vendredi 19 février 2021

L’urologue Yves Ternon : menteur sous serment

 


 

Comité de soutien à Max Kilndjian, Les Arméniens en cour d’assises. Terroristes ou résistants ?, Roquevaire, Parenthèses, 1983 (compte-rendu sténographique du procès du terroriste Max Hraïr Kilndjian, jugé pour tentative d’assassinat) :

« M. le président. — Vous connaissez l’accusé ?

M. Ternon. — Je ne pense pas l’avoir rencontré, mais je précise qu’ayant participé à de nombreuses réunions à Marseille, il est possible que je l’aie vu.

(PRESTATION DE SERMENT DU TÉMOIN.) » (p. 119)

« Si bien qu’au terme de l’année 1916, sur les 1 800 000 citoyens [arméniens] de l’Empire ottoman — ce qui représente le minimum des différentes discussions des recensements [premier mensonge : le recensement ottoman comptait 1 300 000 Arméniens en 1914, y compris ceux de confession catholique et protestante[1]] —, l’historien Arnold Toynbee dit qu’il y a une répartition en trois groupes des victimes :

— 600 000 personnes ont échappé à la mort ;

— 600 000 sont mortes sur le lieu même de leur arrestation, surtout dans la [sic] province orientale ;

— 600 000 environ en déportation. » (pp. 122-123)

 

Il a encore répété, toujours sous serment, le 4 février 2021, que « les deux tiers » des Arméniens ottomans ont été tués pendant la Première Guerre mondiale. Or, Toynbee, son unique source en l’occurrence, a écrit exactement le contraire : 600 000 morts et 1 200 000 survivants.

 

Arnold J. Toynbee, The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire: Documents presented to Viscount Grey of Fallodon, Londres, Hodder & Stoughton, 1916, p. 650-651 :

« Nous pouvons résumer cette enquête statistique en disant que, pour autant que nous puissions juger à partir des informations approximatives dont nous disposons, le nombre d'Arméniens en Turquie qui ont échappé à la déportation, le nombre de ceux qui ont péri à cette occasion et de ceux qui y ont survécu semblent à peu près les mêmes ; et on ne se trompera pas de beaucoup si, en nombres ronds, on estime chacune de ces catégories à 600 000. »

 

Arnold J. Toynbee, The Western Question in Greece and Turkey, Londres-Bombay-Sydney, Constable & Co., 1922, p. 342 :

« Pendant la guerre européenne [1914-1918], alors qu’en Angleterre, certains invoquaient l'ascendance nomade des Turcs ottomans afin de rendre compte du meurtre de 600 000 Arméniens, 500 000 nomades turcophones d'Asie centrale, appartenant à la Confédération kirghizo-kazake, étaient exterminés — également en exécution d’ordres supérieurs — par ce “le plus juste de l'humanité”, le muzhik russe. Des hommes, des femmes et des enfants ont été abattus ou ont été mis à mort de la façon la plus horrible, en se faisant voler leurs animaux et leur équipement, puis en étant chassés en plein hiver pour périr dans la montagne ou dans le désert. Quelques chanceux se sont échappés en passant de l'autre côté de la frontière chinoise. Ces atrocités ont été courageusement dénoncées et dénoncées par M. Kerensky à la Douma avant la première révolution russe, mais qui a écouté ou s'en est soucié ? Ni le gouvernement du tsar, ni le grand public occidental. »

 

Dans son article « The Truth About Near East Atrocities », Current History, XVIII-4, juillet 1923, pp. 544-551, Toynbee ne revient pas sur la question des chiffres et renvoie au Livre bleu de 1916 (The Treatment of Armenians in the Ottoman Empire, cité ci-dessus), tout en reconnaissant une « part d’exagération » dans les récits compilés.

Toujours lors du procès du 4 février 2021, M. Ternon est allé jusqu’à dire, après avoir prêté serment, que j’ai été « condamné », ce qui est, une fois de plus, le contraire de la vérité. J’ai relevé ces deux mensonges (sur l’estimation de Toynbee et ma « condamnation » imaginaire) à l’audience. La défense n’a rien tenté pour me contredire.

 

Sur d’autres contrevérités du menteur Ternon :

Non, il n’y a pas eu de « massacre d’Arméniens » à Kars en 1920 (ce fut le contraire)

Cinq témoignages américains contredisant la prétendue « extermination des chrétiens du Pont-Euxin » en 1921

Le consensus de la presse française pour attribuer l’incendie d’İzmir (« Smyrne ») aux nationalistes arméniens (1922)

 

Sur ses références :

Le soutien d’Arthur Beylerian à la thèse du « complot judéo-maçonnico-dönme » derrière le Comité Union et progrès

Paul de Rémusat (alias Paul du Véou) : un tenant du « complot judéo-maçonnique », un agent d’influence de l’Italie fasciste et une référence pour le nationalisme arménien contemporain

L’helléniste Bertrand Bareilles : arménophilie, turcophobie et antisémitisme (ensemble connu)

La grécophilie, l’arménophilie et l’antijudéomaçonnisme fort peu désintéressés de Michel Paillarès

Florilège des manipulations de sources dont s’est rendu coupable Taner Akçam

 

Sur son rapport au terrorisme :

L’approbation du terrorisme par les polygraphes de la cause arménienne



[1] Meir Zamir, “Population statistics of the Ottoman empire in 1914 and 1919,” Middle Eastern Studies, XVII-1, janvier 1981, pp. 89-99.


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