« Enfin, la montagne libanaise […] fonctionna
à nouveau comme un refuge aux XVIIe et XVIIIe siècles
pour ceux [des Arméniens] qui se
rattachaient à l’époque à la catholicité, et étaient persécutés par leurs congénères restés fidèles à l’Église
apostolique arménienne (monophysite). Le siège du patriarcat arménien
catholique y fut transféré, à Kerim (1742), puis à Bzommar en 1750. La plus
grande partie d’entre eux, cependant, s’était progressivement fondue dans la
population maronite locale. »
« Correspondance »,
Les Missions catholiques, 5 mars 1880,
p. 116 :
« Trébizonde (Asie mineure). On nous écrit de
Trébizonde :
“Depuis la fin du schisme des Kupélianistes, les Arméniens,
partisans de la secte d'Etchmiazine, ont déclaré guerre ouverte aux catholiques,
leurs nationaux. Leur évêque, à Trébizonde, a fait tout son possible pour
empêcher Mgr Marmarian de siéger au conseil de l'autorité locale,
mais le gouverneur général, S. Exc. Siiri pacha a invité Mgr Marmarian à y prendre
part ; et la première fois que l'évêque catholique s'y est rendu, il a été reçu
par le gouverneur avec tous les égards dus à son rang.” »
« Arménie », Œuvre
des écoles d’Orient, n° 167, juillet 1888, p. 317 :
« Mouche. — Le diocèse de Mouche a reçu l’année
dernière un vaillant pasteur en la personne de Mgr Ohannessian, prélat doué des
qualités précieuses qu’il fit valoir durant plus de dix années à Arapkir. C’est
une véritable bénédiction que le Ciel envoie dans ce pauvre diocèse où tout est
à refaire, ou plutôt à commencer. L’objet des plus vives préoccupations de Mgr Ohannessian (1), en partant pour son diocèse, a été, après la construction d’une
église dans la ville épiscopale, d’établir dans toutes les missions du diocèse
de Mouche un système scolaire qui fût à la fois peu coûteux et propre à faire
faire de rapides progrès aux enfants.
(1) Le zèle de Mgr Ohannessian pour les écoles lui
a valu la haine des sectaires grégoriens. Il
y a quelques semaines, un maître d’école schismatique a tenté de l’assassiner à
coups de couteau pendant son sommeil. — Voir les détails dans notre Revue illustrée du 15 juin dernier. »
R. P. Donat Verdier, Histoire du patriarcat arménien catholique, Lyon-Paris, Delhomme et Briguet, 1891, pp. 6-8 :
« C’est alors que l’évêque arménien de Smyrne, Melchisédech Mouradian,
s’est empressé de rompre le silence pour détruire l’impression favorable
produite par le bref pontifical, et il a écrit au pape, en date du 23 août
1888, une longue lettre que nous nous contenterons d’analyser.
Il commence par rappeler l’invitation adressée par le Pape aux Arméniens [toujours en 1888], afin qu’ils se
réunissent à l’Église catholique en se soumettant à la suprématie du siège
apostolique. Puis il ajoute : “Pour se rendre à l’invitation que vous leur
faites, par votre circulaire, les Arméniens doivent déserter l’institution du
christianisme et l’apostolicité de leur Eglise; ils doivent abandonner leur
indépendance et leur liberté spirituelle; ils doivent condamner l’esprit populaire
de leur Eglise, esprit qui est le type des premiers siècles du christianisme;
ils doivent renier leur très sainte profession de croire qu’il y a un seul chef
de l’Église, Jésus-Christ ; ils doivent méconnaître l’autorité de leurs patriarches
et de leurs docteurs, qui ont ainsi dogmatisé et enseigné ; ils doivent renier
leurs héros et leurs martyrs, qui, pour ne pas s’éloigner du seul et unique
chef de l’Église, ont souffert la mort; ils doivent anathématiser leurs excellents
et dévoués pasteurs, qui, pour conserver l’indépendance de leur Église, se sont
opposés comme des champions aux attaques et aux sollicitations du clergé grec et
du romain ; pour tout dire en un mot, ils doivent apostasier une Église de
mille huit cent cinquante-quatre ans qui en Orient, dans des temps malheureux,
a conservé le christianisme, a gardé le nom et la langue arménienne, les souvenirs
et les monuments arméniens, et qui, dans toutes les persécutions et les
terreurs, a été leur asile et leur consolation, le temple de leur foi, de leur
espérance et de leur amour, soit dans cette vie terrestre, soit dans la vie céleste,
et cela pour accepter la suprématie des pontifes romains.”
[…]
Après ce commentaire qu’il a tiré des doctrines protestantes et qui se
retourne contre son auteur pour lui arracher toute supériorité, Mouradian
poursuit en ces termes : « Laissez la sainte Eglise arménienne libre et sans
souffrance, laissez-la dans son état primitif comme une antiquité précieuse,
comme un type des premiers siècles chrétiens. » Ensuite il explique le retour
des Arméniens à l’Eglise catholique par l’ignorance, par la force ou par l’indifférence
religieuse ; il traite d’étranger
quiconque s’est fait catholique : à ses yeux, ce n’est plus qu’un renégat de sa
famille, de sa patrie et de sa nationalité. L’histoire écrase Mouradian
sous le poids de ses témoignages irréfragables. Il cherche à s’en débarrasser
en traitant d’apocryphes tous les documents historiques et en avançant, sans en
donner la preuve, qu’ils ont été plus d’une fois réfutés. »
Comte de Cholet, Arménie, Kurdistan et Mésopotamie,
Paris, Plon, 1892, pp. 63-64 :
« Très riches et maîtres de presque tout le commerce de la ville, ils [les Arméniens apostoliques de Kayseri] vivent
en assez bons termes avec les autorités turques et sont certainement moins éloignés
des Musulmans que de leurs compatriotes catholiques. Mgr Bogos, l’évêque latin de la ville, nous dit ce sujet
qu’il n’a jamais avec le gouvernement [ottoman]
que des rapports fort corrects, même très courtois, et que tous ses ennuis,
toutes ses difficultés (entre autres le feu qu’on a voulu mettre à sa
cathédrale) ne proviennent que des Arméniens orthodoxes [apostoliques], qui, fort
jaloux des nombreuses conversions de leurs coreligionnaires au culte
catholique, font tout au monde pour leur nuire. Leur clergé se rend compte
peut-être du peu de stabilité de la foi de ses ouailles et c'est, de son point
de vue, avec juste raison, qu'il se défend autant que faire se peut contre
l'arrive de nouveaux missionnaires ou la création de nouvelles écoles
gratuites. »
Département d’État des
États-Unis, Rapport sur la liberté religieuse, Arménie, 2017 :
« Les détracteurs du cours d’histoire arménienne (HAC) affirmaient qu’il
s’agissait d’un “endoctrinement religieux déguisé en cours d’histoire”. Des ONG
et d’autres groupes religieux ont fait remarquer l’importance accordée à la
Bible et aux traditions et au langage de l’AAC [Église apostolique arménienne], notamment les affirmations “nous,
les Arméniens, sommes un peuple chrétien” et “grâce à l’AAC, le christianisme
est devenu une composante indissociable de l’identité nationale du peuple
arménien”, présentes dans les manuels scolaires de CM1 et CM2. […] Les ONG ont
également noté que le manuel de 4e présentait les activités des
missionnaires catholiques sous un jour négatif, avec des citations telles que :
“La propagande catholique a causé des
ravages particulièrement terribles au sein des communautés arméniennes d’Europe.”
Les critiques des ONG ont déclaré que le manuel de 3e présentait les
mouvements évangéliques comme une menace pour l’AAC, accusant d’autres groupes
religieux de “chasse aux âmes“, tandis que le manuel de 1re affirme
: “Les Arméniens sont chrétiens par la foi et apostoliques par croyance.” […]
Le 8 décembre, lors des célébrations du 20e anniversaire du programme
d'aumônerie militaire, le ministre de la Défense, Vigen Sargsyan, a déclaré : “L'Église
[apostolique] ne peut être séparée ni
de l'État ni de l'armée. Ceci est inscrit dans notre constitution, notre
législation et, surtout, dans le cœur de chaque Arménien.” »
Notons que l’Église apostolique arménienne est l’ennemi numéro 1, en Arménie, de la politique de paix mise en œuvre par le Premier ministre Nikol Pachinyan, et que le Parti républicain d’Arménie, dans l’opposition depuis 2018, s’y oppose aussi.
Lire aussi, sur les catholiques :
L’Empire ottoman tardif et ses catholiques
(y compris les Arméniens catholiques)
Les catholiques (y compris les Arméniens
catholiques) et la guerre d’indépendance turque
Aram Effendi et Süleyman al-Boustani
contre les crimes de guerre grecs (1922)
Les Arméniens d’Ankara et la victoire
turque d’août-septembre 1922
La haine anticatholique sur le forum d’armenews.com
Sur l’intolérance du nationalisme arménien (sujet inépuisable), lire,
notamment :
L’ingratitude de Vahan Cardashian envers
les missionnaires américains
Le racisme aryaniste, substrat idéologique
du nationalisme arménien
Aram Turabian : raciste, antisémite,
fasciste et référence du nationalisme arménien en 2020
La page Instagram « Arménie France »
revendique son antisémitisme, son antisionisme et sa violence
La rage ukrainophobe des nationalistes
arméniens : des exemples en septembre 2023





