George Montandon, « Racisme
et Juifs », L’Ethnie française,
n° 7, janvier 1943, p. 6 :
« Il est arrivé à bien des groupements historiques, au cours des
temps, de subir de éclipses. Ce fut le cas des Grecs, qui, pendant près d’un
demi-millénaire, ont été sous la domination turque, c’est encore le cas du groupe
ethnique des Arméniens, disloqué entre trois autres pays (Russie, Turquie êt
Perse). Or, quelle fut l’attitude de ces peuples et de presque tous ceux qui se
sont trouvés dans le même cas et avaient une vitalité suffisante pour ne pas
disparaître ? Tout en continuant à entretenir ce qui faisait de chacun d’eux
une entité propre, ils ont participé à la vie des nouvelles unités nationales
au sein desquelles ils étaient englobés comme des femmes qui, soit
légitimement, soit de fait, sont mariées à un homme. Ainsi, pour en revenir à
un peuple dont il y a lieu de comparer le comportement, sur environ 3 millions
d’Arméniens existants, il n’y en a pas beaucoup plus d’un demi-million qui soient
dispersés sur le .globe, où ils ne constituent aucun danger social ou politique
pour les pays qui les hébergent, tandis que 2 millions ½ d’entre eux restent
enracinés sur l’étendue des trois pays dont fait partie l’Arménie, et que l’ethnie arménienne met avec persévérance
ses dons et ses efforts au bénéfice presque exclusif du Proche-Orient et de
leur terre d’origine.
En est-il de même des Juifs ? Il existe de 16 à 20 millions de Juifs de
par le monde. Une statistique de 1937, portant sur l 6 millions d’individus,
donnait la répartition suivante :
10 millions de Juifs en Europe,
5 millions en Amérique,
moins d’un million dans toute l’Asie,
et un demi-million en Afrique.
Si l’on compare les
pourcentages, on constate que 96 % des Arméniens vivent dans les trois· pays
dont est faite l’Arménie, et 50 % dans cette Arménie même, où la majorité sont
laboureurs, tandis que les Juifs ont déserté leur pays pour s’incruster chez d’autres,
puis qu’il n’y a que 5 % des Juifs dans l’Asie entière.
Le fait de se réclamer de nationalismes multiples comme le font les Juifs —
sans oublier de trahir pour Sion, dès qu’il leur est possible — n’est comparable
qu’à la ligne de conduite de la femme publique qui se donne à tous. La communauté juive vit sur le globe en état
de prostitution ethnique. »
Georges Mauco (membre du Parti populaire français
de Jacques Doriot, collaborationniste), « La situation démographique
de la France », ibid., p. 15 :
« Dans un précédent article n° 6 de L’ETHNIE FRANÇAISE consacré à l’immigration
étrangère en France, nous avons été amené à faire un exposé — qui a été jugé sévère
— des inconvénients de l’immigration des réfugiés arméniens. C’est que nous n’avons
établi qu’un bilan imposé par 20 ans d’expérience, et non une étude détaillée
de la population arménienne en France.
Une telle étude ferait apparaître des exceptions heureuses, les qualités de
certaines familles laborieuses, le courage de quelques Arméniens adaptés au
travail manuel dans l’industrie et même dans l’agriculture.
Elle mettrait en valeur l’origine ethnique et la formation chrétienne des
Arméniens qui facilitent l’assimilation ; l’existence d’une patrie à laquelle
ils restent attachés et l’absence d’une activité politique internationale
agissante. Toutes choses qui distinguent
nettement les réfugiés arméniens des réfugiés et apatrides juifs. »
Valérie de Graffenried, « L’ethnologue
devenu antisémite », Le Temps,
29 décembre 2014 :
« Dès 1938, il [George
Montandon] entre en contact avec Louis-Ferdinand
Céline [écrivain qui appelait à une
alliance avec Hitler dès 1937, collaborationniste sous l’Occupation allemande],
dont Bagatelles pour un massacre
semble influencé par ses travaux. Dans Féerie
pour une autre fois, l’écrivain dira de lui: “Il ne savait pas rire
Montandon, il était gris de figure, de col, d’imperméable, de chaussures, tout…
mais quel bel esprit ! Tout gris certes ! Pas une parole plus haute que l’autre
! Mais quelles précisions admirables !”
Montandon approuve les lois
raciales italiennes relatives aux Juifs, va jusqu’à publier un article,
dans une revue raciste italienne, intitulé L’Etnia
putana. […]
En juillet 1940, on le retrouve comme directeur de la revue L’Ethnie française. Il publie notamment Comment reconnaître le Juif ?, dont 30
pages sont consacrées aux “traits du masque juif”, et contribue à l’organisation
de l’exposition de Berlitz, “Le Juif et la France”. A partir de 1941, George
Montandon est attaché au Commissariat général aux questions juives en qualité d’ethnologue.
Il pratique des “visites raciales”, dont les conclusions sont adressées aux
autorités de la police de Vichy.
Nommé en 1943 directeur de l’Institut d’études des questions juives et
ethnoraciales, qui publie Le Cahier jaune,
le Neuchâtelois fait notamment distribuer,
aux étudiants de médecine, une traduction du Manuel d’eugénique et d’hérédité humaine du nazi Otmar von
Verschuer. Et propose, dans Le Cahier
jaune, de pratiquer une “opération défigurante pour les belles juives”. »
Marie-Anne Matard-Bonucci, L’Italie fasciste et la persécution des
Juifs, Paris, Perrin, 2007, pp. 293-294 :
« Parmi les idéologues de l’Hexagone, le professeur Montandon
bénéficia d’une certaine notoriété dans les milieux racistes italiens. La Difesa della razza [revue doctrinaire du
racisme fasciste, à laquelle contribuait l’arménophile Carlo
Barduzzi] avait joué un rôle important dans sa promotion. C’est à la
revue italienne qu’il livra la primeur de ses cogitations sur “l’ethnie
putain”, l’intégration des Juifs au sein des nations étant assimilable à une
“forme de prostitution”. Fier de ce qu’il considérait comme une innovation
“conceptuelle”, sa publication en avant-première dans La Difesa della Razza avait contribué à sa diffusion, le concept
étant depuis lors, pouvait-on lire, “couramment accepté” : la légitimation
fonctionnaire à double sens. »
Michaël R. Marrus et
Robert O. Paxton, Vichy et les Juifs,
Paris, Librairie générale française, « Le livre de poche », 2004, p.
138 :
« [Xavier] Vallat [qui dirigeait alors le Commissariat général
aux Questions juives, C.G.Q.J.] demanda au Dr George Montandon, ethnologue
suisse raciste, charlatan, de faire partie de ses services. Montandon semble
être resté plutôt isolé dans le C.G.Q.J. de Vallat, mais avec lui entraient les
formes les plus sommaires de la phrénologie et des mensurations crâniennes. »
Précisons pour finir que Marc Knobel, l’un des défenseurs les plus fanatiques
du nationalisme arménien dans la France contemporaine, est l’auteur d’une étude sur Montandon,
publiée en 1988 (le seul travail de M. Knobel qui soit paru dans une revue à
comité de lecture). Il est donc impossible qu’il soit passé à côté des textes
ci-dessus, ou de l’article de R. Khérumian (lié au vichyste arménophile André
Faillet) paru dans L’Ethnie française
de janvier 1943. Or, quand on lui parle de l’antisémitisme
du nationalisme
arménien, M. Knobel choisit le déni grossier.
Lire aussi :
L’arménophilie
du régime de Vichy
De
l’anarchisme au fascisme, les alliances très variables d’Archag Tchobanian
Aram
Turabian : raciste, antisémite, fasciste et référence du nationalisme arménien
en 2020
L’arménophilie-turcophobie
du pétainiste Henry Bordeaux
L’helléniste
Bertrand Bareilles : arménophilie, turcophobie et antisémitisme (ensemble
connu)
Maurice
Barrès : de l’antisémite arménophile au philosémite turcophile
Sur d’autres pays :
L’arménophilie
fasciste, aryaniste et antisémite de Carlo Barduzzi
L’arménophilie
fasciste de Lauro Mainardi
La
collaboration de la Fédération révolutionnaire arménienne avec le Troisième
Reich
L’arménophilie
d’Alfred Rosenberg, inspirateur et ministre d’Hitler
L’arménophilie
nazie de Johann von Leers
Le
Hossank, l’autre parti nazi arménien
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire