mardi 25 novembre 2025

1921 : l’union sacrée des populations du Karabakh et du Zanguézour (Azéris, Arméniens et Kurdes) contre l’occupation bolchevique

 


« Les Républiques du Caucase — L’insurrection en Azerbaïdjan », Le Temps, 28 avril 1921, p. 2 :

« On nous écrit de Constantinople :

D'après le récit d'un réfugié qui avait quitté Bakou vers la fin du mois de mars, les soulèvements de la population de l'Azerbeïdjjan contre les bolchevistes russes continuent presque sans relâche.

La situation dans la province de Lenkoran [Lankaran], où règne l'insurrection, n'a pas changé  beaucoup en faveurdes bolchevistes, qui n'occupent que la ville seule [depuis décembre 1920], et encore, grâce à la flotte de la Caspienne. Les alentours, ainsi que la majeure partie de la province, se trouvent entre les mains des insurgés qui repoussent les demandes d'armistice. Les Soviets de Bakou ont envoyé d'urgence à Lenkonan le commissaire “le plus à la mode”, Husseinof (étudiant imberbe) pour qu'il tente de se faire entendre par la population, mais il n'a pas pu se servir de son éloquence, la population de la ville, étant mal disposée envers les bolchevistes. Après avoir attendu en vain trois jours sans pouvoir se faire entendre, l'envoyé de Bakou fut obligé de se rembarquer devant l'attitude menaçants des habitants.

Dans le Karabagh, le mouvement insurrectionnel commence à prendre un nouveau caractère. Jusqu'ici, les bolchevistes appliquaient dans cette région à la population mélangée leur politique traditionnelle “Diviser pour régner.” C'est elle qui leur a permis de réprimer les grands soulèvements de Gandjà et d'Agdan [Agdam], grâce au concours de la population arménienne. Après l'installation des bolchevistes en Arménie, et depuis que les Arméniens ont connu par eux-mêmes ce régime, leur attitude s'est modifiée. Les régions montagneuses du Karabagh, et surtout du Zanghezour, sont devenues l'asile des réfugiés arméniens poursuivis par les bolchevistes d'Erivan. Ainsi est née la solidarité entre les deux populations qui veulent s'entendre dans la lutte contre l'ennemi commun.

Au moment où la personne qui nous donne ces détails s'apprêtait à quitter Bakou, on venait d'y recevoir la nouvelle de l'entrée à Choucha (capitale du Karabagh) des détachements tartaro-kurdo-arméniens de Sultan bey Sultanof, le frère de l'ancien gouverneur général du Karabagh, emprisonné traîtreusement par les bolchevistes. On l'avait fait venir à Bakou par ruse, en lui promettant un accueil somptueux, et une fois qu'il fut entré en ville, il fut jeté en prison. Les Kurdes sont l'élément le plus guerrier de l'Azerbeïdjan, et, une fois engagés dans la lutte, ils la font avec fermeté et persévérance. Vu ce caractère nouveau de l'insurrection du Karabagh, ainsi que la situation stratégique de la région montagneuse et la difficulté des communications, les préoccupations des maîtres de Bakou doivent être sérieuses, et l'œuvre de “pacification” de l'Azerbeïdjan sera une tâche assez difficile pour les “pacifistes” de Moscou. »

 

Audrey Altstadt, The Azerbaijani Turks, Stanford (Californie), Hoover Institution Press, 1992, p. 111 :

« La bataille de Gandja [mai-juin 1920] fut le début, et non la fin, de la résistance armée à la conquête de l’Azerbaïdjan par les bolcheviques. Après l’écrasement de Gandja, des soulèvements se sont produits au Karabakh et au Zakatala. […] Des batailles similaires eurent lieu dans chaque grande ville d’Azerbaïdjan — à Choucha et dans les autres villes du Karabakh, à Nuka, à Barda, dans les régions du Zanguézour et du Nahçivan. […] 

La résistance armée au pouvoir communiste était récurrente a continué jusqu’en 1924 au moins. »

 

Lire aussi :

Les massacres d’Azéris par les dachnaks et les divisions entre Arméniens à ce sujet (1918-1920)

L’exaspération de Lord Curzon face à la politique de purification ethnique mise en œuvre par l’Arménie (1920)

La participation de la Fédération révolutionnaire arménienne à la répression sanguinaire des Soviétiques contre les patriotes d’Asie centrale en 1918-1919

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L’Union générale arménienne de bienfaisance et le scandale des piastres

Le rôle de l’URSS et de l’ASALA dans la réactivation des thèmes antisémites et antimaçonniques du nationalisme arménien


Et sur les aspects contemporains :

Le consensus poutiniste chez les nationalistes arméniens

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Édouard Broussalian : complotiste, putschiste, antisémite, poutiniste, diffamateur et nationaliste arménien (ensemble connu)

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