans l’œil

Le fils de Hamit, Molla Abdullah Par un coup de baïonnette dans l’œil

Le fils de Canka, Abdullah             Coupé en morceaux

Le fils d’Ahmet, Ibo                         Éventré

Le fils d’Ibo, Ismail                          Grillé vif

[Suivent encore des dizaines de cas de ce genre, y compris des femmes et des enfants dont le cadavre a été retrouvé dans un four]

4 mars 1915

Copie retranscrite à partir du livre d’enquête

Le gouverneur, Kemal »

 

René d’Aral, « Le spectacle de l’Orient », Le Gaulois, 12 septembre 1922, p. 1 :

« On demeure stupéfait de la candeur des plénipotentiaires de 1919 qui, tranquillement, sans se préoccuper ni des questions de races, d’orgueil, de patriotisme, ni des passions allumées, ni des rancunes qu’ils laissaient vivaces, ni des considérations d’ordre national ou ethnique, décrétaient la suppression ou presque de la Turquie d’Europe, la réduction de la Turquie d’Asie au profit de la Grèce, et se figuraient que les bons Turcs se soumettraient à ce dépeçage, trop heureux encore de ne point avoir été totalement rayés de la carte du monde Il faut reconnaître, il est vrai, que nous étions assez sceptiques sur les conséquences de cette singulière décision mais quand nous tentions d’y objecter, nous trouvions en face de nous le puritanisme anglo-américain, hérissé et furibond, qui invoquait en faveur de sa thèse l’éternelle histoire des massacres arméniens, et nous n’osions répliquer que les statistiques des agents de l’Entente avaient maintes fois démontré que les massacreurs étaient de part et d’autre à égalité. »

 

Une fois encore, ceux qui hurlent « négationnisme » pour tenter de censurer les thèses historiennes qui démontent rationnellement la qualification de « génocide arménien » ne se gênent pas pour nier grossièrement des massacres parfaitement avérés — tombant ainsi sous le coup de leur propre définition, à usage purement polémique, du terme « génocide ». Ni M. Ternon, ni M. Tévanian n’ont mis les pieds de leur vie dans un seul dépôt d’archives, turc, français, britannique, américain, russe, arménien, ou autre, relatif à la question arménienne, ni n’ont prétendu apporter la moindre réponse aux diverses sources sur les massacres musulmans (et de juifs), par des nationalistes arméniens, avant 1917. Notons aussi que dans Les Arméniens, histoire d’un génocide, Paris, Le Seuil, 1996, pp. 341 et 409, M. Ternon cherche à faire croire à son lecteur que le recueil Documents sur les atrocités arméno-russes, İstanbul, 1917, concerne son année de parution, alors qu’il s’agit, notamment, de documents sur les massacres commis en 1915, y compris avant la loi sur le déplacement forcé.

 

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1917-1918 : la troisième vague de massacres de musulmans anatoliens par les nationalistes arméniens

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Non, il n’y a pas eu de « massacre d’Arméniens » à Kars en 1920 (ce fut le contraire)

L’approbation du terrorisme par les polygraphes de la cause arménienne

dimanche 23 mai 2021

1917-1918 : la troisième vague de massacres de musulmans anatoliens par les nationalistes arméniens

 


Quelques-unes des victimes du massacre d’Erzincan, janvier 1918

 

Michael A. Reynolds (maître de conférences à l’université de Princeton), Shattering Empires. The Clash and Collapse of the Ottoman and Russian Empires, 1908-1918, Cambridge-New York, Cambridge University Press, 2011, p. 194 :

« De la région d’Hınıs, l’armée russe a reçu, en juin 1917, des rapports expliquant que des bandes d’Arméniens pillaient les villages kurdes tous les jours et qu’à Kars, des unités arméniennes perpétraient des massacres des Kurdes — vieillards, hommes, femmes et enfants. »




 

Stefan Steiner (journaliste autrichien), « Armenië », Algemeen Handelsblad (journal d’Amsterdam), 25 mai 1920 :

« Ce qui s’est passé après le retrait des Russes est déchirant. Les habitants des plus petits villages turcs ont été tués jusqu'au dernier homme par les bandes des généraux Antranik et Murad ; les mosquées ont été détruites jusqu'à la toute dernière pierre.

À l’époque, les attentes arméniennes étaient encore d’un niveau très élevé. Leurs plans étaient d'une grande ampleur et englobaient tout l'État turc. Ils espéraient pouvoir régler le compte avec le vieil ennemi héréditaire, jusqu'au dernier homme, la dernière femme, le dernier enfant. J'ai vu [au printemps 1918] des ruines à Erzincan où des centaines de corps de Turcs étranglés gisaient au milieu des décombres. J'ai fait éclairer des puits pleins de corps. J’ai vu de mes propres yeux que des tombes ont été ouvertes dans lesquelles les corps d'hommes et de femmes ont été jetés au hasard les uns sur les autres, des centaines d'entre eux. Qui avait fait ça ? Les Arméniens victorieux. »




 

Documents relatifs aux atrocités commises par les Arméniens sur la population musulmane, İstanbul, Société anonyme de papeterie et d’imprimerie, 1919, p. 28 :

« Le capitaine Casimir du treizième Régiment [russe] de chasseurs de Turkestan qui écœuré des atrocités arméniennes, avait refusé de servir dans le même Régiment qu'eux et était resté a Erzindjan parle de ces atrocités dans son rapport et les expose dans toute leur nudité.

On lit textuellenient ces lignes dans les Mémoires du capitaine Casimir :

“Les Arméniens ont réuni les musulmans sous prétexte de les faire travailler à Sari-Camische et les ont tuées à deux kilomètres de la ville. S’il n'y avait pas d'officiers russes parmi les Arméniens les atrocités a auraient certainement pris une plus grande extension. J'ai entendu des Arméniens eux-mêmes qu'en une nuit huit cents musulmans avaient été tués. La nuit du 15/16 janvier les Arméniens ont organisé un massacre général contre les musulmans d'Erzindjan. Les mesures prises par le Colonel Morel [officier russe d’ascendance française ou anglaise] n'ont en aucun résultat. Les atrocités et le pillage ont continiué [dossier des documents N° 21-22].

Madaine Passin et le soldat Alexandre restés également à Erzindjan racontent les mêmes atrocités. »



Quelques-unes des victimes du massacre de Subatan, avril 1918 (souvent présentées comme des victimes arméniennes de 1915)

 

Documents [sur les Arméniens ottomans], Ankara, Direction générale de la presse, tome I, 1982 :

« Armée ottomane

Haut commandement par intérim

Traduction d’un message chiffré, n° 528, de la 3e armée au haut commandement

[…]

2. Sur le front du 1er corps d’armée du Caucase, nos troupes ont occupé Mamahatun, dont une grande partie est brûlée, le 22 février 1918. […] D’après les villageois, environ 1 000 rebelles arméniens se sont retirés le 21 février 1918, par la route de Yeniköy (46 G), avec six canons. Pendant leur retraite, ils ont brûlé à peu près 300 musulmans sans défense.

[…]

23 février 1918 

Vehip, commandant la 3e armée » (p. 207)

 

« Commandement de la 3e armée

État-major

Erzurum, 21 mars 1918

Chiffré

Aux hautes instances du commandement par intérim

Réponse au deuxième article du message chiffré n° 1156 du 13/14 mars 1918

Nous vous donnons rapport ci-dessous de la situation dans les villes d’Erzincan et d’Erzurum que nous avons occupées.

Ces deux villes se ressemblent par les catastrophes et les destructions qu’elles ont subies.

Les bâtiments officiels et les maisons coquettes ont été entièrement brûlés par les Arméniens. Les autres maisons et les organismes [?] ont été détruits, car depuis deux ans, ils servaient de lieu d’habitation à l’armée d’occupation russe. On peut dire à présent qu’il faut reconstruire et restaurer les deux villes. Leur situation est minable.

Toutes les casernes d’Erzincan, les casernes de cavalerie d’Erzurum, les bâtiments du gouvernement et du corps d’armée font partie des bâtiments brûlés.

Pour résumer, les deux villes sont brûlées, détruites ; les arbres sont coupés et, dans le plein sens du mot, on peut dire qu’elles sont en ruines.

Pour en venir à la population de ces villes, d’abord 50 hommes en âge de combattre ont été rassemblés sous le prétexte de construire une route. Ces hommes ont été exterminés sur la route de Sarıkamış. Quant au reste de la population, lors de la retraite de l’armée russe, les Arméniens ont commencé à exercer sur eux oppression et massacres. Ils en ont tué une partie en les jetant dans des puits, ou en les brûlant après les avoir enfermés dans les maisons. Ils les ont tués à la baïonnette et à l’épée. Ils en ont éventré dans les abattoirs ou bien ont arraché leurs poumons. Ils ont pendu les femmes et les jeunes filles par les cheveux après leur avoir fait subir des violences [euphémisme pour viol]. Une toute petite partie de la population a réussi à se protéger de sévices tels que l’Inquisition demeure loin derrière dans les tortures. À cause de la pauvreté, de l’état de choc et de la terreur que tout cela a engendré chez eux, une partie ressemble à des morts-vivants, tandis que l’autre se trouve au bord de la joie. Leur nombre, en comptant les enfants, ne dépasse pas 1 500 à Erzincan et 30 000 à Erzurum. Dans les deux villes, les terres n’ont pas été ensemencées et tout ce que la population avait lui a été pris. Ils se retrouvent sans rien à manger et sans vêtements. Aujourd’hui, la population affamée a dû piller les entrepôts russes pour ne pas mourir de faim. Les villages des environs d’Erzurum et d’Erzincan sont dans une situation encore plus désastreuse. Sur la route, quelques villages ont été complètement rasés, leur population massacrée. On [les Arméniens de l’armée russe] n’y a pas laissé un seul mur debout.

Dans les villages loin de la présence arménienne, la population a réussi à préserver ses biens, mais ils se réfugient auprès de l’armée par petits groupes, à cause de la famine. Je vous des faits jamais vus, jusqu’à présent, dans l’histoire de l’oppression. Pour sauver ceux qui sont encore vivant, je souhaite que vous apportiez votre aide le plus tôt possible en ce qui concerne ce que j’ai demandé à plusieurs reprises à vous-même et au ministère de l’Intérieur. […]

23 mars 1918

Lütfi » (pp. 223-224)

 

« 1er avril 1918

Chiffré

 

On a trouvé les cadavres de 2 127 musulmans tués sans pitié par les Arméniens, depuis la libération de la ville le 12 mars 1918, jusqu’au 20 mars 1918, ceci seulement pour la ville d’Erzurum. Les recherches continuent. Je vous ferai part ultérieurement des découvertes que l’on fera

Lütfi » (p. 236)

 

« Télégramme

URGENT

1er mai 1918

De Trabzon à Erzincan, les villages ne sont que ruines. Lors de la retraite des Russes, une partie a été brûlée par les Arméniens. Les Russes y ont participé aussi. Les villageois craignent moins les Russes que leurs concitoyens non-musulmans en ce qui concerne les cruautés. Le quartier musulman de Trabzon a été rasé. Les Russes se sont servis des cimetières pour faire du théâtre. Les murs des mosquées ont été recouverts de dessins obscènes, du fumier recouvre le sol. Sur la route Trabzon-Erzincan, les arbres fruitiers ont été coupés et les maisons détruites. Les femmes affamées mendient le long des routes. Elles sont en loques. Les villages chrétiens ont été épargnés. Erzincan est la scène d’un drame. Les puits sont remplis de cadavres de musulmans. Dans les jardins ou sur les terres des maisons détruites, on peut voir partout des cadavres pas encore décomposés, ainsi que des mains et des jambes. Les plus belles maisons arméniennes ont leur seuil tâché de sang. Lors du départ des Russes, les Arméniens ont enfermé les musulmans puis les ont tués sur des billots dans les cours. La ville n’est qu’une ruine. Date : le 30 [avril 1918]

Ahmet Refik

Capitaine attaché au 2e bureau du Quartier général » (p. 242)

 

« Armée ottomane

Haut commandement par intérim

Au commandement de la 3e armée

COPIE

Réponse au n° 1031 opération du 13 mai 1918

[…]

3. Nous vous donnons ici un résumé de ce que les différentes unités et les organismes militaires ont pu recueillir dans la zone des combats, au sujet de certaines atrocités ?

a) Le 29 avril 1918, 3 000 musulmans ont été emmenés dans une cinquantaine de véhicules de Gümrü [Gyumri, actuellement en Arménie] à Ahikelek. Après Gümrü, les Arméniens les ont tous tués.

b) Dans la sous-préfecture de Zarudşat (Arpaçay) (quelques noms de lieux n’ont pu être lus ou retrouvés), les Arméniens ont brûlé les villages de la région de Melik Köyü et ils ont tué la population.

c) Toujours début avril, les Arméniens ont détruit 67 villages dans le canton de Şuragil.

d) À l’est de Kağızman, à Kulp et dans ses environs, une troupe arménienne de 1 000 hommes avec deux mitrailleuses et deux canons a détruit les villages de la région de Kulp et d’Erivan.

e) Le 1er mai 1918, une troupe de 100 cavaliers arméniens a tué 60 hommes, femmes et enfants, à Şibeş Tepe, Düzkent et dans la région. Le 25 avril 1918, ils ont tué à coups de couteau, de hache et de poignard 570 musulmans et les ont brûlés. Ils ont tué de la même manière, sans aucune pitié, une centaine de femmes, d’enfants et d’hommes dans les villages de Magısto et Alaca. Ils ont exterminé la population des villages de Tekneli, Hacı Hail, Kaluk Köyü, Harabe, Dagor, Milanlı, Ketak Alaca et Ilham.

f) Le 1er mai 1918, ils ont brûlé la population des villages de Dangal, Acarca, Mulali, Morcahit, Badiğna, Havur et Koros. Les Arméinens ont détruit les villages et tué la population de Kehör (au-dessus d’Arpaçay), de Boğuylu (au nord de Kinevski), à Şamra (au nord-ouest d’Erivan). Nos soldats, prisonniers de guerre à Kars, ont été tués à coups de baïonnettes, en face des autres soldats, une partie à Kars, une autre à Gümrü.

g) Pour en terminer avec ces atrocités, les Arméniens ont anéanti une grande partie des villages musulmans de Kars, Sarıkamış, Erivan, Ahilkelek et Kağızman.

[…]

16 mai 1918

Şevki,

Général de brigade, commandant de groupe » (pp. 255-256)

 

Lire aussi :

Les massacres de musulmans et de juifs anatoliens par les nationalistes arméniens (1914-1918)

Les combattants arméniens à Erzurum (1918) : lâcheté et massacres de civils

Turcs, Arméniens : les violences et souffrances de guerre vues par des Français

Nationalisme arménien et nationalisme assyrien : insurrections et massacres de civils musulmans

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mercredi 19 mai 2021

En plein délire revanchard, un compte Twitter arménien appelle à la violence armée

 Reprenons et prolongeons ici le travail fait par une Franco-Turque vigilante. Un compte Twitter arménien se nomme « Para bellum » (en latin : Prépare la guerre).

Il se revendique du criminel nazi Garéguine Nejdeh :


Ce compte se définit, du reste, comme « compromettant » :


Si l’éloge de Nejdeh n’est pas jugé « compromettant » au point de devoir être caché, on imagine le reste. Mais restons sur la partie visible. L’appel à la violence armée est explicite :



Un appel destiné à retomber dans le vide ? Cet optimisme ne serait guère justifié :




Je ne m’attarderai pas sur la grossière confusion entre bataillon et division, deux unités militaires de taille bien différente. Le plus intéressant ici, outre la référence à des groupes paramilitaires existants, c’est l’origine de la dernière photographie : la chaîne Telegram @armenisch88. Ceux qui ont fait ne fût-ce qu’une année d’allemand ont déjà repéré que c’est à cette langue que cette chaîne emprunte son nom. Or, 88 est un code souvent employé chez les néonazis pour dire : « Heil Hitler ! » (le H étant la huitième lettre de l’alphabet). Si un doute subsiste dans votre esprit, consultez donc la chaîne en question. Vous y êtes accueilli par un symbole néonazi (un aigle sur un succédané de croix gammée) :


Bref, celui qui tient ce compte Twitter choisit ses sources, de manière bien précise.

Ses abonnés ne s’y sont pas trompés : l’un d’eux se revendique de la Fédération révolutionnaire arménienne (branche de jeunesse : Nor Seround), c’est-à-dire un parti ayant collaboré avec l’Allemagne nazie, sur des bases idéologiques ; le fondateur du journal du Nor Seround, Armik Djamalian, a d’ailleurs personnellement collaboré avec le Troisième Reich ; un autre abonné se revendique de Némésis, groupe terroriste créé par la FRA fin 1919, actif de 1920 à 1922, et dont au moins deux membres éminents, Misak Torlakian et Hratch Papazian, ont pris part à la collaboration avec le Troisième Reich ; un troisième abonné se revendique du groupe terroriste ASALA, partiellement issu d’une dissidence de la FRA.


Le plus inquiétant est sans doute ce tweet :


En effet, à part des attentats en Europe occidentale et des embuscades au Caucase, quelles « actions » seraient « réalisables individuellement » et manière « rapide » par de tels fanatiques ?

De fait, et sans surprise, le compte donne en exemple le terrorisme palestinien :


Pour l’anecdote, ces violents savent aussi être mesquins :


Qui est derrière ce compte ? Je ne suis ni policier, ni magistrat ; mais il est loisible de constater que le premier abonné audit compte, c’est ce nommé Henri, qui a signé un temps Henri Mionian :


Il doit sûrement savoir.


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Des partisans de Robert Kotcharyan se revendiquent d’Adolf Hitler

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vendredi 14 mai 2021

Des partisans de Robert Kotcharyan se revendiquent d’Adolf Hitler

 Un certain Arthur Tadevosyan a publié sur son compte Facebook (public), une photographie d’Adolf Hitler souriant, avec ce commentaire : « Mon visage pendant je suis les évènements en Israël » (référence aux tirs de roquettes du Hamas et aux lynchages d’Israéliens juifs par certains Arabes fanatisés par les appels des mollahs iraniens) :



M. Tadevosyan n’est pas un simple troll. Il a aussi publié, au mois de mars, toujours sur son compte Twitter, un texte où il compare Hitler à l’actuel Premier ministre arménien, Nikol Pachinyan, et donne nettement l’avantage au premier, le second étant qualifié de « traître ».

M. Tadevosyan demande aussi au monde de « reconnaître le génocide arménien », ce qui ne manque pas d’ironie :


Or, l’intéressé n’est pas un inculte : il a fait des études d’architecture.


Sans aucune surprise, M. Tadevosyan affiche son soutien à l’ancien président Robert Kotcharyan :


Rappelons, pour ceux qui l’auraient oublié ou qui l’ignoreraient encore, que c’est sous la présidence de M. Kotcharyan, plus précisément en 2000, que les restes de Drastamat « Dro » Kanayan, principal dirigeant de la Fédération révolutionnaire arménienne de 1923 à sa mort, en 1956, et ancien commandant du 812e bataillon arménien de la Wehrmacht (qui a sévi en URSS puis aux Pays-Bas), ont été rapatriés en Arménie, pour être déposés dans un mausolée. C’est également durant la présidence de M. Kotcharyan que les éloges officiels du criminel nazi Garéguine Nejdeh se sont intensifiés.


Une nommée Anush Grigoryan, qui semble être la mère de M. Tadevosyan, a cliqué sur « J’adore » en dessous de la publication montrant Hitler :


Elle a ensuite partagé cette publication :


Et elle aussi aime beaucoup M. Kotcharyan :


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La rage israélophobe saisit de nouveau les militants nationalistes arméniens sur Twitter

mercredi 12 mai 2021

La rage israélophobe saisit de nouveau les militants nationalistes arméniens sur Twitter

 Une certaine Kalo Manoukian, qui compte plus d’abonnés sur Twitter que le Conseil de coordination des associations arméniennes de France, a encore laissé exploser sa haine des Israéliens :



Elle n’est évidemment pas la seule dans son genre :






Rappelons, si nécessaire, ce que les roquettes du Hamas et du Djihad islamique n’ont pas visé « des déserts », mais des villes, notamment Tel-Aviv, faisant trois morts la première nuit et deux autres la suivante, ainsi que des blessés et des dégâts spectaculaires ; alors que l’armée azerbaïdjanaise n’a visé que des cibles militaires, et n’a jamais tiré sur des villes ou des villages du territoire arménien. Ceux qui minimisent de la façon la plus outrancière les crimes antisémites des terroristes palestiniens sont les mêmes qui s’indignent que les massacres d’Arméniens (précédés, suivis et accompagnés de massacres de musulmans et de juifs anatoliens ; réprimés par le gouvernement ottoman de l’époque) ne soient pas assimilés (contre toute vérité historique) à la Shoah.

Et puis, bien entendu, cette rage israélophobe serait incomplète sans une dose de turcophobie :




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