« L’ASALA a revendiqué l’attentatcontre une agence de voyages turque — La mort d’une jeune secrétaire française », Le Monde, 2 mars 1983 :
« Il était environ 15 h 30, lundi, lorsqu’une violente explosion a secoué
le petit immeuble du 8, rue Boudreau, dans le neuvième arrondissement de Paris.
Trois niveaux, dont un entresol sur rez-de-chaussée, que se partagent une
société de personnel intérimaire, une maison de cravates, le siège parisien de
la British Legion et les bureaux d’une agence de voyages spécialisée dans le
tourisme en Turquie, la société Marmara. […]
Dans les bureaux de Marmara, au premier étage, Mme Renée Morin, vingt-six ans, célibataire, employée depuis
dix-huit mois en qualité de secrétaire, est tuée sur le coup, par la chute
du faux plafond de son bureau. Les vitres ont volé en éclats, blessant sans
gravité quatre passants, mais la charge explosive, déposée sur le palier du
premier, et dont le poids se situerait, selon les premières constatations des
experts, entre 500 grammes et 1 kilo, a dégondé la porte blindée de l’agence de
voyages, brisé plusieurs cloisons et plafonds et descellé la cage d’escalier,
dont plusieurs volées de marches se sont effondrées.
Lors de l’explosion, la
colonne de gaz s’est rompue mais, par miracle, ni le feu ni une nouvelle
explosion [ce qui aurait tué tout le monde dans l’immeuble] ne se sont
déclarés. »
Gaïdz Minassian, Guerre et terrorisme arméniens, Paris,
Presses universitaires de France, 2002, p. 88 :
« Le 15 juillet 1983, l’ASALA revendique l’attentat contre le comptoir de
la Turkish Airlines à l’aéroport d’Orly, en France, faisant huit morts et
cinquante-six blessés. Jamais dans son histoire la France n’a été aussi
durement frappée par le terrorisme. Son président F. Mitterrand dénonce “la
violence aveugle et folle”. »
Irène Allier, « Arméniens :
les mots et les faits », Le Nouvel
Observateur, 27 janvier 1984, p. 31 :
« Depuis quinze ans, dans la communauté arménienne de jeunes
terroristes sans souvenirs prennent les armes, la bombe et l’explosif pour
venger un crime commis dans un pays qu’ils n’ont jamais vu, plus d’un
demi-siècle avant eux. Ceux que juge la cour d’assises de Paris cette semaine
[et qui appartiennent à la même organisation que les auteurs de l’attentat d’Orly]
se sont, le 24 septembre 1981, emparés du consulat de Turquie à Paris. Ils ont
tué un garde, blessé gravement le vice-consul et retenu en otages pendant
treize heures une soixantaine de personnes.
[…] Et Charles Aznavour : “Français de naissance et de culture, Arménien de
religion, des larmes de ma mère et de la mère de mon père [...], je suis contre
toute violence. Mais quand on me demande ce qu’il faut faire, je ne sais que répondre
[...]. Je ne peux pas les condamner.” »
« L’interview événement
d’Aznavour », Hay Baykar,
juillet 1984, p. 11 :
« — Longtemps ignorée en France, la question arménienne y est d’une
actualité relativement récente, non ?
— Parce que les Arméniens se sont réveillés. […] Alors, quand on me dit :
Vous prétendez être contre la violence, et pourtant vous avez soutenu les
quatre accusés du procès de Paris, je réponds : eh ! oui, je suis
contre la violence, mais quand il n’y a
que la violence pour faire reconnaître
les choses, je comprends parfaitement que ces jeunes, qui sont à
bout, agissent. Je le déplore [sic], mais je ne peux pas les condamner.
— C’est ce qui vous a incité à écrire au président de la cour d’assises ?
— Il y avait là quatre garçons de mon sang. Celui qui n’écrivait pas était
un lâche.
[…]
— Pourquoi n’avez-vous jamais pris parti ? Je pense à l’ASALA, au MNA
[branche politique de l’ASALA en France jusqu’en août 1983, passée aux
scissionnistes de l’ASALA-Mouvement révolutionnaire] ?
— À partir du moment où c’est divisé, il m’est impossible d’épouser telle
ou telle cause. J’ai des amis arméniens, mais je ne fréquente pas les milieux
arméniens. Ce qui me gêne, c’est ça : la division. »
« Gala du comité de
soutien aux prisonniers politiques arméniens — Communauté et artistes réunis
pour un franc succès », Hay Baykar,
1er avril 1986, p. 4 :
« Près de deux mille personnes ont assisté, dimanche 3 mars [1986] au
gala du Comité de soutien aux prisonniers politiques arméniens.
Organiser pour supporter les frais de défense du Comité après les
arrestations survenues en novembre, à Paris, de Monté Melkonian [finalement condamné
à six ans de prison, dont quatre ans ferme, et une interdiction définitive de
territoire, pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise
terroriste, détention d’armes, détention d’artifices et d’appareils destinés à
l’emploi des explosifs, falsification de documents administratifs et usage de
faux documents administratifs], Zépur Kasparian [condamnée à un an de prison
ferme et dix ans d’interdiction de territoire pour les mêmes infractions, sauf
la dernière] et Benjamin Kéchichian [qui a finalement obtenu un non-lieu], le
gala réunissait un prestigieux plateau d’artistes. Ils étaient tous venus
gracieusement apporter leur soutien dans la défense des prisonniers politiques
arméniens.
[…]
Présidence exceptionnelle pour cette soirée particulière, puisqu’elle était
composée de Charles Aznavour, Henri Verneuil et Georges Garvarentz. Bloqués à l’étranger
par leurs emplois du temps surchargés, ils avaient accepté cette présidence d’honneur,
avec en prime un message de Charles
Aznavour : “De tout cœur avec vous pour votre gala. Cette noble cause
mérite un franc succès.” »
Il n’y a rien d’étonnant à ce qu’Aznavourian ait soutenu quatre terroristes
de l’ASALA, et ce après que cette organisation eut massacré des Français à
Paris et Orly, dans un contexte où il était clair comme le jour que les pays où
les terroristes arméniens bénéficiaient de la clémence de la justice étaient
justement ceux qui étaient, ensuite, le plus frappés par l’ASALA (France et
Suisse), ni qu’il ait trouvé ces attentats infiniment moins graves
que la division entre terroristes arméniens, ni qu’il ait qualifié de « noble
cause » la défense de Monte Melkonian, numéro 2 de l’ASALA au moment de l’attentat
qui tua Renée Morin. Bien que bénéficiaire des avantages considérables que
procure le système social français, il a été condamné pour fraude fiscale, s’est
exilé en Suisse pour ne pas contribuer à la redistribution sociale dans le pays
qui avait accueilli — contre toute nécessité économique — sa famille et faisait l’objet,
à sa mort, d’une nouvelle enquête pour fraude fiscale. Aznavourian n’aimait ni
la France, ni les Français — seulement l’argent qu’il pouvait en retirer,
légalement ou pas, peu lui importait. Les Français ne sont pas, pour reprendre ses
mots, de « [s]on sang ».
« Charles
Aznavour : vérités, légendes... et petits mensonges », TV5monde.com, 1er octobre
2018 :
« Le 24 juillet 1976, il démissionne de la SACEM pour adhérer à son
équivalent suisse, la Suisa, et quelques mois plus tard, le 3 janvier 1977
"il procédera, aussi discrètement, à la même démarche en sa qualité de
compositeur cette fois".
Le 1er décembre, il est inculpé de fraude fiscale. L’administration des
finances lui reproche d’avoir éludé le paiement de plus de 3 millions d’impôts
entre 1972 et 1973. La presse ne le quitte pas d’une semelle et, au cours de
son procès, en juin 1977, il déclare, courroucé : "Pourquoi je suis parti
en Suisse ? Je vais vous le dire. Parce que j’en avais ras-le-bol du fisc
français, ras-le-bol d’être puni sur mon travail. Depuis près de 20 ans, je
suis l’auréole de la France à l’étranger. (...) En France, on taxe les artistes
et les créateurs comme si on voulait les faire crever". Un ton qui n’est
pas du goût de tout le monde.
Le 29 juin, il est condamné à un an de prison avec sursis et à près de 3
millions de francs d’amende et de dommages et intérêts. Mais le parquet fait appel
et le 9 décembre 1977, la cour d’appel
de Versailles triple le montant des amendes et dommages et intérêts. Plus de 10
millions de francs. Accablé, il déclare à Danièle Heymann de l’Express : “La liberté, l’égalité,
la fraternité, c’est fini”. »
« Charles
Aznavour — Le fisc enquête sur des montages financiers liés à certains concerts »,
Ouest France, 1er octobre
2019 :
« Charles Aznavour est décédé il y a exactement un an, le 1er octobre
2018. Mais une ombre plane sur le souvenir du chanteur : le fisc français
enquête sur certains de ses concerts organisés à l’étranger. Les investigations
ont débuté en 2011, après la plainte de deux musiciens qui avaient travaillé
avec l’artiste, révèle La Lettre A
relayé par Le Figaro.
Deux musiciens, le bassiste Tony Bonfils et le guitariste Jean-Jacques
Carmier, avaient porté plainte contre Charles Aznavour et la société française
Musarm, qui organisaient les concerts. Ils les accusaient de « travail
dissimulé » et de « rupture abusive de contrats de travail ». Les deux
musiciens ont depuis conclu un accord avec ceux qu’ils attaquaient et sont
aujourd’hui légalement tenus à la discrétion sur l’affaire.
Des bénéfices jamais déclarés
Mais leur plainte et les preuves qu’ils apportaient ont attiré l’attention
du fisc français. L’administration s’intéresse particulièrement à certains
avoirs d’Adanarts International, une société enregistrée au Panama. Les
recettes générées par certains concerts d’Aznavour à l’étranger seraient en
effet passées par les caisses de cette entreprise.
La société Musarm, qui organisait ces concerts, n’aurait ainsi pas déclaré
tous ses revenus en France. L’entreprise affirme, de son côté, n’avoir géré que
des récitals de Charles Aznavour ayant eu lieu en France. La mort du chanteur n’a
pas interrompu l’enquête sur ces montages financiers. »
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